Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique par Anne Speeckaert et www.JesusMarie.com
Petit Journal de Sœur Faustine
890. 21. I. 1937. Aujourd’hui, dès ce matin, je suis étrangement unie au
Seigneur. Dans la soirée, le prêtre de l’hôpital est venu me voir. Après un
moment de conversation, je sentis que mon esprit commençait à se plonger
davantage en Dieu et j’ai commencé à perdre la notion de ce qui se passait
autour de moi. J’ai prié ardemment Jésus : « Donnez-moi la possibilité de
causer ». Et le Seigneur me l’a donnée. Je pouvais parler aisément. Mais il
y eut un moment où je n’ai pas compris ce que le prêtre a dit. J’entendais
sa voix, mais il ne m’était pas possible de le comprendre. Je lui ai demandé
pardon de ne pas comprendre ses paroles bien que j’entendisse sa voix.
C’était un instant de cette grâce d’union avec Dieu, mais imparfaite, car
les sens agissant extérieurement, mais également d’une manière imparfaite,
il n’y a pas de complète fusion en Dieu, c'est-à-dire de suspension des
sens, comme cela arrive souvent : On entend ni ne voit rien de l’extérieur.
L’âme entière est aisément toute plongée en Dieu. Lorsque j’éprouve cette
grâce, je désire être seule. Je prie Jésus qu’Il me mette à l’abri des
regards des créatures. J’avais vraiment bien honte devant ce prêtre. Mais je
me suis tranquillisée, car il a eu un peu connaissance de mon âme par la
confession.
891. Aujourd’hui le Seigneur me fit connaître en esprit le couvent de la
miséricorde divine. J’ai vu dans ce couvent une haute spiritualité mais tout
était pauvre et très simple. Ô mon Jésus, Vous me faites demeurer en esprit
avec ces âmes, mais peut-être mon pied ne se posera-t-il jamais là-bas !
Mais que Votre Nom soit béni et qu’il en soit selon Votre Volonté.
892. 22. I. 1937. C’est aujourd’hui vendredi. Mon âme est dans une mer de
souffrances. Les pécheurs m’ont tout pris, mais c’est bien pour eux. J’ai
tout donné afin qu’ils connaissent Votre bonté et Votre infinie miséricorde.
Quant à moi, je vous resterai fidèle sous les arcs-en-ciel comme dans les
orages.
893. Aujourd’hui, le médecin a décidé que je ne devais pas aller à la Sainte
Messe, mais seulement à la Sainte communion. Je désirais beaucoup assister à
la Sainte Messe, mais mon confesseur, d’accord avec le médecin, m’a dit
d’être obéissante ; « La volonté de Dieu, ma Sœur, est que vous soyez bien
portante. Il vous est défendu de vous mortifier en quoi que ce soit. Soyez
obéissante et Dieu vous en récompensera. J’ai senti que ces paroles du
confesseur étaient les paroles de Jésus. Et quoique je regrette de manquer
la Sainte Messe, durant laquelle Dieu me donnait la grâce de voir le petit
Enfant-Jésus, cependant je préfère l’obéissance à tout autre chose.
Je m’était plongée dans l’oraison et je récitais la pénitence lorsque
soudain j’ai aperçu le Seigneur qui m’a dit : « Ma fille, sache que tu me
rends une plus grande gloire par un acte d’obéissance que par de longues
prières et des mortifications. » Oh ! Qu’il est bon de vivre dans
l’obéissance, en ayant conscience que tout ce que je fais est agréable à
Dieu !
894. 23. I. 1937. Aujourd’hui je n’avais pas envie d’écrire. Soudain j’ai
entendu dans mon âme une voix : « Ma fille, tu ne vis pas pour toi, mais
pour les âmes. Ecris pour leur profit. Tu sais que Ma volonté quant à tes
écrits, t’a été bien souvent confirmée par tes confesseurs. Tu sais ce qui
M’est agréable et si tu as quelques doutes quant à Ma parole, tu sais aussi
qui tu dois interroger. Je lui donne la lumière pour qu’il juge Mon affaire.
Mon œil veille sur lui. Ma fille, tu dois être, comme un enfant envers lui,
pleine de candeur et de franchise. Préfère son opinion à toutes Mes
exigences ! Il te conduira selon Ma volonté. S’il ne te permet pas
d’accomplir Mes exigences, sois tranquille, Je ne te jugerai pas. Cette
affaire restera entre Moi et lui. Toi, tu dois être obéissante ! »
895. 25. I. 1937. Mon âme est plongée aujourd’hui dans l’amertume. Ô Jésus,
ô mon Jésus, à chacun il est permis de me donner de la souffrance. Et Vous,
ô Jésus, Vous avez le devoir de me donner puissance et force en ces durs
moments. Hostie Sainte, soutiens-moi et ferme mes lèvres au murmure et à la
plainte ! Lorsque je fais silence, je sais que je remporte la victoire.
896. 27. I. 1937. Je sens une amélioration considérable de ma santé. Jésus
me ramène des portes de la mort à la vie, puisque j’ai manqué mourir. Et
voilà que le Seigneur m’accorde pleinement la vie. Quoique je doive encore
rester au sanatorium, je suis déjà presque bien portante. Je vois que la
volonté ne s’est pas encore accomplie en moi, c’est pourquoi je dois vivre.
Car je sais bien que, si j’accomplis tout ce que Dieu a décidé à mon égard
sur la terre. Il ne me laissera pas plus longtemps en exil car ma maison
c’est le Ciel. Mais avant d’entrer dans la Patrie, nous devons accomplir la
volonté divine sur la terre, c’est-à-dire que les épreuves et les luttes
doivent œuvrer en nous.
897. Ô mon Jésus, Vous me redonnez la santé et la vie. Donnez-moi donc la
force de combattre, car sans Vous, je ne suis capable de rien. Donnez-moi la
force, car vous pouvez tout ! Vous voyez que je ne suis qu’une frêle enfant,
que puis-je ? Je connais toute la puissance de Votre miséricorde. Et j’ai
pleine confiance que Vous me donnerez tout ce dont Votre faible enfant a
besoin.
898. Comme j’ai beaucoup désiré la mort, je ne sais si j’aurai encore dans
la vie une telle nostalgie de Dieu. Il y eut des moments où je tombais en
défaillance à cause de cela. Oh ! Que la terre est vilaine quand on connaît
le Ciel. Je dois me faire violence pour vivre. Ô volonté divine, tu es ma
nourriture !
899. Oh ! Que la vie est grise et pleine de choses incompréhensibles ! J’y
exerce ma patience et puis vient l’expérience. Je comprends beaucoup et
j’apprends chaque jour. Je vois que je sais peu et je découvre constamment
des fautes dans ma conduite. Mais cela ne me décourage pas. Je remercie
seulement Dieu de daigner m’accorder Sa lumière pour me connaître moi-même.
900. Il y a une personne qui met ma patience à rude épreuve, je dois lui
consacrer beaucoup de temps. Quand je cause avec elle, je sens qu’elle ment
continuellement. Et parce qu’elle me parle de choses lointaines que je ne
puis vérifier, ce mensonge lui échappe. Mais je suis intérieurement
persuadée qu’il n’y a aucune vérité dans ce qu’elle dit. Lorsqu’une fois
j’ai été prise de doutes me demandant si c’était moi qui me trompais et que
peut-être elle disait la vérité, j’ai prié Jésus de me donner le signe
suivant. Si réellement elle mentait qu’elle me l’avoue elle-même quel que
fut le sujet sur lequel j’avais la certitude qu’elle mentait. Et si elle
disait la vérité, que Jésus m’ôte la conviction qu’elle ment. Un moment
après, elle vint me voir à nouveau et me dit : « Je vous demande bien
pardon, ma sœur, mais j’ai menti en disant telle et telle chose. » J’ai
compris que la lumière que j’avais intérieurement sur cette personne, ne me
trompait pas.
