Le pape Benoît XVI a fait ses classes
sur les bancs de Vatican II |
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Le 05 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Dans le livre d'Aidan Nichols, celui qui est
devenu le pape Benoît XVI, nota ses réactions aux principaux événements
de Vatican II dans quatre cahiers correspondant à chacune des sessions.
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Le
cardinal Ratzinger -
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Le pape Benoît XVI a fait ses classes
sur les bancs de Vatican II
Le 05 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Joseph Ratzinger assista au concile en tant que
conseiller théologique de l'archevêque de Cologne, le cardinal Joseph Frings.
Il nota ses réactions aux principaux événements de Vatican II dans quatre
cahiers correspondant à chacune des sessions; on peut aussi trouver des
réflexions plus développées sur les textes majeurs du concile dans sa
contribution au grand commentaire de Herbert Vorgrimler sur ces textes et
les circonstances de leur élaboration.
La première session
(première partie)
De son propre aveu, Joseph Ratzinger assista à la
messe d'ouverture du concile avec une certaine gêne. Elle ne suivait
guère les principes liturgiques éclairés élaborés par le Mouvement
liturgique, particulièrement mis en valeur dans les pays germanophones
depuis la Première Guerre mondiale. La liturgie de la Parole séparée du
reste
(comme dans une «messe des catéchumènes » !),
le Credo déplacé à la fin de la messe
(probablement pour des raisons de rubriques),
la psalmodie des litanies
(à la place de l'antique « prière des fidèles »)
et surtout le manque de participation active, tout cela l'irrita
profondément. Il remarquait avec amertume, dans son cahier de 1963 sur la
première session, qu'on pourrait jauger le succès du
concile à la manière dont la messe de clôture différerait de celle
d'ouverture. Il fut rassuré quand à la fin de la première session les
répons de la messe furent chantés en commun par les évêques et le reste de
l'assemblée.(La première session du concile de
Vatican II. Rétrospective, Cologne, 1963, p. 11).
Quelles que fussent les déficiences dont la liturgie d'ouverture eut à
souffrir, tout cela fut effacé, à la joie de Joseph Ratzinger, par le ton du
pape Jean XXIII dans son adresse. Le but du concile ne serait pas le
perfectionnement doctrinal de certains aspects du dépôt de la foi mais un «
renouveau fondamental de l'ensemble », et cela à travers un échange vivant
avec le monde d'aujourd'hui et ses besoins
(Idem, p. 12). La décision de
surseoir au choix des membres des diverses commissions conciliaires jusqu'à
ce que les évêques aient eu le temps de faire suffisamment connaissance plut
également à J. Ratzinger. Comme l'idée en avait été inspirée par
le cardinal Achille Liénart, de Lille, et par son propre patron, le cardinal
Joseph Frings, de Cologne, on peut penser qu'il n'y fut pas étranger.
Une meilleure compréhension entre évêques ne pouvait
que renforcer la dimension horizontale de la catholicité de l'Église,
complément nécessaire de sa dimension verticale qui s'exprime dans la
communion des évêques avec le Saint-Siège, et leur obéissance. Il se réjouit
de voir les évêques exercer un pouvoir authentiquement formateur en
apportant leur expérience jusque dans les conseils les plus élevés ;
expérience qui de plus, estimait-il, reflétait la spiritualité propre à
l'Église de leur pays, nourrie par leur combat dans un monde athée, et leurs
contacts œcuméniques avec les chrétiens séparés. Il attendait avec
impatience la venue d'un moment de « tension fructueuse » entre la
périphérie et le centre. L'épiscopat, pensait-il, est concerné au premier
chef par la « multiplicité vivante» de l'Église, alors que la primauté
romaine l'est par son unité. Chaque membre, fidèle à soi-même, tendra certes
à tirer dans le sens qui lui convient, mais il devrait en résulter un
exercice salutaire pour l'ensemble du corps
(Idem, p. 17). Joseph Ratzinger
fut impressionné par l'esprit de liberté qui régnait au concile, quelque
chose qui semblait tenir à la personnalité du pape Jean. Il envisageait que
cela puisse conduire à surmonter la « névrose antimoderniste », et à une
ouverture fraternelle nouvelle de l'Église en son ensemble.
