Les Angélus secrets du pape Benoît XVI |
|
Rome, le 08 octobre 2007 -
(E.S.M.) - Secrets dans la mesure où les
médias en négligent la partie principale: l’explication de l’Évangile de
la messe du jour. Hormis l’assemblée présente, presque personne ne le
sait. En voici un échantillon: les sept dernières "petites homélies"
prononcées le dimanche à midi par le pape Benoît XVI
|
Le Angélus du
pape Benoît XVI -
Pour agrandir l'image:
►
C'est ici
Les Angélus secrets du pape Benoît XVI
Les paroles que prononce Benoît XVI le dimanche à midi avant et après la
prière de l’Angélus – ou du "Regina Coeli" pendant le temps pascal – sont
parmi les plus suivies par les médias.
Presque toujours, cependant, les médias ne reprennent que celles qui ont un
rapport avec des situations ou des événements de l’actualité, surtout
politiques.
Le dimanche 30 septembre, par exemple, c’était la Birmanie, les deux Corée
et l’Afrique subsaharienne. Le dimanche précédent, ses réflexions sur le
capitalisme et "la logique du profit". Une semaine auparavant encore, le
protocole de Montréal sur le trou dans la couche d’ozone...
En écoutant et lisant les médias, le public aura l’impression que le pape a
consacré l’intégralité de son message au sujet abordé.
Or ce n’est pas le cas. Presque
toujours, Benoît XVI ne consacre aux questions d’actualité que quelques mots
rapides – montés ensuite en épingle par les médias – lorsqu’il salue les
fidèles en plusieurs langues, après la prière de l’Angélus.
Le véritable message a lieu avant la prière. Il s’agit – à de rares
exceptions près – d’une brève homélie sur l’Évangile et sur les autres
lectures de la messe du jour.
C’est cette petite homélie qu’écoutent principalement les très nombreux
fidèles qui accourent chaque dimanche au rendez-vous de midi avec le pape, à
Rome sur la place Saint-Pierre et à Castel Gandolfo pendant l’été.
Ce sont des textes que seul le pape Joseph Ratzinger peut avoir pensés et
écrits. Dans certains cas, on relève facilement des similitudes avec son
livre "Jésus de Nazareth", dans les pages qui parlent du même extrait de l’Évangile.
De même qu’il raconte progressivement la vie de l’Eglise, des Apôtres aux
Pères de l’Eglise, dans ses
catéchèses du mercredi, de même Benoît XVI présente aux fidèles le
personnage de Jésus lors des
Angélus du dimanche.
Plus encore, la voie choisie chaque dimanche par le pape pour accéder à
Jésus est la même que celle que parcourt tout fidèle catholique en
participant à la messe de ce même dimanche.
C’est un choix délibéré, typique de la vision de ce
pape. L’Évangile commenté par Benoît XVI lors de l’Angélus n’est pas
"sola Scriptura", l’Écriture seule, un livre nu.
C’est le Verbe qui se fait chair – le corps et le sang
de Jésus – dans la liturgie du jour.
Pour élever à un niveau acceptable la qualité moyenne
des millions d’homélies prononcées dans le monde entier chaque dimanche, les
prêtres catholiques n’auraient qu’à suivre l’école des Angélus de Benoît
XVI.
Voici un échantillon de sa prédication: les sept dernières "petites
homélies" qu’il a consacrées à l’Évangile de la messe du jour, dimanche
après dimanche.
La parabole du pauvre Lazare :
Dernier Angélus de Benoît XVI depuis Castel Gandolfo - 30.09.07
30 septembre 2007, XXVIe dimanche du temps ordinaire, année C
Aujourd'hui, l'Evangile de Luc présente la parabole de l'homme riche et du
pauvre Lazare (Lc 16, 19-31). Le riche incarne l'utilisation injuste des
richesses de la part de celui qui les utilise pour un luxe effréné et
égoïste, pensant uniquement à sa propre satisfaction, sans se soucier le
moins du monde du mendiant qui se trouve à sa porte. Le pauvre en revanche
incarne la personne dont Dieu seul s'occupe: contrairement au riche, il a un
nom, Lazare, abréviation de Eléazar qui signifie précisément "Dieu l'aide".
Dieu n'oublie pas celui qui est oublié de tous; celui qui ne vaut rien aux
yeux des hommes est précieux aux yeux du Seigneur. Le récit montre comment
l'iniquité terrestre est renversée par la justice divine: après la mort,
Lazare est accueilli "dans le sein d'Abraham", c'est-à-dire dans la
béatitude éternelle, alors que le riche finit en enfer, "en proie à la
torture". Il s'agit d'un nouvel état de chose sans appel et définitif. C'est
donc pendant sa vie qu'il faut se repentir. Le faire après ne sert à rien.
