Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

LÉON XIV

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Benoît XVI a été un maître de lucidité

Le 28 mai 2024 - E.S.M. -  Oui, le Christ vit, il est avec nous aujourd'hui aussi, et nous pouvons être heureux aujourd'hui aussi, car sa bonté ne s'éteint pas ; elle est forte aujourd'hui aussi ! Cela explique pourquoi Benoît XVI a tant parlé de la joie chrétienne, et pourquoi son visage était illuminé par un tendre et profond sourire, empreint de bonté.

Le visage de Benoit XVI était illuminé par un tendre et profond sourire, empreint de bonté. - Pour agrandir l'image ► Cliquer  

La nuit madrilène

    Nicolas Diat : Le pape François critique la sécheresse de l'égoïsme. Qu'entend-il en particulier par sa dénonciation de l'acédie égoïste ?

  Cardinal Sarah : L'acédie est un mal de l'âme qui s'exprime par l'ennui, le dégoût pour la prière, le rejet ou le relâchement de la pénitence, la négligence du cœur et le désintérêt pour les sacrements. Ces symptômes constituent souvent une épreuve passagère, mais l'acédie peut aussi conduire à une véritable torpeur spirituelle.
    Pour la théologie morale, l'acédie est l'un des sept péchés capitaux.
    Le pape a d'autant plus raison de s'alarmer d'un problème aussi grave qu'il atteint en Occident des sommets préoccupants. Sur ce point, son discours au Parlement européen de Strasbourg, en novembre 2014, était particulièrement net.
    Comment comprendre l'affaissement de la force missionnaire de l'Église, sinon par le repli sur soi et la frilosité de nos cœurs ? Les chrétiens ont la vocation de devenir le sel et la lumière du monde. Il n'est jamais écrit dans l'Évangile que nous devrions garder la Parole de Dieu pour notre petite convenance personnelle. La fuite égoïste et l'absence de générosité cachent souvent un manque de maturité et une vision très appauvrie de la nature humaine.
    Il est inconcevable qu'un chrétien n'accepte pas de s'engager dans un travail de transmission de la foi. François sermonne souvent avec véhémence les prêtres et les religieux qui seraient devenus des fonctionnaires de la foi, dans une forme de repli identitaire et rigide du sacerdoce. Incontestablement, le prêtre qui construit pour lui un univers confortable et sécurisé court le risque de ne plus répondre à l'appel même de son sacerdoce. Le pape demande à tous de prendre le large pour partir au grand vent de l'aventure missionnaire, du risque de l'altérité et de l'audace de Dieu. Le réveil missionnaire fera voler en éclats les véritables douanes dans lesquelles le prêtre tiède ou bureaucrate peut s'enfermer. Le prêtre qui est économe de son temps pour ses brebis traverse une véritable tempête spirituelle.
    De la même manière, personnellement, je dénonce avec amertume les prêtres qui ne répondent, en dernier ressort, qu'à une soif de succès humains, de pouvoir et d'ambition personnelle, de reconnaissance politique et médiatique. Le clerc est présent sur cette terre pour parler de Dieu, servir Dieu, et non son contraire. La peur, la fébrilité et la vanité demeurent de farouches ennemis des hommes qui ont donné leurs vies à Dieu.
    De même, le pape ne craint pas d'affirmer que la plus grande menace, « c'est le triste pragmatisme de la vie quotidienne de l'Église, dans lequel apparemment tout arrive normalement, alors qu'en réalité la foi s'affaiblit et dégénère dans la mesquinerie. La psychologie de la tombe, qui transforme peu à peu les chrétiens en momies de musée, se développe. Déçus par la réalité, par l'Église ou par eux-mêmes, ils vivent la tentation constante de s'attacher à une tristesse douceâtre, sans espérance, qui envahit leur cœur comme "le plus précieux des élixirs du démon". Appelés à éclairer et à communiquer la vie, ils se laissent finalement séduire par des choses qui engendrent seulement obscurité et lassitude intérieure et qui affaiblissent le dynamisme apostolique. Pour tout cela, je me permets d'insister : ne nous laissons pas voler la joie de l'évangélisation ».

    Q : Avec cette même énergie, François dénonce et refuse ce qu'il nomme le «pessimisme stérile »...

