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Le pape accuse ! les méthodes immorales de la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi
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Le 03 juillet 2023 -
E.S.M.
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La nouvelle n'est pas la nomination de son
théologien de confiance comme préfet du Département de
la Doctrine de la Foi. Mais la vraie nouvelle est la
lettre, en espagnol, avec laquelle le pape François
accompagne la nomination. Accusations on ne peut plus
déroutantes !
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Bergoglio-
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Le pape accuse ! les méthodes immorales de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi
François et la course pour préserver son héritage
Le 03 juillet 2023 -
E.S.M. -
La nouvelle n'est pas la nomination de son théologien de confiance
comme préfet du Département de la Doctrine de la Foi. Bien que les
rumeurs récentes aient porté davantage sur la possibilité qu'un
Allemand comme Mgr Wilmer puisse prendre le siège de gardien de la
Doctrine de la Foi, le nom de Victor Fernandez a toujours été parmi
les candidats possibles à la tête de l'ancien Saint-Office. Mais la
vraie nouvelle est la lettre, en espagnol, avec laquelle le pape
François accompagne la nomination. Dans le même temps, le bulletin
du Bureau de presse du Saint-Siège ne manque pas de s'étendre sur la
liste des publications du nouveau préfet, allant même jusqu’à
souligner, de façon rituelle minimale, qu'«entre livres et articles
scientifiques, il compte plus de 300 publications, dont beaucoup ont
été traduites en différentes langues. Ces écrits montrent une base
biblique importante et un effort constant de dialogue entre la
théologie et la culture, la mission évangélisatrice, la spiritualité
et les questions sociales.
L’actuel préfet, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, achève son mandat
après 6 années passées à la tête du dicastère. Il en avait été nommé
secrétaire par le pape Benoît XVI en 2008. Il avait succédé au
cardinal Gerhard Müller en 2017. Il quittera son poste au mois de
septembre.
Ce n'est certainement pas dans le style d'un communiqué de presse du
Bureau de presse du Saint-Siège. C'était comme si quelqu'un devait
justifier la nomination ou l'accréditer auprès d'un public plus
large. Le Bureau de presse du Saint-Siège semble avoir reçu tout ce
qui était déjà emballé, y compris la lettre d'accompagnement du
pape, publiée en espagnol et sans aucune traduction.
Mais le vrai nœud du problème, c'est la lettre. Parce que dans la
lettre, nous trouvons toute l'intention du pape François de définir
un changement de cap pour l'Église, en fermant une voie qui l'avait
vu, il y a dix ans, nommer Fernandez, archevêque alors qu'il était
encore recteur de l'Université catholique de Buenos Aires. Une
nomination qui était censée être un signal car l'archevêque de
Buenos Aires Bergoglio, s'était battu pour avoir Fernandez recteur
contre l'avis de la Congrégation de l'Éducation Catholique, en
particulier du secrétaire de l'époque, Mgr Brugués. Le pape François
a trouvé ce dernier comme bibliothécaire de la Sainte Église Romaine
mais ne l'a jamais créé cardinal, l'envoyant à la retraite comme
archevêque.
La nomination de Fernandez en tant que préfet de la Doctrine de la
Foi vient clôturer un parcours de dix ans, au cours duquel Fernandez
a toujours été en retrait : il est considéré comme le fantôme
d'Evangelii Gaudium, l'exhortation programmatique du pape François,
et Amoris Laetitia, résultats de deux synode sur la famille où
l'archevêque Fernandez poussait pour un texte qui était certainement
plus ouvert que l'exhortation réelle. D’une certaine manière, cette
nomination est révélatrice du mode de pensée du pape. Parce que dans
la lettre, le Pape souligne que le dicastère « en d'autres
époques en sont venues à utiliser des méthodes immorales », avec
lesquelles « au lieu de promouvoir le savoir théologique, des
erreurs doctrinales potentielles ont été promues ».
