Benoît XVI demande de considérer la
création en partant de Dieu |
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Cité du Vatican, le 28 août 2008 -
(E.S.M.)
- Dans cette quatrième question posée au Saint-Père Benoit XVI
lors de sa rencontre avec le clergé de Bressanone, le pape nous parle de
la création.
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Le pape Benoît XVI dans
la cathédrale de Bressanone - Pour
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Benoît XVI demande de considérer la création en partant de Dieu
Le Saint-Père Benoît XVI répond à une question sur la justice, la paix et la
protection de la création. La création et la rédemption doit faire l'objet
d'une attention renouvelée, souligne le pape. En effet, la doctrine de la
création avait presque disparu en théologie et était presque imperceptible.
De nos jours, déclare Benoît XVI, nous nous apercevons des dégâts que cela a
provoqués.
Le pape pense que des instances véritables et efficaces contre le gaspillage et
la destruction de la création ne peuvent être réalisées et développées,
comprises et vécues, uniquement là où la création est considérée en partant de Dieu
; là où on considère la vie en partant de Dieu et on a des dimensions encore plus
grandes, dans la responsabilité devant Dieu .
Il est donc nécessaire ajoute Benoît XVI, de mettre ensemble les deux
dimensions - création et rédemption, la vie terrestre et la vie éternelle,
la responsabilité à l'égard de la création et la responsabilité à l'égard de
l'avenir et des autres.
Karl Golser - Très Saint-Père ! Je m'appelle Karl Golser, je suis
professeur de théologie morale ici à Bressanone et également directeur de
l'Institut pour la justice, la paix et la protection de la création, et
également chanoine. Je me souviens avec plaisir de la période où j'ai pu
travailler avec vous à la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Comme vous le savez, l'Église catholique a forgé en profondeur l'histoire et
la culture de notre pays. Aujourd'hui cependant, nous avons parfois
l'impression que, en tant qu'Église, nous nous sommes un peu retirés dans la
sacristie. Les déclarations du magistère pontifical sur les grandes
questions sociales ne trouvent pas un juste écho au niveau des paroisses et
des communautés ecclésiales.
Ici, dans le Haut-Adige, par exemple, les autorités et de nombreuses
associations attirent fortement l'attention sur les problèmes de
l'environnement et en particulier sur les changements climatiques : les
thèmes principaux sont la fonte des glaciers, les éboulements en montagne,
les problèmes liés au coût de l'énergie, à la circulation et à la pollution
atmosphérique. Les initiatives en faveur de la protection de
l'environnement sont nombreuses.
Dans la conscience moyenne de nos chrétiens, cependant, tout cela a bien peu
de chose à voir avec la foi. Que pouvons-nous faire pour renforcer davantage
dans la vie des communautés chrétiennes le sens de notre responsabilité à
l'égard de la création ? Comment pouvons-nous arriver à envisager toujours
davantage ensemble la Création et la Rédemption ? Comment pouvons-nous vivre
de manière exemplaire un style de vie chrétien qui soit durable ? Et comment
l'unir à une qualité de vie, qui soit attrayante pour tous les hommes de
notre terre ?
Réponse de
Benoît XVI : Je vous remercie beaucoup cher professeur Golser : vous
pourriez certainement répondre mieux que moi à ces questions, mais
j'essaierai tout de même de dire quelque chose. Vous avez ainsi abordé le
thème de la création et de la rédemption et je pense que ce lien
indissoluble doit faire l'objet d'une attention renouvelée. Au cours des
dernières décennies, la doctrine de la création avait presque disparu en
théologie, elle était presque imperceptible. Maintenant, nous nous
apercevons des dégâts qui en découlent. Le Rédempteur est le Créateur et si
nous n'annonçons pas Dieu dans sa grandeur totale - de Créateur et de
Rédempteur - nous dévalorisons également la Rédemption. En effet, si Dieu
n'a rien à dire dans la création, s'il est relégué simplement dans le
domaine de l'histoire, comment peut-il réellement comprendre toute notre vie
? Comment pourra-t-il apporter réellement le salut à l'homme dans sa
plénitude et au monde dans sa totalité ? Voilà pourquoi, d'après moi, le
renouveau de la doctrine de la création et une nouvelle compréhension de
l'indissolubilité de la création et de la rédemption revêtent une très
grande importance. Nous devons le reconnaître à nouveau : Il est le
Creator Spiritus, la Raison qui est au commencement et dont toute chose
naît et dont notre propre raison n'est qu'une étincelle. Et c'est Lui, le
Créateur lui-même, qui est également entré dans l'histoire et peut entrer
dans l'histoire et oeuvrer en elle précisément parce qu'il est le Dieu de
l'ensemble et non seulement d'une partie. Si nous reconnaissons cela, il
s'ensuivra bien sûr que la Rédemption, le fait d'être chrétiens, la foi
chrétienne tout simplement, signifieront toujours et quoi qu'il en soit
aussi une responsabilité à l'égard de la création. Il y a vingt ou trente
ans, on accusait les chrétiens - je ne sais pas si une telle accusation est
encore soutenue - d'être les vrais responsables de la destruction de la
création, parce que la parole contenue dans la Genèse - « Soumettez la terre
» - aurait conduit à l'arrogance à l'égard de la création dont nous
constatons aujourd'hui les conséquences. Je pense que nous devons à nouveau
apprendre à comprendre combien cette accusation est fausse : tant que la
terre a été considérée comme la création de Dieu, la tâche de la « soumettre
» n'a jamais été comprise comme le commandement de la rendre esclave, mais
plutôt comme le devoir d'être les gardiens de la création et d'en développer
les dons, de collaborer nous-mêmes de manière active à l'œuvre de Dieu, à
l'évolution qu'il a placée dans le monde, afin que les dons de la création
soient mis en valeur et non piétinés et détruits.
