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Benoît XVI a déclaré: "Que pourrait-on encore ajouter ?"
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ROME, le 06 décembre 2006 -
(E.S.M.) - A propos des derniers écrits de son prédécesseur sur
le sujet de l'Eucharistie, à savoir l'Encyclique Ecclesia De
Eucharistia (2003) et Mane nobiscum Domine qui introduisit à l'Année
de l'Eucharistie en 2004-05, le Pape Benoît XVI a déclaré: "Que
pourrait-on encore ajouter ?"
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L'Eucharistie et qui doit imprégner profondément toute notre manière d'être.
LE PAPE BENOÎT XVI ET LA RÉFORME LITURGIQUE. (suite et fin de l'exposé)
Pour lire la 1ère partie: Le vif intérêt que le Pape Benoît XVI porte
à la question liturgique:►
Benoît XVI La deuxième partie:
L'Eucharistie enseigne Benoît XVI, est Dieu sous la forme d'une réponse,d'une
présence attendue: ►
Benoît XVI
"Il n'y a pas d'Eglise pré- ou post-conciliaire.
Il n'y a qu'une seule et unique Eglise
qui marche vers son Seigneur."
3ème et dernier volet de cet exposé:
La remarquable similitude entre les perspectives développées par le Pape
Jean-Paul II et le Cardinal devenu pape Benoît XVI.
Si je me suis penchée aussi longuement sur cette conférence du Cardinal
Ratzinger donnée il y a huit ans à un groupe de personnes favorables à l'
"ancienne messe" réunies à Rome pour le 10ème anniversaire d'Ecclesia
Dei - le
document par lequel le pape Jean-Paul II a institué la Commission Ecclesia Dei
destinée à s'occuper des catholiques attachés à l'ancienne messe -, c'est parce
que je pense qu'elle contient à elle seule tout ce à quoi fait allusion le
Cardinal Ratzinger lorsqu'il parle de "réforme de la réforme",
et pourquoi il
s'agit là d'un enjeu majeur. En fait, le Motu proprio de Jean-Paul II parle déjà
de cette tâche de "réformer la réforme" de la liturgie à travers un "engagement
renouvelé" en faveur de l'enseignement du Concile Vatican II. Ce document dit
que:
"a) Le résultat auquel a abouti le mouvement promu par Mgr Lefebvre peut et doit
être une occasion pour tous les fidèles catholiques de réfléchir sincèrement sur
leur propre fidélité à la Tradition de l'Eglise, authentiquement interprétée par
le Magistère ecclésiastique, ordinaire et extraordinaire, spécialement dans les
Conciles oecuméniques, depuis Nicée à Vatican II. De cette réflexion, tous doivent
retirer une conviction renouvelée et effective de la nécessité d'approfondir
encore leur fidélité à cette Tradition en refusant toutes les interprétations
erronées et les applications arbitraires et abusives en matière doctrinale,
liturgique et disciplinaire.
C'est en premier lieu aux évêques, à cause de leur mission pastorale propre, que
revient le grave devoir d'exercer une vigilance clairvoyante, pleine de charité
et de fermeté, afin qu'une telle fidélité soit partout sauvegardée.
Mais tous les pasteurs et les autres fidèles doivent aussi avoir une conscience
nouvelle non seulement de la légitimité, mais aussi de la richesse que
représente pour l'Eglise la diversité des charismes et des traditions de
spiritualité et d'apostolat. Cette diversité constitue aussi la beauté de
l'unité dans la variété: telle est la symphonie que, sous l'action de l'Esprit
Saint, l'Eglise terrestre fait monter vers le ciel.
b) Je voudrais en outre attirer l'attention des théologiens et autres experts en
science ecclésiastique afin qu'ils se sentent interpellés eux aussi par les
circonstances présentes. En effet, l'ampleur et la profondeur des enseignements
du Concile Vatican II requièrent un effort renouvelé d'approfondissement qui
permettra de mettre en lumière la continuité du Concile avec la Tradition,
spécialement sur des points de doctrine qui, peut-être à cause de leur
nouveauté, n'ont pas encore été bien compris dans certains secteurs de
l'Eglise."
