Dominus Jesus et les religions |
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VATICAN, le 08 mars 2008 -
(E.S.M.) - Le pape Jean Paul II a déclaré : « Il est
essentiel de considérer ensemble ces deux vérités, tout d'abord la
possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes
et ensuite l'obligation de l'Église pour le salut »
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Dominus Jesus -
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Dominus Jesus et les religions
« Dominus Jesus et les Religions », par S. Exc. Mgr Angelo Amato,
Archevêque Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
(4e partie)
L’Osservatore Romano a bien voulu nous permettre de publier le texte
intégral du discours inaugural de l’Année Académique 2007-2008 de l’Institut
de Théologie d’Assise, prononcé par S. Exc. Mgr Angelo Amato, Archevêque
Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, sur le thème
suivant : ‘Dominus Jesus’ et les religions.
La traduction dans les différentes langues a été faite par l’Agence Fides,
et n’a pas été corrigée par l’Auteur.
La Grâce du Christ et les non chrétiens: « Viis sibi notis »
(Ad Gentes,
7); « Modo Deo cognito » (Gaudium
et Spes, 22)
Étant donné ce cadre de référence doctrinale, venons-en à présent à deux
questions. La première concerne la signification et la valeur de ces voies,
connues de Dieu seul, grâce auxquelles la grâce se répand dans le cœur des
non chrétiens. La deuxième question concerne des réflexions épistémologiques
sur le dialogue interreligieux.
Pour paradoxale qu’elle puisse apparaître, l’affirmation de l’Église, comme
sacrement universel de salut, est en harmonie avec l’autre affirmation
biblique sur la volonté salvifique universelle de Dieu (cf.
1 Timothée 2, 4-6). Jean Paul II déclare : « Il est nécessaire
de tenir ensemble ces deux vérités, à savoir la
possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes
et la nécessité de l'Église pour le
salut » (Redemptoris
Missio, 9)
On peut se demander : existe-t-elle en fait cette
possibilité de salut pour tous, en référence au Christ et à l’Église ? Et si
elle existe, comment se fait cette communication éventuelle ?
A propos du salut, «
Dominus Jesus », en rappelant le Magistère conciliaire et pontifical,
soutient son existence de fait. Même pour tous ceux qui ne sont pas membres
de l’Église, « le salut du Christ est accessible en vertu d'une grâce qui,
tout en ayant une relation mystérieuse avec l'Église, ne les y introduit pas
formellement mais les éclaire d'une manière adaptée à leur état d'esprit et
à leur cadre de vie ». («
Dominus Jesus » rappelle
Redemptoris Missio, n. 10, et
Ad Gentes)
Il s’agit d’un véritable et propre don de Dieu Trinité, qui provient du
Christ, est le fruit de son sacrifice, et est communiqué par l’Esprit du
Christ Ressuscité, selon le dessein du Père. C’est une grâce qui, par
l’intermédiaire de l’Église, répand sur l’humanité tout entière les fruits
du sacrifice rédempteur du Christ. C’est en outre une grâce qui opère une
véritable et propre illumination des non chrétiens en lien avec leur
situation intérieure et de milieu (cf.
Dominus Jesus, 20). Cela veut dire que cette grâce trinitaire met
dans leur esprit et dans leur cœur un discernement mystérieux mais réel de
la vérité et de la bonté, et c’est pourquoi ils peuvent suivre le vrai bien
et le réaliser. Et ce discernement concerne leur volonté personnelle et leur
existence de relation et de communion avec les autres.
Le Sacrifice Eucharistique est l’offrande quotidienne que l’Église fait au
Père, afin que la vérité de l’Évangile éclaire tous les peuples. Non
seulement par la « Missio ad gentes », mais aussi par la prière,
l’Église intercède auprès du Père afin que la Rédemption de son Fils
atteigne et convertisse le cœur et l’esprit de tous les êtres humains.
Une fois confirmée la possibilité de l’existence de cette grâce, on peut
encore approfondir les modalités de communication et de réception de cette
mystérieuse grâce trinitaire, que l’Esprit du Christ Ressuscité répand dans
l’histoire sur l’humanité tout entière, et qui est puisée dans le Sacrifice
Rédempteur du Christ, actualisé dans le Sacrifice Eucharistique de l’Église.
A ce sujet, «
Dominus Jesus » déclare : « le Concile Vatican II s'est contenté
d'affirmer que Dieu la donne ‘par des voies connues de
lui’ » (n°21). Il rappelle explicitement
le Décret «
Ad Gentes,
n°7, qui présente l’affirmation dans un contexte clairement ecclésiologique
: « Donc, bien que Dieu, par des voies qui sont connues de lui
(viis sibi notis) puisse amener les hommes
qui, sans que ce soit de leur faute, ignorent l’Évangile, à la foi
sans laquelle il est impossible de lui plaire, c’est toutefois la tâche
indispensable de l’Église et en même temps son droit sacré, d’évangéliser,
de sorte que l’activité missionnaire conserve pleinement aujourd’hui comme
toujours sa valeur et sa nécessité » (Ad
Gentes, 7). NDLR : Cette déclaration est amplement
répétée par le pape Benoît XVI qui, rappelons-le, est l'auteur de Dominus
Jesus alors qu'il était encore cardinal Ratzinger.