901. 29. I. 1937. Aujourd’hui j’ai dormi trop longtemps. Je n’avais qu’un
court instant pour ne pas être en retard pour la Sainte Communion, car la
chapelle est à un bon bout de chemin de notre section. Quand je suis sortie
la neige arrivait à la hauteur des genoux. Mais avant d’avoir réfléchi que
le médecin ne me permettait pas d’aller par une telle neige, j’étais déjà
chez le Seigneur à la chapelle. J’ai communié et je suis revenue tout de
suite. J’ai entendu dans mon âme ces paroles : « Ma fille, repose près de
Mon Cœur ! Je vois tes efforts. » Mon âme se trouve encore plus heureuse
lorsque je suis près du Cœur de mon Dieu.
30. I. 1937. Retraite d’un jour.
Je reconnais de plus en plus la grandeur de Dieu et je jouis de Lui. Je
demeure sans cesse avec Lui dans la profondeur de mon cœur. C’est dans ma
propre âme qu’il m’est le plus facile de trouver Dieu.
903. Pendant la méditation j’ai entendu ces paroles : « Ma fille, c’est pour
la patiente soumission à Ma volonté, que tu me rends la plus grande gloire.
Et toi-même, tu gagnes un si grand mérite que ni par les jeunes, ni par
aucune mortification tu ne l’obtiendrais sans cela. Saches, Ma fille, que si
tu soumets ta volonté à la Mienne, tu t’attires Ma prédilection. Ce
sacrifice M’est agréable. Il est plein de douceur pour Moi. Je me complais
en lui, il a de la puissance. »
904. Examen de conscience : toujours la même chose, m’unir au Christ
Miséricordieux. Pratique : le silence intérieur, c’est-à-dire garder
strictement le silence.
905. Dans les moments difficiles, je fixerai mes regards sur le Cœur
pacifiant de Jésus étendu sur la Croix. Et de Son Cœur Miséricordieux,
brûlant d’amour, jailliront pour moi puissance et force pour soutenir la
lutte.
906. Chose étrange, un canari vient en hiver, sous ma fenêtre et chante très
joliment pendant un moment. Je voulais m’assurer qu’il était peut-être
quelque part ici dans une cage. Mais non, il n’est nulle part, pas même dans
la seconde section. Une des malades l’a aussi entendu, mais une fois
seulement. Et elle est s’est étonnée qu’un canari chante par un temps si
glacial.
907. Ô Jésus, combien j’ai pitié des pauvres pécheurs. Jésus, accordez-leur
la contrition et le repentir. Souvenez-Vous de Votre douloureuse passion. Je
connais Votre infinie miséricorde. Je ne peux supporter qu’une âme qui Vous
a tant coûté, périsse.
Jésus, donnez-moi les âmes des pécheurs. Que Votre miséricorde repose en
elles. Prenez-moi tout, mais donnez-moi les âmes. Je désire devenir hostie
de sacrifice pour les pécheurs. Que l’enveloppe du corps cache mon offrande,
puisque Votre sacré-Cœur est aussi caché dans l’hostie et que Vous êtes
Vous-même une vivante offrande. Transfigurez-moi en Vous Jésus, pour que je
sois une offrande vivante et agréable pour Vous. Je désire Vous donner
satisfaction à tout moment pour les pauvres pécheurs. L’offrande de mon âme
se cache sous l’enveloppe du corps, l’œil humain ne l’atteint pas. C’est
pour cela qu’elle est pure et qu’elle Vous est agréable. Ô mon Créateur,
Père de grande miséricorde, j’ai confiance en Vous, car Vous êtes la bonté
même ! N’ayez pas peur de Dieu, vous, les âmes ! Mais ayez confiance en Lui,
car Il est bon et Sa miséricorde est infinie.
908. Nous nous connaissons mutuellement, le Seigneur et moi dans la demeure
de mon cœur. Oui, c’est moi, qui vous accueille maintenant. Vous êtes mon
Hôte dans la maisonnette de mon cœur. Mais le temps approche où Vous
m’inviterez en Votre demeure, celle que Vous m’avez préparée depuis la
création du monde. Oh ! Que suis-je comparée à Vous Seigneur !
909. Le Seigneur me conduit dans un monde, qui m’est inconnu. Il me fait
connaître Sa grande grâce. Mais moi, j’en ai peur et autant qu’il me sera
possible, je ne me soumettrai pas à Son influence jusqu’à ce que je me sois
assurée auprès de mon directeur de ce qu’est cette grâce.
910. À un certain moment la présence de Dieu transperça tout mon être et mon
esprit fut étrangement éclairé en ce qui concerne l’Être Divin. Il m’a
admise à la connaissance de Sa vie intérieure. J’ai vu en esprit les Trois
Personnes Divines, mais Leur Être est un. Il est Seul, Seul et unique, mais
en Trois Personnes. Aucune d’Elles n’est ni plus petite, ni plus grande. Il
n’y a de différence ni en beauté, ni en sainteté, car Elles sont Un. Elles
sont absolument Un. Son amour m’a transportée dans cette connaissance, et
m’a unie à Lui. Lorsque j’étais unie à Une Personne, j’étais également unie
à la Seconde, et à la Troisième. Car lorsque nous nous unissons à l’Une des
personnes de la sainte Trinité, par là même nous nous unissons également aux
Deux autres. Une est Leur volonté. Un est Dieu, quoique en Trois Personnes.
Lorsque l’âme est en relation avec l’Une des trois Personnes, par la
puissance de la Même Unique Volonté, elle se trouve unie aux Trois
Personnes. Et elle est inondée du bonheur qui procède de la Sainte Trinité.
Les saints se nourrissent de ce bonheur. Semblable bonheur jaillit de la
Sainte Trinité, rends heureux tout ce qui est créé, fait jaillir la vie,
donne et entretien toute vie qui prend son commencement en Lui ! En ces
moments, mon âme a éprouvé de si grands délices divins qu’il m’est difficile
de l’exprimer. Soudain, j’ai entendu ces paroles ainsi formulées : « Je veux
t’épouser ». La peur transit mon âme.
911. Mais sans inquiétude, je considérais quelles pouvaient être ces
épousailles. Cependant à chaque fois la peur transperce mon âme. Mais mon
âme reste calme cependant, d’un calme soutenu par la grâce d’En-Haut.
Cependant, j’ai fait mes vœux perpétuels, et je les ai faits avec une
volonté sincère et consciente. J’ai donc continué à m’interroger sur ce que
cela signifiait. Je sens et je pénètre que c’est une grâce exceptionnelle.
Quand je la considère, je défaille après Dieu. Mais en cette défaillance mon
esprit reste clair et pénétré de lumière.
Lorsque je suis unie à Lui, je défaille d’un excès de bonheur, mais mon
esprit est clair et pur, sans ombres. Vous abaissez Votre Majesté pour
demeurer avec une pauvre créature. Merci, Seigneur, pour cette grande grâce
qui me rend capable d’avoir des relations avec Vous Jésus. Votre Nom est un
délice pour moi. Je pressens de loin mon Bien-Aimé et mon âme languissante
repose dans Ses bras. Je ne peux pas vivre sans Lui. J’aime mieux être avec
Lui dans les souffrances et les supplices, que sans Lui dans les plus grands
délices du Ciel.
912. 2. II. 1937. Un recueillement divin pénètre aujourd’hui mon âme depuis
le matin. Pendant la Sainte Messe, je pensais voir le petit Jésus comme je
le vois souvent. Cependant aujourd’hui j’ai vu Jésus crucifié pendant la
Sainte Messe. Jésus était cloué à la Croix et dans de grands supplices. Mon
âme et mon corps furent pénétrés des souffrances de Jésus de façon
réellement douloureuse, quoique invisible.
913. Oh ! Quels terribles mystères ont lieu pendant la Sainte Messe. Un
grand mystère s’accomplit pendant la Sainte Messe. Avec quelle piété
devrions-nous écouter et prendre part à cette mort de Jésus. Nous
connaîtrons un jour ce que Dieu accomplit pour nous à chaque Messe et quel
don Il y prépare pour nous. Seul Son amour divin a pu vouloir nous gratifier
d’un tel don. Ô Jésus, mon Jésus, mon âme est pénétrée d’une si grande
douleur quand je vois cette source de vie jaillissant avec tant de douceur
et de puissance pour chaque âme et que je vois aussi, malgré cela des âmes
flétries et qui dépérissent par leur propre faute. Ô mon Jésus, faites que
la puissance de la miséricorde s’empare de ces âmes !
