Conseils d'un évêque à ses nouveaux prêtres |
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Le 05 mars 2008 -
(E.S.M.) - Extraits de l'homélie prononcée par Mgr Pascal N'Koué,
à l'occasion des ordinations sacerdotales pour le diocèse de Natatingou
(Bénin), en décembre 2007 :
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Mgr
Pascal N'Koué, diocèse de Natatingou (Bénin)
Conseils d'un évêque à ses nouveaux prêtres
"Bénissons le Seigneur pour le don des trois jeunes gens qui vont recevoir
tout-à-l'heure l'Ordination presbytérale. C'est le 2ème degré du sacrement
de l'Ordre. Le Prêtre Suprême et Éternel, le grand Prêtre par excellence, le
seul vrai Prêtre, c'est Jésus-Christ, à la fois Tête, Maître, Époux et
Pasteur de son Église. Au commencement, il était Dieu mais il n'a pas
toujours été prêtre. Il est devenu Prêtre, dans le temps. La "cathédrale"
dans laquelle il a reçu son Ordination fut le ventre de la Vierge Immaculée,
sa Mère. C'est en devenant homme, par l'opération du Saint Esprit, que notre
divin Sauveur est devenu prêtre pour l'éternité...
Par appel de Dieu, les hommes deviennent prêtres, à leur tour, par
l'imposition des mains des Évêques (successeurs des apôtres) et de la prière
consécratoire "ad hoc". Il se produit aussitôt un mystère, un lien
spécifique qui unit l'être du nouveau prêtre au Christ, Prêtre Suprême et
Bon Pasteur. Alors le prêtre devient par l'Église, dans l'Église et pour
l'Église, image réelle, vivante et transparente du Christ Prêtre. Il reçoit
le don d'un pouvoir spirituel par l'action du Saint Esprit. Et ce pouvoir,
aucune autre créature ne l'a: même pas les anges, même pas les archanges. Un
Père de l'Église a osé dire que le prêtre était au-dessus de la Vierge
Marie. En effet, elle a mis Jésus au monde seulement une fois, mais le
prêtre le fait "renaître" toutes les fois qu'il célèbre l'Eucharistie. Il
faut s'agenouiller et accueillir humblement cette grâce extraordinaire,
accordée aux faibles et fragiles mortels que nous sommes.
Voilà pourquoi le saint Curé d'Ars tombait pratiquement en extase quand il
méditait sur le sacerdoce. Il allait jusqu'à dire que s'il rencontrait un
ange et un prêtre, il saluerait d'abord le prêtre, parce que l'ange n'est
qu'un ami de Dieu mais le prêtre tient la place de
Dieu sur terre. Il ajoutait: "les bienfaits de Dieu ne nous
serviraient de rien sans le prêtre". Et il concluait sa méditation en disant
que "le prêtre ne se comprendra bien qu'au ciel", jamais sur terre.
Chers Noël, Ghislain et Blaise, dans quelques instants, vous serez prêtres
pour toujours. Vous célébrerez in persona Christi. Je vous recommande
vivement de soigner vos célébrations liturgiques. Faites attention à la
noblesse des vases sacrés et des ornements. Les fantaisies profanes et
vulgaires sont à écarter. (1)
Même si vous n'êtes pas musiciens, intéressez-vous au chant sacré, veillez à
la qualité des actions liturgiques. Le chant sacré doit répondre à la
dignité, à la gravité et à la sainteté de la liturgie. Que les
instrumentistes jouent humblement pour la gloire de Dieu et l'édification
des fidèles. Qu'ils évitent d'offenser la piété du peuple par des danses
purement folkloriques et des battements de mains intempestifs.
Que vos célébrations soient empreintes de silence, de
recueillement et de respect vis-à-vis de la majesté et de la transcendance
de Dieu. En effet, le saint Sacrifice de la messe célébré à la
va-vite, de façon négligée et superficielle, en vide le sens et affaiblit sa
fonction d'accroissement de la foi. Celui qui célèbre
mal manifeste la faiblesse de sa foi et peut démolir celle des autres.
Bien sûr que l'essentiel n'est pas le rite en lui-même, mais le coeur habité
par la présence divine et l'intention de faire ce que l'Église veut. (...)
Souvenez-vous que les premières eucharisties avaient lieu dans des maisons
aux portes closes, non point par souci du secret mais pour préserver ceux
qui étaient encore trop faibles pour participer à de tels mystères... (...)
