Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique par Anne Speeckaert et www.JesusMarie.com
Petit Journal de Sœur Faustine
Cahier V
Inscription sur la couverture du cinquième cahier :
Sœur (Marie-) Faustine du Très Saint Sacrement
Congrégation des Sœurs de la Divine Mère de la Miséricorde
1321. J.M.J.
Vogue la barque de ma vie,
Parmi les brumes crépusculaires et les ombres de la nuit.
Je ne vois aucun rivage,
Je suis au cœur de l’étendue marine.
La moindre tempête pourrait me noyer,
Engloutissant ma barque dans le tourbillon des eaux,
Si Tu ne veillais Toi-même sur moi, mon Dieu,
A chaque instant de ma vie, à chaque moment.
Parmi le fracas et les clameurs de la houle,
Je vogue tranquillement avec confiance.
Et tel l’enfant, sans crainte, je regarde au loin,
Car Tu m’es, Jésus, toute lumière.
Alentour c’est l’épouvante et l’effroi,
Mais en mon âme le calme est plus profond que les profondeurs de la mer.
Car celui qui est avec toi, Seigneur, ne saurais périr,
Ainsi m’assure Ton amour divin
Malgré tant de dangers alentour,
Je ne saurais les redouter car je regarde le ciel étoilé,
Et je vogue courageusement, gaiement,
Comme il convient à un cœur pur.
Mais c’est par-dessus tout, uniquement,
Parce que Tu es au gouvernail, ô Dieu,
Que vogue si tranquillement, la barque de ma vie.
Je le confesse avec la plus profonde humilité.
1322. J.M.J.
Je t’aime, ô mon Dieu.
Sœur (Marie-)Faustine
Du Très Saint Sacrement
1323. Cracovie, le 30 septembre 1937
Je t’adore, Pain des Anges,
Avec une foi profonde, avec espoir, avec amour,
Je T’adore du plus profond de mon âme,
Bien que je sois néant.
Je t’adore, Dieu caché,
Et je t’aime de tout mon cœur.
Point ne me gênent les voiles du mystère,
Je t’aime ainsi que les élus au Ciel.
Je t’adore, Agneau de Dieu,
Toi qui effaces les péchés de mon âme,
Et que je reçois en mon cœur, chaque matin,
Toi qui m’aides à faire mon salut.
1324. J.M.J.
Cracovie, le 20 octobre 1937
Cinquième journal
Ô mon Dieu, que tout ce qui est en moi Vous vénère, Mon Créateur et mon
Maître. Je désire glorifier Votre insondable Miséricorde par chaque
battement de mon cœur. Je désire parler aux âmes de Votre bonté et les
inciter à avoir confiance en Votre Miséricorde. Telle est la mission que
Vous-même, Seigneur, m’avez assignée dans cette vie et dans la vie à venir.
1325. Nous commençons aujourd’hui une retraite de huit jours. Jésus, mon
Maître, aidez-moi à accomplir ces saints exercices de retraite avec le plus
de ferveur possible. Que Votre Esprit me guide, ô Dieu, dans une profonde
connaissance de Vous, Seigneur, ainsi que de moi-même. Car je vous aime dans
la proportion où je Vous connais. Je me méprise dans la proportion où j’ai
connaissance de ma misère. Je sais que vous ne sauriez me refuser Votre
aide, Seigneur. Au sortir de cette retraite, je désire me trouver sainte,
bien que les regards humains ne puissent l’apercevoir, pas même ceux de
notre Supérieure. Je m’abandonne entièrement à l’action de Votre Grâce. Que
Votre volonté, Seigneur, s’accomplisse complètement en moi.
1326. Premier jour. Jésus : « Ma fille, cette retraite sera une
contemplation ininterrompue. Je te guiderai dans cette retraite comme à un
festin de l’âme auprès de Mon Cœur Miséricordieux. Tu évalueras toutes les
grâces qu’a connues ton cœur, et ton âme goûtera une profonde paix. Je
désire que le regard de ton âme soit toujours fixé sur Ma sainte volonté.
C’est ainsi que tu Me plairas le plus. Aucun sacrifice ne peut entrer en
comparaison avec ceci. Durant tous les exercices, tu demeureras près de Mon
Cœur. Tu n’entreprendras aucune réforme, puisque Je dispose de ta vie à Ma
guise. Le prêtre qui donnera la retraite ne dira pas un mot qui puisse te
troubler. »
1327. Mon Jésus, je me suis déjà plongée dans deux méditations, et je
reconnais que tout ce que vous m’avez dit est vrai ! Je ressens une paix
profonde.
Et cette paix découle du témoignage que me donne ma conscience. C'est-à-dire
que j’accomplis toujours Votre volonté, ô Seigneur !
1328. Dans la méditation sur la destinée de l’homme, j’ai compris que cette
vérité, est profondément enracinée en mon âme et que c’est pourquoi mes
actions sont plus parfaites. Je sais dans quel but j’ai été créé. Toutes les
créatures mises ensemble ne peuvent remplacer pour moi le Créateur. Je sais
que mon but suprême est Dieu. Et donc, dans toutes mes entreprises, c’est
Dieu que je prends en considération.
1329. Oh ! Comme il est bon de faire retraite près du Très Doux Cœur de mon
Dieu. Je suis en un lieu désert, avec mon Bien-Aimé. Personne ne vient me
troubler au cours de ce doux entretien que j’ai avec Lui.
1330. Jésus, c’est Vous-même qui avez daigné poser les fondations de
l’édifice de ma sainteté, car ma coopération ne fut pas bien grande ! Pour
ce qui est de l’indifférence dans l’utilisation et le choix des êtres, Vous
m’avez aidée, ô Seigneur ! Car mon cœur est de lui-même bien faible et c’est
pourquoi je vous ai prié, mon Maître, de ne pas prendre garde à la douleur
de mon cœur, mais de couper court à tout ce qui aurait pu me retenir sur le
chemin de l’amour. Je ne Vous comprenais pas, Seigneur, dans les moments de
douleur lorsque Vous accomplissiez Votre œuvre, en mon âme. Mais je vous
comprends aujourd’hui et je jouis de la liberté de l’âme. Jésus Lui-même à
ce qu’aucune passion ne prenne possession de mon cœur. J’ai compris de quels
danger Il m’avait protégée et c’est pourquoi ma gratitude envers mon Dieu
est sans limites.
1331. Deuxième jour. Alors que je méditais sur le péché des Anges et son
immédiate punition, j’ai demandé à Jésus pourquoi les Anges furent punis
immédiatement après le péché. J’entendis une voix : « A cause de leur plus
grande connaissance de Dieu. Aucun homme sur terre, même s’il est un grand
Saint, ne peut avoir une connaissance de Dieu telle que l’a un Ange. »
Pourtant, pour moi qui suis si misérable, Vous Vous êtes montré Dieu
Miséricordieux et à chaque fois Vous me portez à la source de la
Miséricorde, Vous me pardonnez toujours lorsque j’implore Votre pardon d’un
cœur contrit.
1332. Un profond silence envahit mon âme. Pas un nuage ne me cache le
soleil, je m’abandonne entièrement à ses rayons. Que Son Amour réalise en
moi un complet changement ! Je désire sortir de cette retraite en état de
sainteté et ceci malgré tout, c'est-à-dire malgré ma misère. Je désire
devenir sainte et j’espère que la Miséricorde divine, de cette misère même
où je suis, peut me porter à l’état de sainteté, puisque j’ai une entière
bonne volonté. Malgré tous les échecs, je veux lutter et me comporter comme
une âme sainte. Rien ne saurait me décourager, tout comme rien ne peut
décourager une âme sainte. Je veux vivre et mourir comme une âme sainte, les
yeux fixés sur Vous, Jésus cloué sur la Croix, comme sur le modèle auquel je
dois me conformer. J’ai cherché maint exemple autour de moi et je n’en ai
pas trouvé de satisfaisant. Et j’ai observé comme une sorte de retard dans
mon état de sainteté. Mais à partir de maintenant j’ai fixé mon regard sur
Vous, Christ, le meilleur de mes guides. Je Vous fais confiance et suis
certaine que Vous bénirez mes efforts.
1333.. Dans une méditation sur le péché, le Seigneur m’a fait connaître
toute la malignité du péché et l’ingratitude qu’il implique. Je ressens en
mon âme une profonde aversion, même envers le plus petit péché.
Cependant ces vérités éternelles que je médite dans mes réflexions, ne
provoquent aucunement en mon âme la moindre confusion, ni perturbation. Et
bien que j’y prenne un profond intérêt, ma contemplation n’en est pas pour
cela interrompue. Pendant cette contemplation ce n’est pas l’élan du cœur
que je ressens, mais une paix en profondeur et un étrange silence. Mon amour
pour Dieu est grand, mais singulièrement équilibré. Malgré la présence de ce
sentiment, le fait même de recevoir l’Eucharistie ne m’impressionne pas.
Mais il m’amène à une union en profondeur, où mon amour fondu en l’Amour de
Dieu, forme un tout avec Lui.
1334. Jésus m’a fait connaître qu’il convenait que je prie pour les Sœurs
qui font la retraite. J’ai eu, durant les prières, connaissance de la lutte
menée par quelques âmes, j’ai redoublé ma prière.
1335. Dans le profond silence, je peux mieux juger de l’état de mon âme.
Elle est semblable à une eau transparente dans laquelle je vois tout : tant
ma misère que la grandeur des grâces divines. Par l’intermédiaire de cette
véritable connaissance d’elle-même, mon âme s’examine en une profonde
humilité. J’expose mon cœur à l’action de la grâce, tel un cristal aux
rayons du soleil. Qu’en lui s’imprime Votre image, ô mon Dieu, autant que
faire se peut, dans le cœur d’une créature. Que par moi rayonne Votre
divinité, ô Vous qui habitez mon âme !
1336. Lorsque j’ai prié devant le Très Saint Sacrement, en saluant les Cinq
Plaies de Notre Seigneur Jésus, à chaque salut j’ai ressenti comme un
torrent de grâces qui jaillissait en mon âme, me donnant un avant-goût du
Ciel et une absolue confiance en la Miséricorde de Dieu.
1337. Au moment où j’écrit ces mots, j’entends le cri de Satan : « Elle
écrit tout, Elle écrit tout, et à cause de cela nous perdons tant ! N’écris
rien de la bonté de Dieu, Il est juste ! » Hurlant de colère, Il disparut.
1338. Ô Dieu Miséricordieux, qui ne nous méprisez pas, mais sans cesse nous
comblez de Vos Grâces, Vous nous rendez dignes d’entrer dans Votre royaume.
Par Votre bonté, Vous faites occuper par les hommes les places
qu’abandonnèrent les Anges ingrats. Ô Dieu de grande Miséricorde, qui avez
détourné votre saint regard des Anges révoltés pour les reporter sur l’homme
contrit, que soit vénérée et glorifiée Votre insondable Miséricorde, ô Dieu,
qui ne dédaignez pas le cœur des humbles !
1339. Mon Jésus, malgré les grâces que Vous m’envoyez, je sens que ma nature
tout en s’ennoblissant ne disparaît pas complètement ! Ma vigilance est donc
incessante. Je dois lutter contre plusieurs mauvais penchants, sachant bien
que ce n’est pas la lutte qui abaisse, mais la lâcheté et la chute.
1340. Quand on est de faible santé, il faut supporter beaucoup de choses.
Car, lorsque l’on n’est pas alité nul ne vous considère comme malade. On a
donc sans cesse, et pour diverses raisons, l’occasion de faire des
sacrifices et parfois de très grands. Je comprends maintenant que bien des
choses seront révélées dans l’éternité. Mais je comprends également que si
Dieu exige des sacrifices, Il n’est pas, par contre, avare de Sa grâce mais
la donne à l’âme en abondance.
1341. Mon Jésus, que mon offrande se consume tout doucement devant Votre
trône ! Mais, de toute la force de mon amour j’implore Votre Miséricorde
pour les âmes !
1342. Troisième jour. Au cours de la méditation sur la mort : je me suis
préparée comme si j’allais véritablement mourir. J’ai fait mon examen de
conscience et j’ai réglé toutes mes affaires comme si j’étais aux approches
de la mort. Et de par la Grâce divine mes affaires furent toutes arrangées
en fonction de la Fin dernière : ce que mon cœur accepta avec une profonde
gratitude envers Dieu. Et je décidai à l’avenir de servir mon Dieu avec une
fidélité encore plus grande. Une seule chose est nécessaire, mettre à mort
le vieil homme et commencer une nouvelle vie. Je me suis préparée, dès le
matin, à recevoir la Sainte communion, comme si ce devait être la dernière
de ma vie. Après la Sainte Communion, j’ai imaginé ma mort réelle. J’ai
d’abord récité les prières pour les agonisants, puis le « de profundis »,
pour mon âme. L’on descendit mon corps dans la tombe et je dis alors à mon
âme : « Regarde ce qui est advenu de ton corps, un tas de boue et une
quantité de vermine, c’est là ton sort. »
1343. Ô Dieu de Miséricorde, qui me permettez encore de vivre, donnez-moi la
force afin que je puisse vivre d’une nouvelle vie : la vie de l’âme sur
laquelle la mort n’a pas de pouvoir ! Et voici que mon cœur s’est renouvelé
et que j’ai déjà commencé une nouvelle vie sur cette terre : une vie d’amour
de Dieu. Toutefois je n’oublie pas. Pourtant pas un moment je ne doute
d’obtenir l’aide de Votre Grâce, ô Dieu !
1344. Quatrième jour. Jésus, je me sens étrangement bien près de Votre Cœur
durant cette retraite. Rien ne trouble la profondeur de cette paix. Je place
sous mes yeux, d’un côté, l’abîme de ma misère, et de l’autre, l’abîme de
Votre Miséricorde.
1345. Pendant la Sainte Messe qui fut célébrée par le Père Andrasz, j’ai vu
l’Enfant Jésus qui se tenait dans le Calice de la Sainte Messe et qui
tendait les mains vers nous. Après m’avoir regardée profondément, Il m’a dit
: « J’habite en ton cœur, tout comme tu Me vois dans ce Calice. »
1346. La Sainte Confession. Après avoir rendu compte de l’état de ma
conscience, j’ai obtenu la permission de ce que j’ai demandé : le port de
bracelets pendant une demi-heure, tous les jours, durant la Sainte Messe ;
et dans les moments difficiles, deux heures durant, le port de la ceinture
de fil de fer. « Conservez, ma Sœur, la plus grande fidélité envers Notre
Seigneur Jésus ! »
1347. Cinquième jour. Lorsque je suis entrée ce matin dans la Chapelle, j’ai
su que notre Mère Supérieure avait quelques désagréments à mon sujet. Cela
me fit bien de la peine. Après la Sainte Communion j’ai posé la tête sur le
Très Saint Cœur de Jésus et j’ai dit : « Ô mon Seigneur, je Vous en prie,
faites en sorte, que toute la consolation dont je jouis par Votre présence
en mon cœur se déverse dans l’âme de ma chère Supérieure qui vint d’avoir
des désagréments par ma faute et à mon insu ! »
1348. Jésus me réconforta disant que nous en avions toutes deux tiré
avantage, pour nos âmes. Cependant, j’ai imploré le Seigneur qu’il daigne
m’épargner cela : que quelqu’un souffre par ma faute, car mon cœur ne peut
le supporter.
1349. O blanche Hostie, Tu préserves la blancheur de mon âme. Je crains le
jour où je pourrais T’abandonner. Tu es le pain des Anges, donc le pain des
Vierges.
.1350. Jésus, mon modèle très parfait, les yeux fixés sur Vous, j’irai par
la vie sur Vos traces, adaptant ma nature à la Grâce, selon Votre très
sainte volonté et Votre lumière qui illuminent mon âme, entièrement
confiante en Votre aide !
J.M.J.
1351. Carte de contrôle de ma vie intérieure.
Examen de conscience détaillé.
Union avec le Christ Miséricordieux ; puisque je suis unie à Jésus, je dois
donc Lui être fidèle toujours et partout, je dois m’unir intérieurement au
Seigneur, mais à l’extérieur fidélité à la Règle et particulièrement au
silence.
