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Ces avis des évêques sur l’ancien rite dont François avait interdit la
publication
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Le 09 juillet 2025 -
E.S.M.
- Début juillet, par des voies différentes mais presque simultanément, deux
experts vaticanistes, l’Américaine Diane Montagna et l’Italien Saverio
Gaeta, ont rendu public pour la première fois les principaux résultats d’une
consultation ordonnée par le Pape François en 2020 dans les diocèses du
monde entier sur la célébration de la messe dans l’ancien rite.
S. M.
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Ces avis des évêques sur l’ancien rite dont François avait interdit la
publication. Parce qu’ils contredisaient ses plans
Le 09 juillet 2025 -
E.S.M. -
Début juillet, par des voies différentes mais presque simultanément, deux
experts vaticanistes, l’Américaine Diane Montagna et l’Italien Saverio
Gaeta, ont rendu public pour la première fois les principaux résultats d’une
consultation ordonnée par le Pape François en 2020 dans les diocèses du
monde entier sur la célébration de la messe dans l’ancien rite.
Diane
Montagna l’a fait dans un
article bien documenté publié sur Substack le 1er juillet. Et
Saverio Gaeta dans un livre
rédigé avec le liturgiste Nicol Bux, publié aux éditions Fede & Culture, qui
sortira en Italie fin juillet mais que l’on peut déjà se procurer au format
Kindle sur Amazon.
Benoît XVI avait autorisé la célébration de la messe dans l’ancien rite
avait été autorisée 2007 par le motu proprio « Summorum
Pontificum », dans le but avoué de faire en sorte que « les deux formes
du rite romain », c’est-à-dire l’ancienne et la nouvelle, « puissent
s’enrichir mutuellement ».
Mais François n’a jamais fait mystère de ses intentions de vouloir
abroger cette autorisation. À ses yeux, la célébration de la messe dans
l’ancien rite n’était qu’un vecteur de divisions et allait de pair avec « un
rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais aussi du
Concile Vatican II ». Le 16 juillet 2021, par le motu proprio « Traditionis
custodes », il restituait au nouveau missel conciliaire l’appellation
d’ « unique expression de la ‘lex orandi’ du rite romain », ne laissant à
l’ancien rite qu’une place marginale et résiduelle.
François avait donc souhaité consulter au préalable les évêques pour
obtenir de leur part une demande unanime pour soutenir ce changement de cap.
Et à l’en croire, cette demande lui serait bien parvenue, si l’on en croit
ce que François lui-même a écrit dans la
lettre aux évêques qui accompagnait le motu proprio « Traditionis
custodes » :
« Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui
m’inquiète, me confirmant la nécessité d’intervenir. […] Répondant à vos
demandes, je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes,
instructions, concessions et coutumes antérieures à ce Motu Proprio. »
Mais curieusement, François avait interdit que l’on publie les résultats
de cette consultation. Et les raisons d’un tel refus sont à chercher dans
les révélations du « scoop » de ces derniers jours.
La vraie raison, c’est que si François avait publié ces résultats, il
n’aurait plus pu écrire que les évêques aussi étaient d’accord avec lui. Il
aurait même dû dire le contraire.
Mais ça ne s’arrête pas là. Ce qui amplifie la gravité de cette « fake
news », c’est le fait que la rédaction de la consultation et la compilation
des résultats ont à l’époque été confiés à la Congrégation pour la Doctrine
de la foi de l’époque, présidée par le cardinal Luis Ladaria, et que le
rapport final contient une « Évaluation globale » rédigé par la quatrième
section de la Congrégation, c’est-à-dire par ce qui était autrefois la
commission pontificale « Ecclesia Dei » dont le rôle était précisément de
superviser les célébrations dans l’ancien rite.