914. Ô Marie, c’est aujourd’hui que le terrible glaive pénétra Votre Sainte
âme ! A part Dieu, personne ne connaît Votre souffrance. Votre âme n’est pas
brisée, mais elle est courageuse, car elle est avec Jésus. Douce Vierge,
unissez mon âme à Jésus, car ce n’est qu’alors que je pourrai endurer toutes
les épreuves et les expériences. Et ce n’est qu’en union avec Jésus que mes
petits sacrifices seront agréables à Dieu. Très douce Mère, instruisez-moi
de la vie intérieure. Que le glaive des souffrances ne me brise jamais ! Ô
Vierge pure, versez en mon cœur le courage, et gardez-le !
915. Aujourd’hui est un jour exceptionnel pour moi, quoique j’aie éprouvé
beaucoup de souffrances, mon âme est inondée d’une grande joie. Dans la
chambre voisine il y avait une juive très malade. Je suis allée la voir il y
a trois jours, et j’ai ressenti une douleur en mon âme en voyant qu’elle
allait mourir bientôt et que la grâce de Saint baptême ne laverait pas son
âme. J’ai parlé avec la Sœur garde-malade de ce qu’il faudrait la baptiser
quand viendra le dernier moment. Mais il y avait une difficulté, c’est que
les Juifs l’entouraient constamment. Cependant j’ai senti une inspiration en
mon âme, celle de prier devant l’image que Jésus m’a fait peindre. J’ai ma
brochure et sur la couverture il y a une reproduction de l’image de la
miséricorde divine. J’ai dit au Seigneur : « Jésus, Vous m’avez dit
Vous-même que Vous accorderez beaucoup de grâces par cette image. Je Vous
prie donc de donner la grâce du Saint Baptême à cette Juive. Peu importe qui
la baptisera, pourvu qu’elle soit baptisée. » Après ces mots, je me suis
sentie étrangement tranquillisée et j’ai une complète certitude que malgré
les difficultés, l’eau du saint Baptême coulera sur son âme.
Et la nuit alors qu’elle était très faible, je me suis levée trois fois pour
veiller, guettant le moment propice de pouvoir lui accorder cette grâce. Le
matin, elle se sentait un peu mieux. Dans l’après-midi le dernier moment
commença à approcher. La Sœur garde-malade a dit, qu’il sera difficile de
lui accorder cette grâce, car ils sont près d’elle. Le moment est venu où la
malade commença à perdre connaissance, ils ont alors commencé à sortir, les
uns pour chercher le médecin, les autres ailleurs, pour sauver la malade. Et
il est arrivé qu’elle est demeurée seule et la Sœur garde-malade lui
administra le Saint baptême. Et avant qu’ils fussent tous revenus, son âme
était bien belle, ornée de la grâce de Dieu et l’agonie commença de suite.
Elle dura peu de temps et la malade semblait s’être endormie. Soudain j’ai
vu son âme d’une délicieuse beauté entrant dans le Ciel. Oh ! Quelle est
belle l’âme habitée de la grâce sanctifiante ! La joie a régné dans mon âme
parce que je lui ai obtenu une si grande grâce en priant devant cette image
!
916. Que la miséricorde divine est grande ! Que chaque âme la loue ! Ô mon
Jésus, cette âme va Vous chanter l’hymne de la miséricorde pendant toute
l’éternité !
Je n’oublierai pas l’impression que j’éprouvais dans mon âme ce jour là.
C’est déjà la seconde grâce que j’ai obtenue ici pour les âmes devant cette
image. Oh ! Que le Seigneur est bon et plein de pitié ! Jésus, comme je Vous
remercie pour ces grâces !
917. 5. II. 1937. Mon Jésus, malgré tout, je désire beaucoup m’unir à Vous.
Jésus, si cela se peut, prenez-moi chez Vous, car il me semble que mon cœur
va mourir de nostalgie de Vous ! Oh ! Combien je ressens que je suis en exil
! Quand donc me trouverai-je dans la maison de notre Père et quand vais-je
m’abreuver du bonheur qui jaillit de la Sainte Trinité ? Mais si Votre
Volonté est que je vive encore et que je souffre, alors je désire ce que
Vous m’avez destiné. Gardez-moi sur terre tant qu’il Vous plaira, serait-ce
jusqu’à la fin du monde. Ô volonté de mon Seigneur, soit le délice et
l’émerveillement de mon âme ! Bien que la terre soit si peuplée, je me sens
toute seule et la terre m’est un terrible désert. Ô Jésus, Jésus, Vous savez
et connaissez la grande ardeur de mon cœur, Vous seul, Ô Seigneur, pouvez me
combler !.
918. Aujourd’hui, lorsque j’ai fait la remarque à une certaine jeune fille
que de causer des heures entières dans un corridor avec des hommes ne
convenait pas à une jeune fille comme il faut, elle m’a demandé pardon et
m’a promis de se corriger. Puis elle s’est mise à pleurer lorsqu’elle a
reconnu sa déraison. Quand je lui ai dit ces quelques mots à propos de la
morale, les hommes de la salle entière sont accouru et ont écouté cette
instruction. Même les Juifs en ont entendu quelque peu à leur propos. Une
certaine personne m’a dit après qu’ils avaient appliqué l’oreille au mur et
avaient écouté avec recueillement. Je sentais étrangement qu’ils écoutaient,
mais j’ai dit ce que j’avais à dire. Les murs ici sont si minces que l’on
entend même si l’on parle bas.
919. Il y a ici chez nous une personne qui autrefois était notre élève, et
naturellement elle met ma patience à l’épreuve. Elle me rend visite
plusieurs fois par jour. Après chacune de ses visites, je suis fatiguée.
Mais je vois que Jésus m’a envoyé cette âme. Soyez loué en tout, ô Seigneur
! La patience rend gloire à Dieu. Oh ! Que les âmes sont pauvres !
920. 6. II. 1937. Aujourd’hui le Seigneur m’a dit : « Ma fille, on me dit
que tu possèdes beaucoup de simplicité, pourquoi donc ne Me parles-tu pas de
tout ce qui te concerne, même des moindres détails ? Parle-Moi de tout !
Sache, que cela Me procure beaucoup de joie ! » J’ai répondu : « Mais
puisque Vous savez tout, Seigneur ! » Jésus m’a répondu : « Oui, Je sais
tout. Mais le fait que Je sache ne t’excuse pas, toi. Dis-moi tout avec la
simplicité d’un enfant, parce que J’ai l’oreille et le Cœur à ton écoute et
que ta parole M’est agréable. »
921. Lorsque j’ai commencé cette grande neuvaine à trois intentions, j’ai
aperçu par terre un petit ver et j’ai pensé : « Comment est-il arrivé ici au
milieu de l’hiver ? » Alors j’ai entendu dans mon âme ces mots : « Vois-tu,
je pense à lui et je l’entretiens. Et qu’est-il en comparaison à toi ?
Pourquoi ton âme s’est-elle inquiétée durant un instant ? » J’ai demandé
pardon au Seigneur pour cet instant. Jésus veut que je sois toujours une
enfant, que je m’en remette à Lui de tout souci et que je me soumette
aveuglement à Sa Sainte Volonté. Lui se charge de tout.
922. 7. II. 1937. Aujourd’hui le Seigneur m’a dit : J’exige de toi une
offrande parfaite et l’holocauste de ta volonté. Aucune autre offrande ne
peut être comparée à celle-là. Je dirige Moi-même ta vie et J’arrange tout
de manière à ce que tu Me sois une continuelle offrande et que tu fasses
toujours Ma volonté. Pour faire cette offrande tu vas t’unir à Moi sur la
Croix. Je sais ce que tu peux. Je vais te commander beaucoup de choses
directement. Je vais retarder la possibilité de leur accomplissement et les
subordonner aux autres. Mais ce que les Supérieures n’atteindront pas, Je
vais l’accomplir Moi-même directement dans ton âme et, dans les plus
secrètes profondeurs. L’offrande sera parfaite et elle sera un holocauste,
non pour un temps seulement, mais sache le, Ma fille, cette offrande durera
jusqu’à la mort. Viendra le temps où Moi, le Seigneur Je réaliserai chacun
de tes désirs. J’ai une prédilection pour toi, comme pour une hostie
vivante. N’aie peur de rien, Je suis avec toi. »
923. Aujourd’hui j’ai reçu un billet de ma Supérieure disant qu’il m’est
défendu d’être au chevet des mourants et des agonisants. J’enverrai donc à
ma place l’obéissance et c’est elle qui soutiendra les âmes agonisantes.
