à l'école du
Serviteur de Dieu
Père Farnèse LOUIS-CHARLES
Chapitre XIII.
Chapitre
XIII.
CONSEILS A NOS CONCITOYENS
ENGAGÉS
DANS LA "BATAILLE ÉCONOMIQUE"
Régénérons le
sol de nos montagnes
Nous osons demander à nos chers concitoyens d'accorder, dans le domaine
temporel, une attention nettement prioritaire à une des richesses naturelles de
notre pays qui est l'EAU, l'eau de pluie, des torrents (ravines sèches), des
sources, des rivières, des fleuves. (1)
____________ (1)
Terme souligné parce que les fleuves invitent à engloutir
tous les fonds de l'État en des œuvres spectaculaires dans les plaines, alors
que le salut de notre pays doit venir d'abord de ses montagnes.
En effet, actuellement,
c'est là que réside en tout premier lieu, pour l'Haïtien, la solution du
problème "primum vivere" (vivre d'abord), souci dont hélas, nos tendances
platoniciennes nous ont pas mal libérés : ce qui - disons-le tout de suite -
nous a valu de tenir la queue, sous bien des rapports, dans la famille des
peuples.
Bref, puisqu'on ne peut
gagner sa vie et prospérer que par le travail opiniâtre, accompli avec ordre et
méthode pour le salut temporel d'Haïti, pays à vocation agricole et d'élevage,
voici nos suggestions :
Forcer progressivement,
dans la mesure du possible, nos eaux naturelles (de pluie, de ravines sèches, de
sources, des rivières)… à ne se déplacer sur le sol du pays que lentement et, en
même temps, prendre les moyens voulus pour les contraindre à séjourner aux bons
endroits.
Cette pratique permettra avant tout que le sol ait
l'humidité nécessaire à l'agriculture et au développement des arbres forestiers
et, qu'ensuite, la terre arable d'Haïti reste sur le sol d'Haïti. Il s'agit donc
de recourir, sur une grande échelle au creusement de canaux de contour et à
l'implantation de lacs collinaires en quantité considérable, là où la
topographie des lieux s'y prête.
Voici
quelques-uns des immenses bienfaits à tirer de cette entreprise qui - cela va de
soi - serait à continuer jusqu'à la fin du monde ;
a.- La terre
d'Haïti resterait sur le sol d'Haïti.
b.- Nos
montagnes trempées d'eau redeviendraient fertiles car, selon notre expérience
personnelle, il n'existe pas, en principe, de terres haïtiennes qui ne puissent
être régénérées, si l'humidité leur est procurée.
Or, en terres déclives, l'eau qui séjourne sur le plan supérieur se répand
ordinairement, par le suintement naturel, sur le terrain situé au-dessous
d'elle. Donc problème de l'humidité résolu.
c.- L'humidité
favoriserait un reboisement systématique de nos montagnes.
d.- Les cabris
ne seraient plus lâchés en saisons sèches pour dévorer les jeunes arbres,
puisque les terres, devenues à nouveau fertiles, seraient plutôt utilisées par
les paysans à des fins de production.
e.- Les plaines
ne manqueraient plus d'eau d'irrigation, puisque les sources, alimentées
désormais par les eaux d'infiltration, n'auraient plus cette tendance à tarir en
saisons sèches : au contraire de nouvelles pourraient éventuellement surgir.
f.- Le régime
des pluies, lui-même, obtiendrait à la longue une amélioration car nul n'ignore
les effets du reboisement sur la pluviométrie.
g.- Les
cyclones aussi pourraient être rendus moins dévastateurs. A notre humble avis,
les arbres leur opposant de la résistance, leur violence diminuerait au fur et à
mesure qu'ils avanceraient. Et, cette bataille entre les arbres et les vents les
déciderait, une fois ou l'autre, à changer de trajectoire ; aux hommes de
science, le dernier mot en tout cela ; mais ce qui a l'air incontestable, c'est
que l'arbre opposant sa résistance,? protège en même temps, par exemple, le
caféier et le bananier qui viennent après lui sur la route du cyclone.
h -
L'écoulement des eaux naturelles dans le sens horizontal, aboutirait à
l'irrigation de beaucoup de flancs de montagnes, de plateaux et de plaines,
situés dans les zones dites "terres chaudes".
