Jean-Paul II : l'homme et la femme
font leurs premières découvertes |
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Le 14 novembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le verset 25 du deuxième chapitre de la Genèse
exige que l'on associe les réflexions sur la théologie du corps à la
dimension de la subjectivité personnelle de l'homme ; c'est là, en
effet, que se développe la prise de conscience de la signification du
corps.
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Ils
étaient nus mais n'avaient pas honte -
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Réflexions sur l'origine de la famille (1)
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La frontière qui sépare l'innocence primitive de l'homme du péché
originel (2)
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L'arbre de la connaissance du bien et du mal
(3)
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Le sens de la solitude de l'homme à l'origine
(4)
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L'homme prend conscience d'être une personne
(5)
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Alternative entre la mort et l'immortalité
(6)
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L'unité originelle de l'homme et de la femme
(7)
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Par la communion des personnes l'homme devient image de Dieu
(8)
►
La procréation s'enracine dans la création (9)
Le 14 novembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- L'analyse des premiers chapitres de la Genèse nous pousse
en un certain sens à rassembler les éléments constitutifs de
l'expérience originelle de l'homme. Et, à cet effet, le texte yahviste
est un excellent point de départ. Lorsque nous parlons des expériences
originelles de l'homme, nous ne pensons pas tellement à leur éloignement
dans le temps mais plutôt à leur signification première. Ce qui est
important, par conséquent, ce n'est pas que ces
expériences appartiennent à la préhistoire de l'homme
(à sa préhistoire théologique),
mais qu'elles sont toujours à la racine de chaque
expérience humaine. Et il n'y a, rien de plus vrai même si, dans
le déroulement de la vie ordinaire, nous n'y prêtons guère attention.
Ces expériences sont tellement mêlées aux choses ordinaires de la vie
qu'en général nous n'en percevons pas leur caractère extraordinaire. Les
analyses effectuées jusqu'ici nous ont permis de nous rendre compte que
ce que nous avons appelé au début révélation du corps, nous aide à
découvrir la nature extraordinaire de ce qui est ordinaire. Et cela est
possible parce que la Révélation
(la Révélation originelle, celle qui est exprimée d'abord
dans le verset 3 du chapitre 2 de la Genèse - texte yahviste - puis dans
le texte du premier chapitre de la Genèse)
fait précisément allusion à ces expériences originelles qui manifestent
quasi totalement l'originalité absolue de l'être humain homme-femme,
c'est-à-dire l'originalité de l'homme, même par son corps.
L'expérience humaine du corps telle que nous la rapportent les textes
bibliques cités ci-dessus, est au seuil de toute l'expérience historique
qui a suivi ; celle-ci semble cependant s'appuyer également sur une
profondeur ontologique telle que l'homme ne la perçoit pas dans sa vie
quotidienne même s'il la suppose et la postule comme une partie du
processus de formation de son image propre.
Le texte biblique
Sans ces premières considérations, il serait impossible de préciser le
sens de la nudité originelle et d'entreprendre l'analyse du verset 25 du
chapitre 2 de la Genèse : Or tous deux étaient nus, l'homme et la femme,
et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre. Dans le récit yahviste
de la création de l'homme, l'introduction de ce détail, apparemment
secondaire, semble au premier abord quelque chose d'inadéquat ou de
déplacé. On pourrait croire que le passage cité ne peut soutenir la
comparaison avec le contenu des versets précédents et qu'il est en
quelque sorte hors du contexte. Mais une analyse approfondie montre
qu'il n'en est pas ainsi. En effet, le verset 25
du deuxième chapitre de la Genèse présente l'un des éléments-clé de la
Révélation originelle et il est tout aussi déterminant que les autres
textes de la Genèse
(2, 20 et 2, 23) qui nous ont
permis de préciser le sens de la solitude originelle et de l'unité
originelle de l'homme. Un troisième élément s'ajoute à cela, à savoir la
signification de la nudité originelle de l'homme que le contexte met
bien en évidence. Et, dans la première esquisse biblique de
l'anthropologie, cet élément n'est pas quelque
chose d'accidentel, au contraire, il est l'élément-clé pour une
compréhension complète.
Il est évident que c'est précisément cet élément du vieux texte biblique
qui apporte une contribution spécifique et irremplaçable à la théologie
du corps. L'analyse que nous ferons par la suite le prouvera. Mais avant
de passer à cette analyse, je me permets de faire remarquer que le
verset 25 du deuxième chapitre de la Genèse exige que l'on associe les
réflexions sur la théologie du corps à la dimension de la subjectivité
personnelle de l'homme ; c'est là, en effet, que se développe la prise
de conscience de la signification du corps. Le verset 25 du deuxième
chapitre de la Genèse en parle d'une manière plus directe par rapport
aux autres passages du texte yahviste dont nous avons dit qu'ils étaient
un premier enregistrement de la conscience humaine. Le passage qui nous
apprend que les premiers êtres humains, homme et femme, étaient nus et
n'avaient pas honte l'un devant l’autre, exprime leur état d'âme,
l'expérience réciproque qu'ils ont de leur corps, c'est-à-dire
l'expérience par l'homme de la féminité que révèle la nudité du corps et
réciproquement, l'expérience analogue, par la femme, de la masculinité.