Le texte de cette
« Évaluation globale » — publiée par
Diane Montagna dans l’original italien et en traduction anglaise et qui est largement citée
dans le livre de Saverio Gaeta et Nicola Bux – et que nous reproduisons dans
son intégralité ci-dessous montre clairement l’incompatibilité entre l’avis
des évêques, partagé par la Congrégation pour la Doctrine de la foi,
globalement très positif sur les effets de « Summorum
Pontificum », et les
décisions diamétralement opposées prises par le Pape François avec
« Traditionis
custodes ».
Il faut cependant préciser que cette « Évaluation globale » n’était
qu’une partie du volumineux rapport remis au Pape François en février 2021
et qu’il a fait disparaître.
Long de pas moins de 224 pages, le rapport présente dans une premier
partie les neuf questions du questionnaire avec les réponses des évêques
classées par continent et par pays ; et dans une seconde partie, elle en
propose une synthèse générale, suivie de l’ »Évaluation globale » dont nous
avons parlé, puis d’un « Florilège de citations » extraites des réponses,
chacune avec la mention du diocèse dont elle provient.
Environ un tiers des plus de 3 000 diocèses interpellés ont répondu à la
consultation, c’est-à-dire en pratique ceux dans lesquels le rite ancien
était effectivement célébré, avec en tout en haut de la liste l’Amérique du
Nord et l’Europe et en bas l’Afrique et l’Amérique du Sud.
En Europe, la France est le pays où la messe dans l’ancien rite est
célébrée dans presque tous les diocèses, avec des évaluations généralement
favorables exprimées par leurs évêques respectifs. Tandis qu’en Italie, ces
célébrations concernent un peu plus de la moitié des diocèses, avec un
certain nombre d’erreurs dans l’application de « Summorum
Pontificum » mises
en évidence par les rédacteurs de la consultation.
En Amérique du Nord, ce sont les États-Unis qui sont les plus concernés,
avec environ deux diocèses sur trois, avec des évaluations là encore le plus
souvent positives. Tandis qu’en Asie et en Afrique, rare sont les diocèses
où l’on célèbre dans l’ancien rite, mais plusieurs évêques expriment le
souhait que cela soit davantage le cas à l’avenir, « pour faire percevoir la
richesse de la tradition de l’Église ».
Quant à l’Amérique latine, là encore avec peu de diocèses concernés, les
réponses du Brésil sortent du lot, très critiques des fidèles et des prêtres
qui célèbrent dans l’ancien rite et qui « n’apprécient ni Vatican II ni le
pape François ».
Le livre de Gaeta et Bux fait la part belle à cette compilation des
réponses issues des quatre coins du monde.
Pour en revenir à l’évaluation globale formulée par la section de la
Congrégation pour la Doctrine de la foi en charge de la consultation, en
voici le texte intégral, radicalement aux antipodes des décisions prises
ensuite par le pape François.
*
Évaluation globale
[Du rapport final inédit de l’enquête envoyée aux évêques sur les
célébrations dans l’ancien rite, 2020–2021]
La quantité importante de documents envoyés et traités montre à quel
point le motu proprio « Summorum
Pontificum » joue aujourd’hui un rôle
significatif, bien que relativement modeste, dans la vie de l’Église.
Imaginé par le Pape Benoît XVI après des années de confrontation parfois
virulentes entre les partisans de la liturgie réformée en 1970 et ceux du
« Missale Romanum »
dans sa version de 1962, le MP « Summorum Pontificum » a su affirmer l’égale
dignité des deux formes du même rite romain et créer les conditions
favorables pour une véritable paix liturgique, en vue d’une éventuelle unité
future entre les deux formes.
L’enrichissement réciproque et l’actualisation du « Missale Romanum » éd.
1962, souhaitée par le même Pape (cf.
lettre du 7 juillet 2007) se sont
matérialisés notamment par la publication de l’instruction applicative du
motu proprio « Unviersae Ecclesiae » du 30 avril 2011 cité ci-dessus, et des
deux décrets confirmés par le Pape François le 5 décembre 2019, après l’avis
favorable unanime des Pères membres de la Congrégation pour la Doctrine de
la Foi (décret « Quo Magis », concernant l’ajout de sept nouvelles préfaces,
et le décret « Cum Sanctissima », sur l’ajout de nouveaux saints).
