Le pape Jean-Paul II : les péchés sociaux
qui crient vers le ciel |
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Le 30 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- En 1999, le Pape Jean-Paul II listait parmi les "péchés sociaux qui
crient vers le ciel", la destruction irraisonnée de la nature et en
particulier l'émission incontrôlée de gaz à effet de serre et la
destruction systématique des forêts tropicales.
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Le
planète en danger
Réflexions chrétiennes sur le changement climatique
(extraits)
Le 30 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Dès à présent et pour les générations à venir, le
changement climatique menace de plus en plus lourdement l'humanité dans son
bien-être. Pour une large partie du monde, cette menace s'est déjà
clairement transformée en question de survie. La communauté scientifique est
massivement convaincue que le changement climatique est essentiellement dû à
l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique
ainsi qu'à une surconsommation des ressources naturelles imputable aux modes
de vie des sociétés industrialisées, aux systèmes sociétaux et économiques
qui les sous-tendent et à la pression croissante qui en résulte sur les
individus et les ressources des pays en développement.
Depuis la nuit des temps, l'humanité accepte tacitement la nécessité
d'exploiter son environnement pour construire un monde façonné selon ses
besoins de nourriture, de logement, de déplacement et de technologie. Cette
technologie nous permet aujourd'hui de dominer la nature. Mais force est de
reconnaître que les modes de vie non-soutenables et grands consommateurs de
ressources du monde industrialisé ne sont pas accessibles à tous et qu'ils
érodent la capacité de la planète à soutenir ceux qui viendront après nous.
Que le pic pétrolier - ou même le "pic toutes énergies" selon certains -
soit déjà atteint ou non, la capacité d'absorption des gaz à effet de serre
par l'atmosphère atteindra bientôt ses limites et une action forte et
immédiate sera alors nécessaire à tous niveaux. Plus nous tarderons à
réduire de manière substantielle les émissions de gaz à effet de serre, plus
les coûts d'atténuation et d'adaptation seront gigantesques et certains
dommages tels que l'extinction d'espèces naturelles irréversibles.
La question du changement climatique relève d'une notion de justice
vis-à-vis de toute la création et plus particulièrement d'une justice intra-
et intergénérationnelle. Selon la foi chrétienne, le monde est un témoignage
de la bonté, de la beauté et de la puissance de Dieu et nous avons à son
égard une responsabilité de bonne gestion. Dès lors, toute action de l'homme
qui met en danger le fonctionnement de notre fragile planète constitue un
reniement de nos responsabilités éthiques fondamentales et une menace pour
le réseau de vie auquel nous sommes tous intimement connectés.
Faisant suite à de précédentes publications sur la bonne administration de
la création, le Pape Jean-Paul II, en particulier, a notamment consacré son
message de paix de 1990 à la responsabilité envers la création. Dans son
exhortation apostolique
Ecclesia
in America, publiée en 1999, le Pape Jean-Paul II listait parmi les "péchés
sociaux qui crient vers le ciel", la destruction irraisonnée de la
nature et en particulier l'émission incontrôlée de gaz à effet de serre et
la destruction systématique des forêts tropicales. Dans sa lettre de
septembre 2007, le Pape Benoît XVI a spécifiquement souligné que "la
tutelle de l'environnement, la promotion d'un développement durable et
l'attention particulière au changement climatique sont l'objet d'une grave
préoccupation de la part de tous. Aucune nation, aucun secteur économique ne
peut nier les implications éthiques de tout développement économique et
social." Le 17 juillet 2008, lors de la
cérémonie d'accueil de la Journée Mondiale de la Jeunesse, le pape
Benoît XVI a à nouveau souligné que "les merveilles de la création de
Dieu nous rappellent la nécessité de protéger l'environnement et d'user des
biens de la terre en les administrant de manière responsable" et invité à
"nous interroger sur le genre de monde que nous allons remettre entre les
mains des générations à venir".
Le Compendium de la
Doctrine
sociale de l'Église rédigé par le Conseil Pontifical "Justice et Paix"
et publié en 2004 est également intéressant à consulter à cet égard. Le
chapitre 10 de ce document est en effet entièrement consacré aux problèmes
environnementaux et, au paragraphe 470, il est dit, au sujet des changements
climatiques, que "le climat est un bien qu'il faut protéger et il faut
que, dans leurs comportements, les consommateurs et les agents d'activités
industrielles développent un plus grand sens de responsabilité".
La problématique va au-delà du changement climatique, qui n'est qu'une
manifestation visible du caractère non-soutenable de notre mode de vie. Pour
pouvoir être relevé, le défi du changement climatique doit par conséquent
être placé dans le contexte de la durabilité et d'un monde juste, qui offre
un même sentiment de bien-être à tous les êtres humains à travers le monde
et par delà les générations.
