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Le regard de Jésus en tant qu'homme
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Le 31 octobre 2024 -
E.S.M.
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Les mystères du Christ, bien qu'historiquement accomplis,
gardent toute leur vertu, de même Jésus, présent pour nous dans la
Sainte Hostie, y garde toute la puissance qu'il avait pendant sa vie
mortelle. Nous pouvons Le toucher, comme Le touchaient ceux qui
L'approchaient, nous pouvons entrer « en contact » avec Lui par la
Foi et l'Amour. Notre regard amoureux rencontre son regard, et
aussitôt, comme jadis, « une vertu sort de Lui »
(Lc. 8, 46.),
II nous accorde une grâce qui nous guérit et nous réconforte.
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DOM GODEFROID BÉLORGEY
Abbé auxiliaire de N.D. de Cîteaux. -
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Cette page est une initiation à la vie intérieure - Niveau élevé
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Dieu me pense de toute éternité. I. — REGARD DE DIEU
II. — REGARD DE JÉSUS
Tout ce que nous venons de dire
du regard de Dieu s'applique à Jésus en tant
que Verbe ; nous voulons envisager maintenant son regard en tant qu'homme.
Jésus m'a regardé.
Dès le premier instant de son Incarnation, Jésus a
commencé à me regarder de son regard humain.
En effet, dès cet instant, par sa vision béatifique et par sa
science infuse, Jésus a connu toutes les générations présentes, passées et
futures et II les a aimées. Il a connu et aimé non seulement tous les hommes
d'une façon générale, mais chacun d'eux d'une façon personnelle et
particulière. Dès cet instant, Jésus m'a donc connu et aimé comme si j'étais
l'unique créature pour laquelle II s'incarnât !
Ce regard, Jésus a continué à le poser sur moi pendant
toute sa vie mortelle. A chaque instant, en effet, II continuait à me
connaître et à m'aimer de telle sorte qu'il a fait chacune de ses actions en
pensant à moi. Jour et nuit, pendant trente-trois ans, j'étais dans sa
pensée et dans son cœur. A Bethléem, à Nazareth, pendant sa vie publique,
quand II instituait la Sainte Eucharistie, toujours je Lui étais
personnellement et particulièrement présent !
A chaque instant, Jésus voyait mes péchés, mes fautes et mes
indélicatesses. Elles l'ont fait souffrir pendant toute sa vie et tout
particulièrement pendant sa Passion. Jésus a voulu souffrir pour moi, II a
voulu, par amour pour moi, réparer chacune de mes fautes : pendant son
agonie douloureuse, pendant qu'il portait sa Croix, au moment du
crucifiement et durant ses dernières heures au Calvaire, j'étais là, et
chacune de mes fautes venait augmenter sa souffrance.
On comprend alors la parole de Pascal : « Le Christ sera en
agonie jusqu'à la fin du monde, il ne faut pas dormir pendant ce temps-là.
(Le mystère de Jésus.) » Certes, son agonie
historique est terminée ; mais la cause de son agonie, tous les péchés de
tous les hommes, dure toujours. Il a souffert dans le passé de mes péchés
d'aujourd'hui.
Tel est l'enseignement de Sa Sainteté Pie XI dans
l'Encyclique
Miserentissimus Redemptor :
les fautes des hommes, « maintenant encore, causeraient la mort du Christ,
entraîneraient les mêmes douleurs et les mêmes afflictions, puisque chacune
d'elles, ainsi qu'on l'admet, est censée renouveler à sa manière la Passion
du Seigneur : « crucifiant de nouveau pour leur part le Fils de Dieu et Le
livrant à l'ignominie » (Heb. VI, 6.). Que si,
à cause de nos péchés futurs, mais prévus, l'âme du Christ devint triste
jusqu'à la mort, elle a, sans nul doute, recueilli quelque consolation,
prévue elle aussi, de nos actes de réparation, alors qu'un ange venant du
Ciel Lui apparut (Lc. XXII, 43.) pour consoler
son Cœur accablé de dégoût et d'angoisse. Ainsi donc, ce Cœur Sacré,
incessamment blessé par les péchés des ingrats, nous pouvons maintenant et
même nous devons le consoler d'une manière mystérieuse, mais cependant
réelle... ».