Cartes de contrôles
1352. Victoires Echecs
Novembre… 53 2
Décembre... 104
Janvier … 78 I 1
Février … 59 1
Mars….. 50
Avril… 61
Mai
Juin
Juillet
Août….. I
Septembre
Octobre
1353. Lorsque j’hésite sur la conduite à tenir, j’interroge toujours
l’amour, c’est lui qui conseille le mieux.
1354. Examen de conscience général Année 1937, 25 Octobre
Victoires Echecs
Nov.Oct.Jan.Fév. Mars.Avril
Commandements de Dieu
Vœu de pauvreté 9
Vœu de Chasteté 7
Vœu d’obéissance 27 7
Règle 7
Amour du prochain 38 17 73 35 30 20 1,1,1
Humilité 7 39 23 34 56 25 2,3,1
Patience 23 56 50 17 80 50
Douceur 11 45 37 28 37 20
Réputation du prochain - 15 25 3 - - 1
Sainte Messe Mes. Com.
Et Sainte Communion 17 12 13 7 - 10 6,2,1 12,1
Méditation 6 5 - 10 - -
Examen de consc. Détaillé 7 5 11 - - - 1
Attitude envers Dieu
et le confesseur - 5 - 5 - -
envers les Supérieures 7 - - - - - 1,1
envers les Sœurs et les enfants - 4 7 - - -
envers les laïcs 20 2 - - - - 2,1
1355. Sixième jour. Ô Mon Dieu, je suis prête à faire chacune de vos
volontés. De quelque façon que Vous me dirigiez, je Vous bénirai. Quoi que
Vous exigiez, je l’accomplirai avec l’aide de Votre grâce. Quelle que puisse
être Votre Sainte volonté envers moi, je l’accepterai de tout mon cœur, de
toute mon âme, sans tenir compte de ce que m’inspirera ma nature corrompue.
1356. Une fois, passant près d’un groupe de personnes, j’ai demandé au
Seigneur si toutes étaient en état de grâce car je ne ressentais pas Ses
souffrances. –« Ce n’est pas parce que tu ne ressens pas Mes souffrances que
toutes sont en état de grâce. Je te laisse parfois ressentir certain état
d’âme et Je te donne la grâce de la souffrance uniquement parce que Je
t’utilise, alors, comme instrument de conversion. »
1357. Là où l’on trouve la véritable vertu, doit également se trouver le
sacrifice. Toute la vie ne doit être qu’un sacrifice. Ce n’est que par le
sacrifice que les âmes peuvent être utiles. C’est le sacrifice de moi-même
qui dans mon commerce avec mon prochain, peut procurer de la gloire à Dieu.
Cependant l’Amour de Dieu doit rayonner dans ce sacrifice car tout converge
en cet Amour, et prend par lui de la valeur.
1358. « Souviens-toi qu’au sortir de cette retraite, Je me conduirai envers
toi comme envers une âme parfaite. Je désire t’avoir en main, tel un
instrument propre à l’accomplissement de l’œuvre. »
1559. Ô Seigneur qui scrutez tout mon être, ainsi que les plus secrètes
profondeurs de mon âme, Vous voyez que je ne désire que Vous, et que
l’accomplissement de Votre sainte volonté, ne me laissant arrêter par aucune
difficulté, aucune souffrance, aucune humiliation, ni aucune raison humaine.
1360. « Ta ferme décision de devenir sainte M’est excessivement agréable. Je
bénis tes efforts et Je te procurerai l’occasion de te sanctifier. Sois
vigilante afin que ne t’échappe aucune des occasions de sanctification que
t’enverra Ma Providence. Cependant si tu ne réussis pas à profiter de
l’occasion en question, ne perds pas ton calme, Mais humilie-toi
profondément devant Moi et avec une grande confiance, plonge-toi toute
entière dans Ma Miséricorde. De cette façon tu gagneras plus que tu n’auras
perdu, car on donne généreusement à une âme humble, bien plus qu’elle ne
demande elle-même. »
1361. Septième jour. Avoir connaissance de ma destinée, c’est avoir l’intime
assurance que j’atteindrai la Sainteté. Cette certitude profonde a empli mon
âme de gratitude envers Dieu à qui revient toute gloire car je sais ce que
je suis de moi-même.
1362. Je sors de cette retraite entièrement transformée par l’amour de Dieu.
Mon âme commence une nouvelle vie, sérieusement, courageusement. Bien qu’en
apparence rien n’ait changé et que personne ne s’en aperçoive, cependant
l’amour pur guide maintenant ma vie. Et extérieurement c’est la Miséricorde
qui en est le fruit. Je sens que je suis toute empreinte de Dieu. Et avec ce
Dieu je vais par la vie de tous les jours, cette vie grise, fastidieuse et
pénible, faisant confiance à Celui que je sens en mon cœur, pour transformer
cette grisaille en ma sainteté personnelle.
Dans un calme profond, mon âme a mûri durant cette retraite, près de Votre
Cœur Miséricordieux. Aux purs rayons de Votre Amour, mon âme a perdu de son
acrimonie elle est devenue un fruit doux et mûr.
1363. C’est maintenant que je peux être entièrement utile à l’Eglise, par
une sainteté personnelle qui animera sa vie toute entière puisque nous ne
constituons tous qu’un seul organisme en Jésus. C’est pourquoi je fais tous
mes efforts pour que le terreau de mon cœur donne naissance à de bons
fruits. Et bien que peut-être restés inaperçus à tout œil humain, pourtant
un jour viendra où il apparaîtra que bien des âmes se sont nourries et se
nourriront de ces fruits.
1364. Ô Amour éternel, qui allumez en moi une nouvelle vie, une vie d’amour
et de Miséricorde, soutenez-moi de Votre grâce, afin que je réponde
dignement à Votre appel, et que j’accomplisse dans les âmes ce que Vous-même
entendez y accomplir par mon intermédiaire.
Je vois mon Dieu, l’éclat de l’éternelle aurore. Toute mon âme s’élance vers
Vous, Seigneur, déjà plus rien ne me retient, ni ne me rattache à la terre.
Aidez-moi, Seigneur, à supporter patiemment le reste de mes jours.
L’offrande de mon amour brûle sans arrêt devant Votre Majesté, mais si
doucement que seul Votre œil, mon Dieu la voit, aucune créature n’est
capable de l’apercevoir.
1365. Ô mon Seigneur, tant de choses me retiennent : j’ai à cœur, l’œuvre en
question, je désire le triomphe de l’Eglise et le salut des âmes, toutes les
persécutions de Vos fidèles me touchent, chaque chute des âmes m‘est
douloureuse. Cependant, au-dessus de tout cela règne en mon âme un calme
profond qu’aucun triomphe, aucun désir, aucune contrariété ne sont en état
d’ébranler, car Vous surpassez, pour moi, toute épreuve, mon Seigneur et mon
maître !
1366. Huitième jour. Ô mon Seigneur, me souvenant devant Votre Très Saint
Cœur de tous Vos bienfaits, j’ai ressenti le besoin d’exprimer ma gratitude
personnelle pour tant de grâces et de faveurs de Dieu. Je désire rendre
grâces et de faveurs de Dieu. Je désire rendre grâces au Dieu de Majesté, me
plonger en des prières d’action de grâces durant sept jours et sept nuits.
Et bien qu’extérieurement je remplisse tous mes devoirs, cependant mon âme
sera sans cesse devant le Seigneur, et tous mes exercices seront imprégnés
par l’esprit d’action de grâces. Chaque soir je m’agenouillerai une
demi-heure dans ma cellule, seule à Seul avec le Seigneur. La nuit chaque
fois que je me réveillerai, autant de fois je me plongerai dans des prières
d’action de grâces. Je veux de cette façon remercier Dieu de Ses grands
bienfaits, ne serait-ce que pour une parcelle.
1367. Cependant, afin que tout ceci soit plus agréable aux yeux de Dieu et
afin d’écarter de moi jusqu'à l’ombre d’un doute, je suis allée trouver mon
directeur de conscience et je lui ai exposé les désirs de mon âme,
c’est-à-dire de se plonger dans cette action de grâces. J’ai obtenu la
permission pour tout, mais je ne dois pas m’efforcer de prier la nuit
lorsque je m’éveille.
1368. Avec quelle joie je suis revenue au Couvent où j’ai le jour suivant
commencé cette grande action de grâces par le renouvellement de mes vœux.
Mon âme se plongea toute en Dieu, et tout mon être n’était qu’une flambée de
remerciements et de gratitude. De mots il n’y en eut guère, car les
bienfaits de Dieu, tel un feu ardent, consumaient. Et toutes les souffrances
et les peines étaient comme du bois jeté aux flammes, sans lequel le feu se
serait éteint. J’invoquai tout le ciel et la terre pour qu’ils se joignent à
mon action de grâces.
1369. Les jours de retraite ont pris fin, ces beaux jours où l’on est seule
à Seul avec Notre Seigneur Jésus. J’ai accompli cette retraite comme Jésus
le désirait et de la manière qu’Il m’a recommandée le premier jour de la
retraite, c’est-à-dire dans le plus grand calme, en évaluant les bienfaits
de Dieu. De ma vie je n’avais fait semblable retraite. Mon âme, par ce
calme, s’est trouvée plus affermie que par un choc ou une émotion. Sous le
rayonnement de l’Amour j’ai tout vu tel que cela est en réalité.
1370. En sortant de cette retraite, je me sens entièrement métamorphosée par
l’Amour de Dieu. Ô Seigneur, divinisez mes actions, afin qu’elles méritent
l’éternité. Si grande que soit ma faiblesse, j’ai cependant confiance en la
puissance de Votre Grâce, qui me soutiendra.
1371. Mon Jésus, Vous savez bien que depuis mon plus jeune âge, j’ai désiré
devenir une grande Sainte, c’est-à-dire que je désirais Vous aimer d’un
amour si grand qu’aucune âme n’y serait encore parvenue ! C’était là au
début mes secrets désirs dont seul Jésus avait connaissance. Je ne peux plus
aujourd’hui les contenir dans mon cœur. Je voudrais crier au monde entier :
aimez Dieu, car Il est bon, et grande est Sa Miséricorde !
1372. Oh ! Jours de semaine pleins de grisaille, je vous vois revêtus de
fête et de solennité ! Qu’il est grand et solennel ce temps qui nous donne
la possibilité de mériter le Ciel éternel, je l’entends comme l’ont utilisé
les Saints !
1373. 30 octobre 1937. Aujourd’hui, deuxième jour d’action de grâces : au
cours de la cérémonie monastique, durant la Sainte Messe, j’ai vu Notre
Seigneur Jésus d’une grande beauté qui me dit : « Ma fille, Je ne t’ai pas
dispensée d’agir. » J’ai répondu : « Seigneur, ma main est bien faible pour
une telle œuvre. » - « Oui, Je le sais, mais unie à Ma droite, tu
accompliras tout. Sois cependant obéissante aux confesseurs. Je leur
donnerai la lumière sur la façon de te diriger. » - « Seigneur, je voulais
déjà me mettre à l’œuvre en Votre nom, cependant l’abbé S. temporise encore.
» Jésus répondit : « Je le sais. Aussi fait ce qui est en ton pouvoir, mais
il ne t’est pas permis de te retirer. »
1374. Novembre. 1er novembre 1937.
Aujourd’hui après les vêpres, la procession est allée au cimetière. Je ne
pus m’y rendre, car j’étais de garde, près de la porte, mais cela ne
m’empêcha pas de prier pour les âmes. Lorsque la procession revint du
cimetière à la Chapelle, mon âme ressentit la présence de nombreuses âmes.
J’ai compris la grande Justice de Dieu, selon laquelle chacun doit acquitter
jusqu’au dernier liard.
1375. Le Seigneur m’a donné l’occasion de m’exercer à la patience par
l’intermédiaire d’une personne avec laquelle j’ai une tâche en commun. Elle
est si lente que je n’ai encore jamais vu un être aussi lent. Il faut
s’armer d’une grande patience, afin d’écouter ses propos ennuyeux.
1376. 5 novembre. Ce matin, cinq chômeurs se sont présentés à la grande
porte, voulant absolument rentrer. Sœur N. s’efforça en vain un long moment
de les congédier sans y parvenir. Elle alla donc à la Chapelle trouver notre
petite Mère qui m’ordonna d’y aller. J’étais encore à un bon bout de chemin
de la porte, quand me parvenaient déjà leurs coups bruyants. En un instant
le doute et la crainte m’envahirent, je ne savais si je devais leur ouvrir
où, comme Sœur N. leur répondre par le guichet. Cependant tout à coup
j’entendis une voix en mon âme : « Va et ouvre leurs la porte et parle-leur
avec la même douceur avec laquelle tu Me parles. » J’ouvris immédiatement la
porte et je me suis approchée du plus menaçant et j’ai commencé à leur
parler avec une telle douceur et un tel calme qu’eux-mêmes ne savaient pas
quoi faire et qu’il commencèrent également à parler de façon délicate et
dirent : « Alors tant pis, puisque le Couvent ne peux pas nous donner du
travail. »- Et ils s’en allèrent tranquillement. J’ai ressenti clairement
que Jésus, que j’avais reçu dans la Sainte Communion voici près d’une heure
avait agi par moi sur leur cœur. Oh ! Comme il est bon d’agir sous
l’inspiration de Dieu !
1377. Aujourd’hui je me sens plus mal, et je suis allée trouver la Mère
Supérieure dans l’intention de lui demander l’autorisation de m’aliter.
Cependant, avant même que je ne l’ai fait la Mère Supérieure me dit : « Ma
Sœur, voyez à vous débrouiller aujourd’hui seule à la grande porte. J’emmène
la petite aux choux car il n’y a personne pour les choux. » J’ai répondu : «
Bien », et je suis sortie de la chambre. Lorsque je fus près de la porte, je
me suis sentie étrangement forte et j’ai accompli ma tâche durant toute la
journée, me sentant bien soutenue par la force de la sainte obéissance…
1378. 10 novembre 1937. Lorsque petite Mère me montre ce livret dans lequel
se trouve le chapelet, les litanies et la neuvaine, je l’ai priée de bien
vouloir me le donner pour le parcourir. Pendant que je lisais, Jésus m’a
fait connaître intérieurement et Il me dit que bien des âmes déjà étaient :
« attirées vers Mon amour, par l’intermédiaire de cette image. Ma
Miséricorde agit sur les âmes, par cette œuvre. »
1379. J’ai su que notre Mère Supérieure devra porter une croix assez lourde
en rapport avec des souffrances physiques mais qui durera peu.
1380. L’idée m’est venue de ne pas m’administrer de médicament à la
cuillère, mais peu à peu, car c’est un médicament cher. A ce moment
j’entendit une voix : « Ma fille, un tel comportement Me déplait. Accepte
avec gratitude tout ce que Je te donne par la Supérieure. C’est de cette
façon que tu Me plairas le plus.»
1381. Lorsque Sœur Dominique mourut, la nuit vers une heure, elle vint à moi
et me fit savoir qu’elle était morte. J’ai prié pour elle avec ferveur. Le
matin les Sœurs m’ont dit qu’elle avait trépassé. Je leur ai répondu que je
le savais car j’avais eu sa visite. La Sœur infirmière m’a demandé de
l’aider à habiller cette Sœur. Et alors que j’étais seule avec elle, le
Seigneur m’a fait connaître qu’elle souffrait encore en Purgatoire et j’ai
redoublé mes prières à son intention. Cependant malgré le zèle avec lequel
je prie toujours pour nos Soeurs disparues, je me suis trompée de jour. Et,
au lieu d’offrir trois jours de prières comme l’ordonne la règle, je n’ai,
par erreur, offert que deux jours. Le quatrième jour elle me fit connaître
que des prières lui étaient encore dues et qu’elles lui sont nécessaires.
J’ai immédiatement offert tout le jour à son intention, mais non seulement
ce jour mais bien plus comme me le dictait l’amour du prochain.