Sauvegarder la création de Dieu
Ces dernières décennies, la théologie chrétienne a préparé le terrain pour
une vision renouvelée de la création de Dieu et pour une perception affinée
de la place et du rôle des hommes. Les théologiens ont maintes fois souligné
que les êtres humains sont des éléments de la création de Dieu et n'en sont
pas les maîtres. Créés à l'image de Dieu, ils doivent s'efforcer de
comprendre la nature pour participer à sa vie et devenir les gardiens de la
création de Dieu. Cette vision renouvelée peut contribuer à résoudre le
problème auquel se sont heurtées plusieurs éthiques en matière
d'environnement, à savoir, montrer que la relation de l'humanité avec
l'environnement peut raisonnablement être considérée comme étant aussi une
question morale parce qu'elle implique une extension des notions de devoir
et de responsabilité. De nouveaux travaux théologiques sur la relation entre
la triple conception de Dieu, de la nature et de l'être humain sont par
conséquent essentiels et doivent être encouragés à tous les niveaux de
l'Église car ils nous aideront à voir plus clairement la dimension morale de
notre relation avec la nature.
Le 6 août 2008,
à l'occasion d'une rencontre avec des prêtres et des diacres, le
Saint-Père Benoît XVI a rappelé que "tant que la terre a été considérée
comme la Création de Dieu, la tâche de la "soumettre" n'a jamais été
comprise comme le commandement de la rendre esclave, mais plutôt comme le
devoir d'être les gardiens de la Création et d'en développer les dons, de
collaborer nous-mêmes de manière active à l'œuvre de Dieu, à l'évolution
qu'il a placée dans le monde, afin que les dons de la Création soient mis en
valeur et non piétines et détruits".
Valeurs et principes d'évaluation éthique des politiques climatiques
L'Église catholique procède constamment à une relecture de l'Évangile et de
sa tradition spirituelle à la lumière des mœurs et des conventions de
l'époque. Son enseignement social a évolué au cours des siècles sur la base
d'un ensemble de valeurs et de principes directeurs. Ces valeurs et
principes sont, entre autres, le respect de la dignité humaine, l'aspiration
à une justice globale et un parti pris pour les plus démunis et les
générations futures, l'application des principes de subsidiarité et de
solidarité, la poursuite durable et responsable du bien commun. Ces valeurs
et principes peuvent également s'appliquer à l'évaluation des politiques
climatiques.
Le principe de précaution
Le principe de prudence et de précaution exige d'agir pour éviter des
dommages éventuels, même s'il n'y a pas de certitude absolue en raison d'un
manque de compréhension ou de connaissances. Le degré d'action doit être
proportionné aux dommages possibles et aux incertitudes existantes. Les
mesures requises pour lutter contre le changement climatique sont un parfait
exemple de ce dilemme. Il est très facile d'exploiter de manière populiste
les angoisses des individus pour déclencher une action ou de stopper une
action en cours en brandissant une prétendue contre-expertise. L'application
du principe de précaution exige donc participation et transparence dans les
décisions politiques, ainsi qu'une confiance fondamentale des citoyens dans
leurs administrateurs.
La Modération - une vertu non ennuyeuse mais plutôt réjouissante
Prôner l'éthique dans les politiques climatiques ne sera probablement pas
suffisant pour amener les changements de mode de vie que produira
inévitablement une transition progressive vers une économie à faible
émission de carbone. Se limiter à diffuser des valeurs éthiques en plus des
faits scientifiques sur le changement climatique ne mène nulle part. Par
contre, un changement important des styles de vie devient possible si la
"modération" est acceptée comme une vertu centrale et comme un concept
réjouissant et satisfaisant. La tradition ascétique du christianisme peut
fournir à cet égard un apport crédible à un débat aussi nécessaire
qu'urgent.
Tout d'abord, il importe d'admettre que notre modèle de consommation et nos
modes de vie sont très inflexibles et difficiles à modifier. Néanmoins, il
est tout aussi clair que la production effrénée de biens matériels est
incompatible avec la sauvegarde des environnements naturels et urbains. La
pression pour accroître constamment les niveaux de vie matériels est ainsi
devenue un sérieux problème éthique dans une société fondée sur le principe
de la liberté individuelle et de la réalisation de soi. Pour rendre le
changement possible, la première chose à faire est par conséquent d'admettre
une pluralité des styles de vie et de veiller à ce que cette pluralité
devienne effective et que le style de vie relève d'un véritable choix. Dans
une deuxième étape, il y aurait un engagement général envers le concept de
modération afin de lutter contre la surconsommation des riches et
l'austérité imposée aux plus pauvres. Le concept de modération peut être
défini de manière plus précise: il doit être proportionnel et permettre à
chacun d'évaluer ce qui est essentiel pour lui et, partant, d'éliminer le
superflu. Enfin, la vertu de la modération doit être créative, intelligente
et productive et, à ce titre, devenir une condition de plus grande
solidarité et de développement.