En affirmant qu'ils n'ont pas honte l'un devant
l'autre, l'auteur cherche à décrire avec la plus grande précision
possible cette expérience réciproque du corps.
On peut dire que ce genre de précision reflète une expérience de base de
l'homme dans le sens commun et préscientifique, mais il correspond aussi
aux exigences de l'anthropologie contemporaine qui en appelle volontiers
aux expériences fondamentales, telle l'expérience de la pudeur.
Ils eurent honte
En faisant allusion à cette précision du récit, il nous faut considérer
les degrés de l'expérience de l'homme historique chargé de l'héritage du
péché qui partent méthodologiquement de l'état d'innocence originelle.
Nous avons déjà constaté, qu'en faisant allusion au
commencement, le Christ a indirectement établi l'idée de continuité et
d'union entre ces deux états, comme pour nous
permettre de reculer du seuil de l'état de péché historique de l'homme
jusqu'à son innocence originelle. Et le verset 25 du deuxième
chapitre de la Genèse exige que ce seuil soit dépassé. Il est facile
d'observer comment ce passage avec son sens de la nudité originelle,
s'insère dans le contexte du récit yahviste. En effet, après quelques
versets, l'auteur écrit : Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et
ils connurent qu'ils étaient nus ; ils assemblèrent des feuilles de
figuier et se firent des pagnes
(Gn 3, 7). L'adverbe alors
indique un nouveau, temps, une nouvelle situation issue de l'échec de
l'épreuve liée à l'arbre de la connaissance du bien et du mal qui
constituait la première épreuve d'obéissance, c'est-à-dire l'écoute de
la parole dans toute sa vérité, et d'acceptation de l'amour dans la
plénitude des exigences de la volonté du Créateur. Ce nouveau temps,
cette nouvelle situation fait naître une nouvelle expérience du corps,
de sorte qu'on ne peut plus dire : Ils étaient nus, mais n'avaient pas
honte. La honte est donc une expérience non seulement originelle, mais
une expérience de frontière liminale.
La conscience du mal
La différence d'expression qui sépare le verset 25 du deuxième chapitre
de la Genèse du verset 7 du chapitre 3, est donc significative. Dans le
premier cas, Ils étaient nus mais n'avaient pas honte ; dans le second
cas : ils s'aperçurent de leur nudité, veut dire sans doute par là
qu'auparavant Ils ne s'étaient pas rendu compte qu'ils étaient nus ?
Qu'ils ne savaient pas et ne voyaient pas leur nudité ? La
transformation significative dont nous fait part le texte biblique à
propos de l'expérience de la honte
(dont parle encore la Genèse aux versets 10-12 du chapitre
3) se réalise à un niveau plus profond que le
pur et simple usage du sens de la vue. L'analyse comparée de Genèse 2,
25 et de Genèse 3 conduit nécessairement à la conclusion qu'il ne s'agit
pas d'un passage de la non-connaissance à la connaissance, mais d’un
changement radical du sens de la nudité originelle de la femme devant
l'homme et de l'homme devant la femme. Cela vient de leur conscience,
comme fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal : Qui t'a
appris que tu étais nu ? tu as donc mangé de l'arbre dont je t'avais
défendu de manger ? Ce changement concerne
directement l'expérience du sens du propre corps devant le Créateur et
les créatures. Cela est confirmé par les paroles de l'homme :
J'ai entendu tes pas dans le jardin, j'ai eu peur, parce que je suis nu
et je me suis caché
(Gn 3, 10) ; Mais ce changement
que le texte yahviste décrit d'une manière aussi concise et aussi
dramatique, concerne directement et peut-être de la manière la plus
directe qui soit, le rapport homme-femme, féminité-masculinité.
Nous reviendrons sur cette transformation, Pour l'instant, puisque nous
avons atteint la limite qui traverse le domaine du commencement auquel a
fait allusion le Christ, il nous faut nous
interroger sur la possibilité de reconstruire, en quelque sorte, le sens
originel de la nudité qui, dans le livre de la Genèse, constitue le
contexte le plus immédiat de la doctrine sur l'unité de l'être humain,
homme et femme. Cela paraît possible à condition de prendre comme
point de référence l'expérience de la honte que le texte biblique
présente clairement comme une expérience liminale. Nous essaierons
d'effectuer cette reconstruction au cours des prochaines méditations.
(à suivre) : SIGNIFICATION
DE LA PUDEUR
La Genèse
Récits des origines
1)
Premier récit de la création
2)
Deuxième récit de la création
3)
La chute
Sources : www.vatican.va
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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14.11.2008 -
T/Famille
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