Comme chacun sait, le premier grand débat du concile
- et le premier de ses textes majeurs - concernait la
liturgie. Joseph Ratzinger nota les difficultés de
procédure qui surgirent dans la discussion. Un corps aussi vaste et
hétérogène que celui des Pères conciliaires rencontre nécessairement des
difficultés lorsqu'il est appelé à débattre d'un texte à la manière d'un
parlement. Certains proposèrent que l'assemblée se divisât en petits
groupes, chacun prenant la responsabilité d'une section. J. Ratzinger s'y
opposa pour plusieurs raisons, dont la moindre n'était pas le risque d'une
fragmentation en groupes nationaux. Mais pour ce qui est de sa substance
même, ce débat ne pouvait être que bienvenu. Donner la priorité à
la liturgie relevait d'un choix inspiré : c'était « confesser quel
est le centre véritable
de l'Église ». Ce centre, c'est la célébration des noces de l'Église
avec son Seigneur dans le mystère eucharistique. En sa participation
sacramentelle au sacrifice du Christ, l'Église réalise sa mission la plus
profonde : adorer le Dieu un et trine. Le schéma sur la liturgie entraînait
ainsi, pour J. Ratzinger, d'importantes répercussions sur l'ecclésiologie :
une doctrine de l'Église qui ne dépassait guère le stade de la réflexion sur
la hiérarchie - ce que le père Congar appelait la «hiérarchologie» - devrait
alors céder le pas à une conscience plus vive de la liturgie comme «
vraie source de vie de l'Église, et par conséquent véritable point de départ
de tout renouveau »
(Idem, p. 25-26). Joseph
Ratzinger accueillit la constitution dogmatique sur la liturgie
avec enthousiasme. Il s'agissait d'un retour tout à la fois aux sources et
au cœur du culte chrétien. Elle justifiait, par exemple, la primauté de la
célébration pascale du dimanche, la Pâque hebdomadaire, sur la commémoration
des saints. Elle faisait passer l'objectivité du mystère avant les dévotions
individuelles privées. Elle proposait une structure claire et intelligible
en lieu et place de cette efflorescence luxuriante de formes où les arbres
finissaient par cacher la forêt. L'accent plus grand porté sur l'Écriture
établirait deux tables dans la maison de la liturgie. Avant de s'approcher
la table de la Cène, on prendrait l'antipasto à celle de la Parole.
J. Ratzinger attendait avec impatience la composition d'un nouveau
lectionnaire. Il croyait que la participation plus active des laïcs
trouverait son expression majeure dans la pratique toujours plus répandue de
la communion sous les deux espèces. Déléguer aux conférences épiscopales un
pouvoir régional sur la législation de la liturgie de l'Église serait de
grande importance sur le plan ecclésiologique, permettant des résultats plus
concrets que les déclarations doctrinales élevées de l'épiscopat, qui
peuvent n'être que pure rhétorique Joseph Ratzinger espérait en toute
confiance que ces conférences puissent en venir à constituer un corps
intermédiaire, de nature quasi synodale, entre l'évêque et le pape -
perspective qu'il fut amené à revoir dans la période postconciliaire, quand
il s'alarma du risque avéré d'une rupture de l'unité du magistère. Sur la
question de la langue liturgique, il allait beaucoup plus loin que
Sacrosanctum Concilium. Il citait en l'approuvant le mot du patriarche
melchite d'Antioche, Maximos IV, selon qui le langage est fait pour les
hommes, et non pour les anges. Ou, comme il le dit en termes plus
philosophiques, le langage est l'incarnation de l'esprit, et l'esprit
humain, en tant que tel, « ne peut penser qu'à travers la langue et ne peut
vivre que par la parole et en elle ».
