à l'école du
Serviteur de Dieu
Père Farnèse LOUIS-CHARLES
Chapitre III.
Chapitre III. : Ses écrits
Farnèse LOUIS-CHARLES
Notes
autobiographiques
Dans une de ses notes autobiographiques envoyées le 26 mai 1983 à l’Archevêque
de Port-au-Prince (Mgr François Wolff Ligondé) sur l’esprit du fondateur (au
moment où il fallait revoir les Constitutions des Petits Frères), le père
Farnèse LOUIS-CHARLES se présente ainsi :
UN PEU D’HISTOIRE
Je suis par vocation homme de la terre, de la belle nature du Bon Dieu. Très
tôt, certes, je montrais autant d’aptitude pour les études que d’amour de
l’agriculture. Je préparais ma terre avec les moignons d’outils repérés,
clôturais mon champ, plantais, irriguais, construisais mon poulailler, élevais
la pintade, la dinde, etc. Si bien que j’ai failli perdre un doigt en me servant
d’un outil (j’en porte encore la marque) si bien que, par ailleurs, le directeur
de mon école a cru devoir s’opposer à mes activités agricoles et rurales,
arguant que je n’en avais pas besoin pour vivre : heureusement mes parents ne
l’ont pas écouté.
Devenu jeune homme, je rêvais tout le temps aux moyens d’irriguer les terres du
pays rendues improductives à cause des sécheresses sporadiques de nos régions
(assurément, c’est triste et regrettable cette situation).
Devenu prêtre, j’étais parmi les premiers patriotes à dénoncer avec ardeur le
péril national de l’érosion, par la parole et par la plume, et j’ai fini par
convaincre parfaitement qu’il est impossible de sauver Haïti sans lui avoir
sauvé "sa paysannerie", en tout premier lieu, bien entendu, celle de nos
montagnes, qui est par vocation, la gardienne de la nature chez nous.
Vers 1937, à une fête du drapeau à l’Arcahaie, le vicaire que j’étais alors,
profite de la présence du Président Sténio Vincent pour en parler en chaire.
Celui-ci (d’ailleurs mon cousin), a fait paraître bientôt une loi "interdisant
le feu sur tout le territoire de la République". J’ai découvert plus tard qu’il
a eu toute une vaste propriété plantée en cocotiers : c’est celle de l’actuel
sanatorium de Sigueneau, Léogâne. Du reste, il faisait planter des arbres au
long des routes publiques, il me semble (acajou, amandiers, etc.).
Nommé curé de Marbial, j’ai eu dans cette paroisse une chaine d’une cinquantaine
de coopératives, ayant pour tâche notamment de combattre l’érosion et de
régénérer le sol. La Loterie Nationale allouait $200 par mois : ils servaient à
encourager ces coopératives, de même que nos modestes écoles au nombre de
soixante environ – il y en avait en principe une petite à chaque centre
catéchétique, dit station. Survint l’UNESCO (et son fameux "Projet Pilote" de
Marbial), attirée justement par le "dynamisme de cette population".
Au commencement, à un moment donné, on avait l’espoir que tout irait bien, grâce
à un représentant de la grande Organisation, un mexicain, je crois, disposé à
collaborer avec le curé. Mais reparti en toute hâte – je n’ai jamais su pourquoi
les choses ont pris alors une toute autre tournure.
Avec ces gens qui affichaient leur neutralité, leur indifférence religieuse,
c’était pour la religion Catholique au minimum… la réalisation de la parole de
Notre Seigneur "Qui n’est pas avec moi est contre moi, et quiconque ne ramasse
pas avec moi disperse". En tout cas, j’ai dû lutter fort pour ne pas assister à
l’anéantissement de notre école presbytérale du centre paroissial au profit
d’une autre, nationale, mais dite de l’UNESCO, établie non loin de la nôtre sur
la propriété d’un temple protestant.
Bref,
mes inquiétudes aboutissaient à la pensée de donner à l’Église "l’UNESCO du Bon
Dieu", en l’espèce, une famille religieuse paysanne. En effet, l’UNESCO formait
des leaders paysans polyvalents. C’était des gens simples des deux sexes.