Si nous observons ce qui est né autour des monastères, comment dans ces
lieux sont nés et continuent de naître de petits paradis, oasis de la
création, il est évident que toutes ces choses ne sont pas seulement des
mots, mais là où la Parole du Créateur a été comprise de manière correcte,
où il y a eu une vie avec le Créateur Rédempteur, on s'est efforcé de sauver
la création et non de la détruire. C'est également dans ce contexte que
s'inscrit le chapitre 8 de la Lettre aux Romains, où on dit que la création
souffre et gémit de la soumission dans laquelle elle se trouve et qu'elle
attend la révélation des fils de Dieu : elle se sentira libérée lorsque
viendront des créatures, des hommes qui sont des fils de Dieu et qui la
traiteront en partant de Dieu. Je crois que c'est précisément la réalité que
nous pouvons constater aujourd'hui : la création gémit - nous le percevons,
nous l'entendons presque - et attend des personnes humaines qui la regardent
en partant de Dieu. La consommation brutale de la création commence là où
Dieu est absent, là où la matière est désormais pour nous seulement
matérielle, là où nous sommes nous-mêmes les dernières instances, où
l'ensemble est simplement notre propriété et nous la consommons uniquement
pour nous-mêmes. Et le gaspillage des ressources de la création commence là
où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne
voyons plus que nous-mêmes ; il commence là où il n'existe plus aucune
dimension de la vie au-delà de la mort, où dans cette vie nous devons nous
accaparer tout et posséder la vie avec la plus grande intensité possible, où
nous devons posséder tout ce qu'il est possible de posséder.
Je crois donc que des instances véritables et efficaces contre le gaspillage
et la destruction de la création ne peuvent être réalisées et développées,
comprises et vécues seulement là où la création est considérée en partant de
Dieu ; là où la vie est considérée en partant de Dieu et a des dimensions
plus grandes - dans la responsabilité devant Dieu - et un jour elle nous
sera donnée par Dieu en plénitude et jamais ôtée : en donnant la vie, nous
la recevons.
Ainsi, je crois que nous devons tenter par tous les moyens à notre
disposition de présenter la foi en public, en particulier là où il y existe
déjà une sensibilité vis-à-vis de la foi. Et je pense que la sensation que
le monde est peut-être en train de nous échapper - parce que nous-mêmes le
laissons s'échapper - et le fait de s'inquiéter des problèmes de la
création, tout cela donne justement à notre foi l'occasion appropriée de
parler publiquement et de se faire valoir comme instance de proposition. En
effet, il ne s'agit pas seulement de trouver des techniques qui préviennent
les dommages, même s'il est important de trouver des énergies alternatives,
entre autres. Mais tout cela ne sera pas suffisant si nous-mêmes ne trouvons
pas un nouveau style de vie, une discipline faite également de renoncements,
une discipline de la reconnaissance des autres, auxquels la création
appartient autant qu'à nous qui pouvons en disposer plus facilement ; une
discipline de la responsabilité à l'égard de l'avenir des autres et de notre
propre avenir, parce que c'est une responsabilité devant Celui qui est notre
Juge et en tant que Juge est Rédempteur, mais aussi réellement notre Juge.
Je pense donc qu'il est nécessaire en tout cas ensemble de mettre les deux
dimensions - création et rédemption, vie terrestre et vie éternelle,
responsabilité à l'égard de la création et responsabilité à l'égard des
autres et de l'avenir - et qu'il est de notre devoir d'intervenir ainsi de
manière claire et ferme dans l'opinion publique. Pour être écoutés nous
devons en même temps montrer par notre exemple, par notre style de vie, que
nous parlons d'un message auquel nous croyons et selon lequel il est
possible de vivre. Et nous voulons demander au Seigneur qu'il nous aide tous
à vivre la foi, la responsabilité de la foi de manière que notre style de
vie devienne un témoignage, et ensuite à parler de telle façon que nos
paroles portent de manière crédible la foi comme orientation pour notre
époque.
Rencontre de Benoît XVI avec le
clergé de Bolzano-Bressanone :
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Rencontre de Benoît XVI avec le clergé de Bolzano-Bressanone (Synthèse)
Transcription
originale, en italien et en allemand, de la rencontre
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Les vacances du Saint-Père à Bressanone
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