i - Il
aboutirait aussi, grâce à l'esprit "christophien" qui, certainement existe
encore chez maints héritiers de l'Ancêtre constructeur de la "Citadelle", cette
huitième merveille du monde, à avoir des chutes d'eau pouvant atteindre, si l'on
veut bien, jusqu'à 800 mètres de haut environ (huit cents mètres). D'où la
possibilité d'avoir de l'électricité en extrême abondance pour, notamment,
actionner toutes sortes de machines, les voitures automobiles (camions tramway)
comprises ; ce qui signifie, diminution considérable d'importations étrangères
qui appauvrissent le pays par des hémorragies intempestives de devises, voyages
et transports à bas prix pour l'haïtien dans son pays, élimination du cauchemar
que sont les foyers au charbon de bois et au bois, à brûler etc.
j.- Pourquoi
l'agriculture, parfaitement développée et bien orientée n'aboutirait-elle pas,
d'autre part, à la production de l'alcool en quantité suffisante pour actionner
chez nous les moteurs, à la place du combustible importé de l'étranger ?
VOULOIR C'EST POUVOIR.
Disons que les patriotes haïtiens pensent à cette
réalisation avec acharnement. La canne peut pousser partout. (Et puis, qu'en
est-il de l'alcool de bois sous ce rapport ?).
Aux hommes de science la parole.
k.- Pour peu
qu'on pense pays, l'on ne manquerait pas de peupler les lacs artificiels des
meilleures espèces piscicoles pour l'alimentation protéique de nos pauvres gens.
l.- Créés en
quantité convenable dans les montagnes, les lacs seraient à vider à l'époque où,
pendant la saison sèche, les plaines ont le plus besoin d'eau d'irrigation ; ce
serait à la grande joie des cultivateurs régionaux qui n'auraient jamais vu
pareille merveille en ce monde !
m.- Ces lacs ne
tarderaient pas à être remplis d'alluvions. Ce serait alors le moment
d'abandonner leur emplacement à l'agriculture et d'en créer d'autres. Inutile de
dire quelle fertilité extraordinaire et durable auraient alors les merveilleuses
petites plaines formées par ces accumulations d'alluvions de multiples
provenances.
1) Murs secs,
murs végétaux, remparts ou "rampes", forcent aussi l'eau de pluie à pénétrer
dans le sol et en empêchent l'érosion.
* II faut à
tout prix exiger une protection convenable de tout terrain en pente avant d'y
effectuer des travaux agricoles.
* Cette mesure
s'impose aussi au moment de certaines récoltes (patates, pistaches, etc. ...)
accélérant l'érosion des terres déclives d'une façon épouvantable.
* II convient
également de noter que toute eau boueuse sortant d'un terrain traduit une
dégénérescence du sol avec toutes ses conséquences néfastes pour l'agriculture.
* Nos plaines
elles-mêmes, mal nivelées, n'échappent pas aux méfaits de l'érosion : les eaux
de pluie qui en sortent, en route pour la mer, sont chargées d'alluvions elles
aussi. Caveant Consules ! (Que les consuls veillent !)
II est grand
temps, certes, que par l'éducation et par l'application de mesures coercitives
légales, l'haïtien reconnaisse enfin cette réalité que l'érosion est l'ennemi
mortel numéro 1 jurant de lui enlever le sol de son pays (le véritable,
dirions-nous : le sol arable), et, ainsi, sa vie, et jusqu'à son honneur,
puisqu'il est bien vrai qu'en ce bas monde, la faim, le rachitisme, l'indigence
exposent au mépris, au dédain. Puisse-t-il se rendre compte aussi que tout
peuple qui a faim est menacé de perdre son indépendance morale elle-même….
Fasse donc le ciel que la pratique générale de la conservation et de l'entretien
du sol, devienne au plus tôt dans la communauté haïtienne, une discipline
acceptée généreusement, chrétiennement, stoïquement !
Objection
Ne pas tourmenter nos pauvres paysans et surtout il faut les rémunérer pour les
services qu'ils rendent à la patrie commune comme gardiens de la nature et,
cela, convenablement ! Non pas par des "coups de clairin" (Rhum), ou autres
choses que nous refuserions obstinément à toute personne que nous aimons
sincèrement. Parce que nous les aimons et que leur collaboration à cette œuvre
s'avère indispensable, acquérons leur adhésion et leur participation. Donc,
payons-les et, au travail avec enthousiasme ! Ils n'attendent que cela !
2) Avec assurance, semble-t-il, les paysans connaissent les "marres" situées au
haut des plateaux dont le suintement produit les sources de régions plus basses.
