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Pape François, le nouveau Synode est-il une révolution ?
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Le 01 mai 2023 -
E.S.M.
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L'annonce que le Synode n'aura plus d'auditeurs,
mais des membres, qu'ils soient évêques, prêtres,
religieux ou laïcs, n'était pas inattendue. Déjà dans le
Praedicate Evangelium, la constitution apostolique
qui règlemente le fonctionnement de la Curie, on ne
l'appelait plus le Synode des évêques.
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Pape François, le nouveau Synode est-il une révolution ?
Le 01 mai 2023 -
E.S.M. -
L'annonce que le Synode n'aura plus d'auditeurs, mais des membres,
qu'ils soient évêques, prêtres, religieux ou laïcs, n'était pas
inattendue. Déjà dans le
Praedicate Evangelium, la constitution apostolique qui
règlemente le fonctionnement de la Curie, on ne l'appelait plus le
Synode des évêques. Et il était donc logique que le vote soit étendu
à tout le monde. Et pourtant, cette nouveauté doit être libérée de
toute hypocrisie. Le synode des évêques, tel que Paul VI l'avait
imaginé, cesse d'exister.
Mais
la
nouvelle
assemblée n'est pas une
nouveauté absolue.
Ce n'est pas parce que les expériences continentales ont toujours vu
la présence de laïcs parmi les membres, tout comme dans les étapes
locales. Au contraire, il y a eu, par exemple, neuf symposiums
européens, dont chacun comprenait une phase régionale de discussion,
aboutissant à une assemblée plus large et à des conclusions plus
générales.
Ce n'est pas parce que le synode n'est pas un parlement. Le pape
François l'a dit à plusieurs reprises. Pourtant, il est paradoxal
que, bien que le Synode ne soit pas un parlement, les décisions
prises concernant le Synode semblent refléter celles d'un parlement.
En effet, depuis le début de son pontificat, le pape François a
donné au processus synodal une priorité absolue. Dès son premier
consistoire, il a inscrit le cardinal Lorenso Baldisseri, devenu
secrétaire général du Synode, deuxième parmi les nouveaux cardinaux,
seulement après le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État, mais
avant d'inscrire le cardinal Gerhard Mueller, alors préfet de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Le pape François a célébré deux synodes extraordinaires et deux
synodes ordinaires au cours de son pontificat. Il célèbre maintenant
le troisième synode ordinaire, qui s'étend sur l'espace de trois ans
et qui verra deux réunions.
Les décisions prises par le pape concernaient beaucoup la
philosophie même d'un synode. Auparavant, les paragraphes du
document final qui n'obtenaient pas le consensus synodal, soit les
deux tiers des voix, n'étaient pas publiés. La raison était que la
communion était recherchée dans le Synode, et non une majorité ou
une opposition. Le pape François a ordonné que tous les Modi
(c'est-à-dire les paragraphes) soient publiés, même ceux qui
n'avaient pas atteint le consensus synodal. De plus, il voulait que
les votes de chaque paragraphe soient
rendus
publics.
Cette
décision
semblait
déjà
parlementariser
le
Synode. À ce stade, c'est
devenu une étape standard en faveur d'une plus grande inclusion pour
en faire une assemblée où ce ne sont pas seulement les évêques qui
ont voté.
Mais cela vaut la peine de
débroussailler
le
terrain de toute
hypocrisie : ce ne serait une véritable démocratisation de l'Église
que si le Synode aboutissait à des décisions contraignantes, s'il
était un organe délibératif et non simplement consultatif, et si le
Pape acceptait les décisions du Synode. Mais ce n'est pas le cas, et
cela ne l'a jamais été.
Tous les synodes se concluent par une exhortation apostolique
post-synodale, qui appartient au Pape et uniquement au Pape. Bien
que le pape puisse décider de suivre les débats, il peut alors
prendre une décision qui n'est pas conforme à ce qui a été entendu
au cours du débat. Pas seulement. L'exhortation apostolique
post-synodale n'est pas un document magistral. Il ne s'agit pas de
décisions doctrinales. Elle donne des indications qui ont parfois un
poids magistral très élevé, mais elle n'est pas au sommet des
documents qu'un pape peut produire.