Indiquez à temps et à contre temps le chemin du ciel aux hommes, toujours
tentés de regarder uniquement vers la terre. Soyez convaincus que le prêtre
est indispensable à la société.
Ne vous habituez surtout pas à circuler sans votre habit ecclésiastique,
sous prétexte que "l'habit ne fait pas le moine". Un prêtre âgé aimait
recommander aux jeunes prêtres le port de la soutane en ces termes: "Portez
votre préservatif". A sa suite, je lance ce vibrant appel à tous les
prêtres: "portez votre préservatif". J'insiste. Il ne préserve peut-être pas
de tout mais de beaucoup de choses. Ne vous contentez pas de porter une
petite croix au cou, ce n'est pas un habit. Portez votre soutane toujours et
partout... évidemment pas jusque dans la douche! Encore qu'autrefois nos
aînés dans le sacerdoce jouaient au football en soutane.
Notre Peuple veut nous voir en soutane. Notre signe distinctif extérieur
c'est la soutane. Pas de négligence là-dessus. Pas de
demi-mesure. C'est un témoignage silencieux qui
n'est pas banal. Il dit notre appartenance spécifique à Dieu et à
l'Église. N'ayons pas honte d'affirmer notre identité.
Et nous avons bien fait de conserver au Bénin le rite de bénédiction et de
prise de soutane dans notre marche vers l'autel de Dieu. Attention donc au
relativisme qui pousse au confusionnisme avec les laïcs. A défaut de la
soutane, portez le clergyman ou tout simplement le col romain.
En outre - et j'aurais dû commencer par là - soyez des hommes de prière. Le
prêtre doit nourrir sa propre vie spirituelle par une abondante vie de
prière personnelle. La liturgie des heures (ou Bréviaire), prière officielle
de l'Église, est là pour nous aider. Soyez fidèles à la méditation matinale.
Aimez aussi les adorations eucharistiques où vous parlez coeur à coeur avec
le Christ, réellement présent devant vous. Que votre dévotion eucharistique
transparaisse aux yeux des fidèles, qui seront ainsi encouragés par leur
Pasteur, à vivre en communion avec Dieu. Conduisez-les au Christ par la
prière et la contemplation.
Aimez aussi la Vierge Marie. Qui aime vraiment le Christ aime en même temps
sa Mère. Elle est Mère de Dieu, Mère de l'Église, Mère de tous les hommes.
Mais ses fils privilégiés ce sont les prêtres. Dans
les joies comme dans les angoisses, prenez votre chapelet. Ne le
conseillez pas seulement aux autres!
Enfin, soyez disponibles et serviables. Le célibat consacré devrait vous y
aider. Un vieux prêtre se plaignait des jeunes prêtres ainsi: "Tant qu'ils
ne sont que séminaristes, ils sont serviables. Mais dès que l'Esprit
s'empare d'eux pour en faire des prêtres, on ne peut plus s'en servir".
Soyez donc serviables avant et surtout après l'ordination. Le Christ est
venu pour servir: en son nom, visitez les familles, les malades et les
prisonniers. Soyez miséricordieux et proches de tout le monde: enfants,
jeunes, pauvres, vieillards, commerçants, hommes politiques, paysans,
éleveurs etc.
N'ayez pas honte si l'on vous surnommait "amis des publicains et des
pécheurs": ce fut le plus beau surnom de Notre Seigneur Jésus.
Bénissez les maisons et les personnes. Prenez aussi le temps d'écouter ceux
qui viennent vous parler. Si votre écoute est attentive, paternelle et
spirituelle, vous ferez mieux que les psychologues, les psychanalystes et
les marchands d'illusions. (...)"
(1) Je voudrais, à exprimé le
pape Benoît XVI, expliquer l'essence du ministère sacerdotal en interprétant
les parements liturgiques qui, pour leur part, veulent précisément illustrer
ce que signifie « se revêtir du Christ », parler et agir « in persona
Christi » :
Le pape invite les prêtres à se revêtir du
Christ
Table :
Vie sacerdotale
Message du pape Benoît XVI pour la Journée de prière pour les vocations -
22.02.08
Sources :
Denis CROUAN docteur en théologie, Pdt de
Pro Liturgia
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.03.2008 -
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