Pourquoi ces leaders ne seraient-ils pas, en partie, des consacrés à Dieu, ne
donnant pas seulement la terre mais aussi le ciel ? Madame la Présidente
Lucienne Estimé, contactée, accordait une subvention mensuelle de $50. Cependant
l’œuvre finit peu à peu par absorber aussi les $200 de la Loterie Nationale :
une congrégation n’est-elle pas la coopérative la plus perfectionnée du monde,
et, en plus, une semeuse d’écoles en nombre illimité, si elle s’y met ?
CONGRÉGATIONS POUR ME MULTIPLIER
Je me mettais en tête que notre famille religieuse donnerait à l’Église et à
l’humanité d’autres moi-même de plus en plus nombreux ; car je ne pouvais pas me
figurer qu’on puisse être religieux dans la congrégation fondée par quelqu’un
sans vouloir sincèrement être son disciple. Je suis parfaitement convaincu
jusqu’à présent que cela est l’enseignement réel de l’Église, assistée de
l’Esprit-Saint. Je viens d’apprendre en effet que Rome entend que les religieux
(ses) aient en mains non seulement leur livre de vie et leurs constitutions,
mais encore les écrits de leurs fondateurs…
À ce propos, je m’entends dire parfois : "S’il y avait beaucoup d’haïtiens comme
vous, Haïti serait sauvée". En ma présence, le Président Élie Lescot a déclaré
en substance, en plein conseil de Secrétaires d’État : "C’est quand il y aura
deux cents prêtres comme celui-là qu’Haïti prendra son essor". Alors, ne
serait-il pas satanique de s’arranger à être mien seulement de nom, prétendant
n’avoir à suivre que les constitutions (retouchées et supposées conformes à mes
idées).
UN
PEU D’AUTOBIOGRAPHIE PLUS SPÉCIALE
Mais, en plus de ce que
j’ai dit déjà, le pauvre instrument du ciel que je crois être, ajoute qu’il est
celui :
- Qui tient à faire aimer
la religion par les masses populaires. Hélas ! L’on constate que dans les
régions où les religieux (ses) se dévouent le plus, c’est justement là que les
consacrés à Dieu et partout, la Sainte Église, ne jouissent pas du tout de la
sympathie des gens, sont plutôt très détestés ;
- et qui considère
d’autre part avec beaucoup de tristesse que nombre de besognes absolument
indispensables provoquent le dégoût de la population haïtienne en général, parce
qu’elles ont été avilies par l’odieux régime d’esclavage d’antan, dont
particulièrement le travail des champs : ne faut-il pas les réhabiliter, les
faire aimer ?
Que voulez-vous ? Ce qu’on gagne ne suffit même pas pour assurer le pain
quotidien. Résultat : quand parents et élèves finissent par se rendre compte que
tous ces sacrifices ne soulagent pas leur misère, ils se mettent instinctivement
à détester maîtres et maîtresses qui, pensent-ils ne leur ont rien apporté de
bon dans leur pénible existence. Et ainsi tout le bien qui a été fait est vite
oublié…
Conclusions : A) Pour se faire aimer et non détester et, en même temps
réhabiliter les besognes pourtant indispensables, avilies par l’ancien régime
d’esclavage, prière d’exécuter notre plan de toujours qui consiste à s’abaisser
(religieux et religieuses) jusqu’à cultiver la terre à côté de ses élèves
(garçons et filles), de même, à faire la lessive, la cuisine, à côté du
personnel de la maison, si réellement on ne peut pas s’en passer ;
B) s’appliquer à "l’Éducation rentable". Celle-ci faisant gagner de
l’argent en même temps qu’on étudie, est le seul remède, il me semble au mal
signalé plus haut (le 2), remède très efficace et mille fois béni 'experientia
teste'. Je suis même d’avis que les nôtres n’aient que ce rôle à remplir
dans les écoles dirigées par les autres (écoles religieuses, nationales ou
autres), dès que cela sera possible.
__________
- Qui a toujours compris que
l’accent, en Haïti, doit être mis sur l’esprit pratique et non sur la
rhétorique, cette dernière n’étant guère la vocation fondamentale de l’homme
haïtien : nous sommes dans un pays agricole et maritime.
