Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique par Anne Speeckaert et www.JesusMarie.com
Petit Journal de Sœur Faustine
1500. Lorsque maintenant je ne peux dormir la nuit, car la souffrance ne me
le permet pas, je visite toutes les églises et toutes les chapelles et au
moins quelques instants, j’y fais une adoration du Très Saint Sacrement.
Lorsque je reviens à notre chapelle, je prie alors pour certains prêtres qui
annoncent et proclament la miséricorde de Dieu ? Je prie également à
l’intention du Saint Père, et aussi afin d’implorer la miséricorde de Dieu
pour les pécheurs – ce sont là mes nuits.
1501. 20 janvier 1938. Jamais je ne rampe devant quelqu’un. Je ne supporte
pas la flatterie, et l’humilité n’est que vérité, il n’y a plus de vile
flatterie dans la véritable humilité, bien que je me sente la plus petite de
tout le couvent, d’un autre côté, je jouis du titre de bien-aimée de Jésus…
Mais peu importe que je rencontre parfois l’opinion comme quoi je suis
orgueilleuse, je sais bien que le jugement des hommes ne discerne pas le
mobile des agissements.
1503.Quant au début de ma vie religieuse, immédiatement après mon noviciat,
j’ai commencé à m’exercer particulièrement à l’humilité, les humiliations
que Dieu m’envoyait ne me suffisaient pas, mais je les recherchais moi-même
dans un zèle excessif, et parfois je me montrais à mes supérieurs telle que
je ne l’étais pas en réalité, et je n’avais même pas l’idée de telles
misères. Cependant peu après, Jésus me fit connaître que l’humilité est
seulement vérité. A partir de ce moment, j’ai changé mon point de vue,
suivant fidèlement la lumière de Jésus. J’appris que si l’âme est avec
Jésus, Il ne lui permet pas de s’égarer.
1504. Seigneur, Tu sais que depuis ma jeunesse, j’ai toujours recherché Ta
volonté et, la connaissant, je m’efforçais de l’accomplir ! Mon cœur était
habitué à l’inspiration du Saint Esprit, à laquelle je suis fidèle. Dans le
plus grand tumulte, j’entendais la voix de Dieu, je sais toujours ce qui se
passe à l’intérieur de mon âme…
1505. Je cherche à atteindre la sainteté car de cette façon je serai utile à
l’Eglise. Je fais d’incessants efforts dans la vertu, je m’efforce d’imiter
fidèlement Jésus, et je dépose dans le trésor de l’Eglise de Dieu pour le
profit des âmes, cette longue suite de vertus quotidiennes, humbles,
cachées, presque imperceptibles, mais accomplies avec grand amour. Je sens
intérieurement comme si j’avais la responsabilité de toutes les âmes, je
sens bien que je vis non seulement pour moi, mais pour toute l’Eglise…
1506. Ô Dieu inconcevable, mon cœur se liquéfie dans la joie à la pensée que
Tu m’as laissée pénétrer dans le mystère de Ta miséricorde ! Tout commence
par Ta miséricorde et se termine par Ta miséricorde…
Toute grâce découle de la miséricorde et la dernière heure est pleine de
miséricorde pour nous. Que personne ne doute de la bonté de Dieu ; nos
péchés seraient-ils noirs comme la nuit, la miséricorde de Dieu est plus
forte que notre misère. Une seule chose est nécessaire, que le pécheur
entrouvre, ne serait-ce qu’un peu, les portes de son cœur aux rayons de la
miséricorde divine, et Dieu fera le reste. Mais malheur à l’âme qui a fermé
la porte à la miséricorde divine, même à la dernière heure. Ces âmes-là ont
plongé Jésus dans une mortelle tristesse au Jardin des Oliviers, et
cependant la miséricorde de Dieu a jailli de son cœur très compatissant.