Cette parabole se prête également à une lecture sur le plan social. Celle
que livra le pape Paul VI, il y a tout juste quarante ans, dans l'encyclique
"Populorum
Progressio" est inoubliable. Parlant de la lutte contre la faim, il
écrivit: "Il s'agit de construire un monde où tout homme puisse vivre une
vie pleinement humaine, où le pauvre Lazare puisse s'asseoir à la même table
que le riche (n. 47). L'encyclique rappelle que ce sont d'une part "les
servitudes qui viennent des hommes" et de l'autre "une nature insuffisamment
maîtrisée" (ibid.), qui provoquent les nombreuses situations de pauvreté.
Malheureusement, certaines populations souffrent de ces deux facteurs à la
fois. Comment ne pas penser, en ce moment, spécialement aux pays de
l'Afrique subsaharienne, frappés ces derniers jours par de graves
inondations? Mais nous ne pouvons pas oublier tant d'autres situations
d'urgence humanitaire dans différentes régions du monde, dans lesquelles les
conflits pour le pouvoir politique et économique viennent aggraver une
situation déjà critique sur le plan de l'environnement. L'appel que lança
alors Paul VI: "Les peuples de la faim interpellent aujourd'hui de façon
dramatique les peuples de l'opulence" (Populorum
Progressio n. 3) conserve aujourd'hui toute son urgence. Nous ne pouvons
pas prétendre ne pas savoir quel chemin prendre: nous avons la Loi et les
Prophètes, nous dit Jésus dans l'Évangile. Celui qui ne veut pas les écouter
ne changerait pas, même si quelqu'un revenait de chez les morts pour le
réprimander.
Que la Vierge Marie nous aide à profiter du temps présent pour écouter et
mettre en pratique cette parole de Dieu. Qu'elle nous obtienne de devenir
plus attentifs à nos frères dans le besoin, pour partager avec eux
l'abondance ou le peu que nous avons, et contribuer, en commençant par
nous-mêmes, à diffuser la logique et le style de la solidarité authentique.
La parabole de l’intendant malhonnête :
23 septembre 2007 , XXVe dimanche du temps ordinaire, année C
Ce matin, j'ai rendu visite au diocèse de Velletri [...]. Au cours de la
célébration eucharistique solennelle, en commentant les textes liturgiques,
j'ai pu m'arrêter pour réfléchir sur le juste usage des biens terrestres, un
thème que lors de ces derniers dimanches, l'évangéliste Luc a reproposé à
notre attention de différentes façons. En racontant la parabole d'un
intendant malhonnête, mais très astucieux, le Christ enseigne à ses
disciples quelle est la meilleure façon d'utiliser l'argent et les richesses
matérielles, c'est-à-dire les partager avec les pauvres en se procurant
ainsi leur amitié, en vue du Royaume des Cieux. "Faites-vous des amis avec
l'Argent trompeur - dit Jésus -, afin que, le jour où il ne sera plus là,
ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles" (Lc 16, 9). L'argent
n'est pas "trompeur" en soi, mais plus que tout autre chose, il peut
enfermer l'homme dans un égoïsme aveugle. Il s'agit donc d'opérer une sorte
de "conversion" des biens économiques: au lieu de les utiliser seulement
pour l'intérêt personnel, il convient de penser aux besoins des pauvres, en
imitant le Christ lui-même, lui qui, écrit saint Paul, "pour vous s'est fait
pauvre, de riche qu'il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté" (2 Co
8, 9). Cela semble un paradoxe: le Christ ne nous a pas enrichis par sa
richesse, mais par sa pauvreté, c'est-à-dire par son amour qui l'a poussé à
se donner à nous totalement.