Conclusions : Nos congrégations à nous doivent être beaucoup plus travailleuses
qu’enseignantes, et même, quand il y a lieu, cesser absolument d’être
enseignantes pour être "travailleuses", comme nous l’avons dit plus haut…
Au moment actuel, des paysans meurent de faim. Nos instituts établissent dans
les environnements concernés, des maisons qui serviraient de ponts par lesquels
passeraient les secours de tous ; ils pourraient venir de l’étranger, par
exemple. Par surcroit, leur détresse n’a même pas de voix pour se faire entendre
au dehors. N’est-ce pas aux nôtres de ces maisons, de leur servir de voix ?
D’ailleurs, qu’est-ce qu’on penserait d’une mère qui serait l’unique nourrice de
son bébé et qui se mettrait en tête d’aller cultiver des champs pour nourrir ce
dernier à l’avenir, au lieu de l’allaiter au moment présent, où il va mourir
sans les soins amoureux et dévoués de sa mère ?
Prière donc aux nôtres qui tiennent à aller étudier au moment actuel en Haïti ou
ailleurs pour le salut de la paysannerie, de se faire une raison sous ce
rapport. Certes, chaque chose ici-bas a son temps, et il y a un temps pour
chaque chose.
__________
- Qui connaît par
expérience bien des possibilités du pays d’Haïti soupçonne l’existence de
beaucoup d’autres, et, par contre, n’ignore pas la misère du peuple, un pauvre
peuple de chômeurs. Donc, les nôtres auront une formation de producteurs, de
personnes qui mettent la main à la pâte. Alors, leur esprit pratique, développé
par ce moyen, leur permettra de faire de nombreuses trouvailles, des inventions,
capables d’améliorer le sort des pauvres gens : leur charisme à eux, de par la
volonté de Dieu et l’esprit de leur fondateur, est celui de les sauver (exemples
: vins, liqueurs, craie, médicaments tirés des plantes du pays ayant des
propriétés qui tiennent du miracle)… Notons ici que la formation à monter et à
descendre les mornes grâce à l’emplacement des maisons qui ne doivent pas être
de la plaine, a beaucoup d’importance pour nous autres…
__________
- Qui souffre beaucoup de
cette situation terrible, cette vraie calamité, qu’est chez nous la manie de
l’imitation étrangère. Le Docteur Price-Mars l’appelle "bovarisme". Le
Docteur Carlo Désinor a écrit à ce sujet : "Nombreux sont les haïtiens qui
croient vraiment que l’évolution c’est être à jour, être à la queue de toutes
les animaleries des sociétés avancées en crise". Et moi, renchérissant,
j’appelle parfois ce travers le "macaquisme". "Quand la France tousse, Haïti
a la coqueluche", dit le dicton populaire haïtien…
Conclusion : Il faut que
cela change, sinon nous sommes perdus, puisque tout ce monde qui s’offre à notre
imitation, est en pleine décadence morale et que c’est un fait qu’on est
beaucoup plus incliné à imiter le mal que le bien. Monseigneur l’Archevêque a
fait allusion une fois en chaire (à ma connaissance) à la civilisation
occidentale décadente…
__________
Oui, il faut que cela
change. Et qui est-ce qui peut, ici, mieux que personne, donner le signal de la
réaction qui s’impose, sinon les consacrés à Dieu indigènes, épaulés
naturellement par les hommes de cœur des populations en cause elles-mêmes,
européennes et américaines ?
__________
- QUI hait les préjugés.
Les anciennes constitutions des nôtres portent "Ils (elles)
n’ont pas de préjugés" (Les préjugés font beaucoup de mal, certes). Exemple
pour me faire comprendre : je connais des hommes qui n’ont pas beaucoup
d’instruction, mais qui sont de très bons professeurs. Il y en a d’autres,
beaucoup plus instruits, qui sont incapables d’avoir le moindre succès en
pédagogie. C’est que les premiers sont nés instituteurs… De même, on est nés
prêtre, religieux (se), chef, médecin, etc. Malheur aux sociétés où la tyrannie
du préjugé de l’instruction empêche de tenir compte de cette vérité.
Conclusion : Je désire
que les nôtres sachent, dans la mesure du possible, éviter ce piège. Qu’ils ne
s’imaginent pas surtout que les analphabètes de nos montagnes sont pour autant
des êtres inférieurs. Jean-Jacques Dessalines aussi était un analphabète. Que,
pour l’amour du Bon Dieu, personne de chez nous ne rougisse d’être paysan ou
paysanne !
