Jean-Paul II, modèle pour qui
souffrent |
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ROME, le 11 Mars 2007 -
(E.S.M.) - Se rappelant "cette nuit du 1er
février", l'abbé Decio a mis en évidence, dans cet entretien, tout ce
qui a été révélé par Jean-Paul II sur le mystère de la souffrance.
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En lui, les malades ont
trouvé le modèle qui leur a montré comment on souffre et comme on confie sa
souffrance à Dieu.
Le pape Jean-Paul II, modèle pour qui souffrent
"Jean-Paul II a marqué de grâce la policlinique A. Gemelli... ". Mgr. Decio
Cipolloni, assistant spirituel à l'université catholique du Sacré Cœur, pour
la Faculté de Médecine de Rome, depuis novembre 2000, ancien assistant
ecclésiastique national de l'Unitalsi, était chapelain de la policlinique A.
Gemelli au moment de la dernière hospitalisation de Jean-Paul II en février
2005. Se rappelant "cette nuit du 1er février", l'abbé Decio a mis en
évidence, dans cet entretien, tout ce qui a été révélé par Jean-Paul II sur
le mystère de la souffrance.
Père Decio, vous étiez chapelain de la policlinique A. Gemelli (surnommée le
"Vatican III"- Le Vatican II étant le surnom de la résidence du Pape à
Castelgandolfo) en février 2005, pendant la dernière hospitalisation de
Jean-Paul II. Quels sont vos souvenirs les plus significatifs de cette
hospitalisation ? Mon souvenir de cette hospitalisation est unique et
renferme des émotions, de l'anxiété, et de la stupeur, parce qu'un malade
illustre comme Jean-Paul II a marqué de sa grâce la policlinique Gemelli, en
révélant ici de façon extraordinaire le mystère de la souffrance et son
admirable lumière. Je m'explique: s'il est vrai que chaque hôpital est le
sanctuaire de la souffrance, il est également vrai que tout dépend de celui
qui vit cette expérience unique et dramatique et de ceux qui ont le dur
devoir de soigner chaque type de maladie. Ces souvenirs s'unissent à la
prière universelle de l'Eglise et du monde, prière élevée au Seigneur pour
le Pape; au chœur des messages qui arrivaient, chaque jour, pour exprimer au
Pape l'amour et l'affection filiale si vivement manifestés non seulement par
les chefs d'État, mais également par chacun des fidèles en témoignage de la
souffrance commune pour sa maladie. On peut vraiment dire que la
policlinique A. Gemelli était devenue le "Vatican III", comme la définit le
Pape Jean-Paul II lui-même. A ce moment là, les réflecteurs du monde entier
étaient tournés vers cette policlinique. Le stationnement de très nombreux
envoyés spéciaux de chaînes de télévision et de journaux rendait palpitant
le consentement universel d'un événement si touchant. Mon souvenir le plus
vif restera pour toujours cette nuit du 1er février quand, en franchissant
le seuil de la policlinique, le Pape apparut à ma vue, affaibli par une
respiration difficile.
Pendant que son regard croisait le mien, je recueilli toute sa souffrance.
Le geste de ma main lui transmit mon désarroi et mon invincible émotion.
"Lorsque je suis faible c'est alors que je suis fort"
(2 Cor. 12,10). Que pouvez-vous
dire de la force dans la faiblesse de Jean-Paul II ?
En octobre 1999, il avait écrit dans une lettre aux personnes âgées: "Je
trouve une grande paix en pensant au moment où le Seigneur m'appellera à
Lui. Cela n'enlève rien à la joie de l'instant présent, pendant que la mort
remettra l'avenir sous la protection de la Volonté Divine". Durant
les vingt-cinq ans de pontificat de ce Pape venu de loin, marqué par les
drames de la guerre, fasciné par le Christ et par l'homme, émaneront de son
cœur de pasteur universel, spécialement quand il sera courbé sous le poids
des ans et des soucis, faiblesse et force à la fois, témoin de l'annonce
paulienne. En lui, les malades ont trouvé le modèle
qui leur a montré comment on souffre et comme on confie sa souffrance à
Dieu. Autant il avait montré son affection et sa délicatesse
paternelle envers chaque malade, chaque handicapé lors de toutes ses
audiences où il les voulait toujours au premier rang; autant il a témoigné
de la valeur inestimable de la souffrance, quand elle l'a touché de façon
dramatique.