Ici pourrait s'ouvrir un champ de réflexion vaste et complexe, sur le thème
de la richesse et de la pauvreté, à l'échelle mondiale également, où deux
logiques économiques s'affrontent: la logique du profit et celle de la
distribution équitable des biens, qui ne sont pas en contradiction l'une
avec l'autre, à condition que leur rapport soit bien ordonné. La doctrine
sociale catholique a toujours soutenu que la distribution équitable des
biens est prioritaire. Le profit est naturellement légitime, et dans une
juste mesure, nécessaire au développement économique. Jean-Paul II a écrit
dans son encyclique "Centesimus
Anus": "L'économie d'entreprise moderne comporte des aspects positifs,
dont la racine est la liberté de la personne, qui s'exprime dans le domaine
économique comme dans tant d'autres domaines" (n. 32). Cependant,
ajoute-t-il, le capitalisme ne doit pas être considéré comme l'unique modèle
valide d'organisation économique (cf. ibid., n. 35). L'urgence de la faim et
l'urgence écologique dénoncent avec une évidence croissante que la logique
du profit, lorsqu'elle prévaut, augmente la disproportion entre les riches
et les pauvres, et la ruineuse exploitation de la planète. Lorsque, au
contraire, prévaut la logique du partage et de la solidarité, il est
possible de corriger la route et de l'orienter vers un développement
équitable et durable.
Que la Très Sainte Vierge Marie qui proclame dans le Magnificat que le
Seigneur "comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides"
(Lc 1, 53), aide les chrétiens à user des biens terrestres avec une sagesse
évangélique - c'est-à-dire avec une solidarité généreuse -, et qu'elle
inspire aux gouvernants et aux économistes des stratégies clairvoyantes qui
favorisent le progrès authentique de tous les peuples.
La parabole de l’enfant prodigue :
Angélus de Benoît XVI- Dieu est Amour Miséricordieux
16 septembre 2007, XXIVe dimanche du temps ordinaire, année C
Aujourd'hui, la liturgie nous propose de méditer à nouveau sur le chapitre
15 de l'Évangile de Luc, l'une des pages les plus importantes et les plus
émouvantes de toute l'Écriture Sainte. Il est beau de penser que dans le
monde entier, partout où la communauté chrétienne se rassemble pour célébrer
l'Eucharistie du dimanche, retentit en ce jour cette Bonne Nouvelle de
vérité et de salut: Dieu est amour miséricordieux. L'évangéliste Luc a réuni
dans ce chapitre trois paraboles sur la miséricorde divine: les deux plus
brèves, qu'il a en commun avec Matthieu et Marc, sont celles de la brebis
égarée et de la drachme perdue; la troisième, plus longue et développée, et
propre à lui seul, est la célèbre parabole du Père miséricordieux, dite
traditionnellement de l'"enfant prodigue". Dans cette page évangélique, on a
presque l'impression d'entendre la voix de Jésus, qui nous révèle le visage
de son Père et de notre Père. Au fond, c'est pour cela qu'il est venu au
monde: pour nous parler du Père; pour nous le faire connaître, à nous,
enfants égarés, et susciter à nouveau dans nos cœurs la joie de lui
appartenir, l'espérance d'être pardonnés et de retrouver notre pleine
dignité, le désir d'habiter pour toujours dans sa maison, qui est également
notre maison.
Jésus raconta les trois paraboles de la miséricorde parce que les Pharisiens
et les scribes le critiquaient, voyant qu'il se laissait approcher par les
pécheurs et qu'il mangeait même avec eux (cf. Lc 15, 1-3). Alors, Il
expliqua, avec son langage typique, que Dieu ne veut pas que même un seul de
ses enfants se perde et que son âme déborde de joie lorsqu'un pécheur se
convertit. La véritable religion consiste alors à entrer en harmonie avec ce
Cœur "riche de miséricorde", qui nous demande d'aimer chacun, même ceux qui
sont éloignés et nos ennemis, à l'image du Père céleste qui respecte la
liberté de chacun et attire tous à lui à travers la force invincible de sa
fidélité. Telle est la voie que Jésus montre à ceux qui veulent être ses
disciples: "Ne jugez pas, ne condamnez pas, remettez et il vous sera remis,
donnez et l'on vous donnera. Montrez-vous compatissants, comme votre Père
est compatissant" (Lc 6, 36-38). Nous trouvons dans ces paroles des
indications très concrètes pour notre comportement quotidien de croyants.
A notre époque, l'humanité a besoin que soit proclamée et témoignée avec
force la miséricorde de Dieu. Le bien-aimé Jean-Paul II, qui fut un grand
Apôtre de la Miséricorde, perçut cette urgence pastorale de façon
prophétique. Il consacra sa deuxième Encyclique au Père miséricordieux et
tout au long de son Pontificat, il se fit missionnaire de l'amour de Dieu
auprès de toutes les nations. Après les tragiques événements du 11 septembre
2001, qui obscurcissent l'aube du troisième millénaire, il invita les
chrétiens et les hommes de bonne volonté à croire que la Miséricorde de Dieu
est plus forte que tout mal, et que ce n'est que dans la Croix du Christ que
se trouve le salut du monde. Que la Vierge Marie, Mère de Miséricorde, que
nous avons contemplée hier dans la Vierge des Douleurs au pied de la Croix,
nous obtienne le don de placer toujours notre confiance dans l'amour de Dieu
et qu'elle nous aide à être miséricordieux comme notre Père qui est aux
cieux.
