Confidences du Pape Jean-Paul II à
André Frossard |
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ROME, le 10 Avril 2007 -
(E.S.M.) - Pour Jean-Paul II, le malade était très
important. Il s'arrêtait au milieu des fauteuils roulants, embrassait
les corps paralysés et tous les malades voulaient être les plus proches
possibles de lui. Pour Jean-Paul II, les malades étaient des trésors
très précieux pour l'Eglise, comme il l'a répété bien des fois.
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Katarzyna se rappelle encore
aujourd'hui la caresse que Jean-Paul II lui a faite sur la joue et le
chapelet qu'il lui a mis entre les mains.
Confidences du Pape Jean-Paul II à André Frossard en 1982
TEMOIGNAGES
Parlant
d'expérience, je vous dirai qu'autrefois, adolescent, j'étais surtout
intimidé par la souffrance humaine. Il fut un temps où je redoutais
d'approcher ceux qui souffraient; j'éprouvais une sorte de remords devant
cette souffrance qui m'était épargnée. De plus je me sentais gêné, estimant
que tout ce que je pouvais dire aux malades n'était que "chèque sans
provision": ou plutôt, c'était tirer des chèques sur leur provision, car
c'étaient eux qui souffraient, et non pas moi. Il y a une certaine vérité
dans le dicton: "Le bien-portant ne comprend pas le malade", encore que l'on
puisse le retourner en disant que le malade non plus ne comprend pas
toujours le bien-portant, qui lui aussi souffre d'une autre manière devant
sa souffrance.
En me conduisant de plus en plus souvent à la rencontre de ceux qui
souffrent, et de maintes façons, le service pastoral m'a fait sortir de
cette période de timidité. Je dois ajouter ici que j'en suis sorti surtout
parce que les malades eux-mêmes m'y ont aidé. A les visiter, je me suis
rendu compte peu à peu, puis de manière à n'en plus jamais douter qu'entre
leur souffrance et la conscience qu'ils en avaient s'établissaient des
relations tout à fait inattendues. Je crois bien avoir atteint un sommet
dans ce domaine le jour où j'ai entendu ces mots d'un très grand malade:
"Mon Père, vous ne savez pas à quel point je suis heureux !".
J'avais devant moi un invalide cloué au lit et qui avait tout perdu pendant
l'insurrection de Varsovie. Et voici qu'au lieu de se plaindre cet homme me
disait :"Je suis heureux!" Je n'eus pas même à lui demander pourquoi. Je
compris sans qu'il eût à me le dire ce qui devait se passer dans son âme,
comment cette sorte de transfiguration pouvait se faire, et surtout qui
pouvait l'opérer. Depuis j'ai rencontré chez elles ou dans les hôpitaux bien
des personnes étreintes par la souffrance, et plus d'une fois j'ai pu
discerner en elles les traces de la même évolution intérieure, reconnaissant
ses différents stades, ses diverses modifications. J'ai connu des médecins,
des infirmiers et d'autres personnes attachées au service des malades, et
qui savaient frayer la voie à ce processus mystique...
Dialogue avec Jean-Paul II, André
Frossard - du livre N'ayez pas peur
(Éditions Robert Laffont)
Notice:
André FROSSARD (1915-1995) - Essayiste,
journaliste
En 1990, Jean-Paul
II l’a fait grand-croix de l’ordre
équestre de Pie IX. Il a été élu à l’Académie française, le 18 juin 1987 et
reçu sous la coupole le 10 mars 1988 par le R.P. Carré. Décédé le 2 février
1995.
Parmi les nombreuses oeuvres de André FROSSARD, l'ont peut citer:
1982 N’ayez pas peur, dialogue avec Jean-Paul II
(Robert Laffont)
1986 Le chemin de croix, au Colisée avec Jean-Paul II
(Desclée de Brouwer)
1988 Portrait de Jean-Paul II (Robert
Laffont)
1991 Le Monde de Jean-Paul II (Fayard)
LES PLUS PRÉCIEUX TRÉSORS DE L'EGLISE - Témoignages
Même si elle a déjà trente ans, elle est de petite taille et parle comme une
enfant. Ses petites mains pointent directement des épaules. Il lui manque
les bras. Katarzyna se rappelle encore aujourd'hui la
caresse que Jean-Paul II lui a faite sur la joue et le chapelet qu'il lui a
mis entre les mains.
Maria, en revanche, a vingt ans et, voici deux ans, elle a passé
l'équivalent italien du baccalauréat. Le règlement scolaire établit que
l'épreuve de l'examen doit être faite par écrit. Cela a initialement
épouvanté Maria, qui se déplace en fauteuil roulant, souffre de paralysie et
ne parvient pas à tenir en main un stylo. Elle affirme elle-même que cela a
tenu du miracle. Au cours de l'examen, ses doigts se sont ouverts et elle a
pu rédiger son épreuve sans difficultés, la remettant avant même la fin de
l'épreuve. Normalement, pour écrire une lettre à des amis, il lui faut un
mois voire plus.
