Benoît XVI exprime sa profonde
douleur pour le meurtre de Mgr Padovese |
 |
Le 04 juin 2010
-
(E.S.M.)
- S'entretenant avec les journalistes, dans l'avion vers Chypre,
Benoît XVI a
exprimé sa "profonde douleur" pour le meurtre de Mgr Padovese, qui a
"beaucoup contribué à la préparation du synode pour le Moyen-Orient".
|
Le pape Benoît XVI -
Pour agrandir l'image
►
Cliquer
Benoît XVI exprime sa profonde douleur
pour le meurtre de Mgr Padovese
Les propos du Saint Père dans l'avion. Et les doutes de la presse italienne.
Le 04 juin 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- S'entretenant avec les journalistes, dans l'avion
vers Chypre, Benoît XVI a
exprimé sa "profonde douleur" pour le meurtre de Mgr Padovese, qui a
"beaucoup contribué à la préparation du synode pour le Moyen-Orient".
"Toutefois - a-t-il précisé - cette ombre n'a rien à voir avec les thèmes et
la réalité du voyage, parce que nous ne devons pas attribuer ces faits à la
Turquie ou aux turcs. C'est une chose sur laquelle nous avons peu
d'informations: il est toutefois sûr qu'il ne s'agit pas d'un assassinat
politique ou religieux". (source: RV)
Que pouvait dire d'autre le Saint-Père, avant d'atterrir à Chypre, alors
que, chacun peut le constater (malgré le silence assourdissant de certains
medias) la vie des chrétiens est en jeu, dans les pays à majorité musulmane?
Heureusement, cela n'empêche pas les sources les plus sérieuses, et les
moins soupçonnables, y compris l'Avvenire, le journal de la Conférence des
évêques d'Italie, de faire leur métier, et de se poser des questions.
Déjà, en rappelant les antécédents de religieux agressés ou tués en Turquie.
Et le rôle très important, paraît-il comme conseiller du Pape pour l'islam,
que jouait Mgr Padovese, que certains imaginaient même rien moins qu'à la
tête du diocèse de Milan.
Bref, pas du tout un curé de village.
Ce qui me navre, c'est que cette affaire dramatique et horrible vienne en
quelque sorte "polluer" le message que le Saint-Père est venu apporter à
Chypre (mais on est habitués, tous ses voyages sont pollués par des faits
extérieurs, rappelons-nous l'Afrique et le préservatif!). Mais on ne peut
écarter le soupçon que l'assassinat du prélat ait un lien avec son voyage.
Sans compter que l'argument du "déséquilibré", qui sert de manière
unilatérale pour désigner les agresseurs des seuls pestiférés médiatiques,
commence à sentir un peu le moisi (cf. l'agression contre le Saint-Père
lui-même, la nuit de Noël).
Voici deux articles troublants parus dans le grand quotidien italien La
Stampa
Sa marque sur le discours que le Pape tiendra aujourd'hui à Nicosie
Giacomo Galeazzi
Il y a son empreinte conciliante sur la prière historique du Pape à la
Mosquée bleue d'Istanbul en 2006, dans le dossier interreligieux
confidentiel à l'usage du Palais apostolique et dans l'appel à la paix que
devant ses yeux, aujourd'hui, Joseph Ratzinger devait lancer dans le monde.
C'est Mgr Luigi Padovese, franciscain , homme-pont dans le dialogue de plus
en plus complexe avec l'islam, qui a convaincu le Vatican de la nécessité de
faciliter l'entrée de la Turquie dans l'Europe (??). En tant que président
de la Conférence épiscopale, Padovese avait gagné sur le terrain ses galons
d'agent de liaison entre le gouvernement d'Erdogan et le «Inner Circle» de
Benoît XVI, au point d'influencer des documents et des déclarations du
Saint-Siège sur le Moyen-Orient en flammes. A la Curie, on se demande si
l'assassinat d'un champion de la paix comme Padovese ne correspond pas à la
suite maintenant longue et sanglante des religieux chrétiens agressés ou
tués en Turquie, principalement sur de fausses accusations de prosélytisme.
Agressions et meurtres tous commis par des fanatiques, ensuite reconnus fous
dans un simulacre de procès et libérés peu de temps après.