Un peu plus tard au cours de la même année, le Pape Jean Paul II réaffirme
l'importance fondamentale de la Constitution sur la Liturgie du Concile: dans la
Lettre Apostolique Vicesimus Quintus Annus publiée à l'occasion du 25ème
anniversaire de
Sacrosanctum Concilium, il lance explicitement un appel urgent à
un renouveau de la liturgie en accord avec la Tradition de l'Eglise, insistant
sur le caractère de continuité du missel, et réaffirmant la valeur permanentes
des principes énoncés par la Constitution. Il relève également des "difficultés"
et "des applications erronées": "Il faut reconnaître que l'application de la
réforme liturgique s'est heurtée à des difficultés dues surtout à un contexte
peu favorable, marqué par une privatisation du domaine religieux, un certain
rejet de toute institution, une moindre visibilité de l'Eglise dans la société,
une remise en question de la foi personnelle. On peut supposer aussi que le
passage d'une simple assistance, assez souvent passive et muette, à une
participation plus pleine et active a été une exigence trop forte pour certains.
Il en est résulté des attitudes diverses et même opposées vis à vis de la
réforme: certains ont reçu les nouveaux livres avec quelque indifférence ou sans
chercher à comprendre ni à faire comprendre les motifs des changements;
d'autres, malheureusement se sont repliés de manière unilatérale et exclusive
sur les formes liturgiques précédentes, perçues par certains comme seule
garantie dans la foi; d'autres enfin ont promu des innovations fantaisistes,
prenant leurs distances par rapport aux normes établies par l'autorité du Siège
Apostolique ou des évêques, perturbant l'unité de l'Eglise et la piété des
fidèles, heurtant même parfois les données de la foi." (VQA 11)
Le Pape Jean-Paul II avait aussi lancé un appel clair en faveur de la stabilité
des livres liturgiques, et d'un diagnostic, suivi d'une révision et d'une
correction concernant les traductions en langues vernaculaires: "Pour le travail
de traduction, mais aussi pour une concertation plus large à l'échelle du pays
entier, les Conférences épiscopales devaient constituer une Commission nationale
et s'assurer le concours de personnes expertes dans les différents secteurs de
la science et de l'apostolat liturgique. Il convient de s'interroger sur le
bilan, positif ou négatif, de cette Commission, sur les orientations et sur les
aides qu'elle a reçues de la Conférence des évêques dans sa composition ou son
activité." (VQA 20 )
Plus loin encore, dans cette même Lettre, le Pape Jean-Paul II en appelle à un
authentique renouveau liturgique, à une "réforme de la réforme" pourrait-on
dire: "Le temps paraît venu de retrouver le grand souffle qui a soulevé l'Eglise
au moment où la Constitution Sacrosanctum Concilium a été préparée, discutée,
votée, promulguée et où elle a connu ses premières mesures d'application. Le
grain a été semé: il a connu la rigueur de l'hiver, mais la semence a germé,
elle est devenue un arbre. Il s'agit bien en effet, de la croissance organique
d'un arbre d'autant plus vigoureux qu'il plonge plus profond ses racines dans la
terre de la tradition." (VQA 23)
Il y a là, à mon sens, une remarquable similitude entre les perspectives
développées par le Pape Jean-Paul II et le Cardinal devenu pape Benoît XVI et
ces passages
révèlent le strict parallélisme de leur analyse concernant la nécessité d'une
minutieuse réévaluation de la réforme liturgique post-conciliaire,
d'entreprendre les corrections lui permettant de grandir de façon organique à
partir d'une tradition authentique. Selon les termes du Pape Jean-Paul II, dans
une Conférence prononcée en 1984 lors d'un Congrès des Commissions Liturgiques à
Rome, l'objectif de cet effort peut se décrire ainsi: "alors la liturgie de la
terre se reliera à celle du ciel (...) où se formera un seul choeur (...) pour
élever d'une seule et même voix un chant de louange vers le Père par
Jésus-Christ."
Ces mêmes thèmes apparaissent toujours et encore dans les nombreux écrits sur la
liturgie dus au Cardinal Ratzinger - aussi bien dans ses livres, La célébration
de la Foi (1981), Entretien sur la Foi (1985), Un Cantique Nouveau pour le
Seigneur (1995-96), L'Esprit de la Liturgie (1999), Dieu nous est proche:
l'Eucharistie au coeur de l'Eglise (2001) -, que dans ses Conférences et ses
essais; et cette liste impressionnante n'épuise pas, et de loin, ses travaux sur
le sujet dans la période où il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine
de la Foi.