Telle est la volonté divine, cela me suffit. Ce que je ne comprends pas
maintenant, je l’apprendrai plus tard.
924. 7. II. 1937. Aujourd’hui, j’ai prié plus ardemment que jamais à
l’intention du Saint Père et de trois prêtres pour que Dieu les inspire sur
ce qu’Il attend de moi, car c’est d’eux que dépend la réalisation. Oh !
Comme je suis contente que le Saint Père se porte mieux. J’ai entendu
aujourd’hui Son allocution au Congrès Eucharistique et je me suis
transportée là-bas en esprit pour recevoir la bénédiction apostolique.
925. 9. II. 1937. Fin du carnaval. En ces deux derniers jours du carnaval,
il m’a été donné de voir la multitude des punitions et des péchés. Le
Seigneur m’a fait connaître en un instant les péchés du monde entier commis
en ces jours. Je me suis évanouie de frayeur et, bien que je connaisse toute
la profondeur de la miséricorde divine, je suis étonnée que Dieu permette à
l’humanité d’exister. Et le Seigneur me fit comprendre que ce qui soutient
l’existence de cette humanité, ce sont les âmes choisies. Lorsque la mesure
de ceux qui sont choisis sera comble, le monde cessera d’exister.
Pendant ces deux jours, j’ai communié avec une intention d’expiation et j’ai
dit au Seigneur : « Jésus, j’offre tout, aujourd’hui, pour les pécheurs.
926. Que les coups de Votre Justice retombent sur moi et que l’océan de la
miséricorde engloutisse les pauvres pécheurs. » Le Seigneur entendit ma
demande et beaucoup d’âmes sont revenues à Lui, tandis que moi, j’agonisais
sous le joug de la justice divine. Je sentais que j’étais l’objet de la
colère du Dieu Très Haut. Le soir j’ai souffert d’un tel délaissement
spirituel que des gémissements s’élevaient involontairement de ma poitrine.
J’ai fermé la porte de ma chambre à clef et j’ai commencé l’adoration,
c’est-à-dire l’Heure Sainte. L’abandon intérieur et la justice divine que je
ressentais, me tinrent lieu d’oraison. Les gémissements et la douleur qui
s’élevaient de mon âme, prirent la place de la douce conversation avec le
Seigneur.
927. Soudain, j’ai aperçu le Seigneur, qui me pressa contre Son Cœur et me
dit : « Ma fille, ne pleure pas, car je ne puis supporter tes larmes. Je te
donnerai tout ce que tu demandes, mais cesse de pleurer. » Une grande joie
m’envahit et mon esprit, comme d’habitude se perdit en Lui comme en son
unique trésor. Ce jour-là, encouragée par Sa bonté, j’ai causé plus
longtemps avec Jésus.
928. Tandis que je reposais près de Son doux Cœur, je Lui ai dit : « Jésus,
j’ai tant à Vous dire. » Et le Seigneur me dit aimablement : « Parle, Ma
fille ! ». J’ai commencé à me répandre en plaintes sur les douleurs de mon
cœur : C'est-à-dire que toute l’humanité me tient tant à coeur que tous ne
Vous connaissent pas autant que Vous êtes digne d’être aimé. D’autre part je
vois combien les pécheurs Vous offensent terriblement ou bien je vois aussi
comme les fidèles sont opprimés et persécutés, surtout Vos serviteurs. Je
vois aussi beaucoup d’âmes qui courent aveuglément vers le terrible gouffre
de l’enfer. Voilà Jésus la douleur qui s’enfonce dans mon cœur et mes os !
Quoique Vous me favorisiez de Votre amour particulier et inondiez mon cœur
des torrents de Vos joies, pourtant cela n’apaise pas les souffrances que je
Vous ai citées ? Mais bien au contraire, elles pénètrent plus vivement mon
pauvre cœur. Oh ! Comme je désire ardemment que toute l’humanité se tourne
avec confiance vers Votre miséricorde. Alors mon cœur sera soulagé en voyant
la gloire de Votre Nom.
Jésus a écouté ces épanchements de mon cœur gravement et avec intérêt, comme
s’Il n’en savait rien, comme s’Il cachait de moi Sa connaissance de ces
choses. Et moi, j’étais comme gênée de ce que je disais. Le Seigneur m’a dit
« Ma fille, la parole de ton cœur M’est agréable et par la récitation de ce
chapelet tu rapproches l’humanité de Moi. » Après cela je me suis vue seule,
mais la présence de Dieu est toujours dans mon âme.
929. Ô mon Jésus, quand j’irai vers Vous et que Vous me comblerez de
Vous-même, ce sera pour moi la plénitude du bonheur. Pourtant je n’oublierai
pas l’humanité. Je désire soulever le voile du ciel pour que la terre ne
doute pas de la miséricorde divine. Mon repos sera de proclamer Votre
miséricorde. L’âme rend la plus grande à son Créateur lorsqu’elle se tourne
avec confiance vers la miséricorde divine.
930. C’est aujourd’hui le Mercredi des Cendres. Pendant la Sainte Messe j’ai
ressenti un court instant la Passion de Jésus dans mes membres. Le Carême
est un temps particulièrement favorable pour les travaux sacerdotaux. Il
faut venir en aide aux prêtres pour sauver les âmes.
931. J’ai écrit, il y a quelques jours à mon directeur lui demandant la
permission de pratiquer certaines petites mortifications pendant le Carême.
Parce que je n’ai pas la permission du médecin d’aller en ville, j’ai du
régler cela par écrit, mais c’est déjà aujourd’hui Mercredi des Cendres et
je n’ai pas encore de réponse. Le matin, après la Sainte Communion, j’ai
prié Jésus d’éclairer mon directeur de Sa lumière pour que j’aie sa réponse.
Et j’ai eu connaissance dans mon âme que le Père n’est pas contraire à ce
que je pratique ces mortifications dont je lui ai parlées et qu’il
m’accordera sa permission. J’ai alors tranquillement commencé à les
pratiquer. Le même jour dans l’après-midi, je reçois une lettre de Père me
faisant savoir qu’il m’accorde volontiers la permission de pratiquer ce que
je lui avais demandé. J’étais très contente que ma connaissance intérieure
ait perçu avec justesse l’opinion de mon Père spirituel.
932. Alors j’ai entendu ces mots dans mon âme : « Tu recevras une plus
grande récompense pour ton obéissance et ta soumission envers le confesseur
que pour ces mortifications que tu vas t’imposer. Sache cela Ma fille, et
agis ainsi : la moindre chose, marquée du sceau de l’obéissance, est
agréable à Mon Cœur et grande à mes yeux ! »
933. Les petites pratiques pendant le Carême. Je ne puis plus m’imposer de
grandes mortifications comme auparavant, malgré mon grand désir et mon
envie, car je suis sous contrôle médical. Mais je peux pratiquer de petites
choses : - dormir sans oreiller – avoir un peu faim – chaque jour réciter le
chapelet que le Seigneur m’a appris, les mains étendues, - parfois prier les
mains étendues pendant un temps indéterminé sans formuler ma prière.
L’intention : obtenir aux pauvres pécheurs la miséricorde divine et aux
prêtres la puissance de briser la dureté des cœurs enclins au péché.
934. Mon union avec les âmes agonisantes est aussi étroite qu’avant.
J’accompagne souvent de bien loin une âme agonisante. Mais ma plus grande
joie est de voir la promesse de la miséricorde divine s’accomplir dans ces
âmes. Le Seigneur est fidèle à Ses promesses.