1508. 21 janvier 1938. Jésus, il serait vraiment terrible de souffrir, si Tu
n’étais pas là, mais c’est justement Toi, Jésus écartelé sur la croix, qui
me donnes la force et Tu es toujours auprès de l’âme qui souffre ! Les
créatures abandonnent l’homme dans ses souffrances, mais Toi, Seigneur Tu es
fidèle…
1509. Il arrive souvent dans la maladie comme avec Job dans l’Ancien
Testament : tant que l’on marche et que l’on travaille, tout est parfait et
magnifique, mais lorsque Dieu envoie une maladie, les amis sont plutôt moins
nombreux. Mais cependant ils existent et ils s’intéressent à notre
souffrance et ainsi de suite. Pourtant si Dieu permet une plus longue, peu à
peu ces fidèles amis, eux aussi, commencent à nous abandonner. Ils nous
rendent visite moins souvent et leurs visites nous font souvent souffrir. Au
lieu de nous consoler, ils nous reprochent certaines choses qui font
beaucoup souffrir, ainsi l’âme, comme Job, se retrouve seule : mais par
bonheur, elle n’est pas vraiment seule, car Jésus-Hostie est avec elle.
Après avoir goûté aux souffrances décrites plus haut et avoir passé toute la
nuit dans l’amertume, le matin, lorsque l’aumônier m’apportait la sainte
Communion, je devais faire appel à toute ma volonté pour ne pas m’écrier à
pleine voix : Bienvenue à Toi, véritable, unique Ami, la sainte Communion me
donne toujours la force de souffrir et de lutter ! Je veux encore ajouter
une chose que j’ai expérimentée : lorsque Dieu ne donne ni la mort, ni la
santé et que cela dure des années – l’entourage finit par s’y habituer et
considère la personne comme n’étant pas malade. Mais alors commence une
série d’épreuves souffertes en silence : Dieu seul sait combien de
sacrifices fait l’âme. Quand un jour le soir, je me sentais si mal que je ne
savais comment retrouver ma cellule, j’ai alors rencontré la sœur assistante
qui expliquait à l’une des sœurs directrices qu’elle devait aller à la
grande porte, avec une commission à faire, mais en me voyant, elle lui dit :
« Non, n’y allez pas, ma sœur, Sœur Faustine va y aller car il pleut
beaucoup. »D’accord ai-je répondu ; j’y suis allée et j’ai fait la
commission, mais cela n’est connu que de Dieu. C’est un exemple parmi
d’autres. Parfois, on dirait que la sœur du deuxième chœur est de pierre,
mais elle est, elle aussi, un être humain, elle a un cœur et des sentiments…
1510. Alors Dieu Lui-même nous vient en aide, sinon l’âme ne pourrait pas
soulever toutes ces croix dont je n’ai encore rien écrit, et je n’ai pas
l’intention de le faire, en ce moment, mais lorsque j’en sentirai
l’inspiration je le ferai…
1511. Aujourd’hui pendant la sainte messe j’ai vu le Seigneur Jésus dans les
souffrances, comme s’il agonisait sur la croix – Il m’a dit : « Ma fille,
médite souvent les souffrances que pour toi j’ai subies, et rien de ce que
tu souffres ne te semblera extraordinaire. C’est lorsque tu médites ta
douloureuse passion, que tu me plais le plus ; joins tes petites souffrances
à ma douloureuse passion, afin qu’elles prennent une valeur infinie devant
ma majesté. «
1512. Jésus m’a dit aujourd’hui : « Tu m’appelles souvent ton maître. Ceci
est agréable à mon cœur, mais, mon élève, n’oublie pas que tu es disciple du
maître crucifié ; que ce seul mot te suffise ! Tu sais ce qui est contenu
dans la croix ! »
1513. J’ai découvert que la plus grande puissance est cachée dans la
patience. Je vois que la patience conduit toujours à la victoire, même si
cette victoire n’apparaît pas immédiatement mais bien des années après. La
patience s’associe à la douceur.
1514. Aujourd’hui j’ai passé toute la nuit au cachot avec Jésus. C’est une
nuit d’adoration. Les sœurs prient à la chapelle. Je me joins à elles en
esprit, car ma santé ne me permets pas d’aller à la chapelle, cependant ne
pouvant m’endormir de la nuit, je l’ai passée avec Jésus, au cachot. Jésus
m’a fait connaître les souffrances qu’il y a éprouvées. Le monde en aura
connaissance au jour du jugement.