Il serait simpliste de vouloir réduire sa profonde oeuvre d'enseignement sur la
liturgie et son appel à un renouveau et à une réforme de la liturgie à quelques
exemples concrets, en particulier la restauration de la beauté et de la noblesse
dans la musique liturgique, ainsi que dans l'art sacré et
l'architecture des
églises; la recherche de l'exactitude dans les traductions des textes
liturgiques et la recrudescence de l'usage du latin au cours de la célébration
de la messe; un renouveau de l'adoration eucharistique; un retour à la tradition
qui veut que le prêtre se tourne avec tout le peuple vers Dieu, "ad orientem",
vers l'Orient liturgique; une redécouverte du fait que les attitudes, les
gestes, et même le silence sont des formes nécessaires de "participation active"
des fidèles bien qu'il ait traité de tous ces thèmes de façon captivante et
souvent très approfondie.
Au début de cette année, quelques mois après le Synode sur l'Eucharistie
clôturant l'Année de l'Eucharistie, une rumeur disait que le Pape Benoît XVI
allait rapidement décider qu'il n'y aurait plus aucune restriction à la
possibilité de célébrer la messe d'après le missel de 1962, qu'aucun prêtre
n'aurait besoin d'une quelconque autorisation de son évêque pour le faire.
Aujourd'hui, certains spéculent sur la possibilité d'une telle autorisation
universelle dans une Exhortation Apostolique post-synodale à paraître bientôt.
Quant à moi, je ne vous propose pas ici une nouvelle prédiction sur ce que va
faire le Pape dans ce domaine. Au début de l'été, au cours d'une réunion avec le
comité des "rapporteurs" qui lui présentaient le sommaire
des Propositions Finales du Synode, il leur a dit qu'il attendait la version finale de ce texte
et a ajouté: "Je vois ici réunies de si nombreuses compétences que je ne peux
qu'espérer, d'ici peu, voir et pouvoir apprendre moi-même de ce texte, qui
pourra ensuite être publié pour être utilisé par toute l'Eglise qui l'attend
réellement (...). Et le texte qui est en préparation, assura le pape Benoît XVI, constituera l'une de ces
interventions pour nourrir le peuple de Dieu avec la nourriture de la vérité,
pour l'aider à croître dans la vérité, et surtout pour faire connaître le
mystère de l'Eucharistie et pour inviter à une intense vie eucharistique." Bien
que le pape Jean-Paul II avait pris l'habitude de publier une Exhortation
Apostolique après de tels Synodes, cela n'est cependant pas une obligation; et
de fait en 1985, les propositions post-synodales n'avaient pas été accompagnées
d'Exhortation Apostolique.
A propos des derniers écrits de son prédécesseur sur le sujet de l'Eucharistie,
à savoir l'Encyclique
Ecclesia De Eucharistia (2003) et
Mane nobiscum Domine qui
introduisit à l'Année de l'Eucharistie en 2004-05, le Pape Benoît XVI a déclaré:
"Que pourrait-on encore ajouter?" S'adressant à une assemblée de membres de
"Communion et Libération" en août 2002, le Cardinal Ratzinger avait centré son
discours sur le pouvoir de la beauté et sa relation nécessaire avec la vérité du
Christ. Cette beauté, il faut la chercher dans une musique et un art liturgique
authentiquement hérité de l'histoire et la tradition de l'église, et aussi ancré
dans cet héritage; un art qui puisse nous aider à transcender notre expérience
étroite et limitée du monde qui nous entoure, et nous conduire à la source de la
Vérité. Il disait ainsi: "Celui qui expérimente la beauté du Christ, qui se
laisse impressionner, subjuguer par elle, accède à une connaissance plus réelle,
plus profonde que celle que lui procure la simple capacité de déduction
rationnelle. Bien sûr, nous ne devons pas sous-estimer l'importance de la
réflexion théologique, d'une pensée théologique exacte et précise: cela reste
absolument nécessaire. Mais il ne faudrait pas pour autant dédaigner ou rejeter
l'impact produit par la réponse de notre coeur au contact de la beauté, lui
refusant le statut de vraie forme de connaissance: ce serait nous appauvrir et
dessécher notre foi et notre théologie. Nous devons redécouvrir cette forme de
connaissance; c'est un besoin urgent de nos jours. Rien ne peut nous
rapprocher autant de la beauté du Christ Lui-même que cet univers de beauté créé
par la foi des saints et la lumière qui brille dans leurs yeux: c'est Sa lumière
qui devient ainsi visible pour nous."