La diffusion de l’ancienne forme du rite romain après le MP « Summorum
Pontificum » est attestée dans environ 20% des diocèses latins dans le
monde, et son application est aujourd’hui bien plus sereine et paisible,
même si ce n’est pas le cas partout ; des affaires non résolues demeurent
encore. Malheureusement, dans certains diocèses, la « Forme extraordinaire »
n’a pas été considérée comme une richesse pour la vie de l’Église mais
plutôt comme un élément indésirable, perturbateur, inutile à la vie
pastorale ordinaire voire même « dangereuse », ne devant pas être autorisé
ou même à supprimer ou à tout le moins à contrôler étroitement de sorte
qu’elle ne puisse pas se répandre, en attendant sa disparition ou son
abrogation éventuelle.
La majorité des évêques concernés par le questionnaire, et qui ont
généreusement et intelligemment appliqué le MP « Summorum Pontificum », se
déclarent en fin de compte satisfaits de celui-ci, en particulier ceux qui
ont aussi eu la possibilité de former une paroisse personnelle, dans
laquelle tous les sacrements sont administrés selon la « Forme
extraordinaire » et où se forme une communauté stable qui célèbre et
participe à des activités pastorales. Dans les endroits où le clergé a
collaboré étroitement avec l’évêque, la situation a été totalement apaisée.
Une constante remontée par les évêques, c’est que ce sont en fait les
jeunes qui découvrent et choisissent cette liturgie ancienne. La plus grande
partie des groupes stables présents dans la sphère catholique se compose de
jeunes ainsi que de jeunes convertis à la foi catholique ou qui y reviennent
après un temps d’éloignement de l’Église et des sacrements. Ils sont
fascinés par la sacralité, le sérieux, la solennité de la liturgie. Ils sont
plusieurs à constater, notamment à cause d’une société excessivement
bruyante et bavarde, la redécouverte du silence dans l’action sacrée, les
paroles concises et essentielles, une prédication fidèle à la doctrine de
l’Église, la beauté du chant liturgique, la dignité de la manière de
célébrer : un ensemble qui attire beaucoup. Benoît XVI écrivait justement
dans la
lettre aux évêques qui accompagne le MP « Summorum Pontificum » que
la catégorie de personnes que nous venons de citer sont les destinataires
privilégiés de cette nouvelle législation, en plus, bien entendu, de tous
ceux qui réclament depuis des décennies la libéralisation et la légitimation
dans la pratique liturgique et pastorale de la vénérable liturgie latine et
grégorienne.
L’émergence de groupes stables, comme le prévoyait le MP « Summorum
Pontificum » et par l’Instruction « Universae Ecclesiae », a permis au
Saint-Siège d’accompagner le chemin d’apaisement et d’ecclésialité de ces
personnes, tout d’abord à travers la Commission pontificale « Ecclesia Dei »
et aujourd’hui avec la « Quatrième section » de la CDF, et les évêques font
état de leur reconnaissance et de leur gratitude pour cela. Il est
nécessaire qu’il y ait une réalité institutionnelle et un interlocuteur
compétent qui soit en mesure d’accompagner le cheminement de ces groupes et
des instituts cléricaux dont ils dépendent et qui soit en mesure de pouvoir
soutenir le ministère des évêques, dans le but d’éviter des formes
arbitraires d’autogestion et d’anarchie des groupes ainsi que les abus de
pouvoir dans le chef de certains évêques locaux.
Le Saint-Siège et le lien avec le Pape sont une garantie pour tous,
fidèles et pasteurs. Il est fondamental de favoriser la communion ecclésiale
entre l’évêque diocésain et les membres des groupes stables ou des instituts
et celle de ces derniers avec le Pape, pour un cheminement serein et
fructueux sur le plan apostolique. Ces fidèles souhaitent être considérés
sur le même plan que les autres fidèles qui suivent la liturgie de sa
« Forme ordinaire » et dont les pasteurs sont chargés au niveau pastoral
sans idées reçues.