Le Père Andrea Santoro, tué dans l'église de deux blessures par balle en
Février 2006 par un garçon de 16 ans probablement émissaire d'un groupe dont
l'idéologie réunissait intégrisme islamique et nationalisme, avait été
accusé de prosélytisme par des islamo-nationalistes de Trébizonde. Mais
peut-être Padovese connaissait-il l'explication de cette escalade. Le 16
décembre 2007, commentant l'agression du franciscain Adriano Franchini,
poignardé le matin dans une église d'Izmir par un jeune présenté comme «fou»
par la police, le chef de l'épiscopat (comme prévoyant son propre destin)
avait déclaré que "bien que la population turque soit en général bonne, ces
événements montrent qu'il y a une branche malade dans le grand arbre de la
population locale".
Oltretevere, c'est le jour du deuil.
Padovese, explique-t-on au Secrétariat d'État, savait être exposé au risque
de représailles nationalistes-religieuses pour son rôle de «pont», et
soupçonnait des mandataires derrière l'attaque mortelle, il y a quatre ans,
du missionnaire Don Andrea Santoro. Et un homme politique catholique comme
le secrétaire d'Etat Carlo Giovanardi va jusqu'à dire que "une fois encore,
le fanatisme de l'intégrisme islamique a touché ceux qui veulent continuer à
témoigner, certes avec difficulté, la liberté de religion dans les pays
musulmans".
Hier, s'accordaient à dire les diplomates de haut niveau du Vatican, non
seulement une «colombe» a été tuée, mais une formidable fossé a été creusé
entre Rome et la région la plus incandescente de la planète .
Dans la guerre souterraine entre la Turquie laïque et les secteurs
islamiste, Mgr Padovese, en bon Milanais, estimait être le pot de terre
contre le pot de fer, mais, afin de défendre la présence chrétienne dans le
pays, il refusé toute autre destination. A ceux qui spéculaient même sur un
atterrissage sur la chaire de saint Ambroise (archevêché de Milan, ndt) il
répétait: «Et pourquoi? Je ne fais pas mon travail ici? ". Son agenda
comprenait Ankara dans l'UE (??) et une «internationale» des religions à
construire le long du Bosphore avec les orthodoxes et les musulmans.
Maintenant, dans les palais sacrés, le mot d'ordre est de «désamorcer»
l'effet dévastateur du meurtre, mais la version officielle semble une digue
bien fagile.
Que l'élimination de Mgr Padovese soit l'acte d'un fou, une tragédie
personnelle, sans motifs politiques apparaît comme une «vérité d'Eglise» qui
ne convainc pas même son prédécesseur à la tête de l'épiscopat turc. «Je
connaissais le chauffeur, il n'était pas fou, il a travaillé pour moi
pendant onze ans (ndt: j'ai lu par ailleurs que l'homme avait 26 ans...) et
c'était une personne tranquille, pacifique, qui n'avait pas besoin d'aide
psychologique - coupe court Mgr Ruggero Franceschini, aujourd'hui archevêque
de Smyrne et ancien président de la Conférence épiscopale de Turquie - On
pourrait penser que quelqu'un s'est servi de lui. Il peut ne pas l'avoir
fait seul. Tous nos employés sont soumis à un examen approfondi de la part
de la sécurité. J'ai peine à croire ce que dit la police. Il était musulman,
mais très bon, très calme".
En somme, "l'instabilité mentale de l'assassin est un lieu commun qui avait
déjà été utilisé pour l'assassin de don Andrea Santoro", précise
l'archevêque: "L'agression d'un fou est le moyen le plus facile pour classer
l'affaire". Et de pointer du doigt les "foyers d'extrémistes religieux". Le
meurtrier pourrait "avoir été séduit par un de ces groupes".
Du reste, "cela s'est déjà produit à plusieurs reprises" et déjà "la
personne qui avait jeté un cocktail Molotov sur notre cathédrale de
Saint-Polycarpe, ici, à Smyrne, avait été décrite comme un malade mental."
Et "il peut toujours y avoir quelqu'un qui tire profit de difficultés
psychologiques pour pousser à faire ces choses". (ndt: cela me rappelle
l'agression contre le Pape, la nuit de Noël)
Padovese "a très bien travaillé, il a beaucoup semé et comme disait
Tertullien, le sang des martyrs génère de nouveaux chrétiens".
Que de déséquilibrés en Turquie ...
Les doutes augmentent sur la "maladie" de l'assassin de Mgr Padovese.
L'Agence de presse Asia News rappelle d'autres "déséquilibrés" responsables
d'attaques contre les chrétiens. Sans oublier, bien sûr, Ali Agca. Et même
l'Avvenire met l'accent sur l'étrangeté de ces déséquilibres mentaux qui
conduisent à attaquer les chrétiens.