Quand Mafgorzata est née affectée de la syndrome de Down, les médecins lui
donnaient au plus 15 années à vivre. Aujourd'hui, la jeune femme de trente
ans est une véritable perle en famille, son sourire et sa tendresse
redonnent du courage à tous.
Le Père Robert attendait depuis sept ans un donneur de rein. Trois heures de
dialyse trois fois par semaine l'affaiblissaient totalement. A l'hôpital,
durant la thérapie, il écoutait ses chansons préférées et ne se plaignait
jamais.
Histoires de souffrance ordinaire, comme il en
existe beaucoup. Histoires de personnes qui vivent à nos côtés mais dont
nous ne percevons pas toujours la présence. Nombre d'entre nous
soignent une mère malade, un fils ou un voisin. Mais l'homme malade ne
représente pas seulement une couche, une perfusion, une seringue, les
médicaments, la fatigue, les nuits blanches près d'un lit. Rester à leurs
côtés est également une source de joie parce que les personnes malades
savent être heureuses.
Cela arrive aussi lorsque le Pape Jean-Paul II rencontre les malades.
Certains, la nuit précédente, ne parviennent pas à dormir. Ils partent à
l'aube avec leurs accompagnateurs, leurs parents, leurs amis afin d'arriver
à temps à Rome. Mais il y a l'enthousiasme dans ce voyage. Ils ornent leurs
fauteuils roulants, leurs béquilles avec des rubans colorés et prennent des
petits drapeaux, dans l'espoir de voir le Pape. Malheureusement tous ne
peuvent pas faire ce type de pèlerinage.
Le couloir blanc à l'hôpital et l'odeur des désinfectants. De la porte de
verre entrebâillée portant le mot «Cancérologie», on voit des têtes
blanches, sans cheveux. «J'ai accepté tranquillement la perte de mes cheveux
après la chimiothérapie et je peux même dire que je plaisantais à ce propos
- déclare Rossana. J'en perdais tant et tellement rapidement que je m'en
suis sentie ridicule. Cependant, je rends grâce à Dieu qui m'a donné la
bonne humeur et la joie de vivre».
Aujourd'hui, Anna a mis un foulard sur sa tête. Chaque jour, son amie
Magdalena, qui a gagné sa bataille contre la leucémie, vient la trouver. «La
chose la plus importante est de ne pas rester isolé. Lorsque je restais
seule, en effet, même pour un moment, je broyais du noir - se souvient
Magdalena. C'est pourquoi je rends visite à Anna et je ne veux pas qu'elle
se sente seule».
Les habitants de Sosnicowice (Pologne) racontent que, lorsque la nuit
descend sur leur ville et que le vent caresse les feuilles des arbres,
devant les fenêtres du «château» des ombres passent et l'on entend des
appels, des murmures et des voix. «Le château» est une clinique qui
accueille quarante jeunes filles nées avec des handicaps moteurs et
psychiques. L'«espace» manquait au sein de leur famille et elles sont ainsi
arrivées au «château». Certaines d'entre elles sont très gravement malades
et ne quitteront jamais leur lit de souffrance et resteront là jusqu'à leur
mort. D'autres, en fauteuil, attendent un geste
d'amour et rêvent que Dieu leur envoie un ange qui leur prête ses ailes.
Le responsable de l'hôpital était le Dr Leszek. Aux étudiants qui faisaient
leur stage auprès de lui, il répétait souvent: «Soigner signifie connaître
le patient, lui sourire, ne pas avoir peur de le toucher, s'intéresser et
avoir toujours du temps pour lui. Avant de s'asseoir à côté de son lit, il
faut le regarder dans les yeux et seulement plus tard l'examiner et établir
le diagnostique». L'expérience du Dr Leszek a démontré que, dans de nombreux
cas, on ne doit pas appliquer un remède particulier. Le remède principal est
constitué par l'écoute et par le dialogue.
Pour Jean-Paul II, le malade était très important. Il s'arrêtait au milieu
des fauteuils roulants, embrassait les corps paralysés et tous les malades
voulaient être le plus proches possibles de lui. Pour Jean-Paul II, les
malades étaient des trésors très précieux pour l'Eglise, comme il l'a répété
bien des fois. Il est probable que l'homme malade ne pourra plus jamais
s'habiller seul, descendre les escaliers, être autonome mais cela ne
signifie pas qu'il ne pourra pas réaliser ses rêves.
Marcin accueillait «le Flambeau de Lolek» qui, de Rome, arrivait à Wadowice.
Il a pris la flamme allumée sur la tombe du Pape et l'a porté à la chapelle
du Séminaire de Katowice. Marcin est un étudiant un peu particulier. Au
début, il a étudié Théologie. Son père l'emmenait aux leçons, poussant le
fauteuil et lui prenant des notes. Quand Marcin en avait besoin, ses
collègues séminaristes lui offraient leur aide. Mais le Recteur du Séminaire
ne pouvait certainement pas prévoir qu'un jeune dans ces conditions aurait
pu arriver à enseigner le catéchisme. Marcin ne s'est pas découragé.