935. Une personne malade dans notre section de l’hôpital était en train de
mourir, elle était dans de grands tourments. Pendant trois jours, elle
agonisait par moments, puis elle reprenait connaissance. Tout le monde dans
la salle priait pour elle. Le désir me prit d’y aller aussi, mais la Mère
Supérieure m’avait défendu d’assister les agonisants. Je priai donc dans ma
chambre particulière pour cette âme, mais j’entendis qu’elle souffrait
encore et on ne savait pas quand cela pourrait finir. Alors soudain, quelque
chose m’a dit de prier Jésus et j’ai dit au Seigneur : « Jésus, si tout ce
que je fais Vous est agréable, je vous en prie, permettez, en témoignage que
cette pauvre âme ne souffre plus, mais qu’elle passe immédiatement au
bonheur éternel. » Quelques minutes après cela, j’ai appris qu’elle
s’éteignit si tranquillement et si vite qu’on n’a pas même eu le temps
d’allumer le cierge.
936. Je noterai encore un mot à propos de mon directeur de conscience. C’est
étrange qu’il y ait si peu de prêtres capables de donner à l’âme puissance,
courage et force, pour qu’elle continue d’avancer sans fatigue. Sous une
telle direction, l’âme, même si elle a peu de forces peut faire beaucoup
pour la gloire de Dieu. Et j’ai découvert ici un secret c’est que le
confesseur ou plutôt le directeur ne dédaigne pas les plus petites choses
que l’âme lui présente. Quand l’âme s’aperçoit qu’elle est contrôlée en
cela, elle commence à s’y exercer et ne manque pas la plus petite occasion
de pratiquer cette vertu et elle évite les moindres fautes. Et de ces
efforts s’élève dans l’âme un temple très beau, bâti de ces petites pierres.
Si, au contraire, l’âme se rend compte que le directeur dédaigne ces petites
choses, elle aussi commencera à les dédaigner. Elle cessera d’en rendre
compte à son confesseur. Et ce qui est pire encore, elle commencera à se
négliger dans les petits détails. Ainsi, au lieu d’avancer, elle reculera
lentement. Et elle ne s’en apercevra que lorsqu’elle tombera en des fautes
plus graves. Ici se pose une sérieuse question : qui est fautif ? Elle ou le
confesseur, c’est-à-dire le directeur ? Je pencherais plutôt pour le
directeur. Il me semble qu’il faut imputer toute la faute à l’imprudence du
directeur. La faute de l’âme est qu’elle s’est elle-même choisie son
directeur. Le directeur aurait pu mener l’âme à la sainteté par les voies de
la volonté divine. L’âme devrait prier très ardemment et très longtemps pour
avoir un directeur.
937. Et elle devrait demander que Dieu daigne Lui-même, lui en choisir un.
Ce qui commence en Dieu, sera à Dieu. Et ce qui commence d’une manière
purement humaine restera humain. Dieu est si miséricordieux que pour aider
l’âme, Il lui assigne Lui-même un chef spirituel. Et Il donnera à l’âme la
connaissance de la personne à qui l’âme doit dévoiler comme devant Jésus
Seul, ses plus secrètes profondeurs. Lorsque l’âme considèrera et
reconnaîtra que c’est Dieu qui dirige cela, qu’elle prie bien ardemment pour
ce directeur afin qu’il puisse bien la connaître à la lumière divine.
Qu’elle ne change pas de directeur, à moins que ne survienne quelque chose
de sérieux ! Comme elle a beaucoup prié pour connaître la volonté divine
avant le choix du directeur, de même si elle veut en changer, qu’elle prie
beaucoup et ardemment pour savoir si c’est vraiment la volonté divine
qu’elle en choisisse un autre. Si elle ne voit pas la volonté formelle de
Dieu, qu’elle n’en change pas ! Car seule l’âme n’ira pas loin et Satan ne
désire que cela, que l’âme qui aspire à la sainteté se dirige elle-même. Et
alors il n’y a pas de doute, elle n’arrivera pas à la sainteté. Il y a une
exception, c’est lorsque Dieu dirige l’âme directement Lui-même.
938. Mais le directeur s’apercevra tout de suite que l’âme est dirigée par
Dieu seul. Dieu lui permettra de reconnaître cela clairement et
distinctement. Dans ce cas l’âme doit être sous un contrôle plus strict
encore que d’autres. Et le rôle du directeur consistera moins à diriger et à
indiquer la voie que l’âme doit suivre, qu’à juger et à approuver que l’âme
est dans la bonne voie et qu’un bon esprit la dirige. Le directeur devrait
être non seulement saint, mais aussi expérimenté et prudent. L’âme devrait
préférer son opinion à l’opinion de Dieu même. Alors elle sera à l’abri des
illusions et des déviations. L’âme qui ne soumettrait pas ses inspirations
au strict contrôle de l’Eglise, c’est-à-dire de son directeur, par cela même
fait supposer qu’un mauvais esprit la dirige. Le directeur doit être très
prudent à cet égard et il doit éprouver l’âme par obéissance. Satan peut se
dissimuler sous le manteau de l’humilité. Mais il ne sait pas se revêtir du
manteau de l’obéissance.
Et là toute son action le trahit. Mais le directeur ne devrait pas avoir
trop peur. Car si Dieu remet cette âme exceptionnelle sous sa protection, Il
lui donnera aussi une grande lumière divine à cet égard. Autrement comment
pourrait-il juger les grands mystères qui se passent entre l’âme et Dieu ?
939. J’ai beaucoup souffert moi-même et j’ai été très éprouvée sous ce
rapport. C’est pourquoi j’écrit seulement ce que j’ai moi-même éprouvé. J’ai
fait beaucoup de neuvaines et de pénitences, j’ai récité beaucoup de prières
avant que Dieu ne m’envoie le prêtre qui comprendrait mon âme. Il y aurait
beaucoup plus d’âmes saintes, s’il y avait plus de directeurs expérimentés
et saints. Plus d’une âme, qui aspire sincèrement à la sainteté ne sait pas
se débrouiller seule quand viennent les moments d’épreuves. Et elle quitte
alors la voie de la perfection. Ô Jésus, donnez-nous des prêtres zélés et
saints !
940. Oh ! Quelle est grande la dignité du prêtre, mais comme sa
responsabilité est grande aussi ! On vous a beaucoup donné, ô prêtres, mais
on exigera aussi beaucoup de vous…
941. 11. II. 1937. C’est aujourd’hui vendredi. Pendant la Sainte Messe j’ai
ressenti des douleurs dans mon corps : dans mes mains, mes pieds et mon
côté. Jésus permet ceci comme expiation pour les pécheurs. Cela ne dure pas
longtemps, mais la souffrance est grande. Je ne souffre pas plus de quelques
minutes, mais j’en garde longtemps une très vive impression.
942. Aujourd’hui mon âme se sent si délaissée que je ne peux me l’expliquer
moi-même. Je voudrais me cacher aux yeux des hommes et pleurer sans fin.
Personne ne peut comprendre un cœur blessé par l’amour. Et quand il se sent
délaissé, personne ne le consolera. Ô âmes des pécheurs, vous m’avez pris le
Seigneur, mais c’est bien ainsi. Reconnaissez comme le Seigneur est doux.
Que tout l’océan de votre amertume m’inonde le cœur, je vous ai donné toutes
mes consolations divines !
943. A certains moments, lorsque je me méfie de moi-même, que je suis
totalement persuadée de ma faiblesse et de ma misère, j’ai compris que je ne
pourrai persévérer qu’en ayant confiance dans l’infinie miséricorde divine.
La patience, l’oraison et le silence : voilà ce qui donne des forces à
l’âme. Il y a des moments où l’âme doit se taire et où cela ne lui convient
pas de parler avec les créatures. C’est quand elle est mécontente
d’elle-même et qu’elle se sent faible comme un enfant. Alors, dans ces
moments-là, de toutes mes forces je reste près de Dieu, je vis exclusivement
de la foi. Et quand je me sens affermie par la grâce de Dieu, je suis plus
courageuse pour parler et entrer en relation avec mon prochain.
944. Dans la soirée, le Seigneur me dit : « Repose-toi, mon enfant, auprès
de Mon Cœur, Je vois que tu as beaucoup travaillé dans Ma vigne. » Et mon
âme fut inondée de joie divine.