(Idem, p. 34) De fait, il s'en
prit vivement au long règne du latin dans les instituts de formation
ecclésiastique. La stérilité de pans entiers de la théologie catholique
depuis la fin des Lumières pourrait être en partie imputable à son mariage
forcé avec une langue qui a cessé de porter le mouvement de l'esprit humain.
La célébration des différentes liturgies orientales à Saint-Pierre pendant
les sessions du concile s'avéra utile : ce fut un bon correctif à
l'exclusivité du latin.
La discussion conciliaire sur l'idée de révélation intéressa encore
davantage Joseph Ratzinger. Elle devait déboucher sur la
deuxième constitution dogmatique,
Dei Verbum. Aux yeux de J. Ratzinger, la grande réussite
de ce débat tint au refus de se laisser enfermer dans la seule nécessité de
combattre le modernisme. Ce qu'il voulait dire est clair : chaque fois
que l'orthodoxie doit faire face à l'hérésie, elle encourt le risque de
créer un certain déséquilibre : mettre toute la lumière sur une vérité
nécessaire laisse les autres dans l'ombre. La sérénité suffisante pour
considérer la crise moderniste comme un épisode révolu offrirait l'espoir
d'adopter une vision plus entière de la révélation,
qui est en elle-même le cœur et la clef de la polémique entre modernistes et
antimodernistes. Plus entière : les termes utilisés par J. Ratzinger
étaient «
pastoral » et «
œcuménique
» qui, insistait-il, ne devraient pas être confondus avec «
confus » ou «
ambigu » ! Des formulations dogmatiques dont
l'histoire a montré de manière indubitable la valeur doivent garder leur
dimension de vérités objectives. «Pastoral» ne peut pas être synonyme de
fade, substanzlos, mais bien plutôt exprimer l'attention envers nos
contemporains qui « veulent savoir ce que la foi a de positif à leur
enseigner ». Cela suppose qu'on débarrasse la prédication et la
confession du langage scolastique, qui dans le travail théologique a sa
légitimité propre, sa nécessité peut-être aussi, mais partout ailleurs doit
céder le pas au langage de l'Écriture, à celui des Pères, et à celui de la
culture contemporaine. Joseph Ratzinger affirmait là la
conviction, propre au renouveau biblique et patristique des années 50 connu
sous le nom de Nouvelle théologie, que « ces trois sont un », hac
tres unum sunt. Voilà pour le sens de « pastoral ». Qu'en est-il d'«
œcuménique »?
« Œcuménique » ne peut signifier
qu'on passe sous silence certaines vérités de peur d'être en porte-à-faux
avec ses interlocuteurs. Ce qui est vrai doit être exprimé ouvertement, sans
dissimulation. La perfection de la vérité est un aspect de la perfection de
l'amour.
(Idem, p. 46)
L'œcuménisme devrait conduire à cesser de considérer autrui comme l'ennemi,
à voir en lui plutôt un frère avec qui parler et de qui apprendre. Plus
encore,
« œcuménique » devrait signifier [...] percevoir la
complétude intérieure de la foi, et ainsi attirer l'attention du frère
séparé sur le fait que tout ce qui est authentiquement chrétien a sa place
dans le catholicisme. (Idem, p. 47)
Il fait remarquer qu'après tout, « œcuménique » et « catholique »
signifiaient originairement la même chose : la
plénitude du christianisme.
(à
suivre)
Introduction
(1) :
►
Benoît XVI et Jean-Paul II présentent ce point commun d'être des
intellectuels racés -
28.09.08
Introduction
(2) :
►
Benoît XVI un des plus grands papes
théologiens de l'histoire de l'Église - 30.09.08
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Sources : Introduction à la théologie de Joseph Ratzinger
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
05.10.2008 -
T/Théologie |