1382. Parce que Sœur Dominique, après sa mort, avait une très jolie mine et
ne donnait pas l’impression d’un cadavre, quelques Sœurs pensèrent qu’elles
étaient peut-être en léthargie et l’une d’elles m’a dit que nous devions lui
mettre un miroir sur la bouche, afin de voir s’il s’embuait. Car si elle
vit, la vapeur de la respiration se verra. J’ai dit : « Bien », et nous
avons fait ainsi que nous l’avions dit. Mais il n’y eut pas de vapeur sur le
miroir, quoiqu’il nous ait semblé qu’il y en avait eu réellement. Cependant
le Seigneur m’a fait savoir combien ceci Lui avait déplu. Et j’ai été très
sévèrement rappelée à l’ordre, afin que je ne me conduise plus jamais à
l’encontre de mon intime conviction. Je me suis profondément humiliée devant
le Seigneur, et je Lui ai demandé pardon.
1383. Je vois un certain prêtre que Dieu aime beaucoup, mais que Satan
déteste terriblement, car il mène bien des âmes à un grand état de sainteté
et ne prend en considération, que la gloire de Dieu. Mais je prie Dieu que
ne cesse pas sa patience envers ceux qui sans cesse le contrecarrent. Satan,
lorsqu’il ne peut seul, être néfaste, se sert alors des gens.
1384. 19 novembre. Aujourd’hui après la Sainte communion, Jésus m’a dit
combien Il désire visiter le cœur humain. « Je désire m’unir aux âmes, mon
plus grand plaisir est de m’unir ; Sache ceci, Ma fille que lorsque je viens
par la Sainte Communion jusqu’au cœur des hommes, J’ai les mains pleines de
toutes sortes de Grâces que je désire transmettre aux âmes, mais les âmes ne
font même pas attention à Moi. Elles Me laissent Seul et s’occupent d’autre
chose. Comme cela M’attriste que les âmes n’aient pas compris l’amour. Elles
se conduisent envers Moi comme une chose morte.» J’ai répondu à Jésus : « Ô
Trésor de mon cœur, unique objet de mon amour, et tout le délice de mon âme,
je désire Vous adorer en mon cœur ainsi que Vous l’êtes sur le trône de
Votre gloire éternelle. Je désire par mon amour, Vous dédommager, ne
serait-ce qu’à peine, de la froideur d’un si grand nombre d’âmes. Jésus,
voici mon cœur qui est pour Vous une demeure à laquelle nul autre n’a accès.
Vous seul y reposez comme en un beau jardin. Ô mon Jésus, au revoir, je dois
accomplir ma tâche, mais je Vous témoignerai mon amour envers Vous par un
constant sacrifice. Je ne négligerai ni ne me permettrai en aucune façon de
l’esquiver.»
1385. Quand je suis sortie de la Chapelle, la Mère Supérieure m’a dit : «
Vous n’irez pas, ma Sœur, au cours de catéchisme. Vous serez de service.» -
« Bien !» Jésus, j’ai eu ainsi durant toute la journée exceptionnellement
beaucoup d’occasions de sacrifices. Je n’en ai laissé passer aucune, grâce à
la force d’âme que j’avais puisée dans la Sainte Communion.
1386. Il y a des moments dans la vie où l’âme est dans un tel état qu’elle
ne comprend plus en quelque sorte le langage humain. Tout la fatigue, rien
ne peut la calmer, si ce n’est une fervente prière. Par elle, l’âme reçoit
soulagement, et malgré son désir de recevoir des explications, celles-ci ne
pourraient l’amener qu’à une plus grande inquiétude.
1387. Au cours d’une prière, j’ai connu combien l’âme du Père Andrasz est
agréable à Dieu. C’est un véritable enfant de Dieu. Et cela, parce qu’il a
une particulière dévotion envers la Mère de Dieu. Rares sont les âmes dans
lesquelles se manifeste aussi nettement cette filiation avec Dieu.
1388. Ô mon Jésus, en dépit de ma grande hâte, il me faut obéir, afin de ne
pas gâter Votre œuvre par ma précipitation. Ô mon Jésus, Vous me faites
connaître Vos secrets et Vous voulez que je les transmette aux autres âmes.
La possibilité d’agir me sera donnée sous peu. Au moment où la destruction
sera en apparence absolue, c’est alors que ma mission commencera sans
embûches. Telle est en ceci la volonté de Dieu, qui ne changera pas. Bien
des personnes y seront opposées, cependant rien ne pourra contrarier cette
volonté de Dieu.
1389. Je vois l’Abbé Sopocko : comme son esprit est occupé et travaille pour
la cause de Dieu, auprès des autorités ecclésiastiques, afin de leur
soumettre les souhaits de Dieu. Grâce à son action, une nouvelle lumière va
briller dans l’Eglise de Dieu pour la consolation des âmes. Quoique pour le
moment, son âme soit remplie d’amertume, comme si telle était la récompense
de ses efforts pour Dieu, cependant il n’en sera pas ainsi. Je vois sa joie,
à laquelle il ne sera fait aucun préjudice. Dieu lui accordera une partie de
cette joie déjà dès ici bas. Je n’ai encore jamais rencontré une fidélité à
Dieu aussi grande que celle qui distingue cette âme.
1390. Aujourd’hui au réfectoire durant le dîner, j’ai ressenti le regard de
Dieu au fond de mon cœur. Une présence si vivante pénétra mon âme, que
durant un moment je ne savais plus où j’étais. La douce présence de Dieu a
envahi mon âme et par moment, je ne savais de quoi me parlaient les Sœurs.
1391. Tout ce qui a de bon en moi l’est par la Sainte Communion ; c’est à
elle que je dois tout. Je sens que ce Saint Feu m’a complètement
transformée. Oh ! Combien je me réjouis d’être une demeure pour Vous
Seigneur, mon cœur est un Sanctuaire où Vous séjournez continuellement !…
1392. J.M.J.
Jésus, délice de mon âme, pain des Anges,
Tout mon être est plongé en Toi.
Et je vis de Ta vie divine comme les élus au Ciel.
Et la vérité de cette vie ne cessera point !
Jésus-Eucharistie, Dieu immortel
Qui continuellement séjourne en mon cœur,
Lorsque je T’ai, la mort elle-même ne peut me nuire,
Ainsi l’Amour me dit que je Te verrai au terme de la vie !
Imprégnée de Ta vie divine,
Je regarde calmement le ciel ouvert pour moi,
Et la mort honteuse s’en ira les mains vides,
Car Ta vie divine est contenue en mon âme
Et même de par Ta sainte volonté, ô Seigneur,
La mort toucherait-elle mon corps,
Je désire que ce dénouement
Ait lieu le plus rapidement possible !
Car par lui j’entrerai dans la vie éternelle.
Jésus-Eucharistie, vie de mon âme,
Tu m’as élevé jusqu’à la sphère éternelle
Par le supplice et l’agonie dans une terrible géhenne !
1393. 26 novembre 1937. Retraite mensuelle d’un jour.
Au cours de cette retraite, le Seigneur m’a donné la lumière d’une plus
profonde connaissance de Sa volonté, celle de m’abandonner entièrement à la
Sainte volonté de Dieu. Cette lumière m’a confirmée en ma profonde
tranquillité, me faisant comprendre que je ne dois rien craindre, en dehors
du péché. J’accepte tout ce que Dieu permettra pour moi, m’abandonnant
entièrement à Sa Sainte volonté. Peu importe où Il me mettra. Je
m’efforcerai fidèlement d’accomplir Sa Sainte volonté ainsi que tous ses
désirs autant que cela sera en mon pouvoir. Je m’y efforcerai, cette volonté
de Dieu, serait-t-elle pour moi aussi dure et difficile que la volonté du
Père des Cieux envers son fils en prière au Jardin des Oliviers. Ainsi me
suis-je aperçue que si la volonté du Père des Cieux s’accomplit de cette
façon, en Son Fils Bien-Aimé, c’est justement aussi de cette façon qu’elle
s’accomplira en nous : souffrances, persécutions, affronts, honte, c’est par
tout cela que mon âme deviendra semblable à celle de Jésus. Et plus les
souffrances seront grandes, plus je me rends compte que je deviendrai
semblable à Jésus. C’est la route la plus sûre. Si une autre route était
meilleure, Jésus me l’aurait montrée.
Les souffrances ne m’enlèvent nullement mon calme ; mais d’un autre côté,
bien que je jouisse d’un calme profond, celui-ci n’efface pas en moi
l’impression de souffrance. Bien que j’ai plus d’une fois le visage penché
vers la terre et que mes larmes coulent abondamment, cependant à ce même
moment, mon âme est imprégnée de profonde paix et de bonheur…
1394. Je désire me cacher en Votre Cœur très Miséricordieux, telle la goutte
de rosée dans le calice de la fleur pour me protéger du gel de ce monde.
Personne ne peut concevoir mon bonheur, comme mon cœur se délecte en secret,
seul à seul avec Dieu.
1395. J’ai entendu aujourd’hui une voix en mon âme : « Oh ! Si les pécheurs
connaissaient Ma Miséricorde, il n’en périrait pas un si grand nombre ! Dis
aux âmes des pécheurs qu’elles ne craignent pas de s’approcher de Moi !
Parle-leur de ma grande Miséricorde ! »
1396. Le Seigneur m’a dit : « La perte de chacune des âmes me plonge en une
mortelle tristesse. Tu me consoles toujours lorsque tu pries pour les
pécheurs. La prière qui M’est la plus agréable est cette prière pour la
conversion des âmes pécheresses. Sache, Ma fille, que cette prière est
toujours exaucée ! »
1397. L’Avent approche. Je désire préparer mon cœur à la venue de Notre
Seigneur Jésus par la douceur et le recueillement de l’âme. Je m’unis ainsi
à la Très Sainte Mère et imite fidèlement Sa vertu de douceur par laquelle
Elle fut agréable aux yeux de Dieu Lui-même. J’ai foi en ce qu’à Ses côtés,
je persisterai dans cette résolution.
1398. Le soir, lorsque je suis entrée un moment à la Chapelle, j’ai ressenti
une terrible épine dans la tête. Cela dura peu de temps, mais cette piqûre
fut si douloureuse qu’en un instant je suis tombée, tête en avant sur la
balustrade. Il me semblait que cette épine s’était enfoncée dans mon
cerveau. Mais ce n’est rien, tout est pour les âmes, afin d’implorer pour
elles la Miséricorde de Dieu.
1399. Je vis d’heure en heure. Je ne suis pas en état de me conduire
autrement. Je désire profiter au mieux du moment présent, accomplissant
fidèlement tout ce qu’Il me donne. En tout, je m’abandonne à Dieu avec une
inébranlable confiance.
1400. J’ai reçu hier une lettre de Monsieur l’Abbé Sopocko. J’ai appris que
l’affaire de Dieu progresse, quoique lentement. Je m’en réjouis immensément,
et j’ai redoublé mes prières pour toute cette œuvre. Je sais qu’actuellement
en ce qui concerne cette œuvre, Dieu exige de moi prières et sacrifices. Mon
action pourrait en effet, contrecarrer les projets de Dieu, comme me l’a
écrit dans sa lettre d’hier, Monsieur l’Abbé Sopocko. Ô mon Jésus,
accordez-moi la grâce d’être dans Votre main un instrument patient ! J’ai
constaté dans cette lettre combien la lumière que Dieu accorde à ce prêtre
est grande. Cela me confirme dans la conviction que Dieu Lui-même mène cette
œuvre malgré les obstacles qui s’accumulent. Je sais bien que, plus grande
et plus belle est l’œuvre, plus terribles seront les orages qui se
déchaîneront contre elle.
1401. Bien souvent Dieu, en Ses jugements impénétrables, permet que ceux qui
prirent le plus de peine à l’accomplissement d’une œuvre ne puissent jouir
sur cette terre, des fruits de cette œuvre, Dieu leur en conservant toute la
joie pour l’éternité. Mais malgré tout, parfois Dieu leur fait savoir
combien leurs efforts Lui sont agréables.
Et ces moments les fortifient pour de nouvelles luttes et épreuves. Ce sont
là les âmes les plus semblables au Sauveur qui n’a goûté qu’amertume dans l’Oeuvre
qu’Il fonda sur terre.
1402. Ô mon Jésus, soyez béni pour tout, je me réjouis que s’accomplisse
Votre très Sainte volonté, cela suffit entièrement à mon bonheur !
1403. Jésus caché, en Vous repose toute ma force ! Depuis ma plus tendre
enfance, Notre Seigneur Jésus présent dans le Saint Sacrement m’a attirée
vers Lui. J’avais sept ans lorsque, étant à Vêpres et Notre Seigneur Jésus
exposé dans l’ostensoir, pour la première fois l’amour de Dieu se communiqua
à moi, et emplit mon cœur. Et le Seigneur me donna la compréhension des
choses divines. Depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui mon amour pour Dieu caché
s’est accru jusqu'à la plus étroite intimité. Toute la force de mon âme
provient du Très Saint Sacrement. Je passe chaque moment de liberté en
conversation avec Lui. Il est mon Maître.
1404. 30 novembre 1937. Alors que je montais les escaliers le soir, tout à
coup, un étrange dégoût de ce qui est divin m’a envahie. Sur ce j’entendis
Satan qui m’a dit : « Ne pense donc pas à cette œuvre, Dieu n’est pas aussi
Miséricordieux que tu le dis. Ne prie pas pour les pécheurs car ils seront
de toutes façon damnés. Par cette œuvre de Miséricorde tu t’exposes toi-même
à la damnation. Ne parle jamais de cette Miséricorde de Dieu à ton
confesseur, particulièrement à l’Abbé Sopocko ni au Père Andrasz. » Cette
voix prit l’apparence de celle d’un Ange gardien. A ce moment j’ai répondu :
« Je sais qui tu es, le père du mensonge. » J’ai fait le signe de la Croix
et le prétendu Ange disparut avec fracas et furie.
1405. Aujourd’hui le Seigneur m’a fait connaître intérieurement qu’Il ne
m’abandonne pas. Il m’a fait voir Sa Majesté, Sa Sainteté, en même temps que
Son Amour et Sa Miséricorde envers moi. Il m’a aussi fait connaître plus
profondément ma misère. Cependant cette grande misère qui est mienne, ne
m’enlevait pas la confiance, tout au contraire. Dans la mesure où je
connaissais ma misère, ma confiance en la Miséricorde de Dieu se fortifiait.
J’ai compris que tout cela dépend du Seigneur. Je sais que personne ne
touchera un seul de mes cheveux, sans Sa volonté.
1406. Aujourd’hui, alors que je recevais la Sainte Communion, j’ai remarqué
dans le Calice une Hostie vivante qui me fut donnée par le prêtre. Quand je
revins à ma place j’ai demandé au seigneur : « Pourquoi l’une est-elle
vivante ? Puisque Vous êtes vivant de même en toutes ? » Le Seigneur m’a
répondu : « C’est exact, dans toutes les hosties Je suis le même. Mais
toutes les âmes ne Me reçoivent pas avec une foi aussi vivante que la
tienne, Ma fille, et c’est pourquoi Je ne peux agir en leur âme, comme en la
tienne. »
1407. A la Sainte Messe que célébrait Monsieur l’Abbé Sopocko j’étais
présente et pendant cette Messe j’ai vu le Petit Jésus qui, touchant du
doigt le front de ce prêtre m’a dit : « Sa pensée est étroitement unie à la
Mienne, sois donc sans crainte pour ce qui est de Mon Œuvre. Je ne laisserai
pas se tromper. Et toi, n’agis pas sans son autorisation. » - Ceci emplit
mon âme d’une grande tranquillité pour l’ensemble de cette œuvre.
1408. Aujourd’hui Notre Seigneur Jésus me fit prendre conscience de
Lui-même, ainsi que de Son plus tendre Amour et de Sa protection, dans une
profonde assurance que tout dépend de Sa volonté. De même, Il permet
certaines difficultés uniquement pour notre mérite, afin que se manifeste
clairement notre fidélité, et qu’ainsi, la force de la souffrance et de
l’abnégation se communique à nous.
1409. Aujourd’hui, veille de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge
Marie, pendant le repas de midi, à un moment donné, Dieu me fit connaître la
grandeur de ma destinée qui est : la proximité de Dieu. Il me révéla que
cette proximité m’avait été accordée pour les siècles. Il le fit avec une
telle acuité et si distinctement que durant un long moment je suis restée
profondément abîmée en Sa vivante Présence, m’humiliant devant Sa Grandeur.
