Le pape Benoît XVI en appelle à l'unité des
chrétiens |
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Rome, le 30 Juin 2007 -
(E.S.M.)
- Pendant la célébration qui s'est
déroulée vendredi matin en la solennité des Saints Apôtres Pierre et
Paul, le Pape Benoît XVI a assuré que "dans la profession de foi de
Pierre, nous pouvons nous sentir et être tous "un", malgré les divisions
qui au cours des siècles, ont déchiré l'unité de l'Église.
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Le pape Benoît XVI
remet le pallium à Mgr. Bagnasco -
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Le pape
Benoît XVI en appelle à l'unité des chrétiens
Synthèse de l'homélie du Saint Père - Texte intégral en 2e partie
La profession de foi de Pierre, lorsqu’il a proclamé que Jésus était le Fils
de Dieu, reste, deux mille ans plus tard, une garantie de l’unité des
chrétiens, estime Benoît XVI.
Pendant la célébration qui s'est déroulée vendredi matin en la solennité des Saints Apôtres Pierre et
Paul, le Pape Benoît XVI a assuré que "dans la profession de foi de Pierre,
nous pouvons nous sentir et être tous "un", malgré les divisions qui
au cours des siècles, ont déchiré l'unité de l'Église, avec des conséquences
qui subsistent encore aujourd'hui" et a encouragé à "prier intensément et à
agir avec conviction pour la cause de l'unité de tous les disciples du
Christ". Le pape a souligné son engagement à réaliser "pleinement le désir
du Christ qui nous veut totalement unis". Le Saint Père a ainsi centré
son homélie sur le dialogue entre Jésus et les apôtres, lorsque Jésus
demande : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre
répond : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
Benoît XVI a médité sur cet aveu de Pierre à Jésus, duquel émerge
"l'intégrité de la foi chrétienne", à travers la logique de la Croix. "C'est
une voix étroite pour les disciples de chaque temps, qui inévitablement sont
portés à penser selon les hommes et non selon Dieu". "Nous devons
reconnaître que, même pour le croyant, la Croix est toujours dure à
accepter. L'instinct pousse à l'éviter, et le tentateur nous conduit à
penser qu'il est plus sage de se préoccuper de se sauver plutôt que de
perdre sa vie par fidélité à l'amour ". Dans cette perspective, l'unicité du
Christ, comparée si souvent "à Buddha, Confucius, Socrate et à d'autres
savants et grands personnages de l'histoire, est réaffirmée".
Ainsi s'est exprimé dans la Basilique Saint Pierre pendant la concélébration
eucharistique solennelle avec 46 Archevêques Métropolitains, 17 d'entre eux
venant d'Amérique latine, auxquels il a imposé le Pallium "de la confession
de Saint Pierre".
Comme c'est la coutume, chaque 29 juin, solennité de Saint Pierre et Saint
Paul, une délégation du Patriarcat Œcuménique de Constantinople assistait à
la célébration. Elle était composée de S.E. Emmanuel (Adamakis), archevêque
grec orthodoxe de France, directeur de la représentation de l’Eglise
orthodoxe auprès de l’Union européenne ; de S.E. Gennadios (Limouris),
métropolite de Sassime, co-président de la Commission mixte internationale
pour le Dialogue théologique entre l’Eglise catholique et l’Eglise
orthodoxe, et du diacre Andreas (Sofianopoulos), troisième diacre du siège
patriarcal du Phanar. À ce sujet, le Pape a indiqué que "chaque année, la visite
que réciproquement nous nous rendons, est un signe que la recherche de la
pleine communion est toujours présente dans la volonté du Patriarche
œcuménique et de l'Évêque de Rome". Benoît XVI a particulièrement
remercié la délégation orthodoxe pour sa présence. Elle rendait ainsi la
visite effectuée par le pape le 30 novembre dernier à Istanbul où se trouve
le siège du patriarcat de Constantinople.
"L'Orient et l'Occident des chrétiens sont très proches entre eux et peuvent
déjà compter sur une communion presque complète, comme rappelle le Conseil
Vatican II, lumière qui guide les pas du chemin œcuménique", a indiqué le
Saint Père.