Cela signifie que considérer le Synode comme un lieu où les
décisions sont prises de manière concluante serait trompeur. Au lieu
de cela, le Synode est un espace de discussion, un lieu où les
points de vue se rencontrent.
Paul VI l'a voulu comme un synode des évêques parce que, d'une
certaine manière, il répétait l'extraordinaire expérience du Concile
Vatican II. Mais il y avait aussi une autre raison. Paul VI voulait
que les évêques soient les premiers évangélisateurs de leurs
diocèses, qu'ils reprennent les débats et portent cette vision de
l'Église universelle dans leurs diocèses.
Il a été appelé Synode des évêques parce que de grandes expériences
continentales et régionales étaient déjà encouragées dans les
documents conciliaires. Ces expériences continentales étaient alors
à la base des discussions des évêques au Synode, dont ils devaient
s'inspirer. C'est-à-dire : du peuple à l'évêque, de l'évêque au
pape, et du pape à l'Église universelle.
Avant les synodes, il y a donc eu une série d'expériences
intermédiaires avec une signification précise. Toutes ces
expériences semblent avoir été balayées d'un trait de plume. Quelle
valeur aura une assemblée ecclésiale s'il y a un Synode avec le même
type de composition ? Quelle valeur aura un symposium continental si
les assemblées continentales du Synode prennent alors la place de la
conférence continentale ?
Par cette décision, le Synode que voulait Paul VI n'existe plus, et
tout a été davantage centralisé d'une certaine manière. D'autant
plus que les membres du Synode, même les laïcs, sont proposés, non
élus, au Pape, et que le Pape les choisit personnellement. Cela crée
aussi une autre situation : les associations catholiques vont
essayer de s'organiser pour faire pression et être présentes au
Synode. Ils demanderont à leurs évêques, et au secrétariat général
du synode, la présence d'un de leurs membres de peur d'être
interrompus et de ne pas participer au débat.
Le résultat concret est que le synode est transformé en une sorte de
"petit parlement", ce qui est à l'opposé de l'idéal du pape
François. Ouvrant ce chemin synodal, le Cardinal Mario Grech,
secrétaire général du Synode, a également souligné que nous devions
commencer à réfléchir à une manière différente de fonctionner dans
le Synode, en commençant par le processus de vote des paragraphes du
document final, car ils donnaient
à
trop
de
gens
une
idée
d'un
processus
démocratique
et
parlementaire.
C'est vrai. Mais s'il n'y a pas de vote, si le processus de
discussion est différent, l'idée de donner le droit de vote aux
femmes, qui semble si révolutionnaire aujourd'hui, sera également
perdue.
Peut-être devrions-nous apprécier, dans ce processus synodal,
l'implication de tout le peuple de Dieu. Mais peut-être faut-il
aussi rappeler que cette implication existait déjà, bien qu'elle
n'ait pas été soulignée, et bien que parfois expérimentée de manière
particulièrement viciée. Par conséquent, il y avait en fait un
besoin de convertir les cœurs et de relancer les processus.
Cette étape risque de devenir davantage une bureaucratisation et une
centralisation qu'une avancée naturelle. En fait, il y a beaucoup
d'équilibres à maintenir. Les cardinaux Grech et Hollerich ont dû
envoyer une lettre pour expliquer que, de toute façon, le rôle des
évêques n'était pas épuisé. Pourtant, dans ce grand débat mondial,
où l'écoute est élevée à tout prix, les évêques risquent de perdre
leur impact et la conscience de leur identité fonctionnelle. Le
risque est que leur munus docendi,
la
tâche
d'enseigner,
soit
sous-estimée.
Peut-être que cette lecture est trop négative, et il y a
probablement des avantages à tout cela. Ce qui est frappant,
cependant, c'est que le pape François semble devenir plus exclusif
qu'inclusif, plus centralisateur que subsidiaire
dans
son
choix d'élargir le champ.
Car, après tout, le processus du Synode reste fermement entre les
mains de Rome. Ce n'est pas que ce soit une mauvaise chose, car
l'institution est essentielle et fondamentale, et la papauté est,
avant tout, une garantie de l'unité de l'Église. Cependant, il
convient de noter que cette centralisation est à l'opposé de ce que
le pape est censé faire maintenant.
By
Andrea Gagliarducci - Traduction
E.S.M
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Sources
: mondayvatican
-
Traduction
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.05.2023
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