945. 12. II. 1937. Aujourd’hui la présence de Dieu me pénètre comme un rayon
de soleil. Je languis tellement après Dieu que cela me fait défaillir à
chaque instant. Je sens que l’amour éternel touche mon cœur et ma petitesse
ne peut le supporter. Elle me fait défaillir. Mais la force intérieure est
grande, l’âme veut égaler l’Amour dont elle est aimée. A ces moments l’âme a
une très profonde connaissance de Dieu, et plus elle Le connaît, plus son
amour pour Lui devient ardent et pur. Oh ! Les mystères de l’âme et de Dieu
sont inconcevables. Il arrive parfois que mon âme soit plongée des heures
entières dans l’émerveillement en voyant la Majesté divine infinie
s’abaisser vers mon âme. Je ne cesse de m’étonner de ce que le Seigneur
Très-Haut ait une prédilection pour moi. Il me le dit Lui-même, et moi, cela
me plonge plus encore en mon néant, car je sais ce que je suis de moi-même.
Je dois dire cependant que j’aime mon Créateur à la folie par chaque
battement de mon cœur et de tout mon être. Mon âme inconsciemment se noie,
se perd… en Lui. Je sens que rien ne me séparera du Seigneur, ni le ciel, ni
la terre, ni le temps présent, ni l’avenir. Tout peut changer, mais l’amour,
jamais, il est toujours le même. Lui, le Souverain immortel me fait
connaître Sa volonté pour que je L’aime particulièrement. Et Il rend mon âme
capable de l’amour dont il désire être aimé par moi. Je me plonge toujours
plus en Lui et je n’ai peur de rien. L’amour occupe tout mon cœur. Même si
on me parlait de la Justice divine et que puisque les purs esprits
frémissent devant Lui et cachent continuellement leur face devant Sa
Sainteté, par conséquent mes relations intimes avec le Seigneur seraient un
préjudice pour Son honneur et Sa Majesté, je répondrai non, non et encore
une fois non. Tout est contenu dans l’amour pur, le plus grand honneur et la
plus profonde adoration. L’âme est plongée en Dieu dans la plus grande paix
par l’amour et les paroles des créatures n’ont aucune influence sur elles.
Ce qu’elles lui disent de Dieu n’est qu’un pâle aperçu comparé à ce qu’elle
éprouve intérieurement en Dieu. Elle s’étonne souvent que les âmes
s’émerveillent en entendant ce que l’on dit de Dieu. Pour elles c’est le
pain quotidien, car elle sait ce qui se laisse prononcer n’est pas encore si
grand. Elle accepte et elle écoute tout avec respect, mais elle a sa propre
vie en Dieu.
947. 13. II. 1937. Aujourd’hui, pendant la lecture de la Passion, j’ai
aperçu Jésus supplicié, couronné d’épines. Il tenait à la main une tige de
roseau. Jésus se taisait et les soldats se bousculaient pour Le torturer.
Jésus ne disait rien, Il me regardait seulement et dans ce regard j’ai
ressenti un indicible tourment. Nous n’avons même pas idée de ce que Jésus a
souffert pour nous avant d’être crucifié. Mon âme est pleine de douleur et
de langueur. J’ai éprouvé en mon âme une violente haine pour le péché. La
plus petite infidélité me semble une haute montagne, je l’expie par la
mortification et la pénitence. Lorsque je vois Jésus supplicié, mon cœur se
déchire en lambeaux. Je pense : « Qu’adviendra-t-il des pécheurs s’ils ne
profitent pas de la Passion de Jésus ? » Je vois dans Sa Passion un
véritable océan de miséricorde.
948. J.M.J. 12. II. 1937.
L’amour divin est la fleur et la miséricorde est le fruit. Que l’âme qui
doute, lise ces considérations sur la miséricorde et elle deviendra
confiante.
Miséricorde Divine, jaillissant du sein du Père, j’ai confiance en Vous !
Miséricorde Divine, le plus grand attribut de Dieu, j’ai confiance en Vous !
Miséricorde Divine, mystère inconcevable, j’ai confiance en Vous !
Miséricorde Divine, source jaillissant du Mystère de la Sainte Trinité, j’ai
confiance en Vous !
Miséricorde Divine, insondable à tout esprit humain ou angélique, j’ai
confiance en Vous !
Miséricorde Divine, dont jaillit la vie et le bonheur, j’ai confiance en
Vous !
Miséricorde Divine, au-dessus des cieux,
Miséricorde Divine, source de miracles et de merveilles,
Miséricorde Divine, qui enveloppe le monde entier,
Miséricorde Divine, venue sur la terre en la Personne du Verbe Incarné,
Miséricorde Divine, qui coula de la blessure ouverte du Cœur de Jésus,
Miséricorde Divine, contenue dans le Cœur de Jésus pour nous et
particulièrement pour les pécheurs,
Miséricorde Divine, insondable dans l’institution de la sainte Eucharistie,
Miséricorde Divine, en l’institution de la Sainte Eglise,
Miséricorde Divine, dans le Sacrement du Saint Baptême,
Miséricorde Divine, notre justification par Jésus-Christ,
Miséricorde Divine, nous accompagnant pendant toute la vie,
Miséricorde Divine, nous enveloppant particulièrement à l’heure de la mort,
Miséricorde Divine, nous gratifiant de la vie éternelle,
Miséricorde Divine, présente à chaque instant de la vie,
Miséricorde Divine, nous préservant du feu infernal,
Miséricorde Divine, pour la conversion des pécheurs insensibles,
Miséricorde Divine, étonnante aux Anges, inconcevable aux Saints,
Miséricorde Divine, insondable dans tous les mystères divins,
Miséricorde Divine, nous relevant de toute misère,
Miséricorde Divine, source de notre bonheur et de notre joie,
Miséricorde Divine, nous appelant du néant à l’existence,
Miséricorde Divine, englobant toutes les œuvres de Ses mains,
Miséricorde Divine, couronnant tout ce qui existe et existera,
Miséricorde Divine, en laquelle nous sommes tous plongés,
Miséricorde Divine, doux apaisement des cœurs tourmentés,
Miséricorde Divine, seul espoir des âmes désespérées,
Miséricorde Divine, repos des cœurs, paix au milieu des frayeurs,
Miséricorde Divine, délice et merveille des âmes saintes,
Miséricorde Divine, éveillant la confiance contre tout espoir, j’ai
confiance en Vous !
949. Ô Dieu éternel, dont la miséricorde est insondable, et le trésor de
pitié inépuisable, jetez sur nous un regard bienveillant et augmentez en
nous Votre miséricorde pour que nous ne désespérions pas dans les moments
difficiles, que nous ne perdions pas courage, mais que nous nous soumettions
avec grande confiance à Votre Sainte Volonté qui est l’amour et la
Miséricorde même.
950. O inconcevable et insondable miséricorde divine,
Qui peut T’adorer et te glorifier dignement ?
Toi, le plus grand attribut du Dieu Tout-puissant
Tu es le doux espoir de l’homme pécheur.
A l’unisson étoiles, terre et mer chantez avec gratitude l’hymne de
l’inconcevable miséricorde divine !
951. Mon Jésus, Vous voyez que Votre sainte volonté est tout pour moi ! Ce
que Vous ferez de moi m’est indifférent. Vous m’ordonnez de me mettre à
l’œuvre ? Je m’y prendrai avec calme quoique je sache en être incapable.
Vous m’ordonnez par la bouche de Vos remplaçants d’attendre ? J’attendrai
avec patience. Vous remplissez mon âme de ferveur et Vous ne me donnez pas
la possibilité d’agir. Vous m’attirez à Vous dans les cieux, et Vous me
laissez sur terre. Vous versez dans mon âme la nostalgie de Vous, et Vous
Vous cachez à mes yeux. Je meurs du désir de m’unir à Vous pour l’éternité,
et Vous ne permettez pas à la mort de s’approcher de moi. Ô volonté divine,
Vous êtes la nourriture et le délice de mon âme ! Lorsque je me soumets à la
sainte volonté de Mon Dieu, un océan de paix m’inonde.