1515. « Dis aux âmes, ma fille, que je leur donne ma miséricorde pour
défense, je lutte pour elles tout seul et supporte la juste colère de mon
Père !
1516. Dis ma fille, que la fête de la Miséricorde a jailli de mes entrailles
pour la consolation du monde entier ! »
1517. Jésus ma paix et mon repos, je Te prie de donner la lumière à cette
sœur afin qu’elle change intérieurement, soutiens-la puissamment de Ta
grâce, afin qu’elle parvienne à la perfection !
1518. Aujourd’hui avant la Sainte Communion le Seigneur m’a dit : « Ma
fille, aujourd’hui parle ouvertement de ma miséricorde à la supérieure parce
que de toutes les supérieures, c’est elle qui a pris la plus grande part à
sa propagation. » En effet la mère supérieure est venue l’après-midi et nous
avons parlé de cette œuvre de Dieu. Elle m’a dit que les images n’étaient
pas très réussies, qu’on ne les achète guère, mais ajouta-t-elle : « J’en ai
pris une bonne quantité et les distribue où je le juge utile, je fais ce que
je peux afin que l’œuvre de la miséricorde prenne de l’ampleur. » Après son
départ, le Seigneur m’a fait connaître combien cette âme lui est agréable.
1519. Aujourd’hui le Seigneur m’a dit : « J’ai ouvert mon cœur, en tant que
source vivante de miséricorde, que toutes les âmes y puisent la vie,
qu’elles s’approchent de cet océan de miséricorde avec une très grande
confiance. Les pécheurs obtiendront justification et les justes seront
affermis dans le bien. Celui qui a mis sa confiance en ma miséricorde, à
l’heure de ma mort, j’emplirai son âme de ma divine paix. »
1520. Le Seigneur m’a dit : « Ma fille, ne cesse pas de proclamer ma
miséricorde, tu soulageras ainsi mon cœur brûlé par les flammes de la pitié
envers les pécheurs. Dis à mes prêtres que les pécheurs endurcis se
repentiront à leurs paroles, lorsqu’ils parleront de mon insondable
miséricorde, de la pitié que j’ai pour eux en mon cœur. Aux prêtres qui
proclameront et glorifieront ma miséricorde, je donnerai une force
extraordinaire, je bénirai leurs paroles et je toucherai les cœurs auxquels
ils s’adresseront. »
1521. La vie en commun est difficile par elle-même, mais il est doublement
difficile de vivre avec des âmes orgueilleuses. Ô Dieu, accorde-moi une foi
plus profonde afin que je voie toujours en chaque sœur Ta sainte image,
qu’elle a gravée dans l’âme !…
1522. Amour éternel, flamme pure, brûle sans cesse en mon cœur et divinise
tout mon être selon ton éternelle prédilection par laquelle Tu m’as appelée
à l’existence et invitée à prendre part à Ton bonheur éternel. Ô Seigneur
miséricordieux, Tu m’as comblée de Tes dons uniquement par miséricorde ;
voyant que tout ce qui est en moi m’est donné gratuitement, avec la plus
profonde humilié j’adore ton inconcevable bonté ! Seigneur, l’étonnement
inonde mon cœur, que Toi, Seigneur absolu, Tu n’aies besoin de personne, et
pourtant Tu t’abaisses ainsi jusqu’à nous par pur amour ! Je ne peux jamais
sortir de l’étonnement quand le Seigneur entre en si étroite intimité avec
Sa créature ; c’est à nouveau Son infinie bonté. Je commence toujours cette
méditation, mais je ne la finis jamais, car mon esprit s’abîme entièrement
en Lui. Quel délice d’aimer de toute la force de son âme et d’être aimée
encore plus en retour, de sentir cela et de le vivre avec pleine conscience
de tout son être – il n’y a pas de mots pour exprimer cela.
1523. 25 janvier 1938 - Mon Jésus, comme tu es bon et patient, Tu nous
regardes parfois comme des petites enfants ! Nous Te prions parfois sans
savoir nous-mêmes pourquoi car, vers la fin de la prière, lorsque Tu nous
donnes ce que nous avons demandé nous ne voulons pas l’accepter.