Il y a lieu de les encadrer techniquement et d'envisager la possibilité de les
transformer en étangs, chose assurément facile, la plupart du temps. Pourquoi,
du reste, ne pas imiter la nature en s'efforçant de munir les plateaux de
modestes étangs dans le but justement de fournir des sources aux régions basses,
à celle qui en ont grand besoin, en tenant compte des priorités ? Pour cette
même raison, l'eau de pluie, ne devrait jamais pouvoir sortir sans contrôle du
haut, d'aucun plateau en Haïti. ...
3) L'entreprise d'envergure à laquelle cet écrit fait référence, doit accorder
la priorité aux zones appelées " tèt dlo " (comme nous venons de le dire) et aux
montagnes qui n'ont pas encore franchi le seuil d'érosion quasi irréversible. En
effet, "un tien vaut mieux que deux tu l'auras" : celles-là produisent encore
des vivres alimentaires, il faut donc les sauver d'abord des ravages de
l'érosion, avant de tenter la récupération des terres déjà entièrement stériles,
c'est évident.
4) Quant aux lacs collinaires :
a) L'on gagnerait à choisir leur emplacement là où les rivières côtoient les
carrières de roches stratifiées, dans les fentes desquels l'eau s'infiltrerait
considérablement. Ainsi absorbée, cette eau jaillirait tôt ou tard du sol pour
donner naissance à des sources, dans les régions basses, et peut-être là où il y
a pénurie d'eau. Du reste, un bon géologue pourrait, à ce sujet, donner des
directives valables.
b) Dans les montagnes, les rivières traversent ordinairement toute une
succession de cuvettes naturelles n'ayant qu'une porte par où l'eau s'échappe
vers la plaine.
Ces sites naturels pourraient être exploités aux fins d'implantation de lacs
collinaires (1). Une telle réalisation s'avère tellement facile et tellement
enrichissante que tout homme intelligent, considérant ces sites, ne peut
s'empêcher de soupirer et de penser : " Qu'on est crétin ! Oh ! C'est de
crétinisme que nous mourons "
___________________________
(1) Nous avons opiné ainsi en 1945 (Journal LA PHALANGE). Une revue étrangère
nous a appris dernièrement que cela se fait en Afrique à l'heure actuelle. Conclusion : Si on n'est pas prophète en son pays, on n'a qu'à s'adresser aux
étrangers !
_________
BIEN SIMPLE ! AVOIR DE LA TERRE D'ALLUVIONS
a) Prière à l'État d'acquérir dans les plaines, le plus vite possible des
endroits où ramasser de la terre d'alluvions : - à l'aide d'une succession de
murets. Largeur et longueur appropriées. Trois mètres environ de distance.
Niveler rigoureusement l'ensemble d'égal niveau d'un bout à l'autre.
Obliger la rivière en crue à passer dessus. Puis curer.
Distribuer gratuitement aux planteurs, dans un premier temps, la terre
d'alluvions recueillie. Et, dans un second temps, leur en vendre… L'idéal serait
qu'un tel trafic puisse, un jour, être abandonné à de simples particuliers qui
en tireraient profit.
Et pourquoi les grands patriotes qui le prouvent, ne se lanceraient-ils pas dans
cette entreprise, pour leurs habitations propres et pour celles des autres ?
L'on pourrait aussi creuser des trous, des fossés aveugles pour ramasser de la
terre d'alluvions apportée au moment des crues.
N.B. Il y a cependant des précautions à prendre pour ne pas récolter que du
sable ! Ce sont les toutes premières crues qui charrient de la bonne terre
d'alluvions.
b) Nos rivières devenant facilement furieuses du fait de l'état de dénuement des
montagnes, se donnent des lits démesurément larges. Ainsi beaucoup de terres
sont perdues. Il convient d'en récupérer une partie.
Moyens : - curer les lits des rivières
- élever des murs de gabions pour donner aux eaux un écoulement normal tout en
contrôlant les pentes et surtout les boucles.
C'est une entreprise à ne pas négliger que de ramasser la terre d'alluvions
parce que, par ce moyen, nous pourrions nous créer de la terre la plus fertile
du monde, et cela, en bonne quantité.