1410. J.M.J.
Ô Esprit de Dieu, Esprit de vérité et de lumière,
Demeure constamment en mon âme par Ta grâce divine !
Que Ton souffle dissipe les ténèbres
Et que dans ta lumière les bonnes actions se multiplient !
Ô Esprit de Dieu, Esprit d’Amour et de Miséricorde
Qui verse en mon cœur le baume de la confiance,
Ta grâce confirme mon âme dans le bien,
Lui donne une force invincible : la constance !
Ô Esprit de Dieu, Esprit de paix et de joie,
Qui réconforte mon cœur altéré,
Verse en lui la vivante source de l’Amour divin
Et rends le intrépide dans la lutte !
Ô Esprit de Dieu, hôte très aimable de mon âme,
Je désire de mon côté Te garder fidélité,
Tant aux jours de joie qu’aux heures de souffrances,
Je désire, Esprit de Dieu, vivre toujours en Ta présence !
Ô Esprit de Dieu, qui imprègne mon être
Et me fait connaître Ta vie divine et Trinitaire
Et m’initie à Ton Etre divin,
Ainsi unie à Toi ma vie est déjà éternelle !
1411. C’est avec un grand zèle que je me suis préparée à célébrer la Fête de
l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. J’ai veillé davantage au
recueillement de mon âme et j’ai approfondi Son privilège exclusif. Aussi
mon cœur s’est épris d’Elle, et j’ai remercié Dieu d’avoir accordé à Marie
ce grand privilège.
1412. Je me suis non seulement préparée par la neuvaine dite en commun, à
laquelle toute la Congrégation participait, mais encore je me suis efforcée
personnellement de la saluer mille fois par jour en récitant à Sa gloire
mille « Je vous salue Marie » par jour, durant neuf jours.
Voici déjà trois fois que j’adresse une telle neuvaine à la Sainte Vierge,
c’est-à-dire une neuvaine se composant de mille Ave par jour. Ce sont donc
neuf mille Ave qui forment l’ensemble de cette neuvaine. J’ai déjà pratiqué
cette neuvaine trois fois au cours de ma vie, dont deux durant mes travaux
quotidiens. Et cependant, je n’ai manqué à aucun de mes devoirs, les
remplissant avec grande exactitude. Je la fais en dehors des exercices,
c’est-à-dire que, ni durant la sainte Messe ni au cours de la Bénédiction,
je n’ai récité ces Ave ; et j’ai fait une neuvaine semblable une troisième
fois alors que j’étais hospitalisée.
Pour celui qui veut, rien n’est difficile. En dehors des récréations, je
priais et travaillais. Ces jours-là, je n’ai prononcé aucun mot qui ne soit
absolument nécessaire. Je dois cependant avouer que cette affaire nécessite
une assez grande attention ainsi qu’un effort, mais pour glorifier
l’Immaculée, rien n’est de trop.
1413. Fête de l’Immaculée Conception. Avant la Sainte Communion, j’ai vu la
Très Sainte Mère d’une incomparable beauté. S’adressant à moi avec un
sourire, Elle me dit : « Ma fille, sur la recommandation de Dieu, je dois
être tout particulièrement une véritable mère pour toi. Mais je désire que,
Ma très aimable fille, tu sois tout particulièrement Mon enfant.
1414. Je désire que tu t’exerces à trois vertus qui me sont chères entre
toutes et qui sont le plus agréable à Dieu :
la première, c’est l’humilité, l’humilité et encore l’humilité ;
la deuxième : la chasteté ;
la troisième : l’amour envers Dieu.
Tu es Ma fille, et comme telle, tu dois particulièrement briller par ces
vertus.» A la fin de l’entretien Elle me serra sur Son Coeur et disparut.
Lorsque je suis revenue à moi, mon cœur est demeuré étrangement attiré par
ces vertus auxquelles je m’exerce fidèlement ; elles sont comme gravées en
mon cœur.
1415. Ce fut un grand jour pour moi. J’étais plongée en une incessante
contemplation, car seul le souvenir de cette grâce m’entraînait à une
nouvelle contemplation. Et durant tout le jour j’ai persévéré dans une
action de grâce que je n’ai pu terminer. Car le souvenir de cette grâce
poussait mon âme à se plonger à nouveau en Dieu…
1416. Ô Seigneur, mon âme est pourtant la plus misérable qui soit, et Vous
Vous abaissez vers elle avec tant de bienveillance. Je vois clairement et
Votre grandeur et ma petitesse. C’est pourquoi je me réjouis de Votre
Toute-Puissance et de Votre Immensité, et aussi de ma toute petitesse.
1417. Christ souffrant, je vais à Votre rencontre et en tant que Votre
bien-aimée, je dois Vous ressembler. Votre manteau d’infamie doit également
me recouvrir. Ô Christ, Vous savez combien je désire vivement Vous
ressembler ! Faites-moi partager toute Votre Passion.
Que toute Votre douleur se déverse en mon cœur. J’ai confiance que pour
cela, Vous comblerez mes déficiences.
1418. Aujourd’hui adoration de nuit. Je n’ai pu y prendre part, à cause de
la faiblesse de ma santé ; cependant avant de m’endormir je me suis unie aux
Sœurs adoratrices. Entre quatre et cinq heures, tout à coup, j’entendis une
voix m’invitant à me joindre aux personnes qui faisaient l’adoration à ce
moment-là. J’ai su que parmi ces personnes, une âme priait pour moi.
Et lorsque je me suis plongée dans la prière, je me suis trouvée transportée
en esprit à la Chapelle. Et j’ai vu Notre Seigneur exposé dans l’ostensoir.
A la place de l’ostensoir, j’ai vu la face glorieuse du Seigneur. Et Jésus
m’a dit : « Ce que tu vois en réalité, ces âmes le voient par la foi. Oh !
Combien leur grande foi m’est agréable ! Bien qu’en apparence il n’y ait en
Moi aucune trace de vie, cependant, chaque hostie contient réellement Ma vie
toute entière. Mais l’âme doit avoir la foi, afin que je puisse agir sur
elle. »
1420. Oh ! Que la foi vivante m’est agréable ! Cet acte d’adoration était
accompli par la Mère Supérieure et quelques autres Sœurs. Cependant j’ai su
que par sa prière, la Mère Supérieure avait touché le ciel, et je me suis
réjouie qu’il existe des âmes aussi agréables à Dieu.
1421. Lorsque le jour suivant durant la récréation, j’ai demandé quelles
Sœurs avaient participé à l’adoration entre quatre et cinq heures, l’une
d’elles s’écria : « Pourquoi le demandez-vous, ma Sœur ? Vous avez sûrement
eu une vision ? » - Je me suis tue et je n’ai plus rien dit bien que j’ai
été questionnée par la Mère Supérieure. Je ne pouvais répondre car le moment
n’était pas favorable.
1422. Une fois, l’une des Sœurs me confia quelle avait l’intention de
choisir tel prêtre, comme directeur de conscience. Elle se confia donc à
moi, toute joyeuse et me demanda de prier à cette intention, ce que je fis.
Pendant que je priais, j’ai su que cette âme n’en retirerait aucun avantage.
Et voilà que nous rencontrant de nouveau, cette personne me parla de sa joie
d’avoir choisi ce directeur de conscience. Moi, j’ai partagé sa joie,
cependant, après son départ je fus sévèrement rappelée à l’ordre. Jésus m’a
dit de lui répondre ainsi qu’Il me l’a fait savoir au cours de la prière. Et
je l’ai d’ailleurs fait à la première occasion, bien que cela m’ait vraiment
coûté.
1424. Aujourd’hui j’ai ressenti la souffrance de la couronne d’épines
pendant un temps relativement court. J’étais alors en train de prier pour
une certaine âme devant le Saint Sacrement. A un moment, j’ai ressenti une
douleur si violente que ma tête heurta la balustrade, et bien que ce moment
ait été court, ce fut très douloureux
1425. Christ, donnez-moi des âmes ! Permettez tout ce que bon Vous semblera
pour moi, mais en échange, donnez-moi les âmes ! Je désire leur salut. Je
désire qu’elles connaissent Votre Miséricorde. Je n’ai rien pour moi-même,
car j’ai tout distribué aux âmes. En sorte que quand je comparaîtrai devant
Vous au jour du Jugement dernier, ayant tout donné, Vous n’aurez donc rien
sur quoi me juger. Et nous nous rencontreront ce jour-là : l’Amour avec la
Miséricorde…
1426. J.M.J.
Jésus caché, vie de mon âme,
Objet de mon ardent désir,
Rien ne saurait étouffer en mon cœur l’amour que j’ai pour Toi.
Telle est l’assurance que me donne la force de l’amour partagé !
Jésus caché, gage glorieux de ma résurrection,
En Toi se concentre toute ma vie !.
C’est Toi, Eucharistie, qui me rend capable d’aimer éternellement,
Et je sais que Tu m’aimeras en retour comme
Ton petit enfant !
Jésus caché, mon amour le plus pur,
Ma vie avec Toi commence déjà ici-bas,
Elle se montrera pleinement dans l’éternité future,
Car notre mutuel amour ne changera jamais !
Jésus caché, Toi l’unique que mon âme désire,
Tu m’es, à Toi seul, plus que la jouissance du Ciel
Plus que tous les dons, plus que toutes les grâces
C’est Toi seul que mon âme attend,
Toi qui viens à moi sous la forme du pain !
Jésus caché, prends enfin mon cœur altéré de Toi
Qui brûle pour Toi du même feu que les Séraphins.
Je ne suis qu’une faible femme
Mais sur Tes traces, invincible,
Je vais par la vie, le front haut, tel un chevalier !
1427. Je me sens plus mal depuis un mois, et à chaque quinte de toux, je
ressens la décomposition de mes poumons. Et il m’est arrivé plus d’une fois
de sentir la complète décomposition de mon propre corps. Il est difficile
d’exprimer quelle grande souffrance est là. Et malgré l’accord total de ma
volonté c’est là une grande souffrance pour ma nature, plus grande que de
porter le cilice ou que la flagellation jusqu’au sang. Je la sentais surtout
lorsque j’allais au réfectoire; je faisais de grands efforts pour manger
tant soit peu alors que la nourriture me donnait la nausée. C’est à cette
époque que commencèrent des douleurs intestinales. Toute nourriture quelque
peu relevée provoquait en moi d’atroces souffrances. Je me suis tordue dans
de terribles douleurs et dans les larmes pour le salut des pécheurs.
1428. Cependant j’ai demandé à mon confesseur ce qu’il fallait faire :
continuer à supporter cela pour les pécheurs ou demander à la Supérieure de
faire une exception en me donnant une nourriture plus douce. Le confesseur a
décidé que je devais demander à la Supérieure une nourriture plus douce ;
ainsi ai-je agi, suivant ses indications, voyant que cette humiliation était
plus agréable à Dieu.
1429. Un jour je me suis demandé si vraiment je pouvais sentir cette
décomposition de mon organisme et en même temps, continuer à marcher et à
travailler : était-ce une illusion ? D’un autre côté, ce ne pouvait être une
illusion puisque cela m’occasionnait de si grandes douleurs.
Pendant que j’étais en train de penser à cela, l’une des Sœurs vint parler
un moment avec moi. Au bout de quelques minutes, elle fit une horrible
grimace et me dit : « Ma Sœur, je sens ici l’odeur d’un cadavre en
décomposition. Oh ! C’est affreux.
Je lui ai répondu : « Ne vous effrayez pas, ma Sœur, cette odeur de cadavre
vient de moi ! » Elle s’en est grandement étonnée, mais a dit qu’elle ne
pourrait pas résister plus longtemps.
Lorsqu’elle fut partie, j’ai compris que Dieu avait fait sentir ceci à cette
Sœur afin que je n’ai plus de doutes ; mais qu’Il cache cette souffrance à
toute la Communauté de façon tout simplement miraculeuse. Ô mon Jésus, Vous
seul savez toute la profondeur de ce sacrifice !
1430. Cependant, il fallut encore supporter au réfectoire plus d’un soupçon
comme quoi je faisais des manières ; alors comme toujours en pareil cas je
m’empresse d’aller vers le Tabernacle, je m’incline devant le Ciboire et j’y
puise la force de rester en accord avec la volonté de Dieu.
Et je suis loin d’avoir tout écrit.
1431. Aujourd’hui, pendant la confession, rompant en esprit le pain azyme
avec moi, mon confesseur m’a adressé les vœux suivants : « Soyez le plus
possible fidèle à la grâce divine ! Deuxièmement : Implorez la Miséricorde
pour vous-même et pour le monde entier, car tous, nous avons besoin de la
miséricorde divine ! »
1432. Deux jours avant les Fêtes, on a lu au réfectoire les mots suivants :
« Demain, naissance de Jésus-Christ selon la chair.» - Ces mots firent
jaillir en moi la lumière l’Amour de Dieu : j’ai mieux compris le secret de
l’Incarnation. Que la Miséricorde de Dieu contenue dans le secret de
l’Incarnation du fils de Dieu est grande !
1433. Aujourd’hui Dieu m’a révélé Sa colère contre l’humanité qui
mériterait, par ses péchés, que ses jours soient raccourcis. Mais il m’a été
révélé que l’existence du monde était soutenue par les âmes choisies,
c'est-à-dire par les Ordres religieux. Que le monde serait à plaindre si les
monastères venaient à manquer !
J.M.J.
1434. J’accomplis chaque action ayant la mort présente devant mes yeux,
Je l’accomplis maintenant comme je voudrais la voir à ma dernière heure.
Quoique la vie passe aussi vite qu’une bourrasque,
Aucune action entreprise pour Dieu ne se perd.
Je sens la complète décomposition de mon organisme,
Quoique je vive et travaille encore.
La mort ne me fait aucune impression tragique
Car je la pressens depuis longtemps.
Bien qu’il soit très pénible à la nature
De sentir sans cesse son propre cadavre,
Cela peut cependant être supportable lorsque la lumière de Dieu a pénétré
l’âme,
Car en elle s’élève la foi, l’espoir l’amour et le repentir.
Je fais chaque jour de grands efforts
Afin de prendre part à la vie commune,
Et implorer ainsi des grâces pour le salut des âmes,
Les préservant par mon sacrifice du feu de l’enfer.
Car ne serait-ce que pour le salut d’une seule âme
Cela vaut la peine de se sacrifier toute la vie durant,
Et de supporter les plus grands sacrifices et les plus grands tourments,
Voyant quelle immense gloire Dieu en retire.
1435. Seigneur, quoique Vous me fassiez souvent connaître les foudres de
Votre mécontentement, cependant Votre colère devant les âmes humbles. Bien
que Vous soyez grand, Seigneur, Vous Vous laissez vaincre par les âmes
humbles et pleines d’humilité. Si peu d’âmes te possèdent, ô humilité, la
plus précieuse des vertus ! Je n’en vois partout que l’apparence, mais cette
vertu elle-même, je ne la vois pas. Ô Seigneur, réduisez-moi à néant à mes
propres yeux, afin que je puisse trouver grâce aux Vôtres !
1436. Veille de Noël 1937. Après la Sainte Communion, Notre Dame m’a fait
connaître le souci qu’Elle avait au Cœur, concernant le fils de Dieu.
Cependant ce souci était empreint d’un tel abandon à la volonté de Dieu que
je parlerai de sujet de joie, plutôt que de sujet d’inquiétude. Elle m’a
fait comprendre que mon âme devait accueillir toute volonté de Dieu, quelle
qu’elle soit. Dommage que je ne sache écrire cela comme je l’ai discerné.
Mon âme fut plongée tout le jour en un profond recueillement ; rien ne put
m’en tirer, ni les rapports que j’eus avec des personnes laïques.
1437. Avant le réveillon de Noël, je suis entrée pour un moment à la
Chapelle afin de rompre en pensée le pain azyme avec les personnes aimées et
chères à mon cœur, éloignées par la distance plongée dans une profonde
prière et j’ai demandé au Seigneur de leur accorder des grâces à toutes et
ensuite à chacune en particulier. Jésus me fit savoir combien cela Lui
plaisait ; et mon âme s’emplit d’une joie encore plus grande à la pensée que
Dieu aime particulièrement ceux que nous aimons.