1524. Un jour, une sœur est venue me trouver et m’a demandé des prières,
disant qu’elle ne pouvait pas tenir plus longtemps comme cela. « Priez donc,
ma sœur ! ». J’ai répondu que oui : j’ai commencé une neuvaine à la
miséricorde divine, j’ai su que Dieu lui accorderait cette grâce, mais
qu’elle serait à nouveau insatisfaite lorsqu’elle l’aurait obtenue.
Cependant j’ai continué à prier, comme elle me l’avait demandé. Le
lendemain, cette même sœur vint me trouver : comme nous entamions la
conversation de nouveau sur le même sujet, je lui ai dit : Vous savez ma
sœur, que nous ne devrions pas dans notre prière obliger Dieu à nous donner
ce que nous voulons, mais plutôt nous abandonner à sa sainte volonté. Mais
il lui semblait que ce qu’elle demandait était indispensable. Vers la fin de
la neuvaine, cette sœur revint et me dit : « Ah ! ma sœur, le Seigneur Jésus
m’a donné cette grâce, mais maintenant j’ai changé d’avis ! Priez donc, ma
sœur, pour que cela soit à nouveau autrement » ! « Je lui ai répondu : Oui,
je vais prier afin qu’en vous, ma sœur, s’accomplisse la volonté de Dieu et
non pas ce que vous voulez !… »
1525. Très miséricordieux Cœur de Jésus, protège-nous de la juste colère de
Dieu !
1526. Une sœur ne cesse de me persécuter uniquement parce que Dieu a de si
étroites relations avec moi ; il lui semble que tout en moi est affecté.
Lorsqu’il lui semble que je commets quelques infractions, elle dit alors : «
On a des apparitions, et on commet telles fautes. » Et elle raconte cela à
d’autres sœurs, mais toujours dans un sens défavorable, elle me fait la
réputation d’être une sorte d’extravagante. Un jour, il m’est devenu pénible
que cette goutte d’intelligence humaine sache si bien analyser les dons de
Dieu. Après la sainte Communion j’ai prié afin que Dieu l’éclaire ; mais
j’ai su que si cette âme ne change pas ses dispositions intérieures, elle
n’atteindra pas la perfection.
1527 .Lorsque je me suis plainte au Seigneur Jésus d’une certaine personne :
Jésus, comment cette personne peut-elle émettre un tel jugement, même sur
l’intention ? Le Seigneur m’a répondu : « Ne t’étonnes pas de cela, cette
âme ne se connaît pas elle-même, comment pourrait-elle porter un bon
jugement sur d’autres âmes ? »
1528. Aujourd’hui j’ai vu le Père Andrasz en train de prier. J’ai su qu’il
intercédait également pour moi devant Dieu. Parfois le Seigneur me fait
connaître qui prie pour moi.
1529. Je me suis mise quelque peu à l’écart, comme si cette œuvre de Dieu ne
m’intéressait pas. Je n’en parle plus en ce moment, mais toute mon âme est
plongée dans la prière et je supplie Dieu qu’il daigne se hâter de nous
faire ce don inestimable qu’est la fête de la Miséricorde, et je vois que
Jésus agit. Il donne Lui-même les directives sur la façon d’agir. Rien n’est
laissé au hasard.
1530. J’ai dit aujourd’hui au Seigneur Jésus : Vois-tu les difficultés
qu’ils ont à croire que Toi seul Tu es l’auteur de cette œuvre. Et même
maintenant, tous ne le croient pas. – « Sois tranquille mon enfant, rien ne
peut s’opposer à ma volonté ; malgré les murmures et la malveillance des
sœurs, ma volonté s’accomplira en toi, dans toute son étendue, jusqu’à mon
dernier désir et mon dernier dessein. Ne t’attriste pas de cela, j’ai été,
moi aussi, pierre d’achoppement pour certaines âmes. »
1531. Jésus s’est plaint à moi de l’infidélité des âmes choisies – leur
manque de confiance après la chute blesse encore plus mon cœur. Si elles
n’avaient pas connu la bonté de mon cœur, cela me serait moins douloureux.