On disait des
Hollandais : "Batravi terram suam fecerunt" (les habitants des Pays-Bas
ont fait leur terre). Pourquoi ne nous donnerions-nous pas semblable réputation
? Il est même possible d'obliger certaines rivières à changer de parcours, la
vallée voisine s'y prêtant à merveille. Le lit de ces rivières serait alors
récupéré pour l'agriculture, dans la mesure du possible.
ARRIÈRE LES PUSILLANIMES !
Arrière les pusillanimes, même s'ils sont des hommes de science ! Bien plus, il
faut se mettre en garde contre eux ; car ils sont souvent d'éloquents avocats de
la négation, au service des "bras croisés".
En effet, creuser des canaux de contour dans les montagnes, par exemple, ce
n'est pas une mince affaire ! Et, quand on voudra contraindre l'eau courante à
s'y déplacer dans le sens horizontal, les difficultés deviendront énormes.
Mais nous pensons, quant à nous, que la discrimination et les humiliations dont,
depuis toujours, nous avons souvent à nous plaindre avec amertume, sont un
stimulant, plus que suffisant pour nous décider, à l'instar du français
courageux, à proclamer que le mot IMPOSSIBLE n'est pas haïtien : ce serait,
assurément, rejoindre l'œuvre, ou plutôt, le prodige de 1804.[1]
Autre
stimulant, la "race" dégénère ; la faim en est la cause. Resterions-nous
indifférents devant une si "grande pitié" ? (cf. Sainte Jeanne d'Arc)
Cependant, pour
ce qui a trait à l'exécution de ces travaux herculéens ou "christophiens", que
tout le monde se rassure : le présent plan ne manque guère de besognes
relativement faciles ; ce qui importe, c'est de commencer résolument et de
continuer avec la ferme volonté de réussir. Dieu n'avait-il pas commandé aux
hommes de dominer la terre ? Notre très grande faute, à nous tous, c'est de ne
l'avoir pas fait jusqu'ici d'une façon générale. Il est plus que temps de nous
réveiller de notre sommeil.
Idéal et slogans :
QUE LA TERRE DU BON DIEU NOURISSE LES
ENFANTS DU BON DIEU !
L'EAU D'HAÏTI SUR ET DANS LE SOL D'HAÏTI !
(Autant que possible)
LA TERRE D'HAÏTI SUR LE SOL D'HAÏTI ! (absolument).
Évidemment, Dieu seul peut tout cela à la
perfection : mais nous, ses créatures intelligentes, les regards tournés vers
lui, nous devons nous mettre au travail pour "dominer la terre", selon sa sainte volonté, d'ailleurs, et bientôt nous aurons découvert que, réellement,
se zye ki pè travay !
[2]
PROBLEME DELICAT
Un problème particulièrement délicat, c'est celui des terrains facilement
cultivables, et parfois irrigables, devenant de plus en plus emplacements de
maisons ou de cimetières.
Il faut bien qu'on établisse des règlements là-dessus, si vraiment le principe
du "primum vivere" nous tient à cœur.
Se rappeler ici
qu'il faut souvent commencer par le plus facile pour arriver au plus difficile.
(Carte de vocation des sols ! Il faut en tenir compte à tout prix).
PAILLE ET FATRAS ... MÉPRISABLES ?
Comment parler
de sol "lavé", maigre, stérile, sans rien dire de la paille ? Sur tout le
territoire de la République, il ne faudrait pas qu'on la brûle, mais la mettre
de côté pour la préparation du compost destiné à régénérer notre sol.
Les épines,
elles-mêmes, ne doivent pas être brûlées, mais enterrées. Les paysans avisés se
servent de la paille des champs (débris de sarclages, etc. ...) pour former des
rampes : cette pratique est à généraliser partout où il y a des terres déclives.
La paille est,
comme toute substance végétale et animale, de la terre en puissance. Issue de la
terre, elle redeviendra terre après décomposition, la meilleure des terres, de
la terre sélectionnée par la nature elle-même, justement, pour le bien de
l'agriculture. Perdre cette richesse, c'est de la folie !
Que dire, à ce
propos, du fatras des villes ? Qu'est-ce que cela coûterait à l'État, ou à la
Commune, d'amasser les fatras en lieux convenables, en vue de servir, un jour, à
fertiliser le sol national ?
Ce jour-là,
pour sûr, l'on dira avec regret : pourquoi, juste ciel nos dirigeants n'y
avaient-ils pas pensé plus tôt ?