(Acte de S. S. Pie XI, tome 4, p. 108
PDF)
Souvenons-nous donc, en revanche, que nous avons pu consoler
Notre-Seigneur pendant toute sa vie et spécialement pendant sa Passion.
Jésus voyait alors nos bonnes actions. Aussi nos souffrances unies aux
siennes L'ont vraiment consolé au milieu de ses douleurs. (« Quand Jésus
souffrait son agonie, en même temps que son regard contemplait avec
épouvante tous les crimes passés, présents et futurs qui allaient déchaîner
sur sa Personne les tourments immérités de sa Passion toute proche, II
apercevait aussi tous les actes futurs de compassion et d'amour dont
vibreraient plus tard les âmes aimantes ; et de même que la première vision
Le réduisit alors aux angoisses de l'agonie, de même la seconde vision
contribua alors à encourager et à consoler son Cœur. » Mgr
CATHERINET, Ce qu'il faut savoir pour bien comprendre et bien faire l'Heure
Sainte, te, 4e éd., 1938, p. 30.)
l'Heure Sainte. pdf
Nous devons à notre tour avoir toujours le regard fixé sur Jésus et c'est
ainsi que nous aimerons la
souffrance pour compatir, compenser et compléter avec Lui.
Cf. P.Plus La folie de la Croix
Cela nous sera d'autant plus facile que non seulement Jésus nous a regardés
autrefois, mais qu'il ne cesse pas de nous regarder encore aujourd'hui de
son regard humain.
Jésus me regarde du haut du Ciel.
Là où II se trouve Jésus continue à me regarder. Or, II est d'abord au Ciel.
Peu d'auteurs parlent de ce regard de Jésus du haut du Ciel et peu d'âmes
semblent y penser. Il est cependant exact de dire, non seulement que ce
regard existe, mais que, dans la Gloire, le regard de Jésus a encore plus de
puissance que sur la terre.
C'est ce que signale le chanoine Beaudenom dans Les Sources de la Piété
: «
Réjouissez-vous, ce sont bien ses yeux qui vous suivent ; c'est bien son
cœur humain qui bat pour vous. » « Cherchez le vrai regard de Jésus et ce
chaud regard vous ranimera ! »
Ce regard reflète les sentiments actuels de Jésus pour nous, car Jésus voit
tout, II juge tout.
A nous de Le trouver, de vivre sous son regard.
Jésus me regarde du Tabernacle.
Jésus est aussi réellement présent, tout proche de moi, à
l'église, au Tabernacle. Il est là avec son corps, son âme et sa divinité.
Et parce que son âme humaine, jouissant de la vision béatifique, voit en
Dieu tout ce qui l'intéresse, on peut dire encore en toute vérité que Jésus
nous voit.
Sainte Gertrude avait la vision intellectuelle du regard de
Notre-Seigneur toujours fixé sur elle du haut de son trône au Tabernacle. Ce
doit être pour nous une aide puissante de croire et d'expérimenter que Jésus
nous voit continuellement, qu'il nous attend et qu'il est prêt à se donner à
nous. Nous tenir en sa présence doit être pour nous un puissant réconfort !
Dans l'ordre humain l'amitié n'est satisfaite que dans la
mesure où les deux amis peuvent vivre l'un près de l'autre dans une union
aussi intime que possible. La présence est, même dans l'ordre surnaturel,
une loi nécessaire de l'amour.
L'Évangile ne nous dit pas grand'chose sur la vie de Jésus à
Nazareth. Quel amour unissait Jésus, Marie et Joseph ! Leur vie était sans
doute très silencieuse, pleine de tendresse et de délicatesse, mais il
devait surtout y avoir entre eux de longs regards chargés d'amour, plus
éloquents que toutes les paroles. Dans cette intimité recueillie et joyeuse
quel échange intense de sentiments !
Mais ce regard de Jésus ne connaît pas d'obstacles et nous
suit partout, dans le cloître, au noviciat, dans le parc, aux champs...
Partout Jésus nous regarde comme II regardait autrefois ses contemporains,
dans les mêmes sentiments, les mêmes dispositions.