1532. J’ai vu la colère de Dieu peser sur la Pologne. Et je vois maintenant
que si Dieu touchait notre pays par les plus grands châtiments, ce serait
encore Sa grande miséricorde, car il pourrait nous punir par une totale
destruction pour de si grands crimes. J’ai été glacée d’effroi lorsque le
Seigneur me leva un peu le voile. Maintenant, je vois très clairement que
les âmes choisies soutiennent le monde dans son existence afin que la mesure
soit comble.
1533. J’ai vu l’effort dans la prière d’un certain prêtre. Sa prière
ressemblait à celle du Seigneur au jardin des Oliviers. Oh ! Si ce prêtre
voyait combien sa prière est agréable à Dieu !
1534. Ô Jésus, je m’enferme en Ton Cœur très miséricordieux, comme en une
forteresse imprenable, face aux traits des ennemis !
1535. Je me suis trouvée aujourd’hui auprès d’une personne agonisante dans
ma campagne natale. Je l’ai soutenue de mes prières ; après un moment, j’ai
ressenti des douleurs aux mains, aux pieds, et au côté pendant un court
moment…
1536. 27 janvier 1938 - Aujourd’hui pendant l’heure sainte, Jésus s’est
plaint à moi de l’ingratitude des âmes : « Pour mes bienfaits, j’obtiens
l’ingratitude ; pour l’amour j’obtiens l’oubli et l’indifférence. Mon cœur
ne peut supporter cela. »
1537. A ce moment mon cœur bouillonna très fortement d’amour pour Jésus,
s’offrant pour les âmes ingrates, je me suis toute plongée en Lui. Lorsque
je revins à moi, le Seigneur me fit goûter une parcelle de cette ingratitude
qui inondait son Cœur ; cette expérience dura assez peu de temps.
1538. Aujourd’hui, j’ai dit au Seigneur : Quand me prendras-Tu chez Toi ? Je
me suis déjà sentie si mal et j’ai attendu Ta venue avec tant de nostalgie.
Jésus m’a répondu : Sois toujours prête, je ne te laisserai plus longtemps
dans cet exil ; ma sainte volonté doit s’accomplir en toi. Ah Seigneur ! Si
Ta sainte volonté n’est pas encore entièrement accomplie en moi, me voilà
prête à tout ce que Tu veux, ô Seigneur ! Ô mon Jésus, une seule chose
m’étonne, c’est que Tu me fasses connaître tant de mystères, mais que Tu ne
veuilles pas me dire celui-là, c’est-à-dire l’heure de ma mort. Et le
Seigneur m’a répondu : « Sois tranquille , je te la ferai connaître, mais
pas encore maintenant ! » Ah mon Seigneur, je Te demande pardon d’avoir
voulu savoir cela. Tu sais bien pourquoi, car Tu connais mon cœur
languissant qui brûle d’envie de Te rejoindre. Tu sais que je ne voudrais en
aucun cas mourir une minute plus tôt que tu ne l’a décidé de toute éternité.
C’est avec une étrange bienveillance que Jésus écouta les épanchements de
mon cœur.
1539. 28 janvier 1938 - Le Seigneur m’a dit aujourd’hui : « Ecris ces
paroles ma fille : toutes les âmes qui vénéreront ma miséricorde et
propageront sa gloire en incitant les autres âmes à la confiance en ma
miséricorde – ces âmes ne connaîtront pas l’effroi à l’heure de la mort ! Ma
miséricorde les abritera lors de cette dernière lutte…
1540. Ma fille, incite les âmes à dire ce chapelet que je t’ai donné ! Il me
plaît de leur accorder tout ce qu’elles me demanderont en disant ce
chapelet. Lorsque les pécheurs endurcis le réciteront, j’emplirai leur âme
de paix et l’heure de leur mort sera heureuse. Ecris cela pour les âmes
affligées : Lorsque l’âme verra ses péchés et en mesurera le poids, lorsque
se dévoilera à ses yeux l’abîme de la misère dans laquelle elle s’est
plongée, qu’elle ne désespère pas mais qu’elle se jette avec confiance dans
les bras de ma miséricorde, comme l’enfant dans les bras de sa mère
bien-aimée. Ces âmes-là ont la priorité sur mon cœur empli de pitié, elles
ont la priorité sur ma miséricorde. Dis-leur qu’aucune âme faisant appel à
ma miséricorde n’a été déçue ni n’a éprouvé de honte. Je me complais
particulièrement dans l’âme qui fait confiance à ma bonté. Ecris : Si l’on
récite ce chapelet auprès d’un agonisant, je me tiendrai entre le Père et
l’âme agonisante, non pas en tant que Juge juste, mais comme Sauveur
miséricordieux. »
1541. A ce moment le Seigneur me fit connaître combien il était jaloux de
mon cœur.
