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La lettre de Benoît XVI sur le rapport de Munich
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Le 11 février 2022 -
(E.S.M.)
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Le pape émérite Benoît XVI a réagi au rapport de l’archidiocèse de
Munich qui mettait en cause sa gestion des abus en tant
qu’archevêque au début des années 1980. Voici la lettre qu’il a
rédigée et signée le 6 février 2022 et qui a été transmise au bureau
de presse du Saint-Siège ce mardi 8 février.
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Benoît XVI
La lettre de Benoît XVI sur le rapport de Munich
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Le document
Le 11 février 2022 - E.
S. M. - Cité du Vatican, 6 février 2022
Chères sœurs et chers frères !
À la suite de la présentation du
rapport sur les abus dans l’archidiocèse de Munich et Freising, le
20 janvier 2022, je tiens à adresser à chacun une parole personnelle. En
effet, même si je n’ai été archevêque de Munich et de Freising qu’un peu
moins de cinq ans, au plus profond de moi subsiste cependant une
profonde appartenance à l’archidiocèse de Munich comme à ma patrie.
Je voudrais avant tout exprimer un mot de sincères remerciements. Durant
ces jours d’examen de conscience et de réflexion, j’ai reçu plus
d’encouragement, d’amitié et de signes de confiance que je n’aurais
imaginé. Je voudrais remercier en particulier le petit groupe d’amis
qui, avec abnégation, a rédigé pour moi mon mémoire de 82 pages, pour le
cabinet d’avocats de Munich, que je n’aurais pas pu écrire seul. Aux
réponses aux questions posées par le cabinet d’avocats, s’ajoutait la
lecture et l’analyse de près de 8.000 pages d’actes en format numérique.
Ces collaborateurs m’ont ensuite aidé à étudier et à analyser
l’expertise de près de 2000 pages. Le résultat sera publié
ultérieurement en annexe de ma lettre.
Durant le travail gigantesque de ces jours-ci – l’élaboration de la
prise de position – s’est produit un oubli concernant ma participation à
la réunion de l’Ordinariat du 15 janvier 1980. Cette erreur, qui s’est
malheureusement vérifiée, n’a pas été intentionnellement voulue et
j’espère qu’elle est excusable. J’ai fait en sorte que Mgr Gänswein la
signale
dans la déclaration à la presse du 24 janvier 2022. Cela n’enlève
rien au soin et au dévouement qui ont été et qui sont, pour ces amis, un
impératif absolu. Il s’est avéré profondément blessant que cet oubli ait
été utilisé pour mettre en doute ma sincérité, voire pour me qualifier
de menteur. J’ai été d’autant plus ému par les multiples expressions de
confiance, les témoignages cordiaux et les émouvantes lettres
d’encouragement qui me sont parvenues de la part de nombreuses
personnes. Je suis particulièrement reconnaissant pour la confiance,
l’appui et la prière que le pape François m’a exprimés personnellement.
Je voudrais enfin remercier la petite famille du monastère “Mater
Ecclesiæ”, dont la communion de vie aux heures heureuses et difficiles
me donne cette solidité intérieure qui me soutient.
Il est nécessaire qu’à ces paroles de remerciement suive maintenant une
confession. Je suis à chaque fois plus profondément touché que jour
après jour, l’Église mette au début de la célébration de la Sainte Messe
– au cours de laquelle le Seigneur nous donne sa Parole ainsi que
Lui-même – la confession de notre faute et la demande de pardon. Nous
prions publiquement le Dieu vivant de pardonner notre faute, notre
grande et très grande faute. Il est clair que les mots “très grande” ne
s’appliquent pas de la même manière à chaque jour, à chaque jour
particulier. Mais chaque jour me demande si, aujourd’hui, je ne devrais
pas parler d’une très grande faute. Et il me dit d’une manière
consolante que, aussi grande que puisse être ma faute aujourd’hui, le
Seigneur me pardonne si je me laisse scruter par lui en toute sincérité
et si je suis réellement disposé à me changer moi-même.
Dans toutes mes rencontres avec les victimes d’abus sexuels de la part
de prêtres, surtout pendant mes nombreux voyages apostoliques j’ai
regardé dans les yeux les conséquences d’une très grande faute et j’ai
appris à comprendre que nous sommes nous-mêmes entraînés dans cette
grande faute quand nous la négligeons ou quand nous ne l’affrontons pas
avec la décision et la responsabilité nécessaires, comme il est trop
souvent arrivé et qu’il arrive encore. Comme lors de ces rencontres, je
ne peux qu’exprimer, une fois encore, à l’égard de toutes les victimes
d’abus sexuels ma profonde honte, ma grande douleur et ma demande
sincère de pardon. J’ai eu de grandes responsabilités dans l’Église
catholique. Ma douleur est d’autant plus grande pour les abus et les
erreurs qui se sont produits au cours de mon mandat en différents lieux.
Chaque cas d’abus sexuel est terrible et irréparable. Aux victimes
d’abus sexuels, j’exprime ma profonde compassion et mon regret pour
chaque cas.
Je comprends de plus en plus la répugnance et la peur que le Christ a
ressenties sur le Mont des Oliviers quand il a vu tout ce qu’il allait
devoir surmonter intérieurement. Que les disciples dorment à ce
moment-là, représente malheureusement la situation qui, aujourd’hui
encore, se reproduit, et par laquelle je me sens aussi interpellé.
Ainsi, je ne peux que prier le Seigneur, les anges et tous les saints et
vous aussi, chères sœurs et frères, de prier pour moi le Seigneur notre
Dieu.
Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Bien que, regardant en
arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et
de peur, mon cœur reste joyeux parce que je crois fermement que le
Seigneur n’est pas seulement le juge juste mais, en même temps, l’ami et
le frère qui a déjà souffert lui-même mes manquements et qui, en tant
que juge, est en même temps mon avocat (Paraclet). À l’approche de
l’heure du jugement, la grâce d’être chrétien me devient toujours plus
claire. Être chrétien me donne la connaissance, bien plus, l’amitié avec
le juge de ma vie et me permet de traverser avec confiance la porte
obscure de la mort. À ce propos, me revient sans cesse à l’esprit ce que
Jean rapporte au début de l’Apocalypse: il voit le Fils de l’homme dans
toute sa grandeur et tombe à ses pieds comme mort. Mais Lui, posant sur
lui sa main droite, lui dit: “Ne crains pas! C’est moi.” (cf. Ap 1,
12-17).
Chers amis, avec ces sentiments, je vous bénis tous.
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Sources : aleteia-
E.S.M.
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constitue pas un document officiel
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(E.S.M.) 11.02.2022
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