En résumé :
paille et fatras, c'est à assez brève échéance, de la terre arable de premier
ordre. C'est la meilleure terre d'Haïti, élaborée (en général) par son sol,
qu'une mauvaise gestion a, du reste, épuisé. S'en débarrasser ? Quelle EROSION !
SOL MAIGRE
Sol érodé,
"lavé", maigre. - Le sait-on assez, y pense-t-on un peu ? Le sol maigre, pauvre,
produit (en minime quantité) des vivres alimentaires non seulement maigres en
apparence, mais réellement démunis de substances nutritives nécessaires à
l'organisme. C'est alors la malnutrition (même si l'on mange à sa faim), la
malnutrition avec toutes ses conséquences :
- L'état d'énervement, de nerfs à fleur de peau, comme on dit, dû à la
déficience dans l'organisme de certaines vitamines entre autres ;
- L'anémie qui ouvre la porte à toutes sortes de maladies. (Voit-on pourquoi la
tuberculose fait tant de ravages chez nous actuellement ?) ;
- Le rachitisme ;
- La laideur physique des fils de la patrie. (Voyez-vous l'ensemble des haïtiens
laids, rachitiques, difformes ?..)
Oh ! Tournons vite cette page.
Mais il faut, au préalable, bien écrire la suivante ! Jurons, alors, d'écrire
celle-ci sans retard. Sinon n'osons plus chanter ni écouter chanter nulle part :
"Formons des Fils libres, forts et prospères" !
O Justin Lhérisson ! O Oswald Durant ! Vous, auteurs des deux sublimes hymnes
officiels, qu'en pensez-vous, au "lieu de vérité" où vous voilà, vous qui voyiez
si clair dans les rapports de notre peuple avec le sol de la Patrie ?
PLAT NATIONAL
Haïti a des déveines si
inutiles, à notre avis, qu'elles font penser à l'action de génies toujours aux
aguets pour empêcher notre avancement réel. Le faux ! A la bonne heure ! Cela va
toujours à merveille en notre cher et malheureux pays !
Voyons ! Il est bien vrai que le riz est le plat national haïtien, Il est en
honneur dans tous les foyers, sauf exception - peut-être - et grands et petits
en mangent avec plaisir, sauf d'assez rares exceptions.
Mais le plat national devrait nourrir sérieusement bien, les nationaux et, en
tout cas, aider la nation à réaliser son programme de former des fils "libres,
forts et prospères" !
Le riz, choix merveilleux, grâce à Dieu. Il a 96% de vitamines (le maïs en a
94). Donc le riz est une céréale très nourrissante.
Mais ne voilà-t-il pas que les haïtiens se sont mis en tête qu'ils doivent
raffiner leur riz plus que de raison, ce qui veut dire lui enlever ses
substances nutritives. On nous a dit qu'on avait essayé de nourrir des pigeons
avec le riz raffiné : ces pigeons ont dépéri.
Alors, voyez-vous le plat national haïtien responsable du rachitisme, de la
malnutrition, de la mort de bien des haïtiens - les bébés en tête de liste -
avec d'autres inconvénients encore très graves, tels que le mauvais état des
dents, le mauvais état des yeux etc.
Oui, il y a lieu de mener campagne contre le riz trop raffiné. Il est du devoir
de l'État d'intervenir pour réglementer le raffinement et la vente du riz
raffiné en Haïti.
Pour le millet, voici ce que nous pouvons conseiller la même tendance au
raffinement à outrance étant en œuvre ici encore, il ne faut pas qu'on jette la
poudre de cette céréale, celle qui est produite par sa préparation au mortier ou
au moulin : la ramasser (là sont la paille des grains et leurs vitamines, la
tamiser et en ajouter au millet raffiné et même au riz raffiné. De cette façon,
on aura un plat de millet ou de riz meilleur au goût et, par surcroît, hautement
nourrissant, ce qui, naturellement, dispenserait d'achats de bien des vitamines.
Essayez donc. Ici, comme on dit : ESSAYER C'EST ADOPTER.
LA MER
II faut bien en dire un mot, puisqu'il s'agit ici
de plan haïtien de salut temporel.
L'on dit que
les personnes qui ont le malheur de perdre leur vocation (vraie), sont exposées
à toutes sortes de tribulations.
Avoir perdu sa
vocation, n'est-ce pas le cas du peuple haïtien ? Mentionnons ceci pour le
moment :
- Nous habitons la "Terre Haute et Boisée", et rares sont ceux d'entre nous qui
veuillent entendre parler de montagnes (sinon que pour une érosion - physique ou
morale !) En tout cas, nous avons déboisé "en règle" nos montagnes. Cela crève
les yeux.