« Tu te sentiras solitaire, même parmi tes sœurs en religion et sache alors
que je désire que tu t’unisses plus étroitement à moi. Je suis sensible à
chaque frémissement de ton cœur ; chaque frémissement de ton amour retentit
en mon cœur, je suis assoiffé de ton amour ». –« Oui, Jésus, mon cœur
également ne saurait vivre sans Toi, car m’offrirait-on les cœurs de toutes
les créatures, ils n’assouviraient pas la profondeur de mon propre cœur. »
1542. Ce soir, le Seigneur m’a dit : « Remets-toi entièrement à moi à
l’heure de la mort, et je te présenterai à mon Père comme ma bien-aimée.
Maintenant je te recommande de joindre de façon particulière tes actes,
mêmes les plus minimes, à mes mérites, et alors mon Père les regardera avec
amour comme il regarderait les miens.
1543. Ne change pas l’examen de conscience détaillé que je t’ai donné par
l’intermédiaire du Père Andrasz, c’est-à-dire que tu t’unisses sans cesse à
moi ; c’est là ce que j’exige précisément de toi aujourd’hui. Sois comme un
enfant envers ceux qui tiennent ma place car j’emprunte leur bouche pour
m’adresser à toi, afin que tu n’aies de doute sur rien. »
1544. Ma santé s’est quelque peu améliorée. Aujourd’hui je me suis rendue au
réfectoire et à la chapelle mais je ne peux encore reprendre mes tâches, je
reste donc dans ma cellule à tisser à la navette. Ce travail m’attire
énormément, mais, même un travail si léger me fatigue. Je vois comme mes
forces sont faibles. Je ne connais pas de moments indifférents car chaque
instant de ma vie est rempli de prières, de souffrances et de travail ;
j’adore Dieu par l’un ou l’autre de ces modes de vie, et si Dieu me donnait
la vie pour la seconde fois, je ne sais si je ne saurais mieux la mettre à
profit.
1545. Le Seigneur m’ dit : « Je me délecte de ton amour ; ton amour sincère
est aussi agréable à mon cœur que le parfum d’un bouton de rose au petit
matin, alors que le soleil n’en a pas encore absorbé la rosée. La fraîcheur
de ton cœur me ravit, c’est pourquoi je m’unis si étroitement à toi comme à
aucune autre créature… »
1546. J’ai vu aujourd’hui les efforts de ce prêtre dans l’affaire de Dieu.
Son cœur commence à goûter ce dont fut submergé le Cœur de Dieu durant sa
vie terrestre : pour l’effort – l’ingratitude…Cependant, son zèle pour la
gloire de Dieu est bien grand…
1547. 30 janvier 1938 Retraite d’un jour
Pendant la méditation, le Seigneur m’a fait connaître que tant que mon cœur
battra dans ma poitrine, je dois continuer à m’efforcer d’étendre le Royaume
de Dieu sur terre. Je dois combattre pour la gloire de mon Créateur.
Je sais que je rendrai à Dieu l’hommage qu’il attend de moi, si je m’efforce
fidèlement à coopérer avec la grâce de Dieu.