(Rappel
explicite de la doctrine catholique sur l'Église)
En réalité, nous pouvons ajouter aussitôt que, dans au moins un autre
passage conciliaire, on enregistre une affirmation analogue à celle de «
Ad Gentes » n°7. La
Constitution pastorale sur l’Église dans le monde contemporain, dans un
contexte christologique, dans lequel on parle de la
grâce du Christ, qui opère, de manière invisible non seulement chez les
chrétiens mais aussi dans le cœur de tous les hommes de bonne volonté,
déclare : « Le Christ, en effet, est mort pour tous, et la vocation ultime
de l’homme est effectivement unique, la vocation divine, c’est pourquoi nous
devons considérer que l’Esprit Saint donne à tous la possibilité d’entrer en
contact, de la manière que Dieu connaît « « modo Deo cognito »), avec
le mystère pascal » (Gaudium
et Spes, 22).
Certes, la théologie n’oserait pas explorer l’esprit de Dieu. Mais elle peut
chercher à apprendre ce que les Pères conciliaires voulaient dire avec les
deux expressions : « viis sibi notis » (Ad Gentes,
7), et « modo Deo cognito » (Gaudium et
Spes, 22)
De l’étude des « Acta Synodalia », on apprend que le Concile a fait
de nombreuses affirmations, explicites et implicites, sur les voies de salut
pour les non chrétiens, mais toutes, relatives à un plan unique de salut
voulu et réalisé par Dieu dans le mystère du Christ.
Le Concile affirme explicitement que les voies de salut pour les non
chrétiens sont au moins les quatre voies suivantes :
1. L’appartenance à l’Église (Dignitatis
Humanae, n. 1;
Ad Gentes,
n. 7);
2. L’ordination de l’humanité tout entière à l’Église (Lumen
Gentium, 13d);
3. L’obéissance à la conscience droite (Dignitatis
Humanae, n. 3;
Lumen
Gentium, n. 16);
4. Faire le bien et éviter le mal (Gaudium
et Spes n. 16.17).
Mais le Concile parle aussi de manière implicite d’autres voies de salut «
pour les non chrétiens, quand il parle de « viis sibi notis » et de «
modo Deo cognito ». D’après l’histoire de la rédaction de ces textes,
on trouvait que, pour les Pères conciliaires, ces voies inconnues de nous
mais connues de Dieu, sont les deux suivantes :
l’adhésion à la vérité, et la
cohérence entre la foi et la vie (cf. F.
Fernandez, In ways known to God. A theological investigation on the ways
of Salvation spoken of in Vatican II, Vendrame Institute Publications,
Shillong, 1996).
La Déclaration sur la Liberté religieuse, dans un contexte donc de défense
de la liberté humaine, mais non pas d’indifférence de l’homme vis-à-vis du
vrai et du faux, après avoir réaffirmé la subsistance de la vraie religion
dans l’Église Catholique, et après avoir souligné que tous les hommes sont
tenus à chercher la vérité, déclare : « Le Saint Synode professe aussi que
ces devoirs touchent et n’obligent pas la conscience des hommes, et que la
vérité ne s’impose qu’en vertu de la vérité elle-même, laquelle pénètre dans
l’esprit de manière suave et en même temps avec vigueur » (Dignitatis
Humanae, 1)
Adhérer à la vérité est une voie de salut, parce que l’homme qui cherche à
se former une conscience droite, se fait toujours plus guider par les lois
objectives de la conduite morale (cf.
Gaudium et
Spes, n. 16). Cela devient plus clair si l’on considère que Dieu
rend l’homme capable de participer à sa loi divine de manière qu’il puisse
devenir toujours plus conscient des vérités immuables. En adhérant à la
vérité, l’homme manifeste son obéissance totale à la loi divine
(cf.
Dignitatis Humanae, n. 3).
Une autre affirmation implicite sur les voies de salut, peut être trouvée
dans le refus conciliaire de la dichotomie entre la foi professée et la vie
quotidienne. Le grave danger pour le fidèle chrétien est cette « dissension
» (discidium illud inter fidem quam profitentur et
vitam quotidianam multorum), qui met en danger son salut.
D’où l’avertissement qui suit vis-à-vis de ce « chrétien qui néglige ses
engagements temporels, néglige ses devoirs envers le prochain, et aussi
envers Dieu lui-même, et met en danger son propre salut éternel »
(Gaudium et Spes, n. 43).
Cette affirmation doit être mise en rapport avec tout ce que dit le Concile
sur la relation de l’Eglise avec les non chrétiens : A eux aussi qui, sans
qu’il y ait de faute personnelle, ne sont pas encore arrivés à une
connaissance explicite de Dieu, mais s’efforcent, non sans la grâce divine,
de mener une vie droite, la providence divine ne refuse pas les aides
nécessaires au salut » (
Lumen
Gentium, n. 16). Si, pour le chrétien, le désaccord entre foi et
vie peut lui faire perdre le salut, pour le non chrétien, l’harmonie
recherchée d’une vie droite, peut conduire au salut. Dans les deux cas, la
grâce divine est présente, inefficace chez les premiers, efficace au plan du
salut chez le second.
(5 - à suivre)
1e partie
►
Jean Paul II et l'Encyclique Missionnaire «
Redemptoris Missio »
2e partie
►
La Déclaration Dominus Jesus de Jean Paul II en continuité avec le Concile
Œcuménique Vatican II
3e partie
►
Les trois affirmations doctrinales de « Dominus Jesus »
4e
partie
►
Unicité et universalité du mystère salvifique du Christ
Sources : www.vatican.va
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.03.2008 -
T/Doctrine - T/Œcuménisme |