Ô mon Jésus, Vous ne récompensez pas le succès de l’action, mais la volonté
sincère et la peine de l’entreprise, c’est pour cela que je suis tout à fait
tranquille. Même si toutes mes initiatives et tous mes efforts étaient
anéantis ou ne pouvaient se réaliser, du moment que je fais tout mon
possible, le reste ne me concerne pas. C’est pour cela que les plus grandes
tempêtes ne troublent pas mon calme profond, la volonté divine demeure en ma
conscience.
952. 15. II. 1937. Mes souffrances ont un peu augmenté. Je ressens non
seulement de plus grandes douleurs dans les poumons, mais aussi d’étranges
douleurs dans les intestins. Je souffre autant que ma faible nature est
capable de le supporter. Et j’offre tout pour les âmes immortelles, pour
obtenir la miséricorde divine aux pauvres pécheurs et la force aux prêtres.
Oh ! Quel grand respect j’ai pour les prêtres ! Et je prie Jésus, le Grand
Prêtre, de leur donner beaucoup de grâces.
953. Aujourd’hui après la Sainte Communion le Seigneur m’a dit : « Ma fille,
mon délice est de M’unir à toi. La plus grande gloire que tu puisses Me
rendre, c’est de te soumettre à Ma volonté. Tu t’attires d’innombrables
bénédictions. Je n’aurais pas de prédilection pour toi, si tu ne vivais pas
de Ma volonté ! » Ô mon doux Hôte, je suis prête à tous les sacrifices pour
Vous. Pourtant Vous savez que je suis la faiblesse même, mais avec Vous je
puis tout. Ô mon Jésus, je Vous en supplie, soyez avec moi à chaque instant
!
954. 15. II. 1937. Aujourd’hui, j’ai entendu ces paroles dans mon âme : «
Hostie agréable à Mon Père, sache, Ma fille, que la Sainte Trinité toute
entière a une particulière prédilection pour toi, parce que tu vis
exclusivement de la volonté divine ! Aucun sacrifice n’égale celui-là. »
955. À ces mots la connaissance de la volonté divine pénétra mon âme.
C'est-à-dire que je regarde tout de plus haut et que j’accepte tous les
événements et les désagréments avec amour, comme preuves de la prédilection
particulière du Père Céleste.
956. La pure offrande de ma volonté va brûler sur l’autel de l’amour. Pour
que mon offrande soit parfaite, je m’unis étroitement au sacrifice de Jésus
sur la croix. Et quand sous l’influence de grandes souffrances, ma nature
tremblera et que mes forces physiques et spirituelles diminueront, alors je
me cacherai profondément dans la blessure ouverte de Cœur de Jésus, sans me
plaindre, comme une colombe. Que toutes mes préférences les plus saintes,
les plus belles et les plus nobles soient toujours au dernier plan et Votre
sainte volonté à la première place. Vos moindres désirs, ô Seigneur, me sont
plus chers que le Ciel avec tous ses trésors. Je sais bien que les créatures
ne me comprendront pas, c’est pourquoi mon offrande sera plus pure à Vos
yeux.
957. Il y a quelques jours, une personne est venue me demander de beaucoup
prier à son intention, car elle avait des affaires très importantes et
urgentes. Soudain j’ai senti dans mon âme que ces affaires n’étaient pas
très agréables à Dieu. Et je lui ai répondu que je n’allais pas prier à
cette intention mais que je prierai en général, « Pour vous Madame ».
Quelques jours après cette dame est revenue et elle m’a remercié de ne pas
avoir prié à cette intention mais pour elle-même. Car elle avait eu en vue
des désirs de vengeance envers une personne pour laquelle elle aurait dû
avoir du respect en vertu du quatrième Commandement. Jésus changea son cœur
et elle avoua sa faute. Je fus pourtant étonnée d’avoir pénétré son secret.
958. J’ai reçu aujourd’hui une lettre de l’abbé Sopocko, qui m’envoie des
souhaits pour ma fête. Ses souhaits m’ont réjouie, mais son manque de santé
m’a affligée. Je le savais déjà par ma propre intuition, mais je ne savais
pas si je pouvais m’y fier. Pourtant il me semble que s’il me l’a écrit
lui-même, les autres choses qu’il ne m’a pas écrites, sont vraies aussi et
que ma connaissance intérieure ne me trompe pas. Il me recommande de
souligner tout ce que je sais ne pas provenir de moi. C’est-à-dire tout ce
que Jésus m’a dit, ce que j’entends dans mon âme. Il me l’a déjà demandé
plusieurs fois mais je n’en avais pas le temps et, à vrai dire, je ne me
dépêchais pas de le faire. Mais comment sait-il que je ne l’ai pas encore
fait ? J’étais bien étonnée. Je me mets maintenant de tout cœur à ce
travail. Ô mon Jésus, la volonté de Vos remplaçants est très nettement et
sans l’ombre d’un doute Votre Sainte Volonté.
959. 16. II. 1937. Aujourd’hui par erreur, je suis entrée dans la chambre
voisine et j’ai parlé avec la personne qui y était. Lorsque je suis revenue
chez moi, j’ai encore pensé à elle pendant un moment, quand soudain Jésus se
tint debout près de moi et Il m’a dit : « Ma fille à quoi penses-tu
maintenant ? » Spontanément je me suis serrée contre son Cœur, reconnaissant
que j’avais trop longtemps pensé à une créature.
960. Le matin, ayant fini mes exercices spirituels, je me suis mise à
travailler au crochet. Je sentais que Jésus reposait dans mon cœur
silencieux. Et cette profonde et douce conscience de la présence divine m’a
porté à dire au Seigneur : Ô Sainte Trinité qui demeurez dans mon cœur,
accordez, je Vous en prie, la grâce de la conversion à autant d’âmes que je
crochèterai de points aujourd’hui. Alors j’ai entendu dans mon âme ces mots
: « Ma fille, tes exigences sont trop grandes. » -« Jésus, il Vous est
cependant plus facile de donner plus que de donner peu. Mais chaque
conversion d’une âme pécheresse exige un sacrifice. Je Vous offre, doux
Jésus, mon travail consciencieux ; il ne me semble pas que cette offrande
soit trop petite pour un si grand nombre d’âmes. Jésus, comme Vous avez
Vous-même sauvé les âmes par trente ans de travail, et puisque la sainte
obéissance me défend les pénitences et les grandes mortifications, je Vous
prie donc d’accepter, Seigneur, ces petites choses, marquées de sceau de
l’obéissance comme si c’était de grandes choses. » J’ai alors entendu une
voix dans l’âme : « Ma douce fille, Je vais satisfaire ta demande. »
961. Je vois souvent une certaine personne, agréable à Dieu. Le Seigneur a
une grande prédilection pour elle, non seulement parce qu’elle tâche de
faire connaître la gloire de la miséricorde divine mais aussi pour l’amour
qu’elle a envers Dieu, quoique cette âme ne ressente pas toujours cet amour
dans son cœur d’une manière sensible. Elle demeure presque continuellement
au jardin des Oliviers, et pourtant elle est toujours agréable à Dieu. Et sa
grande patience remportera la victoire dans toutes les adversités.
962. Oh ! si l’âme souffrante savait combien Dieu l’aime, elle mourrait de
joie par excès de bonheur ! Un jour, nous découvrirons ce qu’est la
souffrance, mais alors nous ne serons plus capable de souffrir. Le moment
présent nous appartient.
963. 17. II. 1937. J’ai vu ce matin, pendant la Sainte Messe, Jésus
souffrant. Sa Passion s’est répercutée dans mon corps d’une manière
invisible mais non moins douloureuse. Jésus m’a regardée et Il a dit : « Les
âmes périssent malgré Mon amère Passion.