Lors de cette célébration, le pape a remis le
pallium à 51 d'évêques étrangers et italiens, dont Mgr Angelo Bagnasco,
le nouveau chef de l'Eglise italienne. Deux prélats français ont également
reçus cet insigne, l'archevêque de Toulouse Robert Le Gall et celui de
Rennes Pierre d'Ornellas.
Après la célébration de la Sainte Messe, le Pape a récité à midi la prière
mariale de l'Angélus depuis le Palais Apostolique
du Vatican.
Texte intégral de l'homélie du Saint Père
CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES
PIERRE ET PAUL
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Vaticane
Vendredi 29 juin 2007
Chers frères et sœurs!
Hier après-midi je me suis rendu dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs,
où j'ai célébré les Premières Vêpres de la solennité d'aujourd'hui des
saints Pierre et Paul. Auprès du sépulcre de l'Apôtre des nations, j'ai
rendu hommage à sa mémoire et j'ai annoncé l'Année de saint Paul qui, à
l'occasion du bimillénaire de sa naissance, se déroulera du 28 juin 2008 au
29 juin 2009. Ce matin, selon la tradition, nous nous retrouvons en revanche
auprès du sépulcre de saint Pierre. Les Archevêques métropolitains nommés au
cours de l'année écoulée et auxquels j'adresse mon salut spécial, sont
présents ici pour recevoir le pallium. Est également présente une éminente
délégation, envoyée par le Patriarche œcuménique de Constantinople
Bartholomaïos I, que j'accueille avec une cordiale reconnaissance en
repensant au 30 novembre dernier, lorsque je me trouvais à
Istanbul-Constantinople pour la fête de saint André. Je salue le Métropolite
grec orthodoxe de France, Emmanuel, le Métropolite de Sassima, Gennadios, et
le Diacre Andreas. Soyez les bienvenus, chers frères. Chaque année la visite
que nous nous rendons réciproquement est le signe que la recherche de la
pleine communion est toujours présente dans la volonté du Patriarche
œcuménique et de l'Evêque de Rome.
La fête d'aujourd'hui m'offre l'opportunité de revenir encore une fois
méditer sur la confession de Pierre, un moment décisif du chemin des
disciples avec Jésus. Les Evangiles synoptiques le situent à proximité de
Césarée de Philippe (cf. Mt 16, 13-20; Mc
8, 27-30; Lc 9, 18-22). Jean, pour sa part, nous transmet une
autre confession significative de Pierre, après le miracle des pains et le
discours de Jésus dans la Synagogue de Capharnaüm
(cf. Jn 6, 66-70). Matthieu, dans le texte qui vient d'être
proclamé, rappelle l'attribution à Simon de la part de Jésus du surnom de
Céphas, "Pierre". Jésus affirme vouloir édifier "sur cette pierre" son
Eglise et, dans cette perspective, il confère à Pierre le pouvoir des clés
(cf. Mt 16, 17-19). A partir de ces récits, il apparaît
clairement que la confession de Pierre est inséparable de la charge
pastorale qui lui est confiée à l'égard du troupeau du Christ.
Selon tous les Evangélistes, la confession de Simon a lieu à un moment
décisif de la vie de Jésus lorsque, après la prédication en Galilée, il se
dirige résolument vers Jérusalem pour mener à bien, à travers la mort sur la
croix et la résurrection, sa mission salvifique. Les disciples participent à
cette décision: Jésus les invite à faire un choix qui les conduira à se
distinguer de la foule pour devenir la communauté des croyants en Lui, sa
"famille", le début de l'Eglise. En effet, il y a deux manières de "voir" et
de "connaître" Jésus: l'une - celle de la foule - plus superficielle,
l'autre - celle des disciples - plus pénétrante et plus authentique. Avec la
double question: "Que disent les gens - Que dites-vous de moi?", Jésus
invite les disciples à prendre conscience de cette perspective différente.