Après une première phase complexe, avec l’une ou l’autre situation encore
en suspens à l’heure actuelle, grâce au MP « Summorum Pontificum », ces
groupes de fidèles et les évêques et prêtres eux-mêmes, ont trouvé leur
équilibre et leur sérénité grâce au fait qu’ils disposent avec la « Sectio
Quarta », l’ancienne CPED, d’un point de contact serein et stable, faisant
autorité, pour garantir leurs droits mais aussi leurs devoirs. Tant et si
bien que certains évêques font remarquer qu’il est nécessaire de protéger
les groupes stables pour éviter les fuites de l’Église vers des mouvement
schismatiques ou vers la FSSPX. Partout où les groupes stables sont suivis
et accompagnés par l’évêque diocésain ou un prêtre délégué, il n’y a presque
plus de problèmes et les fidèles sont heureux d’être accompagnés, respectés
et traités comme des fils par leur Père évêque.
Dans le MP « Summorum Pontificum » et dans la lettre qui l’accompagne, on
parle de la volonté du pape d’œuvrer pour une réconciliation liturgique au
sein de l’Église. À la lumière du discours à la Curie Romaine du 22 décembre
2005, Benoît XVI, toujours en ce qui concerne la liturgie, constatant qu’il
était nécessaire d’avancer non pas dans le cadre d’une herméneutique de la
rupture mais plutôt d’un renouvellement dans la continuité avec la
tradition, écrivait ceci : « Ce qui a été sacré pour les générations qui
nous ont précédé reste grand et sacré pour nous aussi, et on ne peut
l’interdire totalement, ni le considérer comme dangereux. Il est bon pour
nous tous de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et la prière
de l’Église et de leur donner leur juste place ». (Benoit XVI, Lettre
d’accompagnement au MP « Summorum Pontificum »). Cette dimension
ecclésiologique de l’herméneutique de la continuité avec la tradition
s’inscrivant dans un renouvellement et un développement cohérents n’est pas
encore bien reçue par certains évêques, mais là où elle a déjà été reçue et
mise en application, elle est en train de porter des fruits ; les plus
visibles sont dans la liturgie. Certains évêques soulignent en effet les
bienfaits apportés par le MP « Summorum Pontificum », notamment sur la
« Forme ordinaire » de la liturgie et pour un regain de sacralité dans
l’action liturgique et pour un processus de réconciliation au sein de
l’Église.
Certains évêques affirment que le MP « Summorum Pontificum » aurait
échoué dans son intention de réconciliation et en demanderaient donc la
suppression, soit parce que la réconciliation au sein de l’Église n’a pas
complètement eu lieu, soit parce que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X
n’a pas réintégré l’Église. À partir de l’analyse générale et particulière
de ces dernières réponses, on comprend que cette enquête a représenté une
occasion pour certains évêques de lire et de commencer à mieux comprendre le
document qui fait l’objet de l’enquête. À la première objection, on peut
faire remarquer que de tels processus de réconciliation sont longs et lents
dans l’Église ; le MP « Summorum Pontificum » a posé les bases pour cette
réconciliation. En ce qui concerne la seconde objection, il faut rappeler
que le MP « Summorum Pontificum » n’a pas été conçu pour la FSSPX, ces
derniers avaient déjà ce qui a été concédé par le MP « Summorum Pontificum »
et ils n’en avaient donc pas besoin (1).