964. Je leur offre une dernière planche de salut : La fête de Ma
miséricorde. Si elles n’adorent pas Ma miséricorde, elles périront pour
l’éternité. Secrétaire de Ma miséricorde, écris, parle aux âmes de Ma grande
miséricorde, car ce jour terrible, le jour de Ma justice est proche. »
965. Aujourd’hui j’ai entendu dans mon âme ces paroles : « Ma fille, il est
temps de te mettre à l’œuvre. Je suis avec toi. De grandes persécutions et
de grandes souffrances viendront. Mais console-toi à la pensée que beaucoup
d’âmes seront sauvées et sanctifiées par cette œuvre. »
966. Quand je me suis mise à cette œuvre, je soulignais les paroles du
Seigneur et je passais tout en revue. Lorsque j’en suis arrivée à la page
sur laquelle j’avais noté les conseils et les indications du Père Andrasz,
je ne savais que faire, souligner ou ne pas souligner. J’ai entendu alors
ces paroles dans mon âme : « Souligne-les car ces paroles sont Miennes. J’ai
emprunté pour te parler la bouche de l’ami de Mon Cœur afin de te
tranquilliser. Tu dois t’en tenir à ces indications jusqu’à la mort. Il ne
Me plairait pas du tout que tu y renonces. Sache que c’est Moi-même qui l’ai
mis entre Moi et ton âme. Je le fais pour ta paix et pour que tu ne t’égares
pas.
967. Depuis que je t’ai mise sous la protection particulière de ce prêtre tu
es dispensée vis-à-vis de tes Supérieures de rendre un compte détaillé de
Mes relations avec toi. Comporte-toi néanmoins comme un enfant avec elles.
Mais c’est aux prêtres seulement que tu confieras sincèrement tout ce qui se
passe dans les profondeurs de ton âme. »
Et j’ai remarqué que depuis, que Dieu, m’a donné un directeur, Il n’a plus
exigé comme auparavant, que je dise tout à mes supérieures, à l’exception
des choses extérieures. A part cela, seul mon directeur connaît mon âme.
C’est une grâce de Dieu exceptionnelle que d’avoir un directeur de
conscience. Oh ! Comme il y a peu d’âmes qui ont reçu cette grâce. L’âme vit
dans une paix constante au milieu des plus grandes difficultés. Chaque jour,
après la Sainte Communion, je remercie Dieu pour cette grâce, et chaque jour
je prie le Saint Esprit de donner à mon directeur la lumière. J’ai vraiment
ressenti dans mon âme quelle grande puissance ont les paroles du directeur.
Que la miséricorde divine soit adorée pour cette grâce !
968. Je suis allée aujourd’hui faire ma méditation devant le Saint
Sacrement. Lorsque je me suis approchée de l’autel, la présence divine me
pénétra. Je fus plongée dans l’océan de Sa Divinité et Jésus m’a dit : « Ma
fille, tout ce qui existe est à toi. » J’ai répondu au Seigneur : « Mon cœur
ne réclame que Vous seul, Ô Trésor de mon cœur. Je Vous remercie Seigneur
pour tous Vos dons, mais je n’exige que Votre Cœur. Quoique les cieux soient
grands, pour moi ils ne sont rien sans Vous. Vous savez bien, Jésus, que je
défaille sans cesse après Vous. » - « Sache, ma fille, que ce que d’autres
âmes atteindront dans l’éternité, tu le goûtes déjà maintenant. » Et soudain
mon âme fut inondée de la lumière de la connaissance de Dieu.
969. Oh ! Que ne puis-je exprimer tant soit peu ce que l’âme ressent près du
Cœur de la Majesté inconcevable !
Je ne sais l’exprimer. Seule une âme qui l’a vécue au moins une fois dans sa
vie, peut imaginer cette grâce. Quand je suis rentrée dans ma chambre, il me
semblait que de la vraie vie je revenais à la mort. Le médecin est venu me
prendre le pouls. Il s’est étonné : « Que vous est-il arrivé, ma Sœur ? Vous
n’avez jamais eu un pouls semblable. Je voudrais savoir ce qui a provoqué
une telle accélération de la pulsation ? » Que pouvais-je répondre alors que
je ne savais pas moi-même que j’avais une tension si élevée ? Je sais
seulement que j’agonise de langueur après Dieu. Mais je ne lui ai pas dit,
car qu’est- ce que la médecine peut y faire.
970. 19. II. 1937. L’union avec les agonisants. Ils me demandent des prières
et je peux prier, le Seigneur me donne un singulier esprit d’oraison. Je
suis constamment unie à Lui et je sens pleinement que je vis pour les âmes,
pour les amener à Votre Miséricorde, Seigneur. Pour cela aucun sacrifice
n’est trop petit.
971. Aujourd’hui le docteur a décidé que je devais encore rester ici
jusqu’au mois d’avril. C’est la volonté divine. Cependant je désirais déjà
revenir parmi nos Sœurs.
J’ai reçu aujourd’hui la nouvelle de la mort de l’une de nos Sœurs qui est
morte à Plock. Mais elle est venue chez moi avant que l’on ne m’ait annoncé
sa mort
973. 22. II. 1937. Aujourd’hui une retraite pour les servantes a commencé
dans notre chapelle. Tous ceux qui le désirent peuvent y prendre part. Il y
a une conférence par jour. Le Père Bonaventura un Père Pieux, parle droit
aux âmes toute une heure. J’ai pris part à cette retraite, désireuse de
connaître Dieu plus profondément pour l’aimer plus ardemment, car j’ai
compris que plus la connaissance est grande, plus l’amour est puissant.
974. J’ai entendu aujourd’hui ces paroles : « Prie pour les âmes, quelles
n’aient pas peur de s’approcher du Tribunal de Ma miséricorde. Ne cesse pas
de prier pour les pécheurs. Tu sais à quel point leur âme Me tient à Cœur.
Soulage Ma tristesse mortelle, distribue Ma miséricorde. »
975. 24. II. 1937. Aujourd’hui, pendant la Sainte Messe j’ai vu Jésus
agonisant. Les souffrances du Seigneur me transpercent l’âme et le corps
d’une manière invisible, mais la douleur est grande. Elle dure un très court
moment.
976. Pendant la Passion chantée, une si vive impression de Son supplice me
saisit que je n’ai pu retenir mes larmes. J’aurais voulu me cacher quelque
part pour donner libre cours à ma douleur provoquée par la considération de
la Passion.
977. Quand j’ai prié à l’intention du Père Andrasz, j’ai reconnu qu’il est
très agréable à Dieu. Depuis ce moment, j’ai encore plus de respect pour
lui, comme pour un Saint. Je m’en réjouis et j’ai rendu grâce à Dieu avec
ferveur.
978. Aujourd’hui j’ai vu Jésus pendant la bénédiction. Il m’a dit ces
paroles : « Sois obéissante en tout à ton directeur, sa parole est Ma
volonté. Grave-la au fond de ton âme. C’est Moi qui parle par sa bouche et
Je désire que tu lui dévoiles l’état de ton âme avec la même simplicité et
sincérité que tu as pour Moi. Je te répète encore une fois Ma fille : Sache
que ses paroles sont l’expression de Ma volonté envers toi. »
979. J’ai vu aujourd’hui le Seigneur d’une grande beauté et Il m’a dit : «
Mon aimable hostie, prie pour les prêtres, surtout pendant ce temps de la
moisson. Mon Cœur t’aime de manière privilégiée et pour toi, je bénis la
terre. »
980. J’ai compris que ces deux années de souffrances intérieures que
j’endure en me soumettant à la volonté divine pour mieux connaître cette
volonté, m’ont fait plus avancer dans la perfection que les dix années
précédentes. Depuis deux ans, je suis sur la croix entre ciel et terre.
C'est-à-dire, que d’un côté je suis liée par le vœu d’obéissance. Je dois
écouter ma supérieure comme Dieu Lui-même. Et d’un autre côté, Dieu Lui-même
me fait directement connaître Sa volonté. Voilà pourquoi mon supplice
intérieur est si grand que personne ne peut comprendre ni concevoir ces
souffrances spirituelles. Il me semble plus facile de perdre la vie que de
vivre souvent, seulement une heure d’un tel supplice. Je ne vais même pas
écrire beaucoup sur ce sujet, car il n’est pas à décrire : connaître
directement la volonté de Dieu et être en même temps, parfaitement
obéissante à la volonté divine annoncée indirectement par les Supérieures.
Dieu merci, Il m’a donné, car autrement je n’avancerais pas d’un pas.
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