Benoît XVI va prendre des
mesures concernant la célébration de la liturgie |
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ROME, JEUDI 13 JUILLET 2006. Le pape Benoît XVI va
mettre fin aux " abus " dans la célébration de la messe et faire cesser
" les affrontements
" avec les partisans
de la messe en latin, a déclaré jeudi un responsable du Vatican à
l'agence I.Media. Selon l'évêque sri-lankais Albert Malcom Ranjith
Patabendige Don, le pape Benoît XVI va "prendre des mesures" car la
liturgie de l'Eglise catholique serait trop souvent "
un signe de scandale
". |
Le véritable esprit de la
réforme conciliaire
L'on
prête à Benoît XVI l'intention de prendre des décisions en faveur d’une
réforme de la réforme de la liturgie. Certains s’en inquiètent, d'autres se
réjouissent, d’autres s’en lamentent. Le secrétaire de la Congrégation pour
le culte divin précise.
Pour lui en effet, il nous faut en
comprendre l’esprit, puisque Benoît XVI s’est lui-même exprimé plusieurs
fois sur le sujet et que le cardinal Ratzinger, avant d'être Benoît XVI,
n’avait pas été avare d’explications et de mises au point sur la réforme
liturgique qui a suivi Vatican II.
Si le Pape Benoît XVI intervient
aujourd’hui sur le sujet, ce n’est évidemment pas pour ouvrir un nouveau
conflit à l’intérieur de l’Eglise et ranimer les querelles qui ont opposé
depuis un demi-siècle progressistes et traditionalistes. Les médias
schématisent et résument au point d'estomper l'essentiel la foi de l’Eglise,
qui est de vivre la réalité de la vie divine dans les sacrements.
Il
s'agit en effet, pour l'Église, de se recentrer sur l’essentiel. Et c’est de
ce point de vue que doivent être comprises et accueillies les éventuelles
mesures de Rome en faveur d’une réconciliation avec la mouvance dite
traditionaliste. On ne peut négliger, par exemple, la question de
l’orientation de la liturgie qu'elle soit au coeur de l'assemblée
eucharistique comme dans les grandes basiliques romaines ou qu'elle soit
tournée vers le soleil levant, qui désigne symboliquement le Christ
ressuscité.
S'il y a détournement de
signification grave, avec une assemblée qui se recentre sur elle-même pour
oublier que la liturgie est ouverture au mystère de Dieu, la déviation n'est
pas celle qu'a voulu la réforme conciliaire.
Le rappelle
un entretien paru dans le quotidien français "La Croix" avec Mgr Albert
Malcolm Ranjith Patabendige Don, secrétaire de la Congrégation pour le culte
divin et la discipline des sacrements. En voici quelques extraits :
"...L’Église a toujours été consciente que sa vie
liturgique doit être orientée vers Dieu et comporter une atmosphère
profondément mystique. Or, depuis quelques années, on a tendance
à l’oublier, pour y substituer un esprit de liberté totale qui laisse tout
l’espace à l’invention, sans enracinement, ni approfondissement.
"... La sécularisation en Occident a entraîné une forte division entre ceux
qui se réfugient dans le mysticisme, en oubliant la vie, et ceux qui
banalisent la liturgie, en la privant de sa fonction de
médiatrice vers l’au-delà. En Asie – par
exemple au Sri Lanka, mon pays –, chacun, quelle que soit sa religion, est
très conscient du besoin de l’homme d’être porté vers l’au-delà. Et cela
doit se traduire dans la vie concrète. Je pense qu’il ne faut pas abaisser
le sens du divin au niveau de l’homme, mais au contraire chercher à hisser
l’homme vers le niveau supra-naturel, là où nous pouvons approcher le
Mystère divin.
"... Il ne s’agit pas d’être anti-conciliaire ou
post-conciliaire, ni conservateur ou progressiste ! Je crois que la réforme
liturgique de Vatican II n’a jamais décollé. D’ailleurs, cette réforme ne
date pas de Vatican II : elle a en réalité précédé le Concile, elle est née
avec le mouvement liturgique au début du XXe siècle.
"... Si l’usage
de la langue courante est consenti, notamment pour la liturgie de la Parole,
le décret précise bien que l’usage de la langue latine sera conservé dans le
rite latin. Sur ces sujets, nous attendons que le pape nous donne ses
indications.
"... Encore une fois, il ne s’agit pas d’être
progressiste ou conservateur, mais simplement de permettre à l’homme de
prier, d’écouter la voix du Seigneur. Ce qui se
passe dans la célébration de la gloire du Seigneur n’est pas une réalité
seulement humaine. Si on oublie cet aspect mystique, tout se
brouille, et devient confus. Si la liturgie perd sa dimension mystique et
céleste, qui, alors, aidera l’homme à se libérer de l’égoïsme et de son
propre esclavage ? La liturgie doit avant tout être une voie de libération,
en ouvrant l’homme à la dimension de l’infini."