1438. Lorsque je suis entrée au réfectoire, au cours de la lecture, tout mon
être s’est trouvé plongé en Dieu. Je voyais intérieurement le regard de Dieu
posé sur nous avec une grande prédilection. Je demeurai seule à Seul avec le
Père des Cieux. A ce moment là, j’ai approfondi ma connaissance des Trois
Personnes Divines que nous contemplerons durant toute l’éternité. Et après
des millions d’années, nous comprendrons que nous avons seulement commencé
notre contemplation. Oh ! Que cette Miséricorde de Dieu est grande, qui
permet à l’homme de prendre une si grande part à son Divin Bonheur. Mais en
même temps quelle douleur aigue transperce mon cœur à la pensée que de
nombreuses âmes dédaignent ce bonheur.
1439. Lorsque nous avons commencé à partager le pain azyme, un mutuel et
sincère amour se mit à régner entre nous. La Révérende Mère me fit ce
souhait : « Ma Sœur, les œuvres de Dieu avancent lentement, donc ne vous
pressez point.» Toutes les Sœurs dans l’ensemble me souhaitèrent sincèrement
le grand Amour Divin, ce que je désirais le plus. J’ai vu que ces souhaits
venaient vraiment du cœur, sauf en ce qui concerne une Sœur, qui avait
dissimulé une méchanceté sous ces souhaits. Bien que cela ne me fit guère de
mal, tant mon âme était enivrée de Dieu, cela m’éclaira. J’ai compris que
Dieu se communique si peu à cette âme parce qu’elle se recherche toujours
elle-même, y compris dans les choses saintes. Oh ! Que le Seigneur est bon
de ne pas permettre que je m’égare ! Je sais qu’Il me gardera jalousement,
aussi longtemps que je resterai toute petite : car c’est avec de telles âmes
que Lui, grand Seigneur aime à avoir commerce…quant aux âmes, Il les observe
de loin et S’oppose à elles.
1440. Bien que j’eusse désiré veiller un peu avant la Messe de minuit, cela
ne me fut pas possible: je me suis endormie immédiatement. Et je me suis
quand même sentie très faible lorsque sonna la Messe de minuit ; je fus sur
pied bien que je me sois habillée avec grande difficulté car je me trouvais
mal à tout instant.
1441. À mon arrivée à la Chapelle, dès le début de la Messe de Minuit, je me
suis toute plongée en un profond recueillement au cours duquel je vis la
Crèche de Bethléem emplie d’une grande clarté. La Très Sainte Vierge
enveloppait Jésus dans un lange toute pénétrée d’un grand amour ! Saint
Joseph cependant dormait encore ; ce n’est que lorsque La Sainte Vierge eût
déposé Jésus dans la Crèche, qu’à ce moment la clarté de Dieu éveilla Joseph
qui se mit aussi à prier. Peu de temps après, je suis demeurée en
tête-à-tête avec l’Enfant Jésus qui me tendait Ses petits bras et je compris
bien que c’était pour que je Le prenne dans les miens. Il blottit Sa tête
sur mon cœur et me fit comprendre de Son regard profond qu’Il se trouvait
tout proche de mon cœur. A ce moment Jésus disparut à mes yeux ; c’était la
sonnette pour la Sainte Communion, mon âme défaillit de joie.
1442. Cependant vers la fin de la Sainte Messe, je me suis sentie si faible
que je dus sortir de la Chapelle et me rendre dans ma cellule car je ne me
sentais déjà plus capable de prendre part au thé en commun. Cependant ma
grande joie dura pendant toute la Fête, car mon âme était sans cesse unie au
Seigneur. J’ai appris que toute âme aspire aux joies divines, mais la
plupart ne veulent à aucun prix renoncer aux joies humaines, et cependant
ces deux choses ne peuvent s’accorder.
1443. J’ai ressenti durant cette période de fête que certaines âmes priaient
pour moi. Je me réjouis qu’il existe déjà ici, sur terre, de semblables
connexions et une telle connaissance spirituelle. Hommage vous soit rendu, ô
mon Jésus pour tout cela !
1444. Parmi les plus grands supplices spirituels, je compte ma continuelle
solitude. Mais non, puisque je suis avec Vous, Jésus. Mais c’est des gens
que je veux parler. Aucun d’eux ne comprend mon cœur et cela ne m’étonne
plus maintenant, si cela m’a autrefois étonné, alors que mes intentions
étaient blâmées et mal interprétées ; mais maintenant je ne m’en étonne plus
du tout. Les gens ne savent plus percevoir l’âme, ils voient le corps et ils
jugent d’après les apparences ; mais comme le ciel est au-dessus de la
terre, de même les pensées de Dieu sont au-dessus de nos pensées. J’ai fait
l’expérience que bien souvent cela se passe ainsi.
1445. Le Seigneur m’a dit : « La façon dont les autres se comportent ne te
regarde pas. Tu dois te comporter comme Je te l’ordonne. Par l’Amour et la
Miséricorde tu dois être Mon vivant reflet.» J’ai répondu : « Seigneur,
c’est que bien souvent on abuse de ma bonté ! » - « Cela ne fait rien, Ma
fille, cela ne te concerne pas ; Tu dois toujours être miséricordieuse
envers tous et particulièrement envers les pécheurs.
1446. Ah, combien il m’est douloureux que les âmes s’unissent si peu à Moi
au cours de la Sainte Communion. J’attends les âmes mais elles sont
indifférentes envers Moi. Je les aime si tendrement, si sincèrement, et
elles n’ont pas la foi en Moi. Je veux les combler de grâces, elles ne
veulent pas les accueillir. Elles Me traitent comme quelque chose de mort et
pourtant, J’ai le Cœur débordant d’Amour et de Miséricorde. Afin que tu
connaisses, ne serais-ce qu’un peu, Ma douleur, imagine et considère la
douleur de la plus tendre des mères chérissant ses enfants, mais dont les
enfants méprisent l’amour. Personne ne peut la consoler. Ce n’est là qu’une
bien pâle image de Mon Amour.
1447. Ecrit et parle de Ma Miséricorde. Dis aux âmes qu’elles doivent
chercher consolation au Tribunal de la Miséricorde. C’est là que se
réalisent et se renouvellent sans cesse les plus grands miracles. Point
n’est besoin, pour obtenir ce miracle de faire de lointains pèlerinages, ni
de faire étalage d’un quelconque cérémonial ; il suffit de se jeter avec foi
aux pieds de Mon représentant, de lui dire sa misère et le miracle de la
Miséricorde divine se manifestera dans toute son ampleur. Même si cette âme
était déjà comme un cadavre en décomposition, et même si humainement parlant
il n’y avait plus aucun espoir de réanimation, même si tout semblait perdu,
il n’en est pas ainsi, avec Dieu : le miracle de la Miséricorde divine
restaurera cette âme dans toute son intégrité. » Ô malheureux, qui ne
profitez pas maintenant de ce miracle de la Miséricorde divine, en vain vous
appellerez, il sera trop tard !
J.M.J.
ANNEE 1938
Premier Janvier
1448. Bienvenue à toi, nouvelle année au cours de laquelle va se parachever
mon perfectionnement ! Je vous remercie à l’avance, ô Seigneur, de tout ce
que m’enverra Votre bonté. Je Vous remercie pour le Calice de souffrance que
chaque jour je boirai ! N’en diminuez pas l’amertume, ô Seigneur, mais
fortifiez mes lèvres, afin qu’en le buvant, elles sachent être souriantes
pour l’amour de Vous, mon Maître ! Je Vous remercie pour toutes les joies et
toutes les grâces, que je suis incapable de compter et qui affluent tous les
jours vers moi, telle la rosée matinale, silencieusement inaperçues,
qu’aucun œil curieux ne saurait déceler et qui ne sont connues que de Vous
et de moi, Seigneur ! Pour cela je Vous adresse dès aujourd’hui, mes
remerciements ; car il se pourrait que mon cœur n’en soit plus capable au
moment où Vous me tendrez le Calice.
1449. Aujourd’hui, toute consentante, je m’abandonne entièrement à Votre
Sainte Volonté, ô Seigneur, ainsi qu’a Votre très sage jugement, tous deux
étant toujours pour moi, la clémence et la miséricorde mêmes, bien que plus
d’une fois je ne puisse ni les comprendre ni les bien saisir ! Voici que je
Vous abandonne entièrement, mon Maître, le gouvernail de mon âme.
Conduisez-la Vous-même, selon Vos divins désirs ! Je m’enferme en Votre Cœur
Très Miséricordieux, qui est un océan d’insondable Miséricorde.
1450. Je termine l’année qui vient de s’écouler par des souffrances et je
commence la nouvelle également par des souffrances. J’ai dû m’aliter deux
jours avant le nouvel an. Je me sentais très mal. Une forte toux
m’affaiblissait, et avec cela d’incessantes douleurs intestinales ainsi que
des vomissements m’épuisaient énormément. Bien que ne pouvant me rendre aux
offices en commun, je m’unissais cependant par la pensée à toute la
Communauté. Lorsque les Sœurs se sont levées la nuit à onze heures, afin de
veiller et de saluer l’an nouveau, moi, je me tordais de douleur, depuis le
crépuscule, et cela dura jusqu’à minuit. J’ai joint ma souffrance aux
prières des Sœurs qui veillaient à la chapelle et réparaient les offenses
commises envers Dieu par les pécheurs.
1451. Lorsque sonna minuit, mon âme se plongea en un profond recueillement
et j’entendis une voix en mon âme : « Ne crains rien, ma petite enfant, tu
n’est pas seule. Lutte bravement car Mon épaule te soutient ; lutte pour le
salut des âmes, les exhortant à faire confiance à Ma Miséricorde, car c’est
là ton travail en cette vie et dans la vie future. » Ces paroles m’ont
communiqué une plus profonde compréhension de la Miséricorde divine. Seule
l’âme qui le désirera sera damnée, car Dieu ne condamne personne.
1452. C’est aujourd’hui la Fête du Nouvel An. Je me suis sentie si mal ce
matin qu’à peine ai-je pu me rendre dans la cellule voisine pour la Sainte
Communion. Je n’ai pu aller à la Sainte Messe un malaise m’ayant prise,
aussi est-ce dans mon lit que j’ai rendu grâces. Je désirais tant aller à la
Sainte Messe, et après la Messe aller me confesser au Père Andrasz.
Cependant je me suis sentie si mal que je n’ai pu aller ni à la Sainte Messe
ni à la confession, et de ceci, mon âme a beaucoup souffert.
Après le petit déjeuner, vint la Sœur infirmière qui demanda: « Pourquoi
n’êtes vous pas venue, ma Sœur, à la Sainte Messe ? » J’ai répondu que je ne
l’avais pu. Elle branla la tête en signe de désaveu et me dit « Une si
grande fête et vous n’allez pas à la Messe, ma Sœur ? ». Et elle sortit de
ma cellule. Je suis restée deux jours alitée, me tordant de douleurs. Elle
ne me rendit pas visite et lorsqu’elle vint le troisième jour, elle ne
demanda même pas si je pouvais me lever, mais immédiatement d’une voix
irritée pourquoi je ne m’étais pas levée pour aller à la Messe ? Restée
seule, j’ai essayé de me lever, cependant je fus prise à nouveau de tels
malaises que je suis restée au lit, la conscience tranquille. Cependant, mon
cœur avait tant à offrir au Seigneur qu’il s’unissait en esprit à Lui au
cours de la deuxième Messe. Après la deuxième Messe la Sœur infirmière
revint vers moi : mais cette fois en tant qu’infirmière et avec un
thermomètre. Cependant je n’avais pas de fièvre ; et pourtant je suis
gravement malade et ne peux me soulever. Ce fut alors un nouveau sermon pour
me dire que je ne devrais pas capituler devant la maladie. Je lui ai répondu
que je savais que l’on ne considérait chez nous quelqu’un comme gravement
malade que lorsqu’il était à l’agonie. Cependant, voyant qu’elle allait me
faire la morale, j’ai répondu que je n’avais pas présentement, besoin d’être
incitée au zèle, et je suis demeurée à nouveau seule dans ma cellule.
La douleur m’a étreint le cœur, l’amertume a envahi mon âme et j’ai répété
ces paroles : « Sois la bienvenue, année nouvelle, sois le bienvenu, calice
d’amertume. » Mon Jésus, mon cœur brûle d’envie d’aller vers Vous et voici
que la gravité de la maladie ne me permet pas de prendre physiquement part à
l’office divin et que je suis soupçonnée de paresse. Les souffrances
augmentèrent. La Mère Supérieure vint me voir un instant après avoir
déjeuné, mais elle partit très vite. J’avais eu l’intention de demander que
l’on fasse venir le Père Andrasz dans ma cellule afin que je puisse me
confesser. Cependant je me suis abstenue de formuler cette demande pour deux
raisons : la première, afin de ne pas donner lieu à des récriminations comme
cela avait eu lieu auparavant avec la Sainte Messe ; la deuxième, c’est que
je n’aurais même pas pu me confesser car je sentais que j’aurais fondu en
larmes comme un petit enfant. Peu après arriva l’une des Sœurs et voilà qu’à
nouveau elle me fait la remarque qu’il y a du lait au beurre dans le four du
poêle de la cuisine : « Pourquoi, ma Sœur ne le buvez-vous pas ? » J’ai
répondu qu’il n’y avait personne pour me l’apporter.
1453. Lorsque la nuit tomba, les souffrances physiques augmentèrent et les
souffrances morales s’y ajoutèrent. Nuit et souffrances. Le silence solennel
de la nuit me donnait la possibilité de souffrir librement. Mon corps s’est
étiré sur le bois de la Croix, je me suis tordue dans d’atroces douleurs
jusqu'à onze heures. Je me suis transportée en pensée jusqu’au Tabernacle,
j’ai découvert le Ciboire, j’ai appuyé ma tête sur le bord du Calice, et
toutes mes larmes coulèrent doucement vers le Cœur de Celui qui est seul à
comprendre ce que sont la douleur et la souffrance. J’ai éprouvé de la
douceur en cette souffrance et mon âme se mit à désirer cette douce agonie
que je n’échangerais contre aucun trésor au monde. Le Seigneur m’a accordé
la force d’âme et l’amour envers ceux par qui me viennent les souffrances.
Voici donc ce que fut le premier jour de l’année.
1454. Ce jour encore, j’ai ressenti les prières de la belle âme qui priait
pour moi, me communiquant en esprit sa bénédiction sacerdotale ; j’ai
répondu par une ardente prière.
1455. Seigneur de toute bonté, comme il est miséricordieux de Votre part de
juger chacun selon sa conscience et son discernement et non pas selon les
racontars des gens. Mon âme se grise et se nourrit de plus en plus de Votre
sagesse, dont j’ai de plus en plus profondément connaissance. Et voilà que
se dévoile à moi encore plus clairement l’immensité de Votre Miséricorde. Ô
mon Jésus, toute cette connaissance a pour conséquence que je me transforme
en un feu d’amour pour Vous, ô mon Dieu !
1456. 2 janvier 1938. Aujourd’hui pendant que je me préparais à la Sainte
Communion, Jésus a exigé que j’écrive bien plus, non seulement sur les
grâces qu’Il m’accorde, mais aussi sur les choses extérieures et ceci pour
la consolation de bien des âmes.
1457. Lorsque le prêtre est entré avec Notre Seigneur Jésus dans ma cellule,
après cette nuit de souffrances, une telle ardeur envahit tout mon être que
j’ai senti que, si le prêtre avait prolongé quelque peu ce moment, Jésus
Lui-même se serait arraché de ses mains et serait venu à moi.
1458. Après la Sainte Communion, le Seigneur m’a dit : « Si le prêtre ne
M’avait pas apporté à toi, Je serais venu Moi-même sous cette même forme. Ma
fille, les souffrances de cette nuit ont obtenu la grâce de la Miséricorde
pour un grand nombre d’âmes ! »
1459. « Ma fille, Je dois te dire quelque chose !» « Parlez, Jésus, car j’ai
soif de Vos paroles ! » - « Cela me déplaît que tu te laisses ainsi
influencer et parce que les Sœurs auraient murmuré que tu ne te sois pas
confessée au Père Andrasz dans la cellule ; tu sais bien que tu leur a donné
par là encore plus de raison de murmurer. »
J’ai demandé très humblement pardon au Seigneur. Ô mon Maître,
réprimandez-moi, ne me passez rien et ne me permettez pas de commettre une
faute !
