à l'école du
Serviteur de Dieu
Père Farnèse LOUIS-CHARLES
Chapitre VII.
Chapitre
VII.
ŒUVRES LITTÉRAIRES
PENSÉE DU PÈRE FONDATEUR
(Séries d'articles publiés en 1945 dans le journal La Phalange - Extraits)
SAUVONS LE SOL
NATIONAL
5.-
Canaux :
Le service de la Direction générale de l'Agriculture a un très bon moyen de
conversation du sol : c'est le système des canaux antiérosifs. Les canaux sont
creusés à distance régulière et dans le sens opposé à la pente du terrain. L'eau
des pluies s'y accumule, pénètre dans le sol au lieu de s'en aller dans la mer,
maintient l'humidité et sort aux régions basses sous forme de sources. Par eux,
les régions désertiques elles-mêmes peuvent en quelques temps être transformées
en terres productives. Le tout est qu'ils soient bien faits, c'est-à-dire qu'ils
soient plutôt de petits fossés qui forcent l'eau à pénétrer dans le sol que des
rigoles l'aidant à s'échapper.
Quand donc nos montagnes
seront-elles couvertes de canaux antiérosifs pour le salut d'Haïti. ? Il en faut
des milliards. Ce sont toutes les terres déclives de la République qui devraient
en être pourvues.
6.
- Barrage :
Par où terre et paille s'échappent-elles ? Par les "ravines, sèches", les
sentiers, les torrents, les rivières, les fleuves. Il faut donc le plus
possible, les empêcher de jouer leur rôle désastreux. La chose est relativement
facile pour ce qui concerne les "ravines sèches" et les sentiers vicinaux : il
suffit de leur opposer des barrages successifs faits de pierres, de terres, de
troncs d'arbres, de pieux et commencés aux points où ils prennent naissances.
Remarquez que cela ne
coûtera pas un sou à l'État.
Les propriétaires peuvent être obligés à faire ce travail. Mais pour que la
Société ne soit pas encore injuste envers les paysans, il lui faudra leur
accorder des avantages, les dédommageant des services qu'ils rendront ainsi à la
communauté entière.
7.- L'humus que
fournissent les feuilles des arbres :
Après la saison sèche, il y a dans les mornes des tas considérables de feuilles
d'arbres (bien qu'il n'y ait plus beaucoup d'arbres) qui sont en route pour la
mer. Elles y arriveront un jour ou l'autre, soit entières, soit diluées dans
l'eau après avoir été transformées en fumier. Quelle perte ! Quel gaspillage
d'engrais ! Quand donc les lois ordonnant de les retenir sur place (par des "
rampes ") seront-elles votées pour le salut de nos mornes ? Il ne faudrait pas
qu'une paille sorte d'Haïti pour se rendre dans la mer ! Nous en avons besoin
pour engraisser le sol, pour construire " notre " espace vital. Nous voyons avec
peine que les choses de ce genre n'émeuvent pas nos intellectuels : il n'y à
rien à espérer pour Haïti avant qu'on ne constate le contraire !
8.-
Ramasser de la terre d'alluvions : A) Dans les montagnes
Les barrages des " ravines
sèches " et des sentiers susceptibles de se transformer en torrent produiraient
un résultat merveilleux. Ces barricades serviraient en effet à recueillir de la
terre d'alluvions et nous sommes en mesure d'affirmer qu'on peut ainsi, si l'on
s'y prend bien, se procurer à peu de frais et en peu de temps une appréciable
quantité de terre fertile. Le fond d'une " ravine sèche " peut être transformé
en petite plaine et un seul bananier venu dans ce terrain d'alluvions donnera un
régime de bananes qui vaudra parfois jusqu'à dix régimes produits dans des
hauteurs stériles. Quant à l'eau qui coule dans les sentiers, il convient de la
détourner et de l'encaisser là où l'on peut, pour l'obliger à déposer ses
alluvions, ne serait-ce que dans l'espace suffisant pour planter un bananier, on
n'aurait pas perdu son temps, croyez-le bien. Les paysans qui sous ce rapport
ont déjà écouté nos conseils sont très satisfaits des résultats obtenus.