Actuellement, en effet, il étudie Sociologie afin de pouvoir à l'avenir
transmettre son expérience aux personnes comme lui. Marcin aime raconter que
l'espérance et la foi, il les a reçues de l'étreinte de Jean-Paul II qu'il a
rencontré en pèlerinage à Rome.
Récemment encore, Jacek était toujours seul chez lui, assis dans son
fauteuil roulant et travaillait à domicile, réparant des radios, le regard
toujours fixé sur la cour. Aujourd'hui, avec son épouse, ils caressent leur
petit Pietr de neuf mois et visitent les sanctuaires mariaux. Ils se sont
connus au cours d'une réunion de personnes handicapées organisée par le Pape
polonais.
Les handicapés ne supportent pas la pitié. Souvent, qui reste paralysé ou
vit avec une maladie considère sa «différence» comme sa propre «normalité».
«Les hommes pour lesquels la médecine ne fait pas de progrès, doivent vivre
avec leur imperfection physique et nous nous devons de les aider», répètent
ceux qui les assistent.
Magdalena souffre d'ostéoporose et, quand elle se rend en pèlerinage, c'est
toujours allongée sur une civière, car autrement, même de petits mouvements
pourraient lui causer des fractures. Et lorsqu'elle s'entend appeler «pauvre
enfant» par d'autres pèlerins, elle s'en étonne disant à sa mère: «mais moi
je me sens bien».
Rosa, dans sa lettre à Jean-Paul II, écrit: «Merci pour le don de la santé,
si nécessaire dans ma lutte contre la tumeur». Le chemin qui conduit du
diagnostique médical à l'acceptation de sa propre maladie est bien souvent
très long et difficile.
«La souffrance qui accompagne l'homme est, pour beaucoup, incompréhensible»,
explique le Père Stanistaw, prêtre en fauteuil roulant. «Face à la
souffrance de l'homme, on se pose mille questions: pourquoi moi ? Quel mal
ai-je donc fait ? Ces demandes m'accompagnent moi aussi».
«Après avoir travaillé brièvement dans une mission en Angola (Afrique) -
continue le P. Stanistaw - j'ai été contraint à revenir en Pologne. Quand
j'ai appris le verdict des médecins, sclérose multiple, et lorsque la
maladie m'a attaqué au point que j'ai dû adopter le fauteuil roulant, j'ai
demandé à Dieu: pourquoi ? Porter la croix jour après jour n'est pas chose
facile. Les grecs disent qu'il n'est pas étrange que le citron soit acide
parce qu'il est pressé en continuation. On peut dire la même chose de
l'homme qui a été attaqué par la maladie, de l'homme qui perd la beauté et
les forces. Luttant contre les difficultés, écrasé par le poids de la
maladie, l'homme peut devenir acide et se rebeller. La plainte meurt
cependant sur les lèvres si l'homme qui lutte contemple le Christ Crucifié».
Le Père Stanistaw est assistant spirituel de deux associations de
handicapés. «Je cherche à soulager leur esprit, à leur donner l'espérance.
Quelquefois, il suffit d'un sourire ou même d'organiser une soirée en
discothèque». Au cours d'un bal organisé chaque année par l'association des
handicapés, entre les fauteuils roulants et les enfants avec leurs
béquilles, Lukasz danse sur ses genoux. Il souffre du fait de la paralysie
des muscles des jambes et des bras. Il est heureux même s'il ne réussit pas
à le montrer. Au nom des enfants handicapés de cette association, il a écrit
une lettre à Jean-Paul II dans la langue des signes.
L'association «J'ai un rêve» reçoit chaque jour des centaines de demandes
d'enfants. «Certains désirs au départ semblent irréalisables - déclare une
volontaire, Monika - mais, tout de suite après, on découvre qu'ils peuvent
devenir réalité parce qu'à l'improviste, on trouve des personnes prêtes à
nous aider ». La jeune fille de quatorze ans malade de leucémie devient
reine d'un jour, l'enfant de sept ans policier, Krysztof monte dans une
Ferrari. « II existe des désirs que nous n'avons pas pu exaucer - continue
Monika - parce que nous avons été pris par le temps. Certains enfants
meurent avant que leur rêve ne se réalise ». Aneta, Maciek et Bartek ont
voulu venir sur la tombe de Jean-Paul II. Tous les trois ont touché le
marbre blanc de la pierre tombale dans les Grottes vaticanes. Andrzej n'est
pas venu avec eux. Jean-Paul II le rencontrera
personnellement au ciel.
Aleksandra Zapotoczny
Repères:
Le pape Jean-Paul II, modèle pour qui souffrent :
►
Jean-Paul II
Cause de béatification de Jean-Paul II
Prière pour la béatification du pape Jean-Paul II:
Texte de la prière pour demander des grâces
Sources:
Lectures - TOTUS TUUS -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.04.2007 - Jean-Paul II |