(La Croix)
Le pape Benoît
XVI va remettre de l'ordre dans la liturgie
Propos recueillis à Rome par Antoine-Marie
Izoard
Le pape Benoît XVI va mettre fin aux "
abus " dans la célébration de la
messe et faire cesser " les affrontements
" avec les partisans de la messe en latin, a déclaré jeudi un
responsable du Vatican à l'agence I.Media. Selon
l'évêque sri-lankais Albert Malcom Ranjith Patabendige Don, nouveau
secrétaire de la congrégation pour le culte divin et la discipline des
sacrements, le pape Benoît XVI va " prendre des
mesures " car la liturgie de l'Eglise catholique serait trop
souvent " un signe de scandale ".
Mgr Albert Malcom Ranjith Patabendige Don, secrétaire de la Congrégation
pour le culte divin et la discipline des sacrements, entend rappeler
l’importance de la discipline en matière de célébration liturgique. Selon le
prélat Sri Lankais, Benoît XVI "va prendre des mesures" pour indiquer avec
quel sérieux il convient de célébrer a expliqué le prélat à son retour du
Ghana où il a participé à un congrès consacré à la promotion liturgique en
Afrique et à Madagascar.
Q.: Vous avez
récemment affirmé dans le quotidien catholique français La Croix que la
réforme liturgique du Concile Vatican II n’avait "jamais décollé". Ces mots
ont surpris de nombreuses personnes…
R.: Je suis surpris,
car je ne l’ai pas dit ainsi et ce n’est pas vrai. Je voulais dire que la
réforme conciliaire - avec le renouveau spirituel attendu, avec
les catéchèses profondes qui devaient relancer l’Eglise
face au contexte séculariste - avait donné des résultats qui ne
sont pas si positifs que cela. La réforme a bien décollé. Ainsi,
l’utilisation de la langue vernaculaire est une chose positive, car tout le
monde peut comprendre ce qui se passe à l’autel ou lors des lectures. De
même, pour le sens de communion qui s’est développé. Mais ces éléments ont
parfois été un peu trop accentués en abandonnant certains aspects positifs
de la tradition de l’Eglise. Le cardinal Ratzinger lui-même, dans la préface
du livre Tournés vers le Seigneur - l’orientation de la prière liturgique du
père Uwe Michael Lang, a rappelé que l’abandon du
latin et l’orientation du célébrant vers le peuple ne faisaient pas partie
des conclusions du Concile.
Q.:
Pour certains, qui ont fidèlement suivi le Concile, vos propos surprennent…
R.: Il ne s’agit pas d’abandonner le Concile, car il a
déjà beaucoup influencé l’Eglise, comme dans son ouverture au monde. Mais,
dans le même temps, il aurait fallu approfondir ce que nous possédions déjà.
Il aurait fallu, comme dit le Concile, un changement ‘organique', sans
brusquerie, sans abandonner le passé. L’Encyclique
Ecclesia de Eucharistia
de Jean Paul II (publiée en avril 2003, ndlr), et l’Instruction
Redemptionis Sacramentum
- (avril 2004)
qu’il avait demandée à la Congrégation, indiquent
bien que quelque chose n’allait pas. Le pape Jean-Paul II parlait
alors avec une certaine amertume de ce qui se passait. Ainsi, on ne peut pas
dire que tout s’est bien passé, mais on ne peut pas dire non plus que tout
s’est mal passé. Les réformes du Concile, par la façon dont elles ont été
traduites et mises en place, n’ont pas porté les fruits espérés.
Q.: Concrètement, que faut-il faire?
R.: Il y a deux extrêmes à éviter:
permettre à chaque prêtre ou évêque de faire ce qu’il veut, ce
qui crée la confusion, ou, au contraire, abandonner complètement une vision
adaptée au contexte moderne et s’enfermer dans le passé. Aujourd’hui, ces
deux extrêmes continuent de croître. Quel est le juste milieu ?… Il convient
de réfléchir un moment, de célébrer sérieusement et d’améliorer ce que nous
faisons actuellement.
Q.: Doit-on attendre
un document pontifical ou de votre Congrégation à ce sujet ?
R.: Dans son livre L’esprit de la liturgie (publié en allemand en 2000,
puis en français en 2001, ndlr), le cardinal Ratzinger avait présenté un
cadre très complet de la question. Je crois que le pape Benoît XVI est très
conscient de ce qui se passe, qu’il étudie la question et qu’il faut faire
quelque chose pour aller de l’avant. Il va prendre
des mesures pour nous indiquer avec quel sérieux nous devons célébrer la
liturgie. Il a la responsabilité que la liturgie devienne
un signe d’édification de la foi et non un signe de
scandale. Car, si la liturgie n’est pas capable de changer les
chrétiens et de les faire devenir des témoins héroïques de l’Evangile, alors
elle ne réalise pas sont but véritable. Celui qui a participé à la messe
doit sortir de l’église convaincu que son engagement social, moral,
politique et économique, est un engagement chrétien.