La porte étroite :
Benoît XVI nous présente le passeport pour la vie éternelle
26 août 2007, XXIe dimanche du temps ordinaire, année C
Aujourd'hui la liturgie nous propose une parole du Christ éclairante et,
dans le même temps, déconcertante. Au cours de sa dernière montée vers
Jérusalem, quelqu'un lui demanda: "Seigneur, est-ce le petit nombre qui sera
sauvé ?". Et Jésus répond: "Luttez pour entrer par la porte étroite car
beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne pourront pas" (Lc 13,
23-24). Que signifie cette "porte étroite"? Pourquoi un grand nombre ne
réussit-il pas à y entrer ? S'agit-il d'un passage réservé uniquement à
quelques élus ? En effet, tout bien considéré, cette façon de raisonner des
interlocuteurs de Jésus est toujours actuelle: il existe toujours la
tentation d'interpréter la pratique religieuse comme une source de
privilèges ou de certitudes. En réalité, le message du Christ va précisément
dans le sens inverse: tous peuvent entrer dans la vie, mais pour tous, la
porte est "étroite". Il n'y a pas de privilégiés. Le passage à la vie
éternelle est ouvert à tous, mais il est "étroit" car il est exigeant, il
demande application, abnégation, et mortification de son égoïsme.
Une fois de plus, comme les dimanches précédents, l'Évangile nous invite à
considérer l'avenir qui nous attend et auquel nous devons nous préparer au
cours de notre pèlerinage sur terre. Le salut que Jésus a accompli à travers
sa mort et sa résurrection, est universel. Il est l'unique Rédempteur, et
invite chacun au banquet de la vie immortelle. Mais à une seule et même
condition: celle de s'efforcer de le suivre et de l'imiter en prenant sur
soi, comme Il l'a fait, sa Croix et en consacrant sa vie au service de ses
frères. Cette condition pour entrer dans la vie céleste est donc unique et
universelle. Le dernier jour - rappelle encore Jésus dans l'Évangile -, ce
n'est pas sur la base de supposés privilèges que nous serons jugés, mais
selon nos œuvres. Les "artisans d'injustice" seront exclus, tandis que ceux
qui auront accompli le bien et recherché la justice, au prix de sacrifices,
seront accueillis. Il ne suffira donc pas de se déclarer "amis" du Christ,
en vantant de faux mérites: "Nous avons mangé et bu devant toi, tu as
enseigné sur nos places" (Lc 13, 26). La véritable amitié avec Jésus
s'exprime dans la façon de vivre: elle s'exprime à travers la bonté du cœur,
l'humilité, la douceur et la miséricorde, l'amour pour la justice et la
vérité, l'engagement sincère et honnête pour la paix et la réconciliation.
Telle est, pourrions-nous dire, la "carte d'identité" qui nous qualifie
comme ses "amis" authentiques; tel est le "passeport" qui nous permettra
d'entrer dans la vie éternelle.
Chers frères et sœurs, si nous voulons nous aussi passer par la porte
étroite, nous devons nous engager à être petits, c'est-à-dire humbles de
cœur comme Jésus. Comme Marie, sa Mère et notre Mère. A la suite de son
Fils, elle a été la première à parcourir la voie de la croix et a été élevée
dans la gloire du ciel, comme nous l'avons rappelé il y a quelques jours. Le
peuple chrétien l'invoque comme "Ianua Coeli", porte du ciel. Demandons-lui
de nous guider, dans nos choix quotidiens, sur le chemin qui conduit à la
"porte du ciel".
"Je suis venu apporter la division" :
Angélus de Benoît XVI- la lutte contre l'ennemi de Dieu et de l'homme, Satan
19 août 2007, XXe dimanche du temps ordinaire, année C
Dans l'Évangile de ce dimanche, il y a une expression de Jésus qui attire
chaque fois notre attention et exige d'être bien comprise. Alors qu'il fait
route vers Jérusalem, où l'attend la mort sur la croix, le Christ confie à
ses disciples: "Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ?