Et on se demande à quelles autres époques le pape François pense car
ces mots sonnent également comme un réquisitoire contre des
décisions récentes. Et pourtant, si l'on pense à la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi de ces dernières années, et en
particulier à celle dirigée par le Cardinal Joseph Ratzinger, on
pense à l'une des Congrégations avec les méthodes les plus synodales
possibles : les réunions de la Feria quarta, les discussions
constantes avant d'arriver à des avertissements doctrinaux, la
décision, si l'on procède à l'encontre d'une ligne théologique
particulière ou de corriger une erreur, de toujours travailler dans
le positif, jamais dans le négatif. Et au fond, la Congrégation a
rédigé deux documents sur la Théologie de la Libération, deux
instructions que l'un est allée souligner ses aspects positifs et
l'autre ses dérives négatives.
Après tout, l’Église du passé récent n’était pas impitoyable. Benoît
XVI a souligné que « le nom de Dieu est miséricorde ». Mais
c'est aussi Benoît XVI qui a écrit, dans sa lettre aux catholiques
d'Irlande en 2010, que le danger était de perdre le sens du péché et
l'importance de l'éducation chrétienne, conduisant à des abus. Bref,
il y avait une recherche d'équilibre.
Ce pontificat semble constitué de deux balanciers opposés. D'un
côté, il y a le pendule qui penche maintenant totalement vers l'idée
de la miséricorde totale ; de l'autre, le balancier qui, au sujet
des abus dans l'Église, a adopté la ligne de la tolérance zéro
absolue. Et d'une part, il y a le pendule qui vise la synodalité
totale ; de l'autre, une centralisation des décisions du pape qui,
au final, fait de l'Église plus que jamais une monarchie absolue
Dans la lettre, le Pape ne manque pas de rappeler la réforme de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi de février 2022. Auparavant,
la Congrégation se composait de quatre bureaux : disciplinaire,
doctrinal, matrimonial et la quatrième section. Ce dernier avait
pour tâche de suivre la question des relations avec la Société
Sacerdotale de Saint Pie X et l'application du motu proprio
Summorum Pontificum, et il n'avait plus aucune raison d'exister
après le motu proprio «
Traditionis custodes », qui révoquait les concessions de
Benoît XVI à l'utilisation du rite ancien.
Avec la réforme, l'ancien CDF comprend deux sections, une
disciplinaire et une doctrinale, avec deux secrétaires : Mgr Joseph
Kennedy pour la section disciplinaire et Mgr Armando Matteo pour la
section doctrinale. Ainsi, le profil managérial de la Congrégation
semble s'être renforcé, avec une structure plus hiérarchique et une
répartition plus précise des compétences.
Il est également vrai que les quatre bureaux, travaillant en
synchronisme, ont mis en évidence une véritable collégialité dans la
prise de décision et ont créé des spécialistes dans des domaines
spécifiques. Les questions de doctrine ont toujours été en
arrière-plan dans toute décision. Si le Pape veut que le préfet «
s'occupe de la foi » mais ne condamne plus, le risque demeure
que l'élément disciplinaire l'emporte sur l'élément doctrinal. Dans
la pratique, il y a un risque de punir les abus mais de ne pas
pouvoir travailler à partir de questions de foi. Il existe une sorte
de séparation entre la foi et la vie, caractérisée par le fait que -
le pape écrit dans sa lettre à Fernandez - les idées qui ne partent
pas de la toute-puissance de Dieu et de sa miséricorde sont
inadéquates.
Dans cette lettre se trouve l'héritage du Pape François qui, dans la
pratique, se force la main, imposant sa vision du monde par des
mesures décisives et parfois même dures. C'est arrivé quand il a dû
intervenir dans l'Ordre de Malte, quand il est même intervenu dans
le déroulement des processus de l'État du Vatican, aussi quand en
2017 il a envoyé une lettre aux évêques argentins sur
l'interprétation de l'Amoris Laetitia et a voulu qu'elle soit
publiée dans l'Acta Apostolicae Sedis, donnant crédit et
indiquant une voie, et maintenant quand il intervient sur la façon
dont le préfet de la Doctrine de la Foi devrait mener à bien sa
mission.