    R : François évoque avec insistance cette nécessité car il refuse que les croyants se laissent enfermer par les difficultés des situations quotidiennes. Le pape ne veut pas que les disciples du Christ soient prisonniers de conflits, d'oppositions et de haines réciproques. De nos jours, l'Église traverse incontestablement de nombreux orages, mais elle a survécu à des drames spirituels ou temporels plus graves encore. Il est important que les baptisés gardent la belle et sainte joie des petits enfants. Le pessimisme accouche de la stérilité et de la destruction, alors que l'espérance procède de l'Esprit-Saint. Les problèmes quotidiens, si lourds soient-ils, ne doivent pas devenir des excuses pour freiner notre engagement missionnaire. Le Christ lui-même a traversé des épreuves très profondes. La dureté de l'instant peut se transformer en force, et dessine l'horizon qui nous permettra de grandir.
    Il faut garder le regard de la foi. Le doute n'est pas chrétien. Les apôtres ont connu des incertitudes multiples et ils comprirent qu'ils devaient avancer sans se retourner. Les chrétiens sont appelés à s'abandonner dans les mains de Dieu, qui est le véritable maître de l'évangélisation.
    Nous serons toujours des instruments fragiles et inhabiles ; mais il nous faut garder le cap de l'espérance en Dieu. Il a poussé son peuple à quitter l'Égypte pour partir vers la Terre promise. Dans le désert, certains voulaient repartir en arrière, par nostalgie « du poisson, des concombres et des oignons », et surtout par peur de la traversée de grands espaces si peu hospitaliers, mais Moïse a engagé ses frères à ne pas douter de Dieu et à garder la foi. Dans les difficultés, l'exemple de missionnaires courageux et intrépides reste indispensable. Pour un prêtre, comment oublier que l'ultime ambition sacerdotale est le salut de tous les hommes ?
    François utilise une image particulièrement adéquate, en appelant les chrétiens à être des « personnes-amphores pour donner à boire aux autres » : « Car voici venir des jours, dit le Seigneur, où j'enverrai la faim dans le pays, non pas und faim de pain, non pas une soif d'eau, mais d'entendre la Parole du Seigneur» (Am 8, 11). « Cette faim n'a rien de corporel, cette soif ne désire rien de terrestre », commente saint Léon le Grand. Le pape a raison de rappeler que l'amphore peut se transformer en une lourde Croix ; mais n'oublions pas que c'est justement sur la Croix que le Seigneur s'est donné à nous comme source d'eau vive. En effet, du cœur de Jésus ont jailli des torrents d'amour pour irriguei un monde asséché par la haine, la violence, les méfiances et les guerres... !
    Dans son exhortation, François a souhaité citer le discours de Jean XXIII lors de l'ouverture du concile. Le bon pape Jean, par son caractère et son expérience, regardait toujours l'existence humaine avec optimisme. Il disait ainsi de sa voix si caractéristique: « II arrive souvent que [...] nos oreilles soient offensées en apprenant ce que disent certains qui, bien qu'enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités [...]. Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin. Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l'Église, même les événements contraires. »
    Cependant, l'optimisme n'empêche pas la clairvoyance. Benoît XVI a été un maître de lucidité. Je pense en particulier aux paroles de ce grand pape, à la fin de son pontificat, en octobre 2012, à propos du cinquantième anniversaire de l'ouverture du concile : « Aujourd'hui aussi, nous sommes heureux, nous portons la joie dans notre cœur, mais je dirais qu'il s'agit d'une joie sans doute plus sobre, d'une joie humble. Au cours des cinquante dernières années, nous avons fait l'expérience et appris que le péché originel existe et se traduit toujours à nouveau en péchés personnels, qui peuvent également devenir des structures de péché. Nous avons vu que dans le champ du Seigneur, il y a toujours aussi l'ivraie. Nous avons vu que dans le filet de Pierre, il y a aussi de mauvais poissons. Nous avons vu que la fragilité humaine est présente également dans l'Église, que le navire de l'Église navigue aussi avec un vent contraire, avec des tempêtes qui menacent le navire et parfois, nous avons pensé : "Le Seigneur est endormi et II nous a oubliés." Cela est une partie des expériences de ces cinquante années, mais nous avons également fait l'expérience nouvelle de la présence du Seigneur, de sa bonté, de sa force. Le feu de l'Esprit-Saint, le feu du Christ n'est pas un feu qui dévore, ou qui détruit ; c'est un feu silencieux, une petite flamme de bonté, de bonté et de vérité, qui transforme, qui donne lumière et chaleur. Nous avons vu que le Seigneur ne nous oublie pas. Aujourd'hui aussi, à sa manière, humble, le Seigneur est présent, II donne de la chaleur au cœur, II montre la vie, II crée des charismes de bonté et de charité qui éclairent le monde et sont pour nous une garantie de la bonté de Dieu. Oui, le Christ vit, il est avec nous aujourd'hui aussi, et nous pouvons être heureux aujourd'hui aussi, car sa bonté ne s'éteint pas ; elle est forte aujourd'hui aussi ! » Cela explique pourquoi Benoît XVI a tant parlé de la joie chrétienne, et pourquoi son visage était illuminé par un tendre et profond sourire, empreint de bonté.

    Q : De manière analogue, François ne cesse de mettre en cause les « mondanités spirituelles ». Ce dernier thème semble être au cœur de votre propre réflexion.


