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Un seul État pour Juifs et Palestiniens. Au Vatican, ce n’est plus
un tabou
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Le 10 mai 2023 -
E.S.M.
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La fondation de l’État d’Israël s’est heurtée à
une opposition frontale avec le monde arabe et donc à
l’extinction rapide et quasi-totale, et parfois même
violente, des communautés juives qui vivaient dans ces
pays. La photo reproduite ci-dessus, publiée dans « La
Civiltà Cattolica », montre justement un groupe de
Juifs yéménites en vol vers l’État d’Israël qui venait
de naître.
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Un
groupe de Juifs yéménites en vol vers l’État d’IsraëI
Un seul État pour Juifs et Palestiniens. Au Vatican, ce n’est plus un tabou
Le 10 mai 2023 -
E.S.M. -
En novembre dernier, « La Civilità Cattolica » publiait un
article-choc intitulé « Ripensare
la ripartizione della Palestina ? » dans lequel on lisait qu’en
lieu et place de la solution à deux État, l’heure était venue de
miser plutôt sur « l’égalité des Israéliens et des Palestiniens quel
que soit le cadre politique vers lequel la situation puisse
évoluer », y compris dans un seul et même État.
Le fait que l’auteur de l’article soit le célèbre jésuite Juif et
Israélien David M. Neuhaus et que « La Civiltà Cattolica »,
selon ses statuts, ne sort de presse qu’après avoir reçu
l’approbation préalable, ligne par ligne, du Pape et de la
Secrétairerie d’État, avait incité Settimo Cielo à annoncer
l’article sous ce titre : « Une
patrie commune pour Juifs et Palestiniens. Le Vatican abandonne la
solution à deux États ».
Mais par la suite, les choses ont évolué dans une autre direction.
Le 9 janvier suivant, lors du
discours de début d’année au corps diplomatique, le Pape
François a de nouveau exhorté « l’État d’Israël » et « l’État de
Palestine » à « mettre en œuvre la solution à deux États ».
Une volte-face annoncée puis tuée dans l’œuf ? Il n’en est rien.
Parce que dans son dernier numéro, dans un article intitulé « Gli
ebrei di cultura araba » et toujours sous la plume du P. Neuhaus,
« La Civiltà Cattolica » a de nouveau fait miroiter « la
perspective d’un futur dans lequel les Juifs pourraient vivre aux
côtés des Arabes dans une paix juste et une égalité réconciliée »,
non pas à deux États mais à un seul.
Les fondements de cet espoir – écrit le P. Neuhaus – sont enracinés
dans un passé pas si lointain, quand au moins un million de Juifs
« non seulement parlaient arabe mais faisaient également partie
intégrante de la culture arabe » en Afrique du Nord, de l’Égypte au
Maroc comme en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen, avec
d’importantes communautés judéo-arabes à Casablanca, à Tunis, à
Tripoli, au Caire, à Alexandrie, à Beyrouth, à Damas, à Sanaa ou à
Bagdad.
La fondation de l’État d’Israël s’est heurtée à une opposition
frontale avec le monde arabe et donc à l’extinction rapide et
quasi-totale, et parfois même violente, des communautés juives qui
vivaient dans ces pays. La photo reproduite ci-dessus, publiée dans
« La Civiltà Cattolica », montre justement un groupe de Juifs
yéménites en vol vers l’État d’Israël qui venait de naître.
Mais il n’est pas dit qu’il faille totalement renoncer – soutient le
P. Neuhaus – à cette extraordinaire « symbiose arabo-juive » qui a
duré pendant des siècles et qui « a vu naître quelques-uns des plus
grands esprits de l’histoire juive », comme le médecin, philosophe
et juriste andalous du XIIe siècle Moïse Maïmonide, pour n’en citer
qu’un seul.
Pendant des siècles, ces Juifs arabes ont utilisé trois langues :
l’hébreu pour la Bible, les rites et les lois, l’arabe pour
s’adresser au monde environnant et le judéo-arabe pour la vie
ordinaire dans les communautés. Le P. Neuhaus assume à nouveau cette
histoire et ses personnages dans des pages fascinantes.
Aujourd’hui, les héritiers de cette histoire qui se sont établis en
Israël sont communément appelés « séfarades » mais préfèrent être
identifiés en tant que « mizrahim », juifs orientaux. Ils se
trouvent en position de minorité face à l’élite culturelle, sociale
et économique du Pays, composée principalement de Juifs
« ashkénazes » d’origine européenne. Et ces derniers ont été
déterminants pour favoriser l’ascension de la droite politique et
religieuse en Israël, de Menahem Begin à Benyamin Netanyahu, avec un
sentiment anti-arabe diffus allant de pair – remarque le P. Neuhaus
– « non sans une certaine ambivalence » avec « une redécouverte
progressive d’une fierté pour leur singulier héritage religieux,
social, culturel et culinaire judéo-arabe ».
La confirmation de cette ambivalence – écrit le P. Neuhaus – se
trouve déjà dans le nom de leur parti appelé Shas, du nom du rabbin
orthodoxe Ovadia Yossef, né à Bagdad sous le nom arabe d’Abdallah.
Avec onze de ses membres dans la coalition aujourd’hui au pouvoir en
Israël et l’une de ses figures de proue, le rabbin Moshe Arbel,
comme ministre de l’Intérieur, le parti Shas a récemment surpris
tout le monde en condamnant avec vigueur le terrible ravage par les
colons Juifs de la localité palestinienne d’Huwara, près de
Naplouse, en représailles pour la mort de deux Juifs.
Auparavant, le parti Shas s’était distingué à plusieurs reprises par
son soutien aux initiatives de dialogue avec les Palestiniens, y
compris avec accord d’Oslo, selon le principe des « deux États pour
les deux peuples ».
Et aujourd’hui que la solution à deux États apparaît toujours plus
impraticable, ce sont justement les Juifs issus du monde arable qui
sont les plus enclins à faire revivre sous une nouvelle forme leur
passé de cohabitation pacifique entre les deux peuples à l’intérieur
des mêmes frontières.
C’est en tout cas ce qu’écrit aujourd’hui un Juif et citoyen
d’Israël dans « La Civiltà Cattolica ». La diplomatie
vaticane l’a lu à l’avance et a donné son aval à la publication. La
solution à deux États n’est pas enterrée, mais elle n’est plus la
seule sur la table.
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.05.2023
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