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19 Avril 2005
 

Le pendule de Bergoglio, entre capitalisme et révolution

Le 19 décembre 2014 - (E.S.M.) - Marxiste, libéral, péroniste. On lui a appliqué les étiquettes les plus disparates. Les jugements opposés de l'Acton Institute et des "Amis du pape François"

Jorge Mario Bergoglio

Le pendule de Bergoglio, entre capitalisme et révolution

par Sandro Magister

Le 19 décembre 2014 - E. S. M. - Parmi les mystères relatifs au pape François, il y a celui de l’idée qu’il se fait de l’économie mondiale.

Après avoir lu l'exhortation apostolique "Evangelii Gaudium ", le document qui constitue le programme de son pontificat, certains l’ont classé parmi les marxistes impénitents. D’autres ont tiré de ce même document une conclusion opposée et ils dépeignent Jorge Mario Bergoglio comme un grand ami de l’économie de marché.

Vis-à-vis de la première de ces deux définitions, celle qui fait de lui un communiste, le pape a pris ses distances à de nombreuses reprises, au point d’en faire un sujet de plaisanterie. Vis-à-vis de la seconde, qui le présente comme un ami du capitalisme, il ne l’a pas fait. Mais il n’est pas du tout certain qu’elle corresponde à sa pensée.

*

Si François a été identifié comme un paladin de l’économie de marché, ce n’est pas par quelque esprit bizarre et isolé, mais par l’un des "think tanks" américains qui font le plus autorité, l'Acton Institute, dont l’idée maîtresse est que plus le capitalisme est florissant, plus la société dans laquelle il est mis en œuvre est libre et d’inspiration religieuse.

Le 4 décembre dernier, l'Acton Institute a décerné la plus haute de ses récompenses annuelles, le Novak Award 2014, à un jeune et brillant économiste finlandais, Oskari Juurikkala, qui a consacré son discours de réception précisément au thème : "Une reconnaissance de l’économie de marché par le pape François".

Le prix lui a été remis à Rome, à quelques pas du Vatican, dans les locaux de l’Université Pontificale de la Sainte-Croix, qui est gérée par l'Opus Dei.

La thèse de Juurikkala est que non seulement le message de Bergoglio, avec son insistance sur les pauvres, n’est pas en contradiction avec l’économie de marché, mais qu’il a un impact positif sur celle-ci, parce qu’il contribue à "la purifier et [à] l’enrichir".

Lors de cette cérémonie, le discours de Juurikkala a été contrebalancé par Carlo Lottieri, philosophe du droit et membre de l'Institut Bruno Leoni, un "think tank" qui est lui aussi très nettement de tendances libérales.

Lottieri, qui enseigne à l'université de Sienne et, en Suisse, à la faculté de théologie de Lugano, continue à voir en François non pas un ami mais un adversaire des libertés économiques, en raison notamment de l'expérience "péroniste" qu’il a assimilée en Argentine, une expérience "jamais vraiment terminée et dans l’ensemble désastreuse".

*

Mais ce n’est pas tout. Il y a deux mois de cela, un "Cénacle des amis du pape François" s’est constitué à Rome. Il compte parmi ses membres les plus assidus les cardinaux Walter Kasper et Francesco Coccopalmerio, Antonio Spadaro, directeur de la revue "La Civiltà Cattolica" et Mario Toso, secrétaire du conseil pontifical Justice et Paix.

Ils ont consacré la plus récente de leurs rencontres, celle du 10 décembre dernier, à ce qu’ils considèrent comme le véritable manifeste révélateur de la pensée économique et politique du pape : non pas "Evangelii Gaudium ", mais le discours que François a adressé, le 28 octobre au Vatican, aux "mouvements populaires", discours qu’ils qualifient d’"historique" et de "révolutionnaire".

Ce jour-là, il y avait un échantillon de l'ultra-gauche mondiale – allant des zapatistes du Chiapas au centre social Leoncavallo de Milan - qui était venu écouter et applaudir le pape François. Les sud-américains étaient particulièrement nombreux (voir la photo publiée dans "L'Osservatore Romano") et il y avait parmi eux le président bolivien Evo Morales, présent en qualité de leader “cocalero”.

Et qu’a donc déclaré le pape ? Que c’est à eux qu’il appartient de procéder au renouvellement du monde, aux "périphéries" qui "répandent une odeur de peuple et de lutte", à la multitude des exclus et des rebelles, grâce au processus de leur accession au pouvoir qui “transcende les procédures logiques de la démocratie formelle”.

Il y a une ressemblance stupéfiante entre ce discours du pape François et les théories soutenues par le philosophe de la politique Toni Negri et par son disciple Michael Hardt dans un livre qu’ils ont publié en 2001, qui a fait date et qui a été traduit en plusieurs langues : “Empire”.

François et Toni Negri considèrent l’un comme l’autre que la véritable souveraineté mondiale consiste en une domination transnationale de l’argent, qui alimente les guerres pour accroître ses profits et contre laquelle il n’y a que la multitude des "mouvements populaires" qui puisse parvenir à une "réappropriation de la démocratie" non pas formelle mais concrète.

De même, lorsqu’il s’est rendu à Strasbourg, le pape François n’a pas manqué, dans le discours qu’il a prononcé le 25 novembre devant le parlement européen, de s’élever fermement contre "les systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires inconnus".

Et pourtant, quelques jours plus tard, il recevait au Vatican, avec tous les honneurs, Christine Lagarde, numéro 1 de ce Fonds Monétaire International qui constitue précisément le symbole de cet empire décrié.

Le mystère est loin d’être résolu.


Cette note est parue dans "L'Espresso" n° 51 de 2014, en vente en kiosque à partir du 19 décembre, à la page d'opinion intitulée "Settimo cielo", confiée à Sandro Magister.

Voici la liste de toutes les précédentes notes
"L'Espresso" au septième ciel_

Le texte intégral de la "Lecture" prononcée le 4 décembre dernier par l'économiste finlandais Oskari Juurikkala
Virtuous Poverty, Christian Liberty : A Free-Market Appreciation of Pope Francis

Et le "think tank" qui lui a attribué le Novak Award 2014
Acton Institute

À propos du "Cénacle des amis du pape François", voici le compte-rendu précis de ses deux premières réunions, qui a été écrit par le journaliste suisse Giuseppe Rusconi
"Amici di Francesco" : Bergoglio, il papa più europeista (11 décembre 2014)
Prima uscita pubblica per gli "Amici di papa Francesco" (12 novembre 2014)


Le discours que le pape François a prononcé le 28 octobre 2014 et qui a été qualifié de "révolutionnaire" par l'archevêque Mario Toso, secrétaire du conseil pontifical Justice et Paix, organisateur de la rencontre
Aux participants à la rencontre mondiale des mouvements populaires

Pour d’autres détails à propos de la ressemblance entre ce discours du pape François et les thèses proposées par Toni Negri et Michael Hardt dans leur ouvrage "Empire"
Toni Negri in Vaticano

Chose curieuse, l'université où le professeur Negri, âgé de 81 ans, donne aujourd’hui ses cours se trouve en Argentine. Il s’agit de la Facultad Libre de Rosario, à Santa Fe.


 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 19.12.2014- T/International

 

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