B) Sur les rivages
C'est là surtout qu'il faut
ramasser de la terre d'alluvions : les rivages de nos cours d'eau. Quelle
fortune peut y être accumulée en peu de temps ! Quand la nature fait elle-même
la besogne, quand la terre d'alluvions vient s'accumuler dans un espace
favorable, quelle fertilité ! Quelle végétation ! Mais comment l'haïtien
n'a-t-il pas compris qu'il doit en cela suivre l'exemple de la nature ? Pourquoi
ne fait-on pas sur les rivages certains travaux de maçonnerie même, s'il le
faut, pour retenir de la terre d'alluvions ? Remarquez que si ces rivages ne
sont pas toujours fertiles, c'est parce que la terre qui y est restée est lavée
: c'est du sable ou du gravier. Mais si l'on construisait des ouvrages spéciaux
pour empêcher la rivière de laver la terre qu'elle y dépose, on obtiendrait
merveille. Un espace de quelques mètres carrés vaudrait plus que plusieurs
carreaux de terre dégraissée. Dans un espace relativement restreint, on peut
pour ainsi dire accumuler des quantités de carreaux de terre. Car lorsqu'on
achète un terrain pour la culture, l'on doit se dire que c'est surtout la couche
superficielle qu'on a payée ; le reste, la couche profonde, a une moindre
valeur. Si donc on peut réunir quelque part de ces couches superficielles, on
obtient en peu d'espace l'équivalent de plus grandes superficies.
TEKNIK POU BARE TE
Quand
donc nos montagnes seront-elles couvertes de canaux antiérosifs pour le salut
d'Haïti. ?
MODEL
KANAL KONTOU
Les
paysans qui sous ce rapport ont déjà écouté nos conseils sont très satisfaits
des résultats obtenus.
Quel
gaspillage ! ...
C)
Dans les plaines
II y a des terrains qu'on ne cesse de cultiver depuis l'époque coloniale. On ne
s'est même pas donné la peine de les fumer. Ainsi deviennent-ils chaque année de
moins en moins fertiles. Et pourtant des tonnes et des tonnes d'alluvions sont
charriées, par les rivières voisines, quand elles sont en crues, et passent là
tout près. Pourquoi n'a-ton jamais pensé à recueillir un engrais si riche et à
obliger les eaux à les déposer sur les terrains maigres de nos plaines. Il
faudrait cependant que l'État vienne en aide aux petits propriétaires pour leur
permettre de réaliser cette tâche qui est au dessus de leurs forces. Peut-être,
s'ils se syndiquaient, y arriveraient-ils ; mais pour cela il faudrait que
l'État prodiguât lumière et encouragements.
9.- Remparts et fumier Au témoignage des paysans, les "remparts" produisent ce bon résultat que les
sarclures dont ils se servent pour les faire, pourrissent et engraissent leurs
terres. Chaque année on n'a qu'à mettre les "remparts" dans de nouvelles
positions pour qu'on ait sur le terrain des lignes fertiles où déposer les
semences.
Remarquez que les remparts remplaceront les racines déjà détruites : comme ces
dernières, ils forceront l'eau des pluies à s'infiltrer dans le sol; du reste,
la terre n'étant plus aussi fertile qu'autrefois, il est plus que temps que le
paysan sache se servir du fumier et en connaisse l'importance. Donc pas une
paille ne doit être brûlée ; chaque paille brûlée c'est, en fin de compte
quelques grains de céréales en moins.
Les Petites Sœurs et les Petits Frères de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus
s'adonnent à cette entreprise salutaire et espèrent que le Bon Dieu voudra bien
la bénir.