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- Qui a toujours compris
que l’haïtien… se doit d’être sérieux… d’avoir du caractère.
- par ailleurs, j’ai
toujours voulu être, pour ainsi dire, un homme catholique. Ce mot, on le sait,
veut dire universel. Le Bon Dieu, lui fait lever son soleil sur les bons et sur
les méchants, n’aime pas la ségrégation. Je suis, de plus, l’homme du juste
milieu. Je m’élève souvent contre ceux "qui filtrent le moucheron pour avaler le
chameau". (On veut éviter un mal et on tombe dans un pire : Oh ! on ne fait que
cela, hélas !)
PRIÈRE aux nôtres de bien
méditer sur toutes ces choses, s’ils veulent vraiment être mes imitateurs dans
le Christ Jésus.
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- Qui est spécialement
convaincu que l’Église entière repose sur le Pape. "Tu es Pierre et sur cette
pierre, je bâtirai mon Église". En effet, c’est Lui qui choisit les Évêques
; eux-mêmes chargés de choisir les prêtres qui à leur tour admettent les fidèles
dans l’Église du Christ. Si donc le Pape est puissamment assisté du Saint-Esprit
et universellement obéi, le choix des Évêques sera toujours heureux, celui des
prêtres de même, l’admission des fidèles, également : il y aura dans l’Église
des Augustin, des Athanase, des Rémi, des Charles Borromée… en grand nombre, et
la terre sera sauvée !
Conclusion : Nos
congrégations seront cent pour cent papales : elles auront pour tâche d’obtenir
du ciel par la prière et le sacrifice que le Pape, les Évêques, les Prêtres,
soient pleinement ce que le Bon Dieu veut qu’ils soient et ainsi Sainte Thérèse
de l’Enfant Jésus sera continuée, elle qui priait pour le Pape, les Évêques, les
prêtres, l’Église, le monde entier.
__________
- Qui
s’attache spécialement au principe d’unité. Pour moi, Dieu est le chef suprême,
la Tête de tout le corps que constituent l’univers visible et invisible, et,
partout, il y a une tête, un chef dans l’univers créé à son image. La tête
éliminée, on est cadavre. D’où le quatrième commandement, concernant non
seulement les pères et les mères, mais toutes les autres têtes ou chefs, dans
l’Église ou dans l’État. D’où les autres interventions de la Bible : "Lève-toi
devant les cheveux blancs et sois plein de respect pour les vieillards" (Lév.
19,32). "Dieu, tu ne l’insulteras pas, et tu ne maudiras pas celui qui a une
responsabilité dans ton peuple"(Ex 22,27). "Cui vectigal, vectigal, cui
timor et honor, timor et honor" (Rom. 13,7)…
(Voir aussi 1 Pierre 2,13. Ss).
Curieux :
l’on parle tout le temps de concorde, de solidarité, en ces temps-ci, mais :
sauf avec les chefs, paraît-il, les fondateurs de congrégations en tête de liste
! Oui, séparer ce que Dieu a uni : les jeunes d’avec les anciens, les enfants
d’avec leurs parents, les époux entre eux, c’est ce qui se fait partout,
comme si Dieu n’avait pas parlé.
Conclusion : Je tiens à
ce que mes disciples sachent dire : non à cette aberration dangereuse en vogue
dans la civilisation occidentale décadente, à partir de Luther surtout, lequel
est beaucoup plus qu’on ne le pense, le père de cette décadence notoire et
abominable.
__________
- Qui n'a jamais voulu
faire de congrégations complètement actives : en témoignent dans les anciennes
constitutions, les nombreux exercices de piété, l’obligation du silence
quasi-perpétuel, etc.
L’idée d’une
branche contemplative chez les nôtres n’a jamais cessé de me poursuivre ou, du
moins, celle d’un temps de contemplation et d’un temps de vie active, pour ceux
et celles qui le désirent. J’ai même demandé à des sœurs qui voulaient partir
pour la vie contemplative de patienter et d’attendre à ce sujet, notre
réalisation à nous.
Conclusion : Dès que
possible, que les nôtres tiennent compte de tout cela. Qui croit de plus que
c’est une erreur funeste à l’Église en ce temps surtout de développement des
Peuples, que les analphabètes qui ont sérieusement la vocation religieuse soient
exclus de la participation au genre de vie pour lequel ils étaient nés.
Circonstances nouvelles : tout le monde veut le développement en ces temps-ci :
les analphabètes peuvent réaliser beaucoup de choses en ce domaine. Le père
Werenfried l’a compris ; d’où la fondation par lui en Afrique des sœurs de la
Résurrection pour la jeunesse féminine non instruite. De notre côté à nous,
c’est spécialement pour les sujets de ce genre que nos Instituts ont été fondés.
Expérience
faite, je crois profondément à l’extrême importance de ce point. Qu’il soit donc
entendu que l’esprit du fondateur sur ce point essentiel doit être observé,
d’une façon ou d’une autre !
Mémento
spécial : Nos Instituts sont destinés à l’apostolat dans les montagnes
(éloignées de préférence). Ce sont les circonstances haïtiennes qui s’opposent
(comme toujours) à l’exécution d’un tel dessein, si indispensable pourtant. Là
spécialement, la formation pratique se révèle d’emblée plus nécessaire que
l’instruction telle qu’elle se donne couramment au moment actuel.
__________
- Qui comprend, par la
grâce de Dieu, l’importance de la belle vertu de la pureté. Le modèle que
j’avais sous les yeux autrefois lorsque le Bon Dieu me faisait fondateur,
c’était l’admirable foyer de Louis Martin donnant à l’Église jusqu’à cinq
vierges consacrées, dont la sainte petite Thérèse ayant pu se réjouir humblement
dans son autobiographie de n’avoir jamais perdu la grâce de son baptême. Or, en
Haïti, même le mot pureté est inconnu, dans les masses analphabètes du moins.
Pourtant, sans cette vertu essentielle, pas de vraie vie chrétienne possible et,
de ce fait, c’est le salut des patries et du monde qui est bel et bien bloqué.
Conclusion : Nos
congrégations doivent avant tout contribuer à établir le règne intégral de la
pureté en Haïti et sur la terre entière.
Or qui veut
la fin veut les moyens. Mais, assurément, ce n’est pas en agissant avec légèreté
que pareille chose se réalise.
Qu’on se
rappelle bien que la plupart des autres hommes étaient profondément chrétiens
autrefois, qu’ils ont sous ce rapport des traditions de retenues imprimées dans
leur subconscient : chez nous, c’est le contraire qui a lieu. Chez nous, ce sont
les grandes personnes elles-mêmes qui, souvent poussent les jeunes à être
malhonnêtes en cette matière
Ce qui est
particulièrement grave, c’est que même lorsqu’on arrive à tenir bon en ce
domaine malgré certaines légèretés, ceux qui nous observent sont, de leur côté,
convaincus que les choses n’en demeurent pas là. D’où grave scandale des faibles
: Le péché se commet sur notre compte ; on cite même notre nom à l’appui de sa
mauvaise conduite ou pour faire tomber les âmes mal affermies, alors que Dieu
nous a faits apôtres du bien et non entraineurs vers l’Enfer…
J’ai appris
que la clôture religieuse existe encore en vérité même si elle était abandonnée
partout, Haïti se devrait, pensons-nous de ne pas s’en passer de si tôt… Chez
nous spécialement ; point de "communautarisation". Gare aussi aux habillements à
la mode du jour qui visent tendancieusement à exposer le corps plutôt qu’à le
voiler sous des prétextes, certes, qui ne tiennent pas debout devant
l’obligation générale d’être purs.
_________
- Qui
croit que le rôle primordial du chrétien, et, à plus forte raison du consacré à
Dieu, c’est de montrer dans sa conduite, ses actions ses entreprises, la
sainteté de Dieu dont on est l’image en ce monde. N’est-ce pas ce que veut dire
cette parole : "Cherchez avant tout le royaume du ciel " ? Je crois que ce que,
au fond, tous les adversaires de l’Église ont contre elle, c’est le manque de
sainteté de ses membres, particulièrement des consacrés à Dieu. Leurs objections
déclarées ne pèsent pas lourd, en réalité, dans la balance… Gare alors, aux "occupations
maudites" (cf. St. Bernard).
Conclusion : Je prie le
ciel de m’accorder que les miens veuillent bien penser comme moi sur ce chapitre
très important, les miens, et tout le monde aussi.