1460. Ô mon Jésus, lorsque je suis incomprise et que mon âme est tourmentée,
je désire demeurer un moment seule à Seul, avec Vous. Le langage des mortels
ne me réconforte pas. Ne m’adressez pas, ô Seigneur de tels messagers qui ne
me parlent que pour leur propre compte de ce que leur dicte leur propre
nature ! De tels consolateurs me fatiguent beaucoup !
1461. 6 janvier 1938. Lorsque Monsieur le Chapelain a apporté Notre Seigneur
Jésus, une lumière jaillie de l’hostie, toucha mon cœur de son rayon,
m’emplissant d’un grand feu d’amour. C’est Jésus qui me laissa entendre que
je devais répondre avec une plus grande fidélité à l’inspiration de la Grâce
et que ma vigilance devrait être plus subtile.
Le Seigneur m’a fait savoir également que quantité d’évêques réfléchissaient
à cette fête, ainsi qu’un laïc. Les uns enthousiasmés de l’œuvre de Dieu,
les autres incrédules ; mais malgré tout l’œuvre de Dieu fut jugée
glorieuse. Mère Irène et Mère Marie Josèphe firent une sorte de rapport
devant ces dignitaires mais on leur posa moins de questions sur l’Oeuvre que
sur moi-même. Quant à cette Œuvre, il n’y avait déjà plus de doute, puisque
la gloire de Dieu s’était déjà manifestée.
1463. Je me sens beaucoup mieux aujourd’hui et me réjouissait de pouvoir
consacrer plus de temps à la méditation pendant l’Heure Sainte. Soudain
j’entendis une voix : « Tu ne seras pas en bonne santé, ne remet pas à plus
tard le sacrement de la Confession, car cela ne me plaît pas. Ne fais pas
attention aux murmures de ton entourage. » Cela m’a étonnée, puisque je me
sentais mieux aujourd’hui, mais je n’ai pas réfléchi plus longuement à ceci.
Lorsque la Sœur éteignait la lumière, j’ai entamé l’Heure Sainte, mais au
bout d’un moment j’ai commencé à me sentir le cœur malade. J’ai souffert en
silence jusqu’à onze heures ; cependant plus tard je me suis sentie si mal
que j’ai éveillé Sœur N. qui cohabite avec moi et elle m’a donné des gouttes
qui m’ont soulagée suffisamment pour me permettre de me coucher. Je
comprends maintenant l’avertissement de Seigneur. J’ai décidé de faire
appeler le lendemain un prêtre quel qu’il soit, et de lui dévoiler les
secrets de mon âme.
Mais ce n’est pas tout, car alors que je priais pour les pécheurs, et que
j’offrais toutes mes souffrances, l’esprit du mal ne put supporter cela. Et
un spectre me dit : « Ne prie pas pour les pécheurs mais pour toi-même, car
tu seras damnée.» Sans tenir aucunement compte de Satan, j’ai prié avec une
ferveur accrue pour les pécheurs. Le mauvais esprit hurla de colère : « Oh !
Si j’avais pouvoir sur toi ! « et disparut. J’ai su que ma souffrance et ma
prière gênaient Satan parce que j’ai arraché bien des âmes à son emprise.
1465. Jésus aimant le salut des hommes, attire toutes les âmes à la vie
divine. Que soit glorifiée la grandeur de Votre Miséricorde ici bas et dans
l’éternité. Ô grand amoureux des âmes, en Votre pitié inépuisable Vous avez
offert le salut, source de Miséricorde, afin que les âmes faibles se
fortifient à la source de la Miséricorde durant le pèlerinage qu’est cette
vie. Votre miséricorde, passe à travers toute notre vie, tel un fil d’or.
Dans tous les domaines, c’est elle qui maintient le contact entre notre
existence et Dieu. Puisque rien ne manque à mon bonheur, c’est donc que tout
est uniquement Son Œuvre de Miséricorde. C’est avec joie que je perds
l’usage de mes sens lorsque Dieu me révèle Son insondable Miséricorde.
1466. 7 janvier 1938. Premier vendredi du mois. Ce matin j’ai vu au cours de
la Sainte Messe le Sauveur en train de souffrir. Ce qui m’a frappée, c’est
que Jésus restait calme au milieu de grandes souffrances. J’ai compris que
c’était là une leçon pour moi, destinée à me montrer comment je dois me
conduire extérieurement lorsque je suis plongée dans diverses souffrances.
1467. Durant un long moment, j’ai ressenti des douleurs aux mains, aux pieds
et au côté. Soudain j’ai vu un pécheur qui bénéficiait de mes souffrances,
et il se rapprocha du Seigneur. Tout cela c’est pour les âmes affamées afin
qu’elles ne meurent pas de faim.
1468. Je me suis confessée aujourd’hui à Monsieur le Chapelain et Jésus m’a
consolée par son intermédiaire. Ô Ma Mère, Eglise de Dieu, Vous êtes une
véritable mère qui comprend ses enfants…
1469. Oh ! Comme Jésus à raison de vouloir nous juger selon notre conscience
et non selon les bavardages et l’opinion des gens ! Ô beauté inconcevable,
je Vous vois remplie de bonté, même dans l’exercice de Votre jugement !
1470. Bien que je me sente faible, je ressens l’inspiration de la Grâce qui
me pousse à me dominer et à écrire pour la consolation des âmes que j’aime
tant et avec lesquelles je partagerai l’éternité entière. Et pour elles je
désire si vivement la vie éternelle, que je profite de chaque moment de
liberté, si petit soit-il afin d’écrire comme le souhaite Jésus.
1471. 8 janvier. J’ai eu durant la Sainte Messe la connaissance passagère de
la très grande gloire résultant pour Dieu des efforts communs de Monsieur
l’Abbé S. et de moi-même, car quoique nous soyons éloignés, nous nous
rencontrons souvent, puisque un même objectif nous unit.
1472. Ô mon Jésus, mon unique désir, bien que j’ai désiré aujourd’hui Vous
recevoir en mon cœur avec une plus grande ardeur que de coutume, cependant
mon âme est plus aride qu’à l’accoutumée. Ma foi croît en puissance ; le
fruit de Votre venue sera donc, Seigneur, abondant. Quoique bien souvent
Vous veniez, sans affecter mes sens et que Vous régniez dans les seules
sphères supérieures de mon être, les sens aussi se réjouissent de Votre
venue.
1473. Souvent, je prie Notre Seigneur de me donner une raison éclairée par
la foi. J’exprime cela au Seigneur par ces mots : « Donnez-moi, Jésus
l’intelligence et la science afin de Vous mieux connaître car plus je Vous
connais, plus je Vous aime ardemment. Jésus, je vous prie de me donner une
puissante compréhension des choses divines et spirituelles. Donnez-moi,
Jésus la grande compréhension par laquelle je pourrais connaître Votre Etre
Divin ainsi que Votre vie intérieure de Trinité. Dotez mon esprit de
capacités et d’aptitudes par Votre grâce particulière. Quoique je sache
qu’il existe une dotation par la Grâce, telle que me la donne l’Eglise ; il
existe cependant un trésor de grâces importantes que Vous nous accordez,
Seigneur, à notre demande. Mais si ma prière ne Vous agrée pas, Seigneur, je
Vous prie de ne pas me donner d’inclinations pour de telles prières ! »
1474. Je m’efforce à la plus grande perfection afin d’être utile à l’Eglise.
Ma liaison avec l’Eglise augmente. Chaque âme prise séparément, qu’elle soit
une âme Sainte ou une âme déchue, influence toute l’Eglise. En m’observant
et en observant ceux qui me sont proches, j’ai vu quelle grande influence
j’exerce sur les autres âmes non par quelque action héroïque, car celles-ci
sont frappantes en elles-mêmes, mais par de très petites actions, comme de
bouger les mains, de regarder, et une quantité d’autres choses que je ne
saurais énumérer et qui pourtant agissent et retentissent sur les autres
âmes ce que j’ai observé par moi-même.
1475. Oh ! Comme il est sage que notre règle recommande le silence absolu au
dortoir et ne permette pas d’y demeurer sans nécessité. J’ai actuellement
une petite chambre où nous dormons à deux ; mais au moment où je me suis
sentie affaiblie et où j’ai dû m’aliter, j’ai expérimenté combien cela est
pénible si quelqu’un reste toujours au dortoir. Sœur N. avait certain
travail manuel à exécuter, et elle a dû demeurer presque tout le temps au
dortoir et une autre Sœur venait lui enseigner ce travail. Comme elles m’ont
fatiguée, il m’est difficile de le décrire, surtout lorsque l’on est faible
et que l’on a passé la nuit dans les souffrances, chaque mot se répercute
quelque part dans le cerveau juste au moment où les yeux commencent à se
fermer. Ô Règle, en toi, combien d’amour !
1476. Lorsque pendant les Vêpres, on a chanté ces paroles du Magnificat : «
Il a déployé la force de Son bras, » mon âme fut envahie d’un profond
recueillement : j’ai connu et compris que le Seigneur accomplira sous peu
Son œuvre en mon âme. Et je ne m’étonne plus maintenant que le Seigneur ne
m’ait pas d’abord tout dévoilé.
1477. Pourquoi êtes-Vous triste aujourd’hui Jésus ? Dites-moi qui est la
cause de Votre tristesse ? Et Jésus me répondit : « Les âmes choisies qui
n’ont pas Mon Esprit, qui s’en tiennent à la lettre, qui la place au-dessus
de Mon Esprit, au-dessus de l’esprit d’Amour.
J’ai fondé Ma loi sur l’Amour et cependant même dans les ordres religieux,
je ne vois point cet Amour. C’est pourquoi la tristesse emplit Mon Cœur.»
+
J.M.J.
1478. Ô mon Jésus, au sein de terribles amertumes et douleurs,
Je sens cependant que Ton divin Cœur me chérit.
Telle une bonne mère Tu me presses contre Ton Cœur
Et Tu me fais pressentir maintenant déjà ce que cache le voile !
Ô mon Jésus, environné par l’effroi d’un désert,
Mon cœur cependant sent le regard de Tes yeux
Qu’aucun orage ne saurait me cacher
Et Tu me donnes l’intime certitude de Ton immense amour, ô Dieu !
Ô mon Jésus, parmi les si grandes misères de cette vie,
Tu luis pour moi, Jésus, comme l’étoile et Tu me protèges du naufrage.
Et bien que les misères soient grandes,
J’ai cependant grande confiance en la puissance de ta Miséricorde.
Ô Jésus caché, parmi bien des luttes la dernière heure venue,
Que la Toute-Puissance de Tes grâces se déversent sur mon âme,
Afin que je puisse Te voir tout de suite après mon agonie
Face à face, ainsi que les élus du Ciel !
Ô mon Jésus, parmi bien des dangers alentour,
Je vais par la vie lançant un cri de joie et je porte fièrement le front
haut,
Car devant Ton Cœur plein d’Amour, ô Jésus,
Se brisent tous les ennemis et se dissipent les ténèbres.
1479. Ô Jésus, cachez-moi dans Votre Miséricorde, et voilez avant toute
chose ce qui pourrait effrayer mon âme ! Que la confiance que j’ai mise en
Votre Miséricorde ne soit pas déçue ! Abritez-moi de Votre Toute-puissance
et jugez-moi avec bienveillance !
1480. Aujourd’hui pendant la Sainte Messe j’ai vu près de mon prie-Dieu
l’Enfant Jésus. Il semblait avoir un an et Il m’a demandé de Le prendre dans
mes bras. Lorsque je l’eus pris dans mes bras, Il se blottit contre mon cœur
et dit : « Je me sens bien près de ton cœur. » - « Bien que tu sois si
petit, je sais pourtant que Tu es Dieu. Pourquoi prends-tu l’apparence d’un
tout petit pour venir me voir ? » - « Parce que Je veux t’apprendre
l’enfance de l’âme. Je veux que tu sois très petite, car lorsque tu es toute
petite, Je te porte sur Mon Cœur, tout comme tu Me tiens en ce moment sur le
tien. » -A ce moment je suis restée seule, mais personne ne peut concevoir
l’émotion de mon âme. J’étais toute plongée en Dieu comme l’éponge jetée
dans la mer…
1481. Ô mon Jésus, Vous savez à combien de désagréments je me suis exposée
pour avoir dit la vérité. Ô vérité, plus d’une fois opprimée, tu portes
presque toujours une couronne d’épines. Ô Vérité éternelle, soutiens-moi
afin que j’aie le courage, même si je devais le payer de ma vie. Jésus,
comme il est difficile de croire en cela, si l’on entend d’autres
enseignements et si l’on voit d’autres conduites dans la vie !
1482. C’est pourquoi durant la retraite, après avoir longuement analysé la
vie, j’ai décidé de fixer fermement mon regard sur Vous, Jésus, modèle
absolument parfait. Ô Eternité, qui découvrira tant de secrets et dévoilera
la vérité ! …
1483. Ô vivante Hostie, soutenez-moi dans cet exil, afin que je puisse
marcher fidèlement sur les traces du Sauveur ! Je ne Vous demande pas,
Seigneur, de me descendre de la Croix, mais je Vous supplie de me donner la
force de tenir bon sur elle. Je désire être écartelée tout comme Vous,
Jésus, sur la Croix. Je désire toutes les tortures et toutes les douleurs
que Vous avez supportées. Je désire boire le calice d’amertume jusqu’à la
lie.
1484 -LA BONTE DE DIEU
Miséricorde de Dieu cachée dans le Très Saint Sacrement,
Voix du Seigneur qui nous dit du trône de la Miséricorde : « Venez à Moi ! »
Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme pécheresse.
Jésus : « Ne redoute pas ton sauveur, âme pécheresse. C’est Moi qui fais les
premiers pas, car Je sais que tu n’es pas capable par toi-même, d’arriver
jusqu’à Moi. Enfant, ne fuis pas ton Père; veuille entrer en conversation,
seule à Seul, avec ton Dieu de Miséricorde, qui veut Lui-même te donner une
parole de pardon et te combler de Ses Grâces. Ô combien ton âme m’est chère
! Je t’ai inscrite sur Mes mains et tu es gravée en Mon Cœur d’une profonde
blessure. »
L’âme : « Seigneur, j’entends Votre voix qui m’appelle afin que je m’écarte
de la mauvaise route, mais je n’en ai ni le courage ni la force ! »
Jésus : « Je suis, Moi, ta force, Je te donnerai le pouvoir de lutter ! »
L’âme : « Seigneur, je connais Votre sainteté et je Vous redoute ! »
Jésus : « Pourquoi redoutes-tu, Mon enfant, le Dieu de Miséricorde ? Ma
Sainteté ne M’empêche pas d’être miséricordieux. Regarde, âme, c’est pour
toi que j’ai institué le Trône de la Miséricorde sur terre. Ce trône c’est
le Tabernacle. Et de ce trône de Miséricorde, Je désire descendre en ton
cœur. Regarde, aucune suite ne m’entoure, aucun garde. Tu as accès à Moi à
tout moment, à chaque heure du jour. Je désire parler avec toi et t’accorder
des Grâces. »
L’âme : Seigneur, je redoute que Vous ne me pardonniez pas un si grand
nombre de péchés, l’épouvante s’empare de ma misère. »
Jésus : « Ma miséricorde est plus grande que ta misère et que le monde
entier. Qui a pris la mesure de Ma Bonté ? C’est pour toi que je suis
descendu du ciel sur la terre. C’est pour toi que je me suis laissé cloué à
la Croix. Pour toi J’ai permis que Mon Très Saint Cœur soit percé d’un coup
de lance et je t’ai ainsi ouvert la source de Miséricorde. Viens et puise
les grâces de cette source ! Puise-les avec l’instrument de la Miséricorde
qui s’appelle la confiance ! Je ne rejette jamais un cœur plein d’humilité,
ta misère fait naufrage dans l’abîme de Ma Miséricorde. Pourquoi devrais-tu
discuter avec Moi de ta misère? Fais-Moi plaisir, abandonne-Moi toute ta
pauvreté et ta misère et Je te comblerai d’un trésor de Grâces ! »
L’âme : « Vous avez vaincu mon cœur de pierre, ô Seigneur, par Votre bonté,
et voici qu’avec confiance et humilité je m’approche du tribunal de Votre
Miséricorde, absolvez-moi Vous-même, par la main de Votre représentant. Ô
Seigneur, je sens comme la grâce et la paix ont pénétré dans ma pauvre âme !