    R : Le pape montre un vrai courage en s'exprimant avec de tels mots. Car il peut exister dans l'Église, plus particulièrement dans son gouvernement, des personnes qui se laissent aller à des comportements et à des habitudes mondains.
    La mondanité spirituelle se cache derrière des apparences religieuses et spirituelles, mais elle n'en constitue pas moins un véritable reniement du Christ. Le Fils de Dieu est venu donner aux hommes le salut, et non quelques bonheurs rapides dans des salons tapissés de beaux velours cramoisis. Celui qui recherche le bien-être matériel, le confort mondain ou sa propre gloire en lieu et place de celle du Christ travaille pour le diable. Celui qui utilise les apparences de son sacerdoce pour mieux jouir des plaisirs de cette terre est un renégat. Celui qui oublie que le vrai pouvoir ne vient que de Dieu contrevient aux promesses de son ordination.
    À bien des égards, les mondanités spirituelles ne sont pas loin de tomber dans une forme de pélagianisme. Le mondain compte en effet sur ses propres forces et sa liberté, en laissant de côté le pouvoir authentique de la grâce.
    En fait, la mondanité est l'ennemi le plus pervers de l'esprit missionnaire, dont elle peut aller jusqu'à représenter une redoutable subversion.
Le prêtre est serviteur, il n'est pas un dieu ; le prêtre ne commande pas des troupes, il conduit son troupeau à Dieu par son exemple. Le sacerdoce ne cherche aucune gloire, aucun prestige humain, car il tire sa seule force de Dieu : « Non nobis Domine, non nobis : sed nomini tuo da gloriam » (« Non, pas à nous, Seigneur, non, pas à nous, mais à ton Nom rapporte la gloire ») (Ps 113, 1).
    Benoît XVI avait parfaitement compris l'ampleur de ce problème. Lors d'un discours à Fribourg, le 25 septembre 2011, il déclarait ainsi : « Pour correspondre à sa véritable tâche, l'Église doit toujours de nouveau faire l'effort de se détacher de sa "mondanité" pour s'ouvrir à Dieu. C'est ainsi qu'elle suit les Paroles de Jésus : "Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde" (Jn 17, 16), et c'est ainsi qu'il se donne au monde. En un certain sens, l'histoire vient en aide à l'Église à travers les diverses périodes de sécularisation, qui ont contribué de façon essentielle à sa purification et à sa réforme intérieure. En effet, les sécularisations — qui furent l'expropriation de biens de l'Église ou la suppression de privilèges ou de choses semblables — signifièrent chaque fois une profonde libération de l'Église de formes de "mondanité" : elle se dépouille, pour ainsi dire, de sa richesse terrestre et elle revient embrasser pleinement sa pauvreté terrestre. Ainsi, l'Église partage le destin de la tribu de Lévi qui, selon l'affirmation de l'Ancien Testament, était la seule tribu en Israël qui ne possédait pas de patrimoine terrestre, mais elle avait pris exclusivement Dieu Lui-même, sa Parole et ses signes comme part d'héritage. Avec cette tribu, l'Église partageait en ces moments historiques l'exigence d'une pauvreté qui s'ouvrait vers le monde, pour se détacher de ses liens matériels, et ainsi son agir missionnaire redevenait également crédible. Les exemples historiques montrent que le témoignage missionnaire d'une Église "dé-mondanisée" est plus clair. Libérée du fardeau et des privilèges matériels et politiques, l'Église peut se consacrer mieux et de manière vraiment chrétienne au monde entier ; elle peut être vraiment ouverte au monde. Elle peut à nouveau vivre avec plus d'aisance son appel au ministère de l'adoration de Dieu et au service du prochain. La tâche missionnaire qui est liée à l'adoration chrétienne, et qui devrait déterminer la structure de l'Église, se rend visible plus clairement. L'Église s'ouvre au monde non pour obtenir l'adhésion des hommes à une institution avec ses propres prétentions de pouvoir, mais pour les faire rentrer en eux-mêmes et ainsi les conduire à Celui dont toute personne peut dire avec Augustin : II est plus intime à moi-même que moi-même (Conf. 3,6, 11). Lui, qui est infiniment au-dessus de moi, est toutefois tellement en moi-même jusqu'à être ma véritable intériorité. Par ce style d'ouverture de l'Église au monde est tracée aussi en même temps la forme dans laquelle l'ouverture au monde de la part de chaque chrétien peut se réaliser de façon efficace et appropriée. »
    Je finirai en posant trois questions. Comment un prêtre qui ne manque de rien pourrait-il être semblable au Christ ? Comment un prêtre qui possède la surabondance du confort matériel peut-il prétendre s'associer au Christ ? Comment oublier la Parole du Christ : « Et un scribe s'approchant lui dit : "Maître, je te suivrai où que tu ailles." Jésus lui dit : "Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l'homme, lui, n'a pas où reposer la tête" » (Mt 8, 18-20) ?
    Bien sûr, dans un monde cynique, ou simplement superficiel, les médias aiment à faire croire que Jésus n'est pas né dans une pauvre étable, alors que Marie et Joseph étaient rejetés de toutes parts. Les puissances qui n'aiment pas Jésus ne peuvent accepter un tel augure ; pour eux, l'étable misérable est forcément un mythe romantique. Ils oublient aussi qu'à sa mort le Christ n'avait pas même de lieu pour être enseveli. Il fut placé en toute hâte dans la tombe prévue pour Joseph d'Arimathie...

Les lecteurs qui désirent consulter les derniers articles publiés par le site Eucharistie Sacrement de la Miséricorde, peuvent cliquer sur le lien suivant  E.S.M. sur Google actualité

 

Sources : Extraits des Entretiens du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -  E.S.M
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 28.05.2024

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante