Un voyage en Asie de Benoît XVI
probable en 2010 |
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Rome, le 31 juillet 2009 -
(E.S.M.)
- Le Vietnam est un pays où la communauté catholique a été
persécutée récemment et continue à être maltraitée. Et pourtant il est
presque sûr que le Vietnam communiste sera justement une étape
fondamentale du voyage en Asie que Benoît XVI pense accomplir en 2010.
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Pierre Nguyen Van Nhon,
archevêque de Dalat et président de la conférence des évêques du Vietnam
Un voyage en Asie de Benoît XVI probable en 2010
La carotte et le bâton: le double régime des autorités vietnamiennes
Le 31 juillet 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Amabilités diplomatiques avec le Vatican, main de fer avec l'Église
vietnamienne. 500 000 catholiques défilent en processions pacifiques. Ils
prient au milieu des ruines des églises réquisitionnées par le gouvernement.
Frappés et emprisonnés, ils ne cèdent pas
Le Vietnam est, avec l'Arabie Saoudite et la Chine, l’un des très rares
états au monde à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec le
Saint-Siège. C’est aussi un pays où la communauté catholique a été
persécutée récemment et continue à être maltraitée. Et pourtant il est
presque sûr que le Vietnam communiste sera justement une étape fondamentale
du voyage en Asie que Benoît XVI pense accomplir en 2010.
L'invitation à se rendre au Vietnam a été adressée au pape par Pierre Nguyen
Van Nhon, archevêque de Dalat et président de la conférence des évêques du
Vietnam, lors de la visite "ad limina" que les évêques de ce pays ont faite
à Rome fin juin. Il manque encore l'invitation officielle du gouvernement
mais il est certain qu’elle arrivera bientôt. A la veille de son départ pour
Rome, l'archevêque de Hanoi, Joseph Ngo Quang Kiet, a reçu du bureau des
affaires religieuses la "recommandation" d’inviter le pape. Kiet est
secrétaire de la conférence des évêques du Vietnam.
L’invitation officielle sera probablement adressée à Benoît XVI par Nguyen
Minh Triet, président du Vietnam, quand celui-ci sera reçu en audience au
Vatican en décembre. Ce sera la seconde rencontre d’une autorité de ce pays
avec le pape, après la réunification sous domination communiste en 1975. La
précédente visite a été rendue, le 25 janvier 2007, par le premier ministre,
Nguyen Tan Dung.
De plus une délégation du gouvernement vietnamien, créée en accord avec les
autorités vaticanes justement pour discuter de l’établissement de relations
diplomatiques, arrivera à Rome en novembre prochain. Ce sera le second round
de discussions entre les deux parties. Le premier a eu lieu à Hanoi les 16
et 17 février de cette année. La délégation vaticane était présidée par Mgr
Pietro Parolin, sous-secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les
Etats. La délégation vietnamienne était présidée par le vice-ministre des
Affaires étrangères, Nguyen Quoc Cuong.
Un point clé des discussions concerne la nomination des évêques. Au Vietnam
le Saint-Siège n’est pas pleinement libre de choisir les nouveaux évêques.
La procédure actuelle est que Rome présente trois candidats pour chaque
diocèse vacant, parmi lesquels les autorités vietnamiennes excluent ceux qui
leur déplaisent.
La dernière fournée de nominations – trois évêques et un auxiliaire – a eu
lieu le 25 juillet. L’un des diocèses concernés, celui de Phat Diem, était
sans évêque depuis le 14 avril 2007, signe de la difficulté à trouver un
accord.
Actuellement aucun des 26 diocèses vietnamiens n’est sans évêque. Les
catholiques sont plus de 6 millions, soit 8% des 84 millions d’habitants.
Leur nombre augmente : dans la seule Ho Chi Minh Ville, 9 000 adultes sont
baptisés chaque année. Les vocations religieuses et monastiques progressent
également. Les quatre monastères bénédictins du pays comptent aujourd’hui
270 moines. A l'abbaye de Huê ils étaient 11 en 1975 ; aujourd’hui ils sont
79, avec une vingtaine de novices chaque année.
Religieusement vivace, la communauté catholique vietnamienne est également
de plus en plus active dans la sphère publique. Le 27 juin, Benoît XVI a
consacré une partie de son
discours aux évêques en visite "ad limina" aux
relations avec les autorités politiques, soulignant que "les religions ne
représentent pas un danger pour l'unité de la nation", au contraire, elles
agissent "généreusement et de manière désintéressée au service du prochain".
Mais ces propos n’ont pas suffi à tranquilliser les autorités, comme le
montrent les faits survenus ces dernières semaines.
***
Depuis quelque temps, l’étincelle est toujours la même : la volonté
d’évêques, de prêtres, de fidèles, de rendre à leur usage originel les
églises, couvents, écoles, terrains, qui appartenaient à l’Eglise avant
d'être confisqués par les autorités communistes.
Ils luttent de manière pacifique, par des prières, des processions, des
veillées, des retraites aux flambeaux et en plantant une croix sur les lieux
disputés. Depuis décembre 2007, c’est un crescendo de manifestations de ce
type, ponctuellement empêchées et dispersées par les forces de l’ordre.
Dans quelques cas, les protestations ont abouti et les autorités ont
consenti à restituer ses biens à l’Eglise. Dans les autres, non.
Par leur fréquence et leurs effectifs, ces défilés de catholiques
vietnamiens sont plus imposants que ceux que les moines bouddhistes avaient
organisés en Birmanie il y a quelque temps. Mais alors que ces derniers ont
été largement couverts par les médias occidentaux, les premiers sont presque
ignorés.
La dernière protestation a eu pour épicentre ce qu’il reste de l’église
historique de Tam Toa (photo), à 300 kilomètres au sud de Hanoi, construite
au XVIIe siècle, reconstruite à la fin du XIXe et à moitié détruite par les
bombardements américains de 1968. Les fidèles ont continué à y célébrer à
ciel ouvert, mais en 1996 le secteur a été réquisitionné avec l'intention
d’en faire un mémorial de la guerre contre les Etats-Unis.
Le 20 juillet, des milliers de catholiques ont réoccupé le secteur en
dressant une croix et un autel au centre des ruines. La procession a été
dispersée par la force, des prêtres et des fidèles ont été arrêtés et
frappés.
Paul-Marie Cao Dinh Thuyen, l’évêque du diocèse de Vinh où se trouve
l’église de Tam Toa, a immédiatement demandé que les personnes arrêtées
soient relâchées. Le dimanche suivant, 26 juillet, on a prié et on a observé
une minute de silence dans toutes les églises du Vietnam.
Le même jour, dans le diocèse de Vinh, un demi-million de catholiques a
défilé pacifiquement. De mémoire d'homme, c'est la plus grande manifestation
religieuse qui ait eu lieu au Vietnam.
Cette fois encore, les réactions ont été violentes, avec un acharnement
particulier sur deux prêtres, Paul Nguyen Dinh Phu et Pierre Nguyen The Binh,
agressés alors qu’ils s’apprêtaient à célébrer la messe à Tam Toa avec
d’autres prêtres. Le premier a été grièvement blessé. Le second, conduit à
l’hôpital après l'agression, y a été poursuivi par ses agresseurs, frappé de
nouveau et enfin jeté par la fenêtre du second étage. Il est dans le coma.
Quand cette nouvelle a été connue, de nouvelles marches de protestation
silencieuse ont eu lieu dans diverses villes du Vietnam. Il y a eu de
nombreuses arrestations.
Au Vatican, on suit ces événements avec beaucoup d’appréhension. On voit
dans les protestations des catholiques vietnamiens un obstacle à la volonté
des deux parties – le Saint-Siège et les autorités communistes – d’établir
des rapports diplomatiques satisfaisants.
Sur place, les autorités ecclésiastiques sont plus sceptiques dans leur
opinion sur le gouvernement. Le cardinal Jean Baptiste Pham Minh Man,
archevêque de Ho Chi Minh Ville, a déclaré dans une récente interview :
"La politique de l’Eglise est basée sur un dialogue fondé sur la vérité, la
justice et la charité. Mais ce mot, dialogue, n’existe même pas dans le
vocabulaire communiste et le mot solidarité non plus".
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 31.07.2009 -
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