Non, je vous le dis, mais plutôt la division". Et il ajoute: "Car désormais
cinq personnes de la même famille seront divisées: trois contre deux et deux
contre trois ils se diviseront: le père contre le fils et le fils contre le
père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère
contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère" (Lc 12,
51-53). Toute personne connaissant un minimum l'Évangile du Christ sait
qu'il s'agit d'un message de paix par excellence; Jésus lui-même, comme
écrit saint Paul, "est notre paix" (Ep 2, 14), mort et ressuscité pour
abattre le mur de l'inimitié et inaugurer le Royaume de Dieu qui est amour,
joie et paix. Comment expliquer alors ces paroles ? A quoi le Seigneur se
réfère-t-il lorsqu'il dit être venu apporter - selon le récit de saint Luc -
la "division", ou - selon celui de saint Matthieu - "l'épée" (Mt 10, 34)?
Cette expression du Christ signifie que la paix qu'Il est venu apporter
n'est pas synonyme d'une simple absence de conflits. Au contraire, la paix
de Jésus est le fruit d'un combat permanent contre le mal. La lutte que
Jésus mène avec détermination n'est pas une lutte contre des hommes ou des
puissances humaines, mais contre l'ennemi de Dieu et de l'homme, Satan.
Celui qui veut résister à cet ennemi en restant fidèle à Dieu et au bien,
doit nécessairement faire face à des incompréhensions et parfois de
véritables persécutions. Par conséquent, ceux qui entendent suivre Jésus et
s'engager pour la vérité sans faire de compromis, doivent savoir qu'ils
rencontreront des oppositions et deviendront, malgré eux, signe de division
entre les personnes, y compris au sein de leurs propres familles. L'amour
pour les parents est bien un commandement sacré mais on ne doit jamais le
placer avant l'amour de Dieu et du Christ si l'on veut le vivre de manière
authentique. De cette façon, les chrétiens deviennent, sur les traces du
Seigneur Jésus, "des instruments de sa paix", selon la célèbre expression de
saint François d'Assise. Non pas d'une paix inconsistante et apparente, mais
réelle, poursuivie avec courage et persévérance dans l'engagement quotidien
à vaincre le mal par le bien (cf. Rm 12, 21) et en payant personnellement le
prix que cela comporte.
La Vierge Marie, Reine de la Paix, a partagé jusqu'au martyre de l'âme le
combat de son Fils Jésus contre le Malin, et continue de le partager jusqu'à
la fin des temps. Invoquons son intercession maternelle, afin qu'elle nous
aide à être toujours des témoins de la paix du Christ, en ne recherchant
jamais le compromis avec le mal.
Les serviteurs vigilants :
12 août 2007, XIXe dimanche du temps ordinaire, année C
La liturgie de ce XIX dimanche du temps ordinaire nous prépare, d'une
certaine façon, à la solennité de l'Assomption de Marie au ciel, que nous
célébrerons le 15 août prochain. En effet, celle-ci est entièrement tournée
vers l'avenir, vers le ciel, où la Sainte Vierge nous a précédés dans la
joie du paradis. En poursuivant le message de dimanche dernier, la page
évangélique invite de manière particulière les chrétiens à se détacher des
biens matériels en grande partie illusoires, et à accomplir fidèlement leur
devoir en se tournant constamment vers le haut. Le croyant demeure éveillé
et vigilant pour être prêt à accueillir Jésus lorsqu'il viendra dans sa
gloire. A travers des exemples tirés de la vie quotidienne, le Seigneur
exhorte ses disciples, c'est-à-dire nous, à vivre dans cette disposition
intérieure comme ces serviteurs de la parabole, qui attendent le retour de
leur maître. "Bienheureux ces serviteurs - dit-il - que le maître en
arrivant trouvera en train de veiller" (Lc 12, 37). Nous devons donc
veiller, en priant et en faisant le bien.