De même, devenu le pape Benoît XVI, il centre encore son discours sur Dieu-Amour,
et sur l'amour de Dieu comme source de lumière. Dans sa première encyclique,
Deus Caritas Est, il montre clairement que ce lien est essentiel pour la
compréhension du sens de l'Eucharistie et qu'il doit imprégner profondément
toute notre manière d'être. Présentant Jésus-Christ comme l'amour incarné de
Dieu, il met à nouveau l'accent sur la interpénétration de l'Ancien et du
Nouveau Testament, dans lequel le Christ donne un contenu concret au concept de Dieu-Amour: "Dans sa mort sur la croix s'accomplit le retournement de Dieu
contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever l'homme et le sauver: tel
est l'amour dans sa forme la plus radicale. (...) A cet acte d'offrande, Jésus a
donné une présence durable par l'institution de l'Eucharistie au cours de la
dernière Cène. (...) L'Eucharistie nous attire dans l'acte d'offrande de Jésus.
(...) L'image du mariage entre Dieu et Israël devient réalité d'une façon
proprement inconcevable: ce qui consistait à se tenir devant Dieu devient
maintenant, à travers la participation à l'offrande de Jésus, participation à
son corps et son sang, devient union. La "mystique" du Sacrement, qui se fonde
sur l'abaissement de Dieu vers nous, est d'une toute autre portée et entraîne
bien plus haut que ce à quoi n'importe quelle élévation mystique de l'homme
pourrait conduire."
Même ce court extrait de Deus Caritas Est explique le soucis continuel du pape
de parvenir à une authentique restauration de la "fresque" endommagée (pour
reprendre sa métaphore). C'est par l'Eucharistie que nous pouvons nous ouvrir à
l'amour de Dieu. La beauté et la solennité de nos célébrations liturgiques - à
travers l'expression musicale, symbolique, artistique, textuelle - sont d'une
importance capitale pour nous faire approcher, comprendre le vrai don qui nous
est fait, le Christ lui-même, plénitude de toute Vie, de tout Amour véritable.
L'Eucharistie est la porte d'entrée, le passage vers cette Vérité sublime: une
vérité inaltérable, qui ne se conforme pas au monde, mais pénètre maintenant
notre pauvre monde instable pour le transformer, le renouveler, le parfaire. "La
liturgie catholique est la liturgie du Verbe fait chair en vue de la
résurrection" écrivait le Cardinal Ratzinger dans L'esprit de la Liturgie. Nous
devons comprendre que tout ce qui gène la transmission de cette Vérité, de cette
Beauté, de cet Amour, doit être balayé, ou transformé par l'action divine; et
qui tout ce qui la favorise, la rend plus transparente pour nos esprits
embrumés, doit être redécouvert, renouvelé. "La foi de ceux qui avaient un coeur
simple est le plus grand trésor de l'Eglise", écrivait le Père Ratzinger il y a
40 ans. "La plus haute mission de l'Eglise à travers son effort de
renouvellement est de vivre pour et par une telle foi."
Nous sommes les bénéficiaires de la foi de nos pères. La foi de nos enfants et
des enfants de nos enfants dépend de chacun de nous. Nous devons faire de notre
mieux pour assurer l'avenir.
Article traduit de l’Allemand
par Monique
Haushalter et trouvé par Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde dans l'un des bulletins de l’Association
Pro Liturgia en 2006.
Il suffit de regarder la quantité d’ouvrages dans
lesquels le Pape Benoît XVI aborde des questions relatives à la liturgie pour
comprendre que c’est un sujet qui lui tient à cœur:
Pensées de Benoît XVI sur la crise liturgique
actuelle
Nombreux articles sur la Liturgie dans la rubrique:
Liturgie - Eucharistie
Sources: Pro-Liturgia
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.12.2006 - BENOÎT XVI |