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19 Avril 2005
 

Pour le pape Benoît XVI l'Écriture respire l'odeur d'humus du pays des patriarches

 

Le 12 octobre 2008 - (E.S.M.) - Dans leurs interventions, certains Pères du synode s'interrogent. Au moment du concile Vatican II, J. Ratzinger était un jeune évêque mais, déjà, combien lucide. Il n'est pas étonnant de trouver dans ses écrits d'il y a 40 ans les réponses aux inquiétudes de nos évêques. Messieurs les évêques, Benoît XVI est pape depuis 3½ ans, l'avons-nous écouté, sinon, n'aggravons-nous pas la situation, n'avons-nous rien de mieux à proposer que les sectes ?

Et si on écoutait, plutôt que de s'amuser ?

Pour le pape Benoît XVI l'Écriture respire "l'odeur d'humus" du pays des patriarches

Il faut que l'Église écoute, avant tout, pour pouvoir devenir une Église qui enseigne

- La première session (première partie) Le pape a fait ses classes sur les bancs de Vatican II
- La première session (deuxième partie)

Le 12 octobre 2008 -  Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - J. Ratzinger écrivit un long commentaire de Dei Verbum pour l'ouvrage de Vorgrimler sur les documents du concile. Ce qui lui paraissait le plus important était l'incorporation en ce texte des avancées théologiques des cent dernières années sur la compréhension de l'autorité tant de la Tradition que de l'Écriture. La Tradition constitue l'environnement vivant qui témoigne de la signification de l'Écriture; l'Écriture est l'âme de toute réflexion chrétienne sur la révélation : telles sont les deux idées clefs. (Commentary, p. 156-159)

Il trouva particulièrement heureuse la préface de Dei Verbum. L'incipit du document - Dei verbum religiose audiens et fidenter proclamans : « écoutant religieusement et proclamant hardiment la parole de Dieu » - donne immédiatement le ton de ce qui va suivre. Plus important encore, il laisse entendre que le concile se gardera d'un ecclésiocentrisme déplacé, et finalement destructeur.

S'il a parfois pu apparaître que le concile tendait à donner un reflet ecclésiologique de lui-même, dans lequel l'Église se meut selon sa propre orbite et se prend pour objet central de sa propre proclamation, au lieu de pointer constamment au delà d'elle-même, il en va tout différemment dans ce texte : ici, la vie de l'Église, dans sa totalité, et comme hier, est ouverte vers le haut, et tout son être est recueilli en une attitude d'écoute de ce qui est la seule source de ce qu'elle a à dire. (Commentary, p. 167)

Par ses réflexions sur la révélation, le concile aurait pertinemment pu revendiquer de « marcher dans les pas » de Trente et de Vatican I. Dans son égale fidélité à ces deux prédécesseurs - tout en dépassant leurs perspectives -, il offre, selon J. Ratzinger, un parfait exemple de ce qu'est le développement dogmatique, une relecture intérieure du dogme au sein même de l'histoire du dogme.

Quant au texte dans son ensemble, Joseph Ratzingerle trouva digne d'éloges, malgré quelques insuffisances ça et là. Son inquiétude principale à l'égard de la version finale concernait l'optimisme sotériologique. Le mystère d'iniquité - le péché - et son coût atroce pour l'homme-Dieu au Calvaire tendaient à fondre, pensait-il, sous le chaud soleil d'une ère d'optimisme. Gardant sans doute à l'esprit la puissante tradition de l'exégèse luthérienne du début de l'épître aux Romains, cité en Dei Verbum I, il posait la question :

Puisque l'on traite du salut, ne devrait-on pas aussi mentionner le mystère de la colère de Dieu qui pèse si lourdement, explicitement, sur ces chapitres ?
(idem, p. 174).

Et il concluait en disant que l'optimisme pastoral d'une époque préoccupée avant tout de compréhension et de réconciliation - peut-être avait-il à l'esprit l'axiome de Madame de Staël selon lequel « tout comprendre, c'est tout pardonner » - semblait avoir « rendu le concile quelque peu aveugle à une part non négligeable du témoignage de l'Écriture ». Le salut de Dieu s'adresse avant tout au pécheur, pour sa justification; la grâce est donnée par le jugement de la Croix.