De même que les mystères du Christ, bien qu'historiquement
accomplis, gardent toute leur vertu,
(Cf. DOM MARMION, Le Christ dans ses mystères.)
de même Jésus, présent pour nous dans
la Sainte Hostie, y garde toute la puissance qu'il avait pendant sa vie
mortelle. Nous pouvons Le toucher, comme Le touchaient ceux qui
L'approchaient, nous pouvons entrer « en contact » avec Lui
par la Foi et l'Amour. Notre regard amoureux rencontre son regard, et
aussitôt, comme jadis, « une vertu sort de Lui » (Lc. VIII, 46.),
II nous accorde une grâce qui nous guérit et nous réconforte.
Certes, c'est pour son Père d'abord que Nôtre-Seigneur est au
Tabernacle. Il est le seul véritable adorateur, le « religieux » du Père.
Mais II est là aussi pour tous, et pour chacun de nous en particulier !
Nous devons croire à cette présence ; plus nous fréquenterons
Jésus, mieux nous expérimenterons la profondeur de son amour.
Pour nous y aider, nous allons rechercher dans l'Evangile
quelques-uns des regards de Nôtre-Seigneur sur ses contemporains. Au
Tabernacle, Jésus conserve les mêmes sentiments.
Jésus me regarde comme II regardait ses
contemporains.
Si nous étions persuadés que Jésus s'adresse encore ainsi à
chacun de nous, nous irions Le voir plus souvent. Magister adest et vocat
te, « le Maître est là et II t'appelle »(Jn. XI, 28.),
disait Marthe à Marie. Ainsi en est-il encore. Jésus nous attend et nous Lui
procurons une grande joie quand nous allons Le voir pour nous entretenir
avec Lui, dans l'intimité. Il souffre, au contraire, si, par indifférence,
nous Le laissons seul.
Ainsi autrefois son regard reflétait la joie quand II
rencontrait certaines âmes.
Le regard de Jésus attire Jean et André : « S'étant retourné
et voyant qu'ils Le suivaient, II leur dit : Que cherchez-vous ? Ils Lui
dirent : Maître, où demeures-tu ? Il leur dit : Venez et voyez... Et ils
demeurèrent avec Lui ce jour-là (Jn. I, 38-40.).
» Ce fut la première grande joie de l'apostolat de Jésus », les premières
heures d'intimité.
Jésus dut éprouver de douces joies avec ses Apôtres, les choisis, les
préférés, dans les jours de paix et d'intimité, quand Ils L'écoutaient avec
simplicité, sans le harceler de questions. Son regard devait se poser
successivement sur chacun d'eux, et chacun pouvait y lire ce que Jésus
pensait de lui, y lire surtout son amour de prédilection.
Le regard de Jésus reflétait aussi la joie, quand II se
trouvait au milieu de ses amis dans l'intimité de Béthanie. Il s'entretenait
cœur à cœur avec Lazare, avec Marthe même, quand elle ne s'agitait pas trop.
Surtout II regardait Marie qui restait seule, silencieuse, auprès du Maître,
les yeux fixés sur Lui. Alors, tout à la joie de trouver une âme qui Le
comprenait, Jésus se communiquait à elle dans le silence.
Les joies de Jésus furent assez rares. Le plus souvent II
souffrait du peu de confiance qu'on Lui témoignait, alors que son seul désir
était de se révéler aux âmes pour les éclairer et les enrichir. Certains
jours Jésus semble ne plus pouvoir contenir son désir. Il crie — Clamabat
ergo Jésus (Jn. VII, 28.)... Stabat
Jésus et clamabat (Jn. VII, 37.) : « Si quelqu'un
a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive »(Jn. VII, 37.)
; « Venez tous à moi, vous tous qui êtes fatigues... et je vous soulagerai
(Mth. XI, 28.). » Aussi avec quelle
satisfaction accueille-t-il ceux qui viennent à Lui avec une pleine
confiance (Les deux aveugles,
Mth. IX, 29 ; Marie-Madeleine, Lc. VII, 50 ; le lépreux
samaritain, Lc. XVII, 19 ; l'hémorroïsse, Mth. IX, 22 ;
l'aveugle de Jéricho, Mc. X, 52...) !