"Le médecin et le prêtre touchent la dimension eschatologique de l'homme et
ils aident l'homme à franchir la frontière mystérieuse de la mort." Telles
ont été les paroles de Jean-Paul II lors de son départ de la policlinique,
le dimanche 13 mars 2005. Pouvez-vous mettre en évidence la vérité de cette
affirmation, en qualité d'assistant spirituel de la policlinique A. Gemelli
? Dans
Salvifici Doloris, première lettre apostolique de la
douleur qui sauve, Jean-Paul II avait mis en évidence non seulement le
mystère de la douleur humaine mais également le service encore plus grand de
celui qui prend en charge cette douleur selon l'exemple du bon samaritain
"qui ne passa pas outre mais qui s'arrêta et se baissa sur l'homme blessé".
Cette image ne peut pas être détournée du cœur des médecins, des infirmiers,
et des prêtres, appelés à entrer dans les replis de la douleur humaine avec
le même cœur que le Christ qui commanda à ses disciples de l'aider à guérir
chaque type de maladie. Je disais aux opérateurs sanitaires de notre
policlinique qu'ils doivent être capables de trembler d'anxiété devant
chaque patient, comme ils l'ont fait devant le Pape malade. Nous nous
sentons tous très limités aussi bien les médecins que les prêtres parce que
s'arrêter devant un malade et surtout devant un mourant signifie s'arrêter
devant le Christ qui meurt, en recueillant leur dernier souffle comme le
signe de Dieu qui demande de lui présenter ce fils, afin que depuis
l'obscurité de la mort il soit remis à sa lumière indéfectible.
Jean-Paul II, dans la catéchèse du 9 novembre 1988 sur le sens de la
souffrance à la lumière de la Passion, a rappelé que chaque souffrance
humaine, unie à celle du Christ, complète "ce qui manque aux épreuves du
Christ pour son Corps, qui est l'Eglise" (cf.
Col 1,24). Pouvez-vous expliquer le sens d'une telle affirmation
? Il n'est pas facile d'expliquer ce qu' est un mystère, mais il est
possible d'aider ceux qui souffrent à regarder le Crucifix afin qu'ils ne se
sentent ni seuls, ni inutiles; la
souffrance reste la source d'une sérénité profonde de l'âme et d'une lumière
pleine d'affection pour les familles des malades afin qu'elles puissent
s'ouvrir à l'espoir d'un amour encore plus grand.
Je vous demande de conclure l'entretien avec des mots de réconfort pour les
malades, à partir de votre expérience personnelle de la souffrance.
Nous qui sommes encore en bonne santé, nous pensons qu'il est facile de
consoler ceux qui souffrent, alors que c'est selon moi l'un des gestes les
plus difficiles s'il n'est pas accompagné de discrétion, de silence, de
respect et d'attention. Ce que mes amis malades ont le plus apprécié, c'est
le fait de vivre le partage avec eux, d'entrer dans leur vie qui, malgré la
maladie, n'est jamais privée ni de valeur ni de capacité d'aimer.
La certitude qu'en leur rendant visite c'est au Seigneur que nous rendons
visite; permet de mettre leur maladie dans Sa grâce et de nous donner la
possibilité de reconnaître Sa présence mystérieuse. Voilà, pour eux, la
seule vraie consolation et pour nous, la responsabilité.
Domitia Caranazzar
Sources: "Totus
Tuus"
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.03.2007 - JEAN-PAUL II |