Cette question du « sur-optimisme » conciliaire n'était pas négligeable, et demeurait posée; malgré tout, elle ne gâcha pas le plaisir que lui causait l'ensemble du texte. Quelques-unes de ses appréciations les plus chaleureuses concernaient la louange de l'Écriture dans Dei Verbum. Dans la tradition latine qui va de saint Jérôme à l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ en passant par saint Augustin, l'Église a parlé de la Bible comme du « pain de vie » qui nous est offert sur la table de la Parole. Il se réjouissait du caractère concret de l'Écriture :

"Elle respire l'« odeur d'humus » du pays des patriarches ; elle nous communique le ton des paroles sans faille des prophètes, la façon dont Israël priait en ses jours de bonheur, comme en ceux de tristesse; elle nous fait connaître la voix de Jésus-Christ - à travers de nombreuses expressions araméennes particulièrement frappantes, transmises sans être traduites ; nous l'entendons parler sa langue native; nous le rencontrons par delà les siècles, tel qu'il vivait, homme parmi les hommes".
(idem, p. 263).

Mais, conscient qu'il y avait là un risque de romantisme littéraire, Joseph Ratzinger saluait aussi l'assurance avec laquelle le concile s'exprimait sur le statut théologique de l'Écriture. Nous chérissons l'Écriture parce qu'à travers l'inspiration divine qui saisit les auteurs sacrés, elle nous fait partager le dialogue fondamental que Dieu a établi avec l'homme. En théologie, elle doit être ce que les fondations sont à l'édifice, la force vitale à l'organisme, l'âme au corps. La piété, elle aussi, doit être renouvelée par une meilleure adhésion à l'Écriture, dont la lecture privée se trouve couronnée par l'écoute du texte proclamé dans l'assemblée liturgique. La révérence solennelle envers le Livre dans la liturgie quotidienne du concile était aux yeux de J. Ratzinger le meilleur rappel de la relation de l'Église avec la Parole : il faut que l'Église écoute, avant tout, pour pouvoir devenir une Église qui enseigne.

Joseph Ratzinger n'imaginait cependant pas qu'une telle recommandation passionnée de la Bible pût aller sans aucun problème. Il attira l'attention sur la difficulté que certains éprouvaient à relier l'exégèse à la théologie systématique, sur la tendance des biblistes à avancer en solitaires, déconnectant leur récepteur du réseau des lignes théologiques. Il mit en garde contre toute tentative de séparer l'Écriture de la totalité ecclésiale, qui conduirait inévitablement « soit au biblicisme, soit au modernisme, soit aux deux à la fois »
(idem, p. 267). Il nota de quelle manière les ébauches successives de Dei Verbum tendaient à exclure de l'exégèse la notion de progrès : « quand on traite des propriétés essentielles de l'homme, le modèle fondé sur le progrès s'effondre» (idem, p. 266). Cette notion de progrès en exégèse serait en tout cas anathème pour les Églises orthodoxes, pour qui la règle d'interprétation de la Bible a toujours été celle de la foi de l'Église indivise des premiers temps, et pour les protestants orthodoxes dont la réforme du XVIe siècle était précisément basée sur la négation d'une progression linéaire continue. Joseph Ratzinger n'avait pas non plus manqué de relever les propos acerbes du bibliste luthérien Ernst Käsemann sur le péril qu'il y a à recourir à l'exégèse pour défendre le kérygme, la proclamation de foi chrétienne. Käsemann avait écrit :

II me semble plus sûr d'avancer les yeux fermés dans un champ de mines. Est-il possible d'oublier un instant que nous sommes quotidiennement abreuvés par un flot d'idées douteuses, voire abstruses, dans les domaines de l'exégèse, de l'histoire et de la théologie, au point que nos débats académiques ont progressivement dégénéré en une guérilla à l'échelle du monde entier [...] ? Pouvons-nous nous libérer de cette massa perditionis
« Masse de perdition » [NdT] Pouvons-nous exercer notre art autrement qu'en sachant que ceux qui doivent nous guider se tiennent depuis déjà longtemps à l'extérieur ? (Commentary, p. 193)

Tout en considérant que Käsemann exagérait dans les faits, Joseph Ratzinger pressentait qu'il avait raison sur le principe.

À sa grande satisfaction, les évêques, conscients du problème, recommandèrent d'avoir recours, pour guider l'exégèse, aux Pères de l'Église, et aux vénérables liturgies tant de l'Occident que de l'Orient. Ainsi, le concile pourrait maintenir la préférence tridentine pour le texte de la Vulgate, même sous une forme moins stricte. Car la Vulgate, qui était la Bible des Pères latins, nous montre de quelle façon l'ancienne Église d'Occident comprenait les Écritures. La Bible doit être étudiée avec les instruments exégétiques les plus modernes, mais dans le contexte herméneutique du « sens de l'Église », et dans ce cadre l'exégète doit se laisser guider par le magistère. J. Ratzinger était néanmoins suffisamment réaliste pour s'attendre à une certaine tension entre utilisateurs d'outils modernes d'exégèse et gardiens du contexte herméneutique, et pour décourager ceux qui espéraient que cette tension puisse un jour être complètement éliminée.