Mais cette nomination, qui est arrivée presque soudainement,
témoigne également de la hâte du Pape à assurer son héritage. Matteo
Matzuzzi, dans le journal italien Il Foglio, a noté que le
Pape procède à une série de nominations de jeunes évêques à des
postes critiques qui peuvent rester en fonction pendant au moins
vingt ans. C'est le cas du nouvel archevêque de Madrid, José Cobo
Cano, ou du nouvel archevêque de Bruxelles,
Luc Terlinden, et du nouvel archevêque de Buenos Aires, Josè
Ignacio Garcìa Cueva, pour donner trois des exemples les plus
récents.
Et puis il y a la volonté du pape de donner un titre à ses
collaborateurs directs. Un trait essentiel est que tous ceux que le
Pape met en charge de commissions qu'il juge financières, il en fait
un évêque. Il nomme Diego Ravelli, maître de cérémonie pontifical,
archevêque et légat pontifical de la basilique Saint-Antonio à
Padoue. C'est également le cas de la basilique papale de Santa Maria
Maggiore, dont le commissaire papal, Rolandas Mackrickas, a été
ordonné évêque au milieu de cette année.
Le pape François a nommé l'évêque Alejandro Cedillo doyen de la Rote
romaine, un poste qui n'était généralement pas occupé par un évêque.
Cedillo dirige également la cour d'appel, qui gère certains
processus financiers qui ont atteint le deuxième degré. Si la partie
financière semble être un thème central, élargissant le regard, on
peut voir que le pape tente également de rompre les liens dans le
domaine de la justice du Vatican.
Il l’a fait, par exemple, en réformant la Cour de cassation du
Vatican, traditionnellement dirigée par le préfet de la Signature
apostolique, dont le président est aujourd’hui le cardinal Kevin J.
Farrell et les juges sont les cardinaux Mauro Gambetti, Matteo Zuppi
et Paolo Lojudice. Ce qui est frappant, c'est le choix du cardinal
Farrell comme président de la Cassation. Farrell est également un
Camerlengo, et il sera celui qui gérera le siège vacant et, par
conséquent, l'administration, y compris l'économie, du Saint-Siège.
Aussi marginales qu’elles puissent paraître, ces décisions nous
disent-elles à quoi ressemblera le gouvernement du pape dans les
mois à venir ? Oui, ils disent quelque chose.
Tout d'abord, ils disent que le pape est en train de créer une
équipe de personnes qui lui sont loyalles et qui reflètent sa
pensée. Ils n’ont pas besoin d’être des experts. Au lieu de cela,
ils doivent être des exécuteurs de la volonté du Pape, des personnes
alignées sur ses idées et capables de les mettre en œuvre.
Deuxièmement, ils disent que le pape veut donner l'idée qu'il suit
chaque situation de près, au point de nommer des collaborateurs
directs pour être informés ou pour impliquer encore plus ces
collaborateurs.
La nomination de Fernandez est soudaine, mais il remplit ces
critères. Il sera appelé à une tâche difficile, à savoir comprendre
pleinement la ligne du Pape. Depuis le début de son pontificat, le
pape François parle d'une conversion pastorale générale, d'aller
dans les périphéries et de placer la mission au centre. La
Constitution apostolique Prédicat Evangélium cherche à
concrétiser cet esprit missionnaire. Le Conseil des Cardinaux, qui
s'est réuni récemment pour la deuxième fois dans sa nouvelle
composition, a également discuté de la manière de poursuivre cet
esprit missionnaire et de la manière dont l'esprit missionnaire et
la synodalité peuvent être combinés.
Cependant, ce sont des termes abstraits, encore difficiles à
concrétiser, qui relèvent de la célébration d'un synode, qui vise au
contraire à renouveler la vie de l'Église précisément sur le
principe de la synodalité ou de la marche commune. Mais la
synodalité signifie-t-elle une discussion continue qui ne se reflète
dans aucune décision finale, ou bien une conversation qui mène à une
conclusion commune ?
Nous sommes probablement dans la troisième phase du pontificat du
Pape. C'est la phase dans laquelle le pontificat cherche sa
consolidation avant son inévitable déclin. Et le pape François
procède précisément à cette consolidation en nommant des évêques et
des préfets, en favorisant les plus loyaux. Et, peut-être, en
pensant à la liste imprévisible suivante de nouveaux cardinaux qui
devrait arriver d'ici la fin de l'année. Une liste dont on parle
depuis un certain temps, mais que le pape garde pour lui-même pour
l'instant.
