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Entretien exclusif du cardinal Müller après la clôture du pèlerinage
de Chartres
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Le 01 juin 2024 -
E.S.M.
- Entretien exclusif du
cardinal Müller au sujet de sa vision du rite extraordinaire
et l'avenir de cette question liturgique...Comment voit-il la situation et l’avenir de l’Église en
Allemagne ? (La
nef)
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Le cardinal Müller -
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Entretien exclusif du cardinal Müller après la clôture du pèlerinage de
Chartres
Cardinal Müller : de retour du pèlerinage de Chartres
Le 01 juin 2024 -
E.S.M. -
Le cardinal Müller a célébré la messe de clôture du dernier
pèlerinage de Chartres. À cette occasion, il nous a offert un
entretien exclusif pour nous livrer son regard sur l’événement, sa
vision du rite extraordinaire et l’avenir de cette question
liturgique, sa réponse face à ceux qui le présentent comme un
« adversaire » du pape François, l’état de l’Église d’Allemagne…
La Nef – Que retenez-vous de ce pèlerinage de Chartres ? Et
comment assurer le maintien de l’ancien rite avec la prise en compte des
demandes pertinentes de Sacrosanctum Concilium ?
Cardinal Müller – J’en retiens l’image de tous ces nombreux
enfants et jeunes qui ont fait l’effort de marcher si longuement et de
participer intérieurement à la sainte messe, au sacrifice du Christ pour le
salut du monde.
L’ancien rite constitue un tout cohérent. Cela ne veut pas dire que la
lecture des Écritures ne pourrait pas un jour être enrichie. D’ailleurs, le
pape Benoît XVI avait espéré que les formes extraordinaires et ordinaires du
rite latin se rapprochent à nouveau.
Quoi qu’il en soit, une opposition idéologique acharnée envers un rite
particulier n’est pas souhaitable pour l’unité de l’Église. Sans s’être
rendus sur place, les médias proches du Chemin synodal allemand ont dénigré
ces jeunes pèlerins comme étant « traditionalistes », en ignorant
complètement leurs efforts. Ils n’ont pas prêté attention à mon homélie et
ont seulement voulu profiter de cette opportunité pour me présenter comme un
critique conservateur du synode et du pape. Tel est le niveau intellectuel
et moral de nos « progressistes autoproclamés » qui, faute de pouvoir
argumenter ad rem, n’ont d’autres ressources que de polémiquer ad hominem.
Comment voyez-vous l’avenir de la question liturgique, et
notamment la place de l’ancien rite ?
Une réconciliation en Esprit et dans la vie s’impose. Il faut distinguer,
d’une part, la substance de la sainte messe et des autres sacrements et,
d’autre part, les différentes formes liturgiques qu’ils ont prises dans les
divers rites légitimes, notamment dans le rite latin. Certes, la hiérarchie
suprême de l’Église peut déterminer la forme spécifique du rite, mais cela
doit se faire avec une sensibilité pastorale et surtout sur une base
dogmatique claire.
On vous présente parfois comme un « adversaire » du pape François
: que répondez-vous à cette accusation ?
En fait, il ne faut pas répondre aux provocations émanant des ignorants en
matière de théologie, car ceux-là se sentent justement confirmés par toute
réaction. À l’occasion de la proclamation de saint Irénée de Lyon comme
docteur de l’Église (sous le titre Doctor unitatis), le pape
François m’a personnellement chargé d’écrire un livre contre les gnostiques
de notre temps, c’est-à-dire contre l’idéologie selon laquelle la raison
finie de l’homme est la mesure de toute chose, au-dessus même de la raison
divine (le Logos dans la personne du Fils de Dieu, notre Seigneur
Jésus-Christ). L’opposition idéologique et politique entre soi-disant
conservateurs et progressistes, qui n’a rien à voir avec l’Église et qui,
pourtant, met en danger son unité, pourrait facilement être surmontée avec
Irénée de Lyon, qui écrivait contre les hérétiques et les schismatiques de
son époque : « Les apôtres, qui étaient envoyés pour retrouver ceux qui
étaient perdus… ne parlaient pas selon l’opinion du jour, mais selon la
révélation de la vérité » (Adversus haereses III, 5,2).
Comment voyez-vous la situation et l’avenir de l’Église en
Allemagne ?
Cela dépend des critères avec lesquels on considère la situation de l’Église
d’un pays ou d’un continent. L’approbation des idéologues athées et des
agitateurs anti-vie n’aide personne. Ce qui est fondamental, c’est la foi,
l’espérance et la charité, qui relient directement les hommes à Dieu, qui
est l’origine et le but de l’homme et du monde. L’Église a été envoyée par
Dieu dans ce but, afin qu’elle « soit un sacrement dans le Christ,
c’est-à-dire un signe et un instrument du lien le plus intime avec Dieu et
de l’unité des hommes » (Lumen gentium 1) dans la vérité, la
justice et l’amour. Lorsque les prêtres et les laïcs deviennent des témoins
d’espérance en faveur du Christ, alors les contemporains auxquels s’adresse
la Parole de Dieu reconnaissent aussi le sens des sacrements, vivent alors
selon ses commandements et façonnent ainsi leur vie, selon la vocation qui
est la leur, que celle-ci soit sacerdotale, religieuse ou le mariage. « L’Église
n’a pas été fondée pour rechercher la gloire terrestre, mais pour répandre,
par son exemple aussi, l’humilité et l’abnégation. Comme le Christ, l’Église
enveloppe de son amour tous ceux que l’infirmité humaine afflige. […] Elle
cherche à servir le Christ en eux. L’Église avance dans son pèlerinage à
travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu, annonçant la
croix et la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (Lumen
Gentium 8).
C’est mon souhait et ma prière constante pour l’Église d’Allemagne et
d’Europe, qu’elle s’aligne avec le Christ, son chef, et qu’elle se
renouvelle dans l’Esprit Saint. « C’est pourquoi ce peuple messianique,
bien qu’il ne comprenne pas encore effectivement l’universalité des hommes
et qu’il garde souvent les apparences d’un petit troupeau, constitue
cependant pour tout l’ensemble du genre humain le germe le plus sûr d’unité,
d’espérance et de salut. Établi par le Christ pour communier à la vie, à la
charité et à la vérité, il est entre ses mains l’instrument de la Rédemption
de tous les hommes ; au monde entier il est envoyé comme lumière du monde et
sel de la terre. » (Lumen
Gentium 9)
Propos recueillis et traduits de
l’allemand par Jean Bernard
© LA NEF n° 370 Mai 2024
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Homélie du Cardinal Müller - Messe de clôture du pèlerinage en la
cathédrale de Chartres
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Sources
: La
nef
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.05.2024
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