Au contraire, le MP « Summorum Pontificum » se positionne dans l’unité et
la continuité, comme un développement organique et cohérent, avec le Motu
Proprio « Ecclesia Dei Adflicta » de Jean-Paul II, avec le quel le Pape
polonais a voulu sauver tant de catholiques, égarés et confus, et en risque
de schisme, à la suite des ordinations épiscopales de Mgr Lefebvre. Benoit
XVI affirme en outre que le MP « Summorum Pontificum » a été conçu comme un
instrument pour les besoins d’une réconciliation de l’Église avec elle-même
(op. cit.) et c’est pourquoi il a également promulgué le Motu Proprio
« Ecclesiae Unitatem », qui intégrait la Commission pontificale « Ecclesia
Dei » au dans la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ce chemin a trouvé
une fin heureuse avec le Motu Proprio de François de janvier 2019 qui, en
supprimant la Commission pontificale Ecclesia Dei et en constituant une
section spécifique au sein de la CDF, affirmant ainsi que les réalités en
question avaient aujourd’hui trouvé leur stabilité propre de nombre et de
vie, le Pape orientait ces groupes et ces réalités ecclésiales vers une
dimension ordinaire et régulière de la vie de l’Église. Dans son motu
proprio, le pape François confiait à cette nouvelle section de la CDF la
mission de « poursuivre le travail de vigilance, de promotion et de soutien
jusqu’ici mené par la CPED supprimée ».
Les évêques les plus sensibles à la question font remarquer que
l’ancienne liturgie est un trésor à protéger et à sauvegarder pour
l’Église : il est bon de trouver l’unité avec le passé, mais également de
savoir aller de l’avant sur un chemin de développement cohérent, de progrès
et de rencontre, dans la mesure du possible avec les fidèles en question.
Dans la mesure où l’on crée une pacification au niveau diocésain, on ne
court par le risque d’avoir deux Églises, comme le craignent certains
prélats, qui font à leur tour remarquer que ce qui certains groupes de
fidèles de la « Forme extraordinaire » se distinguent par le rejet du
Concile Vatican II. Ceci est en partie vrai, mais on ne peut pas en faire
une généralité. Pour ces cas-là également, on remarque que l’attention
pastorale de l’évêque a été déterminante pour calmer les esprits agités et
pour éclaircir les idées de certains membres des groupes stables.
Les évêques notent en outre la croissance des vocations dans les anciens
instituts « Ecclesia Dei ». Surtout dans le monde anglophone et francophone,
mais également de langue espagnole et portugaise. De nombreux jeunes
choisissent d’entrer dans les instituts « Ecclesia Dei » pour leur formation
sacerdotale et religieuse, plutôt que d’aller dans les diocèses, au grand
dam de certains évêques… En effet, ces dernières années, la IVe Section a
enregistré une augmentation considérable des vocations dans les instituts
qui dépendent d’elle, ainsi qu’un plus grand engagement de ces derniers dans
la formation spirituelle et intellectuelle des candidats à la vie
sacerdotale et religieuse, toutes proportions gardées bien sûr, s’agissant
de réalités qui restent mineures mais non pas minoritaires par rapport au
reste de l’Église.
Les évêques des régions hispanophones, en général, ne semblent pas
manifester un grand intérêt au MP « Summorum Pontificum » — même si de
nombreux fidèles réclament l’ancienne liturgie sur leur territoire.
Pareillement, les réponses des évêques italiens, révèlent que ces derniers
n’ont pas beaucoup d’égards pour la « Forme extraordinaire » et les mesures
prises la concernant, mis à part quelques exceptions. Les fidèles, en
revanche, sont très reconnaissants à Benoît XVI et au Pape François parce
que le MP « Summorum Pontificum » leur a permis de sortir d’une vie d’Église
de clandestinité, de rejet, de dérision et d’abus de pouvoir de la part
certains évêques dont même certains de leurs prêtres ont fait les frais.
Concernant les demandes des fidèles, ces dernières années, plusieurs groupes
stables se sont formés, et plusieurs d’entre eux se sont constitués en
associations réclamant la Sainte Messe dans la liturgie latine et
grégorienne.
Certains évêques souhaiteraient le retour à une situation d’indult dans
le but de disposer d’un plus grand contrôle et de gestion de la situation.