Q.: Les abus liturgiques sont-ils réellement si
nombreux ?
R.: Chaque jour, nous recevons tellement de
lettres, signées, où les gens se lamentent des nombreux abus : des prêtres
qui font ce qu’ils veulent, des évêques qui ferment les yeux ou, même,
justifient ce que font leurs prêtres au nom du ‘renouveau’… Nous ne pouvons
pas nous taire. Il est de notre responsabilité d’être vigilants. Car, à la
fin, les gens vont assister à la messe tridentine et nos églises se vident.
La messe tridentine n’appartient pas aux Lefebvristes. C’est le moment de
cesser les affrontements et de voir si nous avons été fidèles aux
instructions de la Constitution conciliaire
Sacrosanctum Concilium.
C’est pourquoi il faut de la discipline pour ce que nous faisons sur
l’autel. Les règles sont bien indiquées dans le Missel romain et les
documents de l’Eglise.
Q.: Vous rentrez à
peine de Kumasi, au Ghana, où vous avez dirigé les travaux du congrès
organisé par votre congrégation sur la promotion liturgique en Afrique et à
Madagascar. En quoi cela consistait-il ?
R.: Il y avait
des représentants de 23 pays africains, dont de nombreux évêques. Nous leur
avons présenté le travail de la Congrégation, les mises à jour nécessaires.
Nous avons aussi évoqué la façon de traduire les textes liturgiques et le
besoin de reconnaissance de ces textes par la Congrégation. Nous avons
consacré une journée entière à l’inculturation dans la liturgie, et nous
avons aussi étudié la question de la formation liturgique des fidèles.
Q.: Quelles questions ont été particulièrement
évoquées concernant l’inculturation ?
R.: Nous avons
surtout parlé des problèmes de langage dans les traductions liturgiques,
comment y introduire les langues locales, et aussi des adaptations de la
liturgie. Les évêques sont conscients, d’un côté, du danger d’arriver à un
certain syncrétisme religieux et culturel, et d’un autre ils ont conscience
de la nécessité absolue que la liturgie soit compréhensible par tous. Nous
avons discuté de la question de l’identité universelle de la messe, des
choses qui ne peuvent être changées et de celles qui peuvent l’être, des
valeurs africaines du sacré, du mystère, de la famille, du respect des
anciens, et de comment les introduire dans la liturgie.
Q.: Quelles
recommandations sont issues de ce premier congrès continental ?
R.: 25 points différents ont été approuvés par les participants au
terme du congrès. L’essentiel étant de ne pas trahir la forme universelle
des sacrements, surtout ses aspects ‘catholiques’. Dans le même temps, il
convient de chercher à engager une inculturation plus profonde, non
seulement externe mais de mentalité, de façon de voir, de façon de prier,
etc. Beaucoup d’évêques ont pris connaissance de nombreux points de la
liturgie de l’Eglise qu’ils ignoraient auparavant. Cette rencontre, d’un
côté, a donc permis à la Congrégation d’écouter les évêques, de connaître
leurs difficultés, et, de l’autre côté, elle a aidé
les évêques à comprendre les nécessités universelles de la liturgie.
Q.: Vous attendez désormais des textes
provenant de pays africains pour les reconnaître ?
R.:
Oui, car beaucoup d’évêques ignoraient qu’il fallait que leurs textes soient
reconnus par la Congrégation. Ils continuaient en effet d’utiliser des
textes rédigés sans aval de Rome. Il est bien possible que cette situation
existe sur d’autres continents.
Repères:
Les gadgets populaires doivent passer au
second plan si l'on ne veut pas oublier que ce sont la foi et la liturgie
qui sont plongées dans une crise très profonde. Benoît XVI s'entoure à
présent d'hommes, qui avec lui, ont à coeur de vouloir surmonter cette crise
pour redonner aux hommes d'Eglise le sens fondamental de leur mission.
Benoît XVI
Le Pape Benoît est intimement persuadé
que la liturgie aurait du constituer le coeur même d'un renouveau de l'Eglise.
Mais à cause de sa sécularisation, et de sa propension à célébrer l'homme
plutôt que Dieu, il a manqué à l'Eglise, pour prendre un nouveau départ, la
force que donne la foi.
Benoît XVI
Sources: La Croix - Archives
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde
- 13.07.2006 - BENOÎT XVI
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