C'est vrai, nous sommes tous de passage sur terre, comme nous le rappelle à
juste titre la seconde Lecture de la liturgie d'aujourd'hui, tirée de la
Lettre aux Hébreux. Elle nous présente Abraham en habit de pèlerin, comme un
nomade qui vit sous une tente et s'arrête dans une région étrangère. C'est
la foi qui le guide. "Par la foi - écrit l'Auteur sacré - Abraham obéit à
l'appel de partir vers un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il
partit ne sachant où il allait (He 11, 8). Son véritable but était, en
effet, "la ville pourvue de fondations dont Dieu est l'architecte et le
constructeur" (11, 10). La ville à laquelle il est fait référence, n'est pas
dans ce monde, mais c'est la Jérusalem céleste, le paradis. La première
communauté chrétienne était bien consciente de cela, et se considérait
ici-bas comme "étrangers et voyageurs" et appelait ses centres d'habitation
dans les villes des "paroisses", ce qui signifie précisément colonies
d'étrangers, en grec "pàroikoi" (cf. 1 Pt 2, 11). De cette façon, les
premiers chrétiens manifestaient la caractéristique la plus importante de
l'Eglise, qui est précisément la tension vers le ciel. La liturgie de la
Parole de ce jour veut donc nous inviter à penser "à la vie du monde qui
viendra" comme nous le répétons chaque fois que nous faisons notre
profession de foi à travers le Credo. Une invitation à passer notre
existence de façon sage et prévoyante, à considérer attentivement notre
destin, c'est-à-dire les réalités que nous appelons ultimes: la mort, le
jugement dernier, l'éternité, l'enfer et le Paradis. Et ainsi, nous assumons
notre responsabilité pour le monde et nous construisons un monde meilleur.
Que la Vierge Marie, qui veille sur nous du ciel, nous aide à ne pas oublier
qu'ici, sur terre, nous sommes seulement de passage, et qu'elle nous
enseigne à nous préparer à rencontrer Jésus, "assis à la droite de Dieu le
Père Tout-Puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts".
Les choses d’en haut
5 août 2007, XVIIIe dimanche du temps ordinaire, année C
En ce XVIII dimanche du temps ordinaire, la Parole de Dieu nous invite à
réfléchir sur quelle doit être notre relation avec les biens matériels. La
richesse, tout en étant un bien en soi, ne doit pas être considérée comme un
bien absolu. Et surtout, elle n'assure pas le salut, au contraire, elle
pourrait même gravement le compromettre. C'est précisément contre ce risque
que Jésus, dans la page évangélique d'aujourd'hui, met en garde ses
disciples. C'est une sagesse et une vertu de ne pas attacher son cœur aux
biens de ce monde, car tout passe, tout peut finir brusquement. Le trésor
véritable que nous, chrétiens, devons rechercher sans cesse, réside dans les
"choses d'en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu".
C'est ce que nous rappelle aujourd'hui saint Paul, dans la Lettre aux
Colossiens, en ajoutant que notre vie "est désormais cachée avec le Christ
en Dieu" (Col 3, 1-3).
La solennité de la Transfiguration du Seigneur, que nous célébrerons demain,
nous invite à tourner notre regard "en haut", vers le Ciel. Dans le récit
évangélique de la Transfiguration sur la Montagne, un signe prémonitoire
nous est donné, qui nous permet d'entrevoir, l'espace d'un instant, le
royaume des saints où nous aussi, au terme de notre existence terrestre,
nous pourrons participer à la gloire du Christ, qui sera complète, totale et
définitive. Alors, tout l'univers sera transfiguré et le dessein divin du
salut s'accomplira enfin. Le jour de la solennité de la Transfiguration
reste lié à la mémoire de mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul
VI, qui précisément ici, à Castelgandolfo, en 1978, acheva sa mission et fut
appelé à entrer dans la maison du Père céleste. Que son souvenir soit pour
nous une invitation à tourner notre regard vers le Haut et à servir
fidèlement le Seigneur et l'Eglise, comme lui-même l'a fait dans des années
difficiles du siècle dernier.
Que la Vierge Marie, que nous rappelons de manière particulière aujourd'hui
en célébrant la mémoire liturgique de la Dédicace de la Basilique
Sainte-Marie-Majeure, nous obtienne cette grâce. Comme on le sait, il s'agit
de la première Basilique d'Occident construite en l'honneur de Marie et
réédifiée en 432 par le Pape Sixte III pour célébrer la divine maternité de
la Vierge, dogme qui avait été solennellement proclamé lors du Concile
œcuménique d'Éphèse l'année précédente. Que la Vierge, qui plus que tout
autre créature, a participé au mystère du Christ, nous soutienne sur notre
chemin de foi afin que, comme la liturgie nous invite à prier aujourd'hui,
"en travaillant de toutes nos forces à soumettre la terre, nous ne nous
laissions pas dominer par la cupidité et par l'égoïsme mais que nous
recherchions toujours ce qui est juste aux yeux de Dieu".
La série complète des Angélus de Benoît XVI, sur le
site Eucharistie Sacrement de la Miséricorde:
Angélus / Regina coeli
Sources: Sandro Magister -
La chiesa.it
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.10.2007 - BENOÎT XVI
- T/Méditations |