- D'autre part, si nous ne nous trompons pas (disons-le provisoirement), la
République d'Haïti doit avoir environ 10 fois plus de mer que de terre. Or nous
ne sommes pas plus marins que les habitants des régions les plus éloignées de
l'Océan. Comme si la mer ne contenait aucune richesse, qu'être marin était un
état qui n'offre aucun profit, et que chez nous il ne pouvait pas se trouver,
comme ailleurs des compatriotes qui préféreraient vivre sur la mer plutôt que
sur la terre ! Ainsi, vocation encore abandonnée !
Insulaires que nous sommes inéluctablement, il est donc grand temps que nous
acquérions une mentalité d'hommes de mer, à côté, bien entendu, de celle de
vrais habitants de la "Terre Haute et Boisée". ( Voir également
ici et
ici).
CONCLUSION :
Les éducateurs et
éducatrices les pères et mères qui ne sont pas que des créatures profondément
superficielles, mais vraiment lucides, ont fort à faire en Haïti. Cesser de
produire de faux haïtiens pour que nous puissions vivre heureux enfin, voilà en
somme de quoi il s'agit. C'est bien là, il nous semble, une application du
principe :
" CONNAIS-TOI, TOI-MÊME ".[4]
RESOLUTION PERSONNELLE
Nous travaillerons d'arrache-pied au lancement et au développement d'un "COMBITE"
[5]
devant obtenir, dans la paix et en parfaite harmonie avec les Pouvoirs Publics,
que :
"LA TERRE DU BON DIEU NOURISSE LES ENFANTS DU BON DIEU ".
a) Il aura à obtenir, en tout premier lieu, que les montagnes d'Haïti soient
régénérées par l'eau, qui, justement, les rend infertiles, parce qu'elle cause
leur érosion…. Pensez aux canaux de contour, aux barrages de ravinés "sèches",
aux étangs collinaires (peuplés de poissons), aux murs végétaux, aux murs secs,
aux prises sur berges d'eau d'irrigation, aux béliers hydrauliques, aux
plantations d'arbres fruitiers et forestiers etc.
b) Ce " Combite " recherchera et épaulera les inventeurs, les fabricants, les
chercheurs et autres, dont les activités visent à améliorer, dans la paix, la
situation économique des pauvres gens des montagnes d'Haïti en particulier, et
des éternels marginaux en général.
c) Il ne perdra pas de vue ce programme national : " Formons des fils libres,
forts et prospères ", et ne négligera rien pour atteindre cet idéal. L'École
Véritable est pour lui, celle qui, avant tout, en vue du temporel, apprend à
gagner sa vie par le travail manuel à la portée de ses mains, tout en favorisant
les multiples vocations honnêtes possibles.
MOYENS
Cotisations et
Contributions de tous genres demandées à ceux qui veulent sincèrement le bien du
pays d'Haïti. N. B. Nous prions tous les nobles cœurs de bien vouloir accomplir cette bonne
action : faire un si bon accueil à ce modeste Mouvement qu'on le verra bientôt,
sous la bénédiction divine, transformé en Ligne Universelle Chrétienne, assurant
le pain quotidien aux multitudes d'êtres humains que crucifient la souffrance de
la faim et les inconvénients de la malnutrition.
Chers Compatriotes, pas besoin de réfléchir, n'est-ce-pas ? Il est évident, en
effet, que notre pure gloire nationale y est attachée. Pensez donc ! Chers amis,
il y a deux cents ans, c'était de notre côté, Dieu aidant : "A bas l'esclavage
dans le monde entier" ! Pourquoi pas aujourd'hui, Dieu aidant : "A bas
l'oppression cruelle de la faim autour de nous et dans toute l'humanité".
Donc, comme autrefois, d'un bond, passons, pour ainsi dire, de la queue à la
tête, et restons-y plus largement et plus brillamment que jamais ! N'est-ce pas
là notre vocation véritable dans le Plan du Très Haut et de par sa volonté ?
Pourquoi la perdre ? Pourquoi l'abandonner ? ...
[1]
En parlant de français courageux,
pourquoi, du reste, ne nous serait-il pas permis de nous dire -
justement - leurs descendants aussi et héritiers ? Qui est-ce qui peut
faire qu'il en soit autrement d'ailleurs?