Je sens que Votre Miséricorde, Seigneur m’a envahie de part en part. Vous
m’avez plus pardonné que je n’aurais osé l’espérer ou même que je n’étais
capable de l’imaginer. Votre bonté a surpassé tous mes désirs. Et maintenant
je Vous invite en mon cœur, pénétrée de reconnaissance pour tant de grâces.
Je m’étais égarée comme l’enfant prodigue quittant le droit chemin, mais
Vous n’avez cessé d’être un Père pour moi. Versez à profusion Votre
Miséricorde en moi, car Vous voyez combien je suis faible ! »
Jésus : « Enfant, ne parle plus de ta misère, car je l’ai déjà oubliée !
Ecoute mon enfant ce que je vais te dire : blottis-toi dans Mes Plaies et
puise à la source de vie tout ce que ton cœur peut désirer ! Bois à longs
traits à la source de vie et tu ne t’arrêteras pas en chemin ! Contemple
l’éclat de Ma Miséricorde et ne redoute pas les ennemis de ton salut !
Glorifie Ma Miséricorde ! »
1485. Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme désespérée.
Jésus : « Ame plongée dans les ténèbres, ne désespère pas, tout n’est pas
encore perdu, entre en conversation avec ton Dieu qui est tout Amour et
Miséricorde.» Mais malheureusement l’âme demeure sourde à l’appel de Dieu et
se plonge dans des ténèbres plus grandes encore. Jésus l’appelle à nouveau :
« Ame, entend la voix de ton Père miséricordieux.»
Une réponse s’éveille en l’âme : « Il n’y a plus pour moi de Miséricorde.»
Et elle tombe plus bas encore, dans une sorte de désespoir qui lui donne
comme un avant-goût de l’enfer et la rends complètement incapable de se
rapprocher de Dieu. Pour la troisième fois, Jésus s’adresse à l’âme mais
l’âme est sourde et aveugle et elle s’endurcit peu à peu dans le désespoir.
Alors des profondeurs de la Miséricorde divine un dernier effort est tenté
et sans aucune coopération de l’âme, Dieu lui donne Sa dernière grâce. Si
elle la dédaigne, Dieu la laisse alors dans l’état où elle-même veut être
pour les siècles. Cette Grâce provient du Cœur Miséricordieux de Jésus, elle
touche l’âme de sa lumière et l’âme commence à comprendre l’effort de Dieu ;
mais la conversion dépend d’elle. Elle sait que cette grâce est la dernière
pour elle. Et si elle montre le moindre frémissement de bonne volonté aussi
petit qu’il soit, la Miséricorde divine accomplit le reste.
Jésus : « C’est ici qu’agit la Toute-Puissance de Ma Miséricorde ! Heureuse
l’âme qui profite de cette grâce !
Quelle immense joie emplit Mon Cœur lorsque tu reviens vers Moi ! Je te vois
si faible, c’est pourquoi Je te prends dans Mes bras et Je te porte à la
Maison de Mon Père. »
L’âme, comme tirée de sa torpeur demande pleine d’effroi : « Est-il possible
qu’il y ait encore Miséricorde pour moi ? ».
Jésus : « C’est justement toi, Mon enfant, qui as un droit particulier à Ma
Miséricorde. Permets-lui d’agir sur toi, dans ta pauvre âme. Permets aux
rayons de la Grâce d’entrer dans ton âme, ils apportent avec eux la lumière,
la chaleur et la vie. »
L’âme : « Pourtant la crainte m’envahit au seul souvenir de mes péchés et
cette terrible frayeur me pousse à douter de Votre bonté. »
Jésus : « Âme, sache bien que tous tes péchés ne m’ont pas blessés aussi
douloureusement le Cœur, que ne le fait ta méfiance actuelle. Comment après
tant de preuves de Mon Amour et de ma Miséricorde peux-tu demeurer incrédule
devant ma bonté ? »
L’âme : « Ô Seigneur, sauvez-moi tout Seul , car je vais périr. Soyez pour
moi le Sauveur. Ô Seigneur, je ne suis pas en état d’exprimer le reste, mon
pauvre cœur est déchiré, mais Vous, Seigneur !… »
Jésus ne laissa pas l’âme terminer ces mots, mais l’enleva de terre, de cet
abîme de misère et en un moment, la conduisit en la demeure de Son propre
Cœur où tous ses péchés disparurent en un clin d’œil. Le feu de l’Amour les
détruisit.
Jésus : « Voici, âme tous les trésors de Mon Cœur, viens puiser tout ce dont
tu as besoin ! »
L’âme : « Ô Seigneur, je me sens comblée de Votre Grâce, je sens comme une
nouvelle vie qui me pénètre. Et par-dessus tout, je sens Votre Amour en mon
cœur et cela me suffit, ô Seigneur. Durant toute l’éternité, je glorifierai
la Toute Puissance de Votre Miséricorde. Enhardie par Votre bonté, je vais
Vous dire tout ce qui fait la douleur de mon cœur. »
Jésus : « Dis tout, Mon enfant, sans aucune restriction, car c’est un cœur
aimant qui t’écoute, le Cœur du meilleur des amis. »
« Ô Seigneur, je découvre maintenant toute mon ingratitude et Votre bonté.
Vous me poursuiviez de Votre Grâce et moi, je tendais inutile tous Vos
efforts. Je vois que j’aurais mérité le fond même de l’enfer pour avoir
gaspillé Vos Grâces. »
Jésus interrompt l’entretien de l’âme et dit : Ne t’enfonce pas dans ta
misère, tu es trop faible pour parler. Regarde plutôt Mon Cœur plein de
bonté. Imprègne-toi de Ma façon de sentir et efforce-toi au calme et à
l’humilité. Sois miséricordieuse envers les autres, tout comme je le suis
envers toi. Et quand tu sentiras que tes forces faiblissent, viens à la
Source de la Miséricorde et fortifie ton âme ! Et ainsi tu ne faibliras pas
en chemin ! »
L’âme : « Je comprends maintenant Votre Miséricorde qui me couvre d’un nuage
lumineux et me conduit à la demeure de mon Père, me protégeant du terrible
enfer, que j’ai mérité non pas une, mais mille fois. Ô Seigneur, je n’aurai
pas assez de gratitude pour glorifier dignement Votre insondable
Miséricorde, Votre pitié envers moi ! »
1486 Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme souffrante
.
Jésus : « Ame, Je te vois si tourmentée, Je vois que tu n’as même pas la
force de parler avec moi ! Je vais donc, Moi seul, te parler. Tes
souffrances seraient-elles sans mesure, ne perds pas ton calme et ne
t’abandonne pas non plus au découragement. Pourtant dis-Moi, Mon enfant, qui
a eu l’audace de blesser ton cœur ? Raconte-Moi tout. Sois sincère envers
Moi. Dévoile-Moi toutes les blessures de ton cœur ! Je les guérirai, et ta
souffrance deviendra la source de ta sanctification. »
L’âme : « Seigneur, mes souffrances sont si grandes et si diverses ! Devant
la longueur de leur durée, le découragement s’empare de moi ! »
Jésus : « Mon enfant, il ne faut pas te décourager. Je sais que tu connais
Ma bonté et Ma Miséricorde, parlons donc peut-être en détail de ce qui te
pèse le plus sur le cœur. »
L’âme : « J’ai tant de choses que je ne sais de quoi parler en premier, ni
comment exprimer tout cela. »
Jésus : « Parle-Moi sans détour, comme un ami parle à son ami. Alors
dis-Moi, Mon enfant, ce qui te retient sur le chemin de la Sainteté ? »
L’âme : « Le manque de santé. Je ne peux accomplir ma tâche; je suis une
sorte de souffre-douleur. Je ne peux pas me mortifier ni jeûner sévèrement
comme le firent les Saints. D’autre part, on ne croit pas que je sois malade
si bien qu’aux souffrances physiques s’ajoutent les souffrances morales qui
me causent bien des humiliations. Vous voyez, Jésus comment est-il possible,
dans ces conditions, de devenir Sainte ? »
Jésus : « Enfant, cela est vrai, tout cela est souffrance ; mais il n’y a
pas d’autre chemin pour aller au Ciel que le chemin de la Croix ! Je l’ai
emprunté Moi-même le premier. Tu sais bien que c’est là le plus court et le
plus sûr. »
L’âme : Seigneur, voici un nouvel obstacle sur le chemin de la Sainteté : On
me persécute parce que je vous suis fidèle. J’endure bien des souffrances
pour cette raison. »
Jésus : « Tu sais bien que parce que tu n’es pas de ce monde, le monde t’a
prise en haine. Ils M’ont persécuté le premier. Cette persécution est le
signe que tu marches fidèlement sur Mes traces. »
L’âme: Seigneur, le fait que ni mes Supérieures ni mon confesseur ne
comprennent mes souffrances intimes est un nouveau sujet de découragement
pour moi. Les ténèbres ont obscurci mon esprit, comment pourrai-je aller de
l’avant ? C’est ainsi que tout me décourage; et je pense que les hauteurs de
la Sainteté ne sont pas pour moi. »
Jésus : « Cette fois-ci, Mon enfant tu M’as fait de véritables confidences.
Je sais que c’est une bien grande souffrance d’être incomprise et, qui plus
est, par ceux que l’on aime et devant lesquels notre franchise est grande.
Qu’il te suffise que Je te comprenne dans toute ta pauvreté et ta misère. La
foi profonde que tu mets malgré tout en mes représentants Me plaît, mais tu
dois savoir que les hommes sont incapables de comprendre complètement l’âme,
car cela est au-dessus de leurs possibilités. C’est pourquoi je suis restée
Moi-même sur terre, afin de consoler ton cœur douloureux et de fortifier ton
âme pour que tu ne faiblisses pas en chemin. Tu dis que de grandes ténèbres
obscurcissent ton esprit, pourquoi donc ne viens-tu pas dans ces moments-là
vers Moi, qui suis toute lumière. En un instant Je peux verser en ton âme
autant de lumière et de compréhension de la Sainteté que tu ne saurais en
retirer d’aucun livre, ni en recevoir d’aucun confesseur. Tu dois savoir que
même ces ténèbres dont tu te plains, je les ai d’abord traversées pour toi
au Jardin des Oliviers. Mon âme fut saisie d’une tristesse mortelle ; et je
te donne en partage une parcelle de ces souffrances en raison de l’Amour
particulier que J’ai envers toi et du haut degré de sainteté que je te
destine dans le ciel. L’âme souffrante est la plus proche de Mon Cœur. »
L’âme : « Encore une chose, Seigneur ! Que faire si je suis repoussée et
rejetée par les gens, par les gens, particulièrement par ceux sur lesquels
j’ai le droit de compter, et cela au moment où j’en ai le plus besoin ? »
Jésus : « Mon enfant, prends la résolution de ne jamais t’appuyer sur les
gens. Tu feras de grandes choses si tu t’abandonnes entièrement à Ma volonté
en disant : « Qu’il en soit non point comme je le veux, mais selon Votre
volonté, ô Dieu. » Sache que ces paroles prononcées du fond du cœur
transportent l’âme, en un instant, au sommet de la Sainteté. J’ai une
prédilection particulière pour l’âme qui agit ainsi. Elle me rend grande
gloire, elle emplit le ciel du parfum de sa vertu. Mais sache que c’est la
communion fréquente qui te donnera cette force en toi pour supporter la
souffrance. Viens souvent à cette source de Miséricorde et puises-y avec
confiance tout ce qui t’est nécessaire ! »
L’âme : « Merci, Seigneur, de Votre inconcevable bonté. Merci d’avoir daigné
rester avec nous dans cet exil et de demeurer parmi nous comme le Dieu de
Miséricorde. Votre pitié et Votre Bonté rayonnent autour de Vous, et à la
lumière de Votre Miséricorde, je reconnais combien Vous m’aimez. »
1487. Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme aspirant à la
perfection
Jésus : « Tes efforts Me sont agréables, âme qui aspire à la perfection.
Mais pourquoi te vois-Je si souvent triste et abattue ? Dis-moi, Mon enfant,
ce que signifie cette tristesse et quelle en est la cause ? »
L’âme : « Seigneur, la raison de ma tristesse est que, malgré mes sincères
résolutions, je retombe sans cesse dans les mêmes erreurs. Je prends une
résolution, le matin, mais je vois, le soir, combien je m’en suis éloignée.
»
Jésus : « Tu vois, Mon enfant, ce que tu es par toi-même ; la cause de tes
échecs, c’est que tu comptes trop sur toi et que tu t’appuies trop peu sur
Moi. Mais que cela ne t’attriste pas outre mesure. Je suis le Dieu de
Miséricorde. Ta misère ne saurait épuiser mon amour puisque Je n’ai pas
limité le nombre de Mes pardons. »
L’âme : « Oui, je sais tout cela. Mais je suis assaillie par de grandes
tentations, des doutes divers se font jour en moi. Alors, tout m’irrite et
tout me décourage. »
Jésus : « Sache, Mon enfant, que les plus grands obstacles à la Sainteté
sont le découragement et l’inquiétude. Ils t’enlèvent la possibilité de
t’exercer à la vertu. Toutes les tentations réunies ne devraient pas, même
un instant, troubler ta tranquillité intérieure. Quant à l’irritabilité et
au découragement, ce sont là les fruits de ton amour-propre. Il ne faut pas
te décourager, mais t’efforcer de faire régner l’amour de Ton Dieu à la
place de ton amour-propre. Confiance donc, Mon enfant, tu ne dois pas te
décourager. Viens Me demander pardon puisque Je suis toujours prêt à te
l’accorder. A chaque fois que tu Me le demandes, tu célèbres Ma Miséricorde.
»
L’âme : Je sais reconnaître la voie de la perfection ainsi que ce qui Vous
plaît le plus, mas j’ai de si grandes difficultés à accomplir ce que j’ai
compris. »
Jésus : « Mon enfant, la vie sur terre est une lutte, une bien grande lutte
pour pénétrer en
« Mon royaume, mais ne crains rien, car tu n’es pas seule. Je te soutiens
toujours, appuie-toi donc sur Mon épaule et lutte sans aucune crainte. Avec
confiance, puise à la source de vie, non seulement pour toi, mais aussi pour
d’autres âmes, et particulièrement pour celles qui ne croient pas en Ma
bonté
L’âme : Ô Seigneur, je sens que mon cœur s’emplit de Votre Amour, que le
rayonnement de Votre Miséricorde et de Votre Amour pénètre mon âme. Et voici
que je réponds à Votre appel, Seigneur, je pars à la conquête des âmes.
Soutenue par Votre grâce, je suis prête à Vous suivre, Seigneur, non
seulement au Thabor, mais aussi au Calvaire.
Je désire amener les âmes à la source de Votre Miséricorde afin qu’elles
soient éclairées par les rayons de Votre Miséricorde, pour que la maison de
Notre Père soit comble. Et lorsque l’ennemi à lancer des traits contre moi,
alors à ce moment je me protègerai de Votre Miséricorde, comme d’un
bouclier.»
1488. Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme parfaite
L’âme: Mon Seigneur et mon Maître, je désire converser avec Vous. »
Jésus : « Parle, car je suis toujours à ton écoute, Mon enfant chérie. Je
t’attends toujours. De quoi désires-tu me parler ? »
L’âme, « Seigneur, avant tout, je répands mon cœur à Vos pieds, comme un
parfum de gratitude pour tant de grâces et de bienfaits, dont vous me
comblez sans cesse et que, même si je le voulais, je ne serais pas en état
de dénombrer. Je me souviens seulement qu’il n’y a pas eu de moment dans ma
vie, où je n’ai bénéficié de Votre protection et de Votre bonté. »
Jésus : « Ta conversation M’est agréable et l’action de grâces t’ouvre de
nouveaux trésors de grâces. Mais, Mon enfant peut-être ne devrions-nous
parler de façon aussi générale, mais en détail de ce qui te pèse le plus sur
le cœur. Parlons en confidence, franchement, cœur à cœur. »
L’âme : « Ô Mon Seigneur de Miséricorde, il y a des secrets en mon cœur dont
personne à part Vous ne sait et ne saura rien. Car voudrais-je les formuler,
que personne ne les comprendrait. Votre remplaçant est quelque peu au
courant, puisque je me confesse à lui ; mais autant seulement que je suis
capable de lui dévoiler ces secrets, le reste demeure entre nous, pour
l’éternité.
