à
l'école du Serviteur de Dieu
Père Farnèse LOUIS-CHARLES
Chapitre VI.
Chapitre
VI.
L'EDUCATION RENTABLE
"L'Éducation Rentable" est
le fruit de ma longue expérience de Curé de paroisse pauvre en pays sous
développé.
II y a des régions, en-effet, où, églises, dispensaires, hôpitaux tendent à ne
pas servir à grand chose, sous l'étreinte de la misère. Les pauvres gens qui
n'ont pas à manger et à s'habiller disent adieu aux réunions paroissiales et aux
sacrements. Le petit nombre d'enfants qui vont héroïquement à l'école n'y
apprennent presque rien. Ils ont faim et font pitié. ...
Les dispensaires et les hôpitaux rencontrent des difficultés insurmontables, à
guérir les sous-alimentés quand, par surcroit, ils sont malades. Ceux-là font
vraiment le désespoir des médecins !
"L'Éducation Rentable" veut apprendre aux pauvres gens à gagner leur vie par le
travail, le travail de leur intelligence et de leurs mains. Elle entreprend de
faire, de l'école, l'éducation pratique directement rentable pour l'enfant.
…Elle est une œuvre capitale, une œuvre de base. Elle apprend à s'aider soi-même
pour n'avoir pas besoin d'aumône. Elle est absolument conforme à
l'encyclique de Notre Saint père le Pape Paul VI sur le développement des Peuples.
[1]
Mais je souhaite ardemment que les éducateurs fassent bien attention à ceci : il
peut arriver que les enfants de toute une région aillent à l'école, avant tout,
pour ne pas avoir à travailler manuellement
Cela est possible en
particulier là où un odieux régime d'esclavage d'antan a eu pour conséquences
désastreuses l'avilissement du travail matériel. Alors, facilement une exigence
sociale rigoureuse réserve les besognes de ce genre aux personnes de très basse
condition aux indigents analphabètes, en un mot à ceux qui représentent encore
les malheureux esclaves d'autrefois.
En pareille
hypothèse, l'instruction "toute pure" pourra être catastrophique ; TOUS LES MAUX
SONT SUCEPTIBLES D'EN SORTIR ....
"L'Éducation
Rentable" demande cependant beaucoup de dévouement car pour des raisons qu'on
devine, il faut en même temps bien soigner le programme de l'instruction
proprement dite. Les Petites Sœurs et les Petits Frères de Sainte Thérèse de
l'Enfant-Jésus s'adonnent à cette entreprise salutaire et espèrent que le Bon
Dieu voudra bien la bénir.
Mais des
missionnaires, touchés par notre présente propagande en faveur de ce genre
d'éducation, nous ont laissé entendre qu'il leur est difficile de suivre le même
important programme que nous autres Haïtiens, vu leur situation d'étrangers dans
les pays où s'exercent leur apostolat : d'où, chez nous, l'idée d'appeler
"pilote" notre apostolique projet. Fasse le ciel qu'il soit vraiment pilote et
entraîne quelques imitateurs.