1548. Je désire vivre de l’esprit de la foi, j’accepte tout ce qui m’arrive
comme donné par la volonté de Dieu, pleine de tendresse, qui désire
sincèrement mon bonheur, j’accepterai donc tout ce que Dieu m’envoie avec
soumission et reconnaissance, sans tenir compte de la voix de la nature ni
des murmures de mon amour-propre. Avant toute action importante je
m’interrogerai un moment sur son rapport avec la vie éternelle, quelle est
la principale raison pour laquelle je l’entreprends : la gloire de Dieu, le
bien de ma propre âme ou le bien des autres âmes. Si mon cœur me dit oui, je
serai alors inflexible dans l’exécution de cette action ne prenant en
considération ni obstacles ni sacrifices ; je ne me laisserai pas écarter de
la résolution prise, il me suffit de savoir qu’elle est agréable à Dieu. Par
contre, si j’apprends que ces actions n’ont rien de commun avec ce qui est
exprimé plus haut, je m’efforcerai de les élever dans les sphères plus
hautes, par la bonne intention. Mais si je reconnais que quelque chose
provient de l’amour propre – j’en supprimerai jusqu’au moindre germe.
1549. Je n’agirai pas dans les moments de doute mais je tâcherai de chercher
des éclaircissements auprès des prêtres, et particulièrement auprès de mon
directeur. Ne pas répondre aux reproches ni aux remarques, quiconque me les
fait, à moins que je ne sois questionnée directement pour rendre témoignage
à la vérité. Ecouter très patiemment les confidences des autres, accueillir
leurs souffrances tout en réconfortant leur âme, et noyer ma propre
souffrance dans le Cœur très miséricordieux de Jésus. Ne jamais sortir de
l’abîme de sa Miséricorde tout en y amenant le monde entier
1550. Dans une méditation sur la mort, j’ai prié le Seigneur de daigner
imprégner mon cœur des sentiments que j’éprouverai au moment de la mort. Et
la grâce de Dieu m’a répondu intérieurement que j’avais fait ce qui était en
mon pouvoir et que, par conséquent, je pouvais être tranquille. A ce moment,
s’est éveillée en mon âme une si grande gratitude envers Dieu que je me suis
mise à pleurer de joie, comme un petit enfant… Je me suis préparée à
recevoir la sainte Communion le matin suivant comme viatique et j’ai récité
la prière des agonisants à mon intention.
1551. J’entendis alors ces paroles : « De même que tu es unie à moi durant
la vie, tu le seras également au moment de la mort. » Après ces paroles
s’éveilla en mon âme une si grande confiance en la miséricorde de Dieu que,
même si j’avais eu sur la consciences les péchés du monde entier, ainsi que
ceux de toutes les âmes condamnées, je n’aurais cependant pas douté de la
bonté divine, mais sans réfléchir, je me jetterais dans l’abîme de la
miséricorde divine, toujours ouvert pour nous, et le cœur brisé je me
jetterais à Ses pieds, m’abandonnant complètement à Sa sainte volonté qui
est la miséricorde même.
1552. Ô mon Jésus, Vie de mon âme, ma Vie, mon Sauveur, mon très doux Epoux,
et même temps mon Juge, Tu sais qu’en cette dernière heure, je ne compte sur
aucun de mes mérites, mais uniquement sur Ta miséricorde. Et voici
qu’aujourd’hui déjà je me plonge entièrement dans l’abîme de Ta miséricorde
toujours ouvert à toute âme.
Ô mon Jésus, je n’ai qu’un seul devoir dans la vie, la mort et toute
l’éternité : adorer Ton inconcevable miséricorde. Aucun esprit ne peut
sonder le mystère de Ta miséricorde, ô Dieu, ni l’esprit des anges ni celui
des hommes. Les anges sont confondus d’étonnement devant le mystère de la
miséricorde divine, mais ils ne peuvent le concevoir. Tout ce qui est sorti
des mains du Créateur est enfermé dans un mystère inconcevable, c’est-à-dire
dans les entrailles de Sa miséricorde. Lorsque je médite cela mon esprit
s’arrête, mon cœur se liquéfie de joie. Ô Jésus, par Ton Cœur très
miséricordieux, comme à travers le cristal, sont parvenus jusqu’à nous les
rayons de la miséricorde divine !
|