MARCO TOSATTI
Le chauffeur de Mgr. Luigi Padovese, tué hier en face de sa maison à
Iskanderun, a été formellement accusé d'homicide par un tribunal turc.
La police a confirmé les troubles mentaux de l'homme qui pendant quatre ans
a été auprès de l'évêque assassiné.
Mais divers doutes se glissent sur sa maladie et on entend de différents
côtés des appels aux autorités pour approfondir l'enquête sur les raisons de
l'assassinat. Murat Altun, 26 ans, a été arrêté hier, quelques heures après
l'assassinat de l'évêque. Selons certains, le meurtrier avait en main un
couteau avec lequel il a littéralement massacré Mgr. Padovese. Après l'avoir
longuement interrogé, la police a confirmé la folie de Murat. Des sources d'Asia
News avaient déjà dit hier que Murat était "déprimé, violent, plein de
menaces". Mais parmi les fidèles et le monde turc, on a du mal à accepter la
seule thèse de la maladie mentale du jeune homme, devenue évidente il y a
quelques mois seulement.
Plusieurs attentats, ces dernières années ont été commis par des jeunes
définis comme «instables", qui se sont par la suite révélés liés à des
groupes ultra-nationalistes et anti-chrétiens. Pour de nombreux
observateurs, il semble que les dirigeants, les politiciens, et les
autorités civiles turcs évitent de réfléchir sérieusement sur ces
événements. Et on risque de liquider toute cette violence, en disant
seulement qu'on n'est pas d'accord, que c'est l'acte isolé d'un fou, un
geste anodin d'un jeune fanatique de l'islam.
Parmi les actes «isolés» de personnes déséquilibrées, on relève: la blessure
de Fr Adriano Franchini, capucin italien, à Smyrne; du P. Roberto Ferrari,
menacé avec un couteau à kebab dans l'église de Mersin, le 11 Mars 2006; du
P. Pierre Brunissen poignardé au côté le 2 Juillet 2006 devant son église de
Samsun.
Ces trois attaques ont été menées sans conséquences fatales. Il n'en a pas
été ainsi pour Don Andrea Santoro, tué le 5 février 2006 alors qu'il priait
dans l'église à Trabzon; même sort pour le journaliste arménien Hrant Dink
assassiné 19 Janvier 2007, juste en face de son bureau dans une rue bondée
d'Istanbul. Et encore plus tragique la mort, le 18 avril 2007 de trois
chrétiens protestants, dont un Allemand, torturés, poignardés et émasculés
alors qu'ils travaillaient dans la maison d'édition Zirve à Malatya qui
publie la bible et des livres de matrice chrétienne. Parmi les chrétiens et
plusieurs ONG turques, il y a la demande que les enquêtes ne s'arrêtent pas
à l'arrestation d'un déséquilibré, mais creusent plus profondément.
(...)
"Il se peut" que l'assassinat de Mgr. Luigi Padovese, Vicaire apostolique en
Turquie soit "un acte de folie", mais "nous ne pouvons pas ne pas nous
demander pourquoi ils sont si nombreux dans les pays du Croissant et
pourquoi ils sont presque toujours dirigées contre les membres des minorités
religieuses".
C'est ce que relève le journal des évêques italiens, l'Avvenire, dans un
éditorial consacré à la disparition de l'évêque italien tué hier à coups de
couteaux dans un "assassinat brutal" dont la "dynamique effective", note le journal,"reste à entièrement à expliquer".
L'Avvenire relève aussi que le meurtre de Mgr Padovese a eu lieu "à la
veille du voyage du pape à Chypre, le dernier pays divisé en Europe, occupé
pour un tiers de son territoire par l'armée d'Ankara, mais aussi laboratoire
de dialogue et de réconciliation entre les religions".
Un voyage, celui de Benoît XVI, sur lequel, poursuit l'Avvenire, "quelqu'un
a voulu mettre une mine destructrice, d'autant plus explosive que l'ensemble
du Moyen-Orient semble à nouveau, en ces derniers jours, sur le point
d'exploser dangereusement". Il s'agit, selon L'Avvenire, de "trop de
coïncidences inquiétantes flottant sur ce qui devait être une visite au
signe de la paix, du pardon et de la réconciliation."

Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.06.2010 -
T/Benoît XVI
|