Les gens pensent que Jésus est un prophète. Ce n'est pas faux, mais cela
n'est pas suffisant; cela est impropre. Il s'agit en effet d'aller en
profondeur, de reconnaître la singularité de la personne de Jésus de
Nazareth, sa nouveauté. Aujourd'hui aussi, il en est de même: beaucoup
approchent Jésus, pour ainsi dire, de l'extérieur. De grands chercheurs en
reconnaissent l'envergure spirituelle et morale et l'influence sur
l'histoire de l'humanité, en le comparant à Bouddha, Confucius, Socrate et
aux autres sages et grands personnages de l'histoire. Il ne parviennent pas
toutefois à le reconnaître dans son unicité. Il vient à l'esprit ce que dit
Jésus à Philippe au cours de la Dernière Cène: "Voilà si longtemps que je
suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe?"
(Jn 14, 9). Souvent Jésus est
également considéré comme l'un des grands fondateurs de religions, dont
chacun peut prendre quelque chose pour se former une conviction propre.
Comme à l'époque, aujourd'hui aussi, les "gens" ont donc des opinions
différentes sur Jésus. Et comme à l'époque, à nous aussi, disciples
d'aujourd'hui, Jésus répète sa question: "Mais pour vous, qui suis-je?".
Nous voulons faire nôtre la réponse de Pierre. Selon l'Evangile de Marc, Il
dit: "Tu es le Christ" (8, 29);
chez Luc l'affirmation est: "Le Christ de Dieu"
(9, 20); chez Matthieu résonne:
"Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant"
(16, 16); enfin, chez Jean: "Tu es le Saint de Dieu"
(6, 69). Ce sont autant de
réponses justes, valables pour nous également.
Arrêtons-nous en particulier sur le texte de Matthieu, reproposé par la
liturgie d'aujourd'hui. Selon certains chercheurs, la formule qui y apparaît
présuppose le contexte post-pascal, et serait même liée à une apparition
personnelle de Jésus ressuscité à Pierre; une apparition analogue à celle
qu'eut Paul sur le chemin de Damas. En réalité la charge conférée par le
Seigneur à Pierre est enracinée dans la relation personnelle que la personne
historique de Jésus eut avec le pêcheur Simon, à commencer par la première
rencontre avec lui, lorsqu'il lui dit: "Tu es Simon... tu t'appelleras
Céphas (qui veut dire Pierre)" (Jn 1, 42).
C'est l'évangéliste Jean qui le souligne, lui aussi pêcheur et associé, avec
son frère Jacques, des deux frères Simon et André. Le Jésus qui, après la
résurrection, appela Saul, est le même qui - encore plongé dans l'histoire -
approcha, après le baptême dans le Jourdain, les quatre frères pêcheurs,
alors disciples du Baptiste (cf. Jn 1,
35-42). Il alla les chercher sur la rive du lac de Galilée, et il
les appela à le suivre pour être des "pêcheurs d'hommes"
(cf. Mc 1, 16-20). Il confia ensuite à Pierre un devoir
particulier, en reconnaissant ainsi en lui un don spécial de foi de la part
du Père céleste. Tout cela, évidemment, reçut ensuite l'éclairage de
l'expérience pascale, mais en demeurant toujours fermement ancré dans les
événements historiques précédant la Pâque. Le parallélisme entre Pierre et
Paul ne peut pas réduire la portée du chemin historique de Simon avec son
Maître et Seigneur, qui dès le commencement lui attribua la caractéristique
de "roc" sur lequel il allait édifier sa nouvelle communauté, l'Eglise.
Dans les Evangiles synoptiques la confession de Pierre est toujours suivie
par l'annonce, de la part de Jésus, de sa passion prochaine. Une annonce
devant laquelle Pierre réagit, parce qu'il ne réussit pas encore à
comprendre. Et il s'agit pourtant d'un élément fondamental, sur lequel Jésus
insiste donc avec force. En effet, les titres qui Lui sont attribués par
Pierre - tu es "le Christ", "le Christ de Dieu, "le Fils du Dieu vivant" -
ne se comprennent de manière authentique qu'à la lumière du mystère de sa
mort et de sa résurrection. Et le contraire est également vrai: l'événement
de la croix révèle son sens plénier seulement si "cet homme", qui a souffert
et qui est mort sur la croix, "était vraiment fils de Dieu", pour reprendre
les paroles prononcées par le centurion devant le Crucifié
(cf. Mc 15, 39). Ces textes disent clairement que l'intégrité de
la foi chrétienne est donnée par la confession de Pierre, éclairée par
l'enseignement de Jésus sur son "chemin" vers la gloire, c'est-à-dire sur sa
manière absolument singulière d'être le Messie et le Fils de Dieu. Un
"chemin" étroit, une "manière" scandaleuse pour les disciples de tout temps,
qui inévitablement sont amenés à penser selon les hommes et non selon Dieu
(cf. Mt 16, 23). Aujourd'hui
encore, comme aux temps de Jésus, il ne suffit pas de posséder la juste
confession de foi: il est nécessaire d'apprendre toujours à nouveau du
Seigneur la manière particulière avec laquelle il est le Sauveur et le
chemin sur lequel nous devons le suivre. Nous devons en effet reconnaître
que, même pour le croyant, la Croix est toujours difficile à accepter.