Il convient de donner à la belle notion biblique d'abondance une définition
plus précise de son sens et de son contenu étant donné que la richesse n'est
pas seulement matérielle mais aussi relationnelle et spirituelle. Un bon
équilibre entre ces trois dimensions nous donnerait une vision plus globale
de la richesse mais suppose une modération, vu qu'il est difficile
d'expérimenter toutes les dimensions de la richesse en même temps. Dès lors,
promouvoir le concept de modération ne poursuit pas l'objectif de diminuer
la qualité de vie mais plutôt de soutenir une plus grande qualité de vie et
un motif plus grand de se réjouir. Il ne s'agit pas de renoncer au désir de
biens matériels mais de discerner et de mieux distinguer l'essentiel du
superflu et de mettre cette richesse en balance avec la richesse
relationnelle et la richesse spirituelle.
La recherche d'un style de vie davantage axé sur le relationnel et le
spirituel répond parfaitement à l'intérêt d'adopter de nouveaux modes de vie
en raison du changement climatique. L'Église catholique et toutes les autres
traditions chrétiennes sont idéalement placées pour répandre une telle
évolution dans les styles de vie et soutenir efficacement les politiques
climatiques, par des propositions concrètes et par leurs modestes exemples.
Les paroles prononcées par le Pape Benoît XVI
le 6 août 2008 peuvent nous aider sur cette voie: "En effet, il ne
s'agit pas seulement de trouver des techniques qui préviennent les dommages,
même s'il est important de trouver des énergies alternatives, entre autres.
Mais tout cela ne sera pas suffisant si nous-mêmes ne trouvons pas un
nouveau style de vie, une discipline faite également de renoncements, une
discipline de la reconnaissance des autres, auxquels la Création appartient
autant qu'à nous qui pouvons en disposer plus facilement; une discipline de
la responsabilité à l'égard de l'avenir des autres et de notre propre
avenir, parce que c'est une responsabilité devant Celui qui est notre Juge
et en tant que Juge est Rédempteur, mais aussi véritablement notre Juge."
Conséquences pour les communautés ecclésiales et les chrétiens
Il est vrai que certains, au sein de l'Église, affirment que la part de la
responsabilité humaine dans le réchauffement planétaire a été exagérée et
observent qu'il y a toujours eu des variations naturelles du climat. Ils
soulignent surtout que plusieurs environnementalistes considèrent le nombre
d'habitants sur la planète comme la plus grande menace pour l'environnement
et recommandent par conséquent des méthodes de contrôle démographique pour
réduire la population, subordonnant ainsi le développement de l'humanité à
une nature partiellement déifiée. Force est pourtant d'admettre que les
études internationales menées sur le changement climatique et ses causes
sont largement reconnues comme étant des travaux scientifiques sérieux. Nous
sommes effectivement face à l'un des grands défis éthiques pour l'humanité
et pour le témoignage chrétien.
Lors de sa
rencontre avec le clergé du diocèse de Bressanone le 6 août 2008, le
Saint-Père Benoît XVI a indiqué en des termes très clairs :
"Ainsi, selon moi, nous devons tenter par tous les moyens à notre
disposition de présenter la foi en public, en particulier là où une
sensibilité existe déjà à son égard. Et je pense que la sensation que le
monde est peut-être en train de nous échapper, parce que nous-mêmes le
faisons s'échapper, et le fait de se sentir inquiets des problèmes de la
Création, tout cela donne justement à notre foi l'occasion adaptée de parler
publiquement et de se faire valoir comme instance de proposition."
La crise écologique offre un nouveau contexte aux questions majeures de
justice et de paix dans le monde. De nouvelles formes de pauvreté et de
conflits sociaux et politiques sont apparues. L'Église doit y répondre et
entrer dans un nouveau dialogue global avec la société. À cet égard, la
contribution des religions et des églises à la paix est aussi de plus en
plus sollicitée par le monde purement séculier. Le potentiel pour les
chrétiens d'introduire le pouvoir libérateur de la foi dans ce dialogue est
grand puisqu'il ne s'agit pas de trouver simplement des solutions
technologiques mais plutôt de parvenir à une compréhension fondamentale de
ce qui donne du sens à la vie humaine et des valeurs qui devraient guider
nos vies.
Cette compréhension est aussi génératrice de styles de vie durables, dont il
est possible d'assumer la responsabilité envers l'humanité et les
générations futures. Le concept des "modes de vie" ne concerne pas seulement
la vie privée des individus mais aussi les communautés ecclésiales et les
structures socio-économiques dans lesquelles s'inscrit la vie des chrétiens.
Par conséquent, publier des déclarations théoriques sur la problématique de
l'environnement n'est plus suffisant: il faut une "conversion écologique" et
nous avons besoin de témoignages de vie chrétienne crédibles.
Modes de vie durables et valeurs chrétiennes
Les chrétiens vont devoir se distancer du mode de vie qui prédomine dans nos
pays, trop centré sur la consommation et notamment sur une consommation
énergétique disproportionnée. À travers la publicité, le monde des affaires
transmet naturellement le message que posséder et consommer un maximum de
biens est la voie par excellence vers le bonheur. Par contraste,
l'exhortation au renoncement et à la vie simple semble avoir peu de
résonance. Il importe donc de montrer l'essence d'une véritable qualité de
vie, de montrer que l'enseignement chrétien est lié au désir de joie et de
bonheur. Nous atteignons le bonheur essentiellement par de bonnes relations:
avec nos frères humains, avec la création et avec notre Dieu, Créateur et
Rédempteur, auteur de tout ce qui est bon.
Il nous faut adopter une vision plus globale de la vie humaine afin de ne
pas être séduits par la poursuite d'intérêts égoïstes. Nous devons trouver
une nouvelle manière de gérer notre temps: par exemple, cultiver à nouveau
le dimanche comme le jour hebdomadaire de repos, redécouvrir la tranquillité
qui permet à notre âme de se ressourcer et la célébration en tant que
rencontre avec le beau, avec ce qui dépasse nos horizons quotidiens et, in
fine, avec Dieu lui-même sous diverses formes. Nous devons également
développer une relation responsable avec les espaces dans lesquels nous
vivons, par exemple, en reconsidérant notre mobilité qui, indéniablement,
entraîne une consommation d'énergie élevée.
Le Saint-Siège a publié de précieux documents sur la responsabilité envers
la création ainsi que sur divers défis sociaux de notre époque et nous l'en
remercions. Nous notons également que le Vatican soutient sérieusement cette
approche par une bonne pratique adéquate. Ainsi, il a été annoncé récemment
que le grand toit de la Salle Paul VI allait être équipé d'installations à
énergie solaire. La ratification par le Saint-Siège de la Convention-cadre
des Nations unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto
serait également un signal important pour tous les chrétiens et pour le
monde. Il serait par ailleurs utile qu'une encyclique majeure consacrée aux
questions environnementales rende compte des bonnes pratiques des églises en
tant qu'exemple pour les autres. L'Église doit aussi montrer la voie en
investissant dans des projets éthiques et durables et en développant pour
ses activités économiques des concepts de responsabilité sociale de
l'entreprise.
Plusieurs Conférences épiscopales, ainsi que certains diocèses et ordres
religieux, ont publié des documents pertinents au sujet des exigences en
matière de gestion des lieux de culte et des biens ecclésiastiques,
d'organisation écologique appropriée des grands événements ecclésiaux et de
réalisation d'un écobilan des paroisses. Les monastères et les communautés
ecclésiales ont depuis toujours développé des modèles de relation durable
avec l'environnement. De même, la "Journée de responsabilité envers la
Création" lancée par diverses Conférences épiscopales et communautés
ecclésiales (ou une période de responsabilité envers la création s'étendant
du 1er septembre jusqu'à la fête de saint François d'Assise ou à la Fête des
moissons) peut offrir l'occasion de parler, dans les établissements
éducatifs, de la responsabilité à l'égard du changement climatique ou de
participer à des projets concrets. L'essentiel est donc d'adapter aux
circonstances actuelles la tradition chrétienne de vie humble, de
renoncement et de mode de vie conscientisé. L'envie d'une vie nourrie de
forces spirituelles se fait grandissante dans l'esprit de nombreuses
personnes.
En tant que chrétiens, nous devons avoir conscience que nous sommes appelés
à témoigner de l'espoir qui nous remplit, un espoir fondé sur le Christ,
parce que tout est créé pour Lui et trouve sa perfection en Lui. La
responsabilité écologique s'intègre dans cet espoir et constitue donc un
élément essentiel de la foi chrétienne concernant la création et la
rédemption. Dans le contexte œcuménique également, la responsabilité
environnementale est une problématique partagée par tous les chrétiens. Il
s'agit très certainement d'un domaine où un engagement commun avec d'autres
religions et avec l'ensemble de la société devient possible.
Quelques extraits du rapport aux Évêques
membres de la COMECE
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Sources : © COMECE, OCTOBRE 2008
-
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
30.10.2008 -
T/International/Climat
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