Ô mon Seigneur, Vous m’avez abrité du manteau de Votre miséricorde, me
pardonnant toujours mes péchés. Pas une fois Vous ne m’avez refusé Votre
pardon. Mais, me prenant en pitié, Vous m’avez accordé la vie, la nouvelle
vie de la grâce afin que je n’aie de doutes sur rien. Vous m’avez placée
sous la maternelle protection de Votre Eglise, cette mère pleine de
tendresse, qui m’assure, en Votre nom, de la vérité de la foi et veille à ce
que je ne m’égare jamais. Et c’est tout particulièrement au tribunal de
Votre Miséricorde, que mon âme est baignée dans l’océan de Votre clémence.
Aux Anges déchus, Vous n’avez pas donné le temps de la pénitence. Vous
n’avez pas prolongé, pour eux, le temps de la Miséricorde. Ô mon Seigneur,
Vous avez mis sur le chemin de ma vie de saints prêtres qui me montrent le
bon chemin. Jésus, il est encore un secret en ma vie, le plus profond, mais
le plus cher à mon cœur: c'est-à-dire Vous-même, sous la forme du pain,
lorsque Vous venez dans mon cœur. Là est tout le secret de ma sainteté. Là
mon cœur uni au Vôtre ne fait plus qu’un avec Lui. Là n’existe plus aucun
secret. Car tout ce qui est Vôtre, est mien, et tout ce qui est mien, est
Vôtre.
Voilà la puissance et le miracle de Votre Miséricorde ! Mettrait-on ensemble
toutes les langues des hommes et des Anges qu’elles n’auraient pas assez de
mots pour glorifier le mystère de Votre Amour et de Votre insondable
Miséricorde. Lorsque je le considère, mon cœur connaît une nouvelle extase
d’Amour. Mais je Vous dis tout cela, Seigneur, dans le calme et le silence,
car le langage de l’Amour ne possède pas de paroles. Bien que Vous Vous
abaissiez grandement. Votre grandeur s’est accrue en mon âme, ô Seigneur,
unique objet de mon amour, car la vie de l’amour et de l’union se manifeste
à l’extérieur. Et c’est pourquoi un plus grand amour envers Vous s’est
éveillé en mon âme, ainsi qu’une parfaite pureté, une profonde humilité, une
paix sereine et un grand zèle pour le salut des âmes. Ô mon Très doux
Seigneur, Vous veillez sur moi à tout moment et Vous m’inspirez sur la façon
de me comporter dans telle et telle circonstance, alors que mon cœur hésite
entre deux façons d’agir. Vous êtes plus d’une fois intervenu Vous-même pour
résoudre une affaire.
D’innombrables fois, Vous m’avez fait connaître en un éclair ce qui avait
Votre préférence. Combien de pardons secrets m’avez-Vous donnés ! Combien de
fois avez-Vous versé en mon âme force et réconfort afin que j’aille de
l’avent ? Vous avez vous-même écarté les difficultés de mon chemin,
intervenant directement dans les agissements des hommes. Ô Jésus, tout ce
que je Vous dis là, n’est qu’une faible image de la réalité qui est en mon
cœur. Ô mon Jésus, combien je désire la conversion des pécheurs. Vous savez
bien ce que je fais pour eux, afin de Vous les gagner. Chaque offense qui
Vous est faite m’est excessivement douloureuse.
Vous voyez que je n’épargne ni ma force ni ma santé ni même ma vie pour la
défense de Votre Royaume. Quoique sur terre mes efforts ne soient pas
visibles, ils ont néanmoins une valeur à vos yeux. Ô Jésus, je désire amener
les âmes à la source de Votre Miséricorde, afin qu’elles y puisent avec
confiance l’eau vivifiante de la vie éternelle.
Plus l’âme est désireuse de bénéficier pour elle-même d’une très grande
Miséricorde divine, plus elle doit se rapprocher de Dieu avec une confiance
accrue. Et si sa confiance en Dieu est sans limites, alors la Miséricorde de
Dieu sera également sans limites pour elle.
Ô mon Seigneur à qui mon cœur appartient, Vous savez combien je désire
ardemment que tous les cœurs ne battent que pour Vous, afin que tout homme
glorifie la grandeur de Votre Miséricorde.»
Jésus : « Mon enfant bien-aimée, joie de Mon Cœur, ta conversation M’est
plus chère et plus agréable que le chant des Anges. Pour toi sont ouverts
tous les trésors de Mon Cœur. Puises-y tout ce dont tu as besoin pour toi et
pour le monde entier. Par amour pour toi, Je lève le juste châtiment que le
genre humain a mérité. Un seul acte de pur amour envers Moi m’est plus
agréable qu’un millier d’hymnes venant d’âmes imparfaites. Un seul de tes
soupirs d’amour Me récompense de bien des offenses comme celles dont
M’abreuvent les impies. La moindre bonne action, c’est-à-dire : acte de
vertu, possède à Mes yeux une valeur infinie. Et cela à cause du grand Amour
que tu nourris envers Moi. Je règne comme au Ciel, dans une âme comme la
tienne, qui vit exclusivement de Mon amour. Nuit et jour, Mon regard veille
sur elle; il trouve en elle l’objet de sa prédilection.
Je tends l’oreille à sa prière et au murmure de son cœur, et souvent même Je
devance sa prière. Ô Mon enfant chérie, particulièrement chérie, pupille de
Mes yeux, repose un instant près de Mon Cœur et goûte à cet Amour dont tu
vas te délecter pour l’éternité. Mon enfant, tu n’es pas encore dans la
Patrie. Va donc ton chemin, fortifié par Ma Grâce, et lutte pour
l’établissement de Mon royaume dans les âmes des hommes. Mais lutte comme un
enfant de Roi. Souviens-toi que les jours d’exil passent vite et avec eux la
possibilité de mériter le Ciel. J’attends de toi, Mon enfant, un très grand
nombre d’âmes qui glorifiant Ma Miséricorde, durant toute l’éternité. Et
afin que tu répondes dignement à Mon appel, reçois-Moi chaque jour dans la
Sainte Communion, elle te donnera la force… »
Jésus, ne me laissez pas seule dans la souffrance. Vous savez, Vous,
Seigneur, combien je suis faible… Je suis un abîme de misère, le néant même.
Qu’y aurait-il donc d’étrange à ce que, laissée seule, je succombe ? Je suis
un petit enfant, Seigneur, je ne sais pas me tirer d’affaire, cependant
malgré tous les abandons je Vous fais confiance. En dépit de mon sentiment,
en dépit de ce que je ressens plus d’une fois, je me transforme toute en
confiance, et je garderai confiance. Ne diminuez en rien mon supplice,
donnez-moi seulement la force de le supporter. Faites de moi ce qu’il Vous
plaît, Seigneur. Donnez-moi seulement la Grâce de savoir Vous aimer en
chaque difficulté, en toute circonstance. Ne diminuez pas, Seigneur,
l’amertume du calice, donnez-moi seulement la force de pouvoir le vider.
Ô Seigneur, Vous me donnez souvent une grande clairvoyance, puis Vous me
replongez dans une nuit noire et dans le gouffre de mon néant : mon âme se
sent comme seule au milieu d’un grand désert !… Cependant, par-dessus tout,
j’ai confiance en Vous Jésus, car, Vous êtes immuable. Mon humeur est
changeante. Mais Vous êtes, Vous, toujours Le même, plein de Miséricorde !
1489. Jésus, source de vie, sanctifiez-moi ! Ô ma Force, fortifiez-moi. Mon
Chef suprême, combattez pour moi ! Unique lumière de mon âme, éclairez-moi !
Conduisez-moi, mon Maître, je m’en remets à Vous, comme un petit enfant,
s’en remet à l’amour de sa mère ! Et même si tout devait se liguer contre
moi, même si la terre devait s’effondrer sous mes pas, près de Votre Cœur,
je serai bien tranquille. Vous êtes toujours pour moi, la Mère la plus
tendre, surpassant toutes les mères. C’est dans le silence que je clamerai
ma douleur, et Vous me comprendrez au-delà de toute expression…
1490. Aujourd’hui le Seigneur m’a visitée et m’a dit : « Ma fille, ne
t’effraie pas de ce qui va t’arriver. Je ne te donnerai rien au-dessus de
tes forces ; tu connais la puissance de Ma Grâce ? Elle te suffira. » Après
ces mots le Seigneur m’a donné une plus grande compréhension de l’action de
Sa Grâce.
1491. Avant la Sainte communion, Jésus m’a demandé de n’accorder absolument
aucune attention aux dires de l’une des Sœurs, car sa malice et sa ruse ne
lui plaisent pas. « Ma fille, ne parle pas à cette personne de tes pensées,
ni de tes sentiments ! » J’ai demandé pardon au Seigneur pour ce qui Lui a
déplu dans cette âme. Et je l’ai imploré de me fortifier de Sa Grâce au
moment où elle viendra à nouveau converser avec moi. Elle m’a déjà posé tant
de questions auxquelles j’ai répondu avec tout mon amour fraternel ! Et la
preuve que je lui ai parlé de tout cœur, est que je lui ai dit certaines
choses, fruits de ma propre expérience. Mais cette âme avait une toute autre
intention que celle que proférait sa bouche.
1492. Ô mon Jésus, depuis le moment où je me suis entièrement donnée à Vous,
je ne pense absolument plus à moi-même. Vous pouvez faire de moi ce que Vous
voulez. Je ne pense qu’à ce qui Vous plaît le plus et à ce qui peut Vous
faire plaisir, ô Seigneur. Je tends l’oreille et je guette chaque occasion.
Peu importe, alors, que je sois mal jugée au dehors…
1493. 15 janvier 1938. Quand aujourd’hui cette même Sœur, à propos de
laquelle le Seigneur m’avait mise en garde, est venue me rendre visite, je
me suis, en mon âme, armée pour la lutte. Bien que cela m’ait vraiment
coûté, je ne me suis pas écartée d’un cheveu de Ses recommandations. Mais
lorsque l’heure fut écoulée, et que ladite Sœur ne pensait pas à se retirer,
j’ai appelé intérieurement Jésus à l’aide. J’entendis à l’instant en mon âme
: « Ne crains rien, Je regarde à l’instant et je vais t’aider ! Je vais
t’envoyer de suite deux Sœurs qui vont venir te rendre visite, il te sera
alors facile de continuer la conversation. » Au même moment, deux Sœurs sont
entrées et la conversation devint alors très facile, mais elle dura
cependant encore une demi-heure
1494. Comme il est bon, durant une conversation, d’appeler Jésus à l’aide.
Comme il est bon, dans un moment de calme, d’implorer pour soi des grâces de
secours. Je redoute beaucoup ces sortes de conversations, soi-disant
confidentielles. Il faut avoir une grande lumière surnaturelle afin de
parler avec profit, à ce moment là, tant pour l’autre personne que pour
soi-même. Dieu nous vient en aide sans doute mais il convient de le Lui
demander et de ne pas trop se fier à soi-même.
1495. 17 janvier 1938. Aujourd’hui, depuis ce matin, mon âme est dans les
ténèbres. Je ne peux m’élever jusqu’à Jésus et je me sens comme abandonnée
de Lui. Ce n’est pas vers les créatures que je vais me tourner, pour avoir
la lumière, car je sais qu’elles ne m’éclairent pas si Jésus désire me
garder dans les ténèbres. Je m’abandonne à Sa sainte volonté, mais je
souffre et la lutte devient plus âpre. Pendant les Vêpres, j’ai voulu me
joindre aux Sœurs par la prière. Or lorsque je me suis transportée par la
pensée à la Chapelle, mon esprit s’est trouvé plongé dans des ténèbres
encore plus grandes.
1496. Le découragement m’est venu de tous les côtés. J’entendis alors la
voix de Satan : « Regarde, comme tout ce que te propose Jésus est
contradictoire : Il t’ordonne de fonder un couvent et il t’envoie la
maladie. Il t’ordonne de t’efforcer d’obtenir cette fête de la Miséricorde
qui cependant n’est pas du tout désirée du monde. Pourquoi pries-tu pour
cette fête ? Elle est tellement inopportune ! » - Mon âme est restée
silencieuse et par un acte de volonté se mit à prier, ne voulant pas entrer
en discussion avec l’esprit des ténèbres. Cependant un étrange dégoût de la
vie m’a envahie, et j’ai dû faire un grand effort de volonté, afin de
consentir à vivre…
Et j’entendis à nouveau les paroles du tentateur : « Demande la mort pour
toi demain, après la Sainte Communion ! Dieu t’écoutera, puisqu’Il t’a tant
de fois exaucée ! »
Faisant silence, par un acte de volonté, je me mis à prier, ou plutôt je
m’en suis remise à Dieu, Lui demandant intérieurement de ne pas m’abandonner
en ce moment. Il est déjà onze heures du soir. Partout c’est le silence.
Toutes les Sœurs dorment déjà dans les cellules. Seule mon âme lutte, et
cela avec un grand effort. Le tentateur me dit ensuite : « Que t’importe les
autres âmes ? Tu ne devrais prier que pour toi. Les pécheurs se convertiront
sans tes prières. Je vois que tu souffres beaucoup en ce moment. Je vais te
donner un conseil dont dépendra ton bonheur : ne parles jamais de la
Miséricorde divine, et en particulier n’incite pas les pécheurs à avoir
confiance en elle car ils méritent un juste châtiment. Deuxième chose et
c’est la plus importante : ne dis pas à tes confesseurs et particulièrement
à ce Père extraordinaire, ni à ce prêtre de Wilno ce qui se passe en ton
âme. Je les connais, je sais qui ils sont.
Je veux donc te mettre en garde contre eux. Vois-tu, pour être une bonne
religieuse, il suffit de vivre comme toutes les autres. Pourquoi t’exposer à
tant de difficultés ? »
1497. Gardant toujours le silence, par un acte de volonté, je réussis dans
l’ensemble, à me maintenir en Dieu. Mais un gémissement s’échappa de mon
cœur. Enfin le tentateur s’éloigna et moi, épuisée, je m’endormis
immédiatement. Au matin, après avoir reçu la Sainte Communion, je suis
rentrée dans ma cellule, et tombant à genoux, j’ai renouvelé l’acte par
lequel je m’abandonne à toutes les plus saintes volontés de Dieu. « Je Vous
en prie Jésus, donnez-moi la force de lutter. Que tout se fasse pour moi
selon Votre Très Sainte Volonté. Mon âme est passionnée d’amour pour Votre
Très Sainte Volonté. »
1498. A ce moment j’ai vu Jésus qui m’a dit : « Je suis content de ce que tu
fais ! Continue à être en paix si tu fais toujours tout ce qui est en ton
pouvoir, en cette œuvre de Miséricorde ! Que ta franchise envers ton
confesseur soit la plus grande possible. Satan n’a rien gagné à te tenter,
parce que tu n’es pas entrée en conversation avec lui ! Continue à agir de
même ! Tu m’as rendu grand hommage aujourd’hui en luttant aussi fidèlement.
Que la pensée que Je suis toujours avec toi, se grave et s’affirme en ton
cœur, même si tu ne Me sens pas au moment du combat ! »
1499. Aujourd’hui, l’Amour de Dieu me transporte dans l’autre monde. Je suis
plongée dans l’amour, j’aime et je sens que je suis aimée. Et je vis cela en
pleine conscience. Mon âme sombre dans le Seigneur en prenant connaissance
de la grande majesté de Dieu et de ma petitesse. Mais cette connaissance
amplifie mon bonheur… Cette conscience est si vivante en l’âme, si
puissante, et en même temps si douce !
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