Quelle admiration devant la foi de certaines âmes, comme celle du centurion,
de la Cananéenne ! Avec quelle délicatesse se comporte-t-il envers une âme
de bonne volonté, comme la Samaritaine, dont II réussit à captiver le cœur
pourtant si terrestre : « Si tu savais le don de Dieu
(Jn.
IV, 7-26.) ! »
Mais, lorsqu'une âme ne répond pas à ses avances, quelle
tristesse alors dans le cœur et le regard de Jésus !
Ainsi son regard s'était posé avec amour sur le jeune homme
riche. Celui-ci, trop attaché à ses richesses, n'osa pas lever les yeux, il
eut peur de croiser le regard qui le cherchait. C'est pourquoi il ne
répondit pas à l'appel du Bon Maître et Jésus le regarda s'éloigner avec
tristesse (Mc. X, 21-23.).
De même Judas, arrivant au Jardin des Oliviers, embrassa
Jésus, mais son regard fuyant ne rencontra pas le regard du Seigneur chargé
de doux reproches, mais débordant de miséricorde. Autrement Judas n'aurait
pas sombré dans le désespoir.
Saint Pierre, au contraire, après son triple reniement rencontra le regard
de Jésus : « Et le Seigneur s'étant retourné regarda Pierre (Lc. XXII,
61). » Aussitôt, transformé, il pleura amèrement. Toute-puissante
efficacité du Divin Regard !
Jésus regardant Jérusalem (Lc. XIX, 41) pleura sur la
ville sainte qu'il avait tant aimée et pour laquelle II avait multiplié les
démarches, mais qui ne sut pas Le voir ni Le comprendre.
On peut ainsi, en recherchant les regards de Jésus que nous
rapporte (Cf. Les regards du Christ
dans le beau livre de SUZANNE
FOUCHÉ, Regards Chrétiens (Spes, 1941) ou que laisse supposer
l'Évangile, atteindre le Cœur de Jésus si tendre, si délicat, si
sensible.
Ce même Cœur est présent au Tabernacle, le plus souvent
délaissé, abandonné, oublié. A nous de communier à ce regard de Jésus ; II
cherche un cœur qui Le comprenne ! Devant tant d'indifférence, même dans les
cloîtres, nous irons à Lui avec plus de foi, plus d'amour et plus de
délicatesse. Demandons-Lui de nous apprendre à découvrir au milieu de nous
ce quelqu'un [« L'efficacité toute particulière de la christologie de
saint Benoît est de mettre l'âme devant une personnalité vivante, un
quelqu'un. On ne saurait trop le répéter, car le secret d'une piété
efficace, d'une piété entraînante, le secret du succès est là. »
(DOM ANSELME, Retraite des Supérieurs, p. 29.) ]
que nous ne connaissons pas (Jn. I,
26.).
Il suffit que nous fixions vraiment
le regard sur Lui, ne fût-ce qu'une seconde, pour qu'aussitôt le courant
passe.
Jésus nous apprendra ainsi, peu à peu, à sortir de nous, à nous oublier, à
nous livrer à Dieu. Il nous enseignera progressivement à devenir des âmes
d'oraison fixant sans difficulté le regard sur Lui. Nous réaliserons alors
ce désir d'une petite âme : « Être sans cesse la petite occupée du Grand
Oublié. » (
CONSUMMATA, Lettres et notes spirituelles, 27 mars 1913.)
Pour nous permettre d'y arriver plus rapidement, il est bon de se rappeler à
certaines heures qu'un autre regard, un regard de Mère, est aussi
continuellement penché sur nous.(
à lire sur le
PDF p. 45)
VIVRE SOUS LES REGARDS DIVINS
I - REGARD DE DIEU p. 34
II.- REGARD DE JÉSUS
le
PDF p. 40
III.- REGARD DE LA SAINTE VIERGE
à lire sur le
PDF p.
45
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.Sources :Extraits d'un texte
original des écrits de, DOM GODEFROID BÉLORGEY (1880-1964) -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 31.10..2024
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