Andrea Gagliarducci
- Traduction
E.S.M
Les directives de François pour le nouveau
préfet de la DDF
(Sources :
Saint-Siège/cath.ch/InfoCatolica – FSSPX.Actualités)
Le Pape a donné des directives au nouveau préfet, directives qui ne
sont rien moins qu’étranges et qui peuvent franchement être
considérées comme inquiétantes. La lettre de nomination, datée du
1er juillet 2023 contient en effet des passages qui montrent une
nouvelle transformation du DDF après celles que l’ancienne
Congrégation du Saint-Office a subies depuis le Concile.
Dès le premier paragraphe le ton est donné : « En tant que nouveau
préfet du dicastère pour la Doctrine de la Foi, je te confie une
tâche que je considère très précieuse. Son objectif central est de
protéger l’enseignement qui découle de la foi afin de “donner des
raisons à notre espérance, mais non comme des ennemis qui montrent
du doigt et condamnent” (Evangelii gaudium, 271). »
La citation du document papal est la suivante : « Il est vrai
que, dans notre relation avec le monde, nous sommes invités à rendre
compte de notre espérance, mais non pas comme des ennemis qui
montrent du doigt et condamnent. » Le contexte est différent : «
rendre compte de l’espérance » et « protéger l’enseignement qui
découle de la foi », ce qu’il faudrait faire sans condamner.
Sans condamner quoi ? Les erreurs ? Comment protéger sans s’opposer
à ce qui détruit ?
Le paragraphe suivant est ahurissant : « A d’autres époques, le
dicastère que tu présideras en est venu à utiliser des méthodes
immorales. Il fut un temps où, au lieu de promouvoir la connaissance
théologique, on poursuivait d’éventuelles erreurs doctrinales. Ce
que j’attends de toi est certainement très différent. »
Tout catholique ne peut que rester abasourdi : de quelles époques
s’agit-il ? de quelles méthodes immorales ? D’une certaine manière
la réponse n’est pas nécessaire pour la suite : il apparaît, à la
simple lecture, que ces « méthodes immorales » consistaient à
poursuivre « d’éventuelles erreurs doctrinales ». La lettre insinue
que ces erreurs n’étaient pas toujours réelles, et peut-être même
que, majoritairement, elles ne l’étaient pas.
C’est un véritable opprobre jeté sur le passé de ce dicastère de la
Curie romaine, dont le préfet autrefois n’était nul autre que le
Pape lui-même. Et sur la défense admirable de la foi catholique
accomplie par la Curie avec le pape à sa tête. Tout cela semble non
seulement dépassé, mais avoir été un épisode sombre de l’histoire de
l’Eglise.
Dans la ligne d’Amoris laetitia
Plus loin, le pape décrit la tâche du nouveau préfet vis-à-vis des
théologiens : « Il est bon que ta tâche exprime que l’Eglise
“encourage le charisme des théologiens et leur effort de recherche
théologique” à condition “qu’ils ne se contentent pas d’une
théologie de bureau” (Evangelii gaudium, 132), d’une
“logique froide et dure qui cherche à tout dominer” (Gaudete et
exsultate, 39) ».
Et le paragraphe se conclut ainsi : « Nous avons besoin d’une
pensée capable de présenter de manière convaincante un Dieu qui
aime, qui pardonne, qui sauve, qui libère, qui promeut les personnes
et les appelle au service fraternel. » Mais surtout pas du Dieu
vrai qui « aime la justice et hait l’iniquité » du péché et qui
réclame que nous croyons tout ce qu’Il nous a enseigné.
Mgr Victor Manuel Fernández ne devrait pas être trop dépaysé : le
site cath.ch rapporte qu’il est considéré « comme l’une des plumes
de l’exhortation apostolique Amoris laetitia ». Voilà qui peut nous
rassurer.
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Sources : mondayvatican
- Traduction
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.07.06.2023
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