Le sensus Ecclesia, qui doit donc être le critère ultime de l'exégète, repose sur la Tradition, que l'autorité magistérielle interprète au service de la parole de Dieu. Cet usage organique et « total » du terme « tradition », qui alors appelle une majuscule, n'est pas celui du concile de Trente. Alors que Trente s'intéressait aux différentes traditiones
(au pluriel) qui réglaient la vie de l'Église, notamment sur le plan liturgique, Dei Verbum, redevable sur ce point au dominicain français Yves Congar et à ses sources favorites - l'École catholique de Tübingen du XIXe siècle -, revint à une notion plus ancienne du terme, celle où la Tradition désigne la totalité du contexte ecclésial dans lequel a lieu la lecture des Écritures. La Tradition se transmet par l'enseignement, par la vie et par le culte, comme Joseph Ratzinger le fait remarquer dans une digression explicative qui prendra par la suite de l'importance dans le débat avec les théologiens « dissidents » :

On la retrouve non seulement dans les affirmations explicitement traditionnelles de la doctrine de l'Église, mais aussi à travers les éléments inexprimés - et souvent inexprimables - de la liturgie du culte chrétien de Dieu et de la vie de l'Église.
(Commentary, p. 184)

Cependant, il fait observer qu'en décrivant ainsi la Tradition comme la perpétuation de tout ce que l'Église est et croit, le concile n'a pas réussi à créer les conditions d'une saine critique de certains éléments de cette Tradition. J. Ratzinger pensait qu'au lieu de s'épuiser en de vains efforts pour résoudre la question héritée du bas moyen âge, et toujours en suspens à Trente, de la «complétude quantitative de l'Écriture»,
(En théologie fondamentale, il est licite d'interpréter l'autorité de l'Écriture dans le sens que toute la Révélation s'y trouve materialiter, mais pas nécessairement formaliter, et dans ce cas, le recours à la Tradition est requis pour en dévoiler le sens complet ; ainsi peut-on distinguer la « complétude quantitative de l'Écriture » de sa complétude qualitative). les Pères conciliaires auraient mieux fait d'élaborer des critères d'une critique éventuelle - parfois nécessaire - des traditions au sein de l'Église. Quant à sa crainte que l'enseignement de Dei Verbum sur la Tradition n'aboutisse au lendemain du concile à entériner tout ce qui s'est fait dans l'Église selon le principe «si cela est, cela est bon», on voit à présent combien peu elle avait de raison d'être.

Joseph Ratzinger termina son compte rendu de la première session du concile par une action de grâces, mais avec aussi une certaine réserve quant au futur. D'un côté, l'événement conciliaire, considéré au début par certains avec scepticisme, s'était révélé d'une valeur irremplaçable.
(Die erste Sitzungsperiode, p. 56-57). Ses premiers textes étaient les «fruits précieux» de la «catholicité horizontale» des évêques du monde entier, chacun apportant au « collège » de l'assemblée conciliaire son expérience personnelle et celle de son église dans sa particularité. D'un autre côté, Joseph Ratzinger mettait en garde : il devait être clair qu'il y avait des choses que le concile ne pourrait pas réaliser. Il ne pourrait de lui-même extirper de l'Église toute la faiblesse humaine. La nécessité d'un renouveau se fera sentir jusqu'à la fin de ce monde, jusqu'au retour du Seigneur. De même, le concile ne pourrait avoir pour résultat immédiat cette réunion de tous les chrétiens si souvent présente sur les lèvres et dans le cœur des Pères conciliaires au moment où commençait la préparation de la deuxième session. Le concile pouvait montrer l'importance de la part de l'héritage chrétien détenue en commun, et encourager à sentir « le poids de cette unité fondamentale ». Mais la réalisation de l'unité plénière ne pourrait être confiée qu'à la patience et aux efforts d'un travail quotidien. (Die erste Sitzungsperiode, p. 56-57)

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Sources : Introduction à la théologie de Joseph Ratzinger
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M. sur Google actualité)  12.10.2008 - T/Théologie

 

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