Mais la plus grande partie des évêques ayant répondu au questionnaire
affirme que toucher au MP « Summorum Pontificum », par des changements
législatifs, causerait davantage de dégâts qu’autre chose. Un changement
serait gravement préjudiciable à la vie de l’Église, que ce soit en
supprimant ou en affaiblissant le MP « Summorum Pontificum » parce que cela
recréerait les situations d’opposition apaisées par ce dernier. Voici ce que
déclare l’Archevêque de Milan : « J’ai l’impression que toute intervention
explicite pourrait causer plus de dégâts que d’avantages : si l’on confirme
la ligne du MP ‘Summorum Pontificum’, les réactions de perplexité du clergé
(et pas seulement) recommenceront de plus belle. Si l’on rejette la ligne du
MP ‘Summorum Pontificum’, ce sont les réactions de dissidence et de
ressentiment des partisans de l’ancien rite qui recommenceront de plus belle
». Il est donc préférable de poursuivre le chemin déjà entrepris sans créer
d’autres secousses.
D’autres estiment qu’en cas de changement éventuel, la Saint-Siège, entre
autres, favoriserait la fuite hors de l’Église des fidèles déçus vers la
Fraternité Saint Pie X ou dans d’autres groupes schismatiques et ce que cela
reviendrait à donner raison à ceux qui soutiennent l’idée qu’il ne faut
jamais faire confiance à « une Rome qui donne d’une main pour mieux
reprendre de l’autre ». Changer les normes en vigueur provoquerait donc une
reprise des guerres liturgiques. Cela pourrait également favoriser la
naissance d’un nouveau schisme. En outre, cela délégitimerait deux papes,
Jean-Paul II et Benoît XVI, qui s’étaient engagés pour ne pas abandonner ces
fidèles (cf. Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta » de 1988 ; MP « Summorum
Pontificum » de 2007) ;
Une idée que l’on retrouve de temps en temps dans les réponses, et qui
pourrait constituer la conclusion de cette synthèse, serait la suivante :
tout en réaffirmant le caractère indiscutable de la réforme née après le
Concile Vatican II, il conviendrait de développer dans les séminaires et les
différentes facultés ecclésiastiques des sessions concernant l’étude des
deux formes de l’unique Rite Romain dans le but de faire apprécier la
richesse immense au service de la célébration du mystère chrétien tout
entier dans son unicité dans toute l’Église et de créer des situations
apaisées pour la célébration de cette liturgie dans les Églises locales,
avec des prêtres formés à la célébrer.
Pour conclure, un évêque des Philippines a affirmé, dans la réponse
finale au questionnaire : « Laissons les gens libres de choisir ». Et Benoît
XVI, à l’occasion d’une visite apostolique en France en 2008, déclarait à la
Conférence des évêques sur le MP « Summorum Pontificum » : « Je mesure les
difficultés qui sont les vôtres, mais je ne doute pas que vous puissiez
parvenir, en temps raisonnable, à des solutions satisfaisantes pour tous,
afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davantage. Nul
n’est de trop dans l’Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s’y sentir
chez lui, et jamais rejeté. Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en
perdre aucun nous confie cette mission de Pasteurs, en faisant de nous les
Bergers de ses brebis. Nous ne pouvons que Lui rendre grâce de l’honneur et
de la confiance qu’Il nous fait. Efforçons-nous donc toujours d’être des
serviteurs de l’unité ! ». Le Pape François a repris et s’est approprié
cette expression de Benoît XVI, la réaffirmant contre toute forme de
division et d’exclusion dans l’Église. Au fond, ces paroles pourraient
constituer un critère d’évaluation, de jugement et une ligne de conduite
pour nous aujourd’hui.
(1) Il suffit de préciser que les documents en question ne mentionnent
pas la FSSPX. En outre, il convient de lire l’interprétation authentique
qu’en donne le Législateur lui-même dans le livre entretien sur sa vie, en
réponse à Peter Seewald dans « Ultime Conversazioni » à la p. 189, où il dit
ceci : « il est absolument faux d’affirmer » qu’il voulait le MP «
Summorum
Pontificum » pour la FSSPX.
Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.07.2025
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