L'instinct pousse à l'éviter, et le tentateur induit à penser qu'il est plus
sage de se préoccuper de se sauver soi-même plutôt que de perdre sa vie par
fidélité à l'amour, par fidélité au Fils de Dieu qui s'est fait homme.
Qu'était-il difficile d'accepter pour les personnes auxquelles Jésus
s'adressait? Qu'est-ce qui continue de l'être encore pour beaucoup de
personnes d'aujourd'hui? Ce qui est difficile à accepter, c'est le fait
qu'il prétende être non seulement l'un des prophètes, mais le Fils de Dieu,
et qu'il revendique pour lui-même la même autorité que Dieu. En l'écoutant
prêcher, en le voyant guérir les malades, évangéliser les petits et les
pauvres, réconcilier les pécheurs, les disciples parvinrent à comprendre peu
à peu qu'il était le Messie au sens le plus élevé du terme, ce qui signifie
qu'il n'était pas seulement un homme envoyé par Dieu, mais Dieu lui-même qui
s'est fait homme. Bien sûr, tout cela était bien plus grand qu'eux, cela
dépassait leur capacité d'entendement. Ils pouvaient exprimer leur foi avec
les titres de la tradition hébraïque: "Christ", "Fils de Dieu", "Seigneur".
Mais pour adhérer vraiment à la réalité, ces titres devaient en quelque
sorte être redécouverts dans leur vérité la plus profonde: Jésus lui-même, à
travers sa vie, en a révélé le sens plénier, toujours surprenant, et même
paradoxal par rapport aux conceptions courantes. Et la foi des disciples a
dû s'adapter progressivement. Elle nous apparaît comme un pèlerinage qui
possède son moment originel dans l'expérience de Jésus historique, qui
trouve son fondement dans le mystère pascal, mais qui doit ensuite aller
encore de l'avant grâce à l'action de l'Esprit Saint. Telle est également la
foi de l'Eglise au cours de l'histoire, telle est également la foi qui est
la nôtre, chrétiens d'aujourd'hui. Solidement appuyée sur le "roc" de
Pierre, elle est un pèlerinage vers la plénitude de cette vérité que le
Pêcheur de Galilée professa avec une conviction passionnée: "Tu es le
Christ, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16,
16).
Chers frères et sœurs, dans la profession de foi de Pierre, nous pouvons
nous sentir et ne faire qu'un, malgré les divisions qui, au cours des
siècles, ont lacéré l'unité de l'Eglise avec des conséquences qui perdurent
encore de nos jours. Au nom des saints Pierre et Paul, nous renouvelons
aujourd'hui, avec nos frères venus de Constantinople - que je remercie
encore de leur présence à notre célébration -, l'engagement à accueillir
jusqu'au bout le désir du Christ, qui nous veut pleinement unis. Avec les
Archevêques concélébrants nous accueillons le don et la responsabilité de la
communion entre le Siège de Pierre et les Eglises métropolitaines confiées à
leurs soins pastoraux. Que nous guide et que nous accompagne toujours par
son intercession la sainte Mère de Dieu: que sa foi indéfectible, qui
soutint la foi de Pierre et des autres Apôtres continue de soutenir celle
des générations chrétiennes, notre propre foi: Reine des Apôtres, prie pour
nous! Amen.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice
Vaticana
Texte original de l'homélie du Saint Père
►
Italien
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.06.2007 - BENOÎT XVI |