Le Père, dit Benoît XVI, nous
aime au-delà de toute mesure |
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ROME, le 30 mars 2007 -
(E.S.M.) - Le Vatican publie aujourd'hui l'homélie du pape Benoît XVI en français, lors de sa visite à l'Institut pour mineurs de "Casal
del Marmo".
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Le pape Benoît XVI après la
cérémonie, sortant de la chapelle du Père Miséricordieux
Le Père, dit Benoît XVI, nous aime au-delà de toute mesure
Visite à l'Institut pénitentiaire pour mineurs de "Casal del Marmo"
Le Vatican publie aujourd'hui l'homélie du pape Benoît XVI en français, lors
de sa visite à l'Institut pour mineurs de "Casal del Marmo".
Le pape
Benoît XVI a rappelé au cours de son homélie deux enseignements de la parabole du fils
prodigue, évangile du jour. D'une part, elle aide à comprendre qui est Dieu : "Il est le Père
miséricordieux qui en Jésus nous a aimées au-delà de toute mesure, a indiqué le
pape ; les erreurs que nous commettons, même si elles sont
grandes, ne sont pas une entrave à la fidélité de Son amour".
Homélie du pape Benoît XVI
Chapelle de la prison dédiée au Père Miséricordieux
IV Dimanche de Carême 18 mars 2007
Chers frères et sœurs,
chers jeunes garçons et jeunes filles!
C'est avec plaisir que je suis venu vous rendre visite, et le moment le plus
important de notre rencontre est la Messe, au cours de laquelle est
renouvelé le don de l'amour de Dieu: un amour qui nous réconforte et nous
donne la paix, en particulier dans les moments difficiles de la vie. Dans ce
climat de prière, je voudrais adresser mes salutations à chacun de vous: au
Ministre de la Justice, Monsieur Clemente Mastella, auquel j'exprime une
reconnaissance particulière, au Chef du département de la Justice des
mineurs, Madame Melìta Cavallo, aux autres autorités ici présentes, aux
responsables, aux agents, aux éducateurs et au personnel de cette structure
pénitentiaire pour mineurs, aux volontaires, aux parents et à toutes les
personnes présentes. Je salue le Cardinal-Vicaire et l'Evêque auxiliaire,
Mgr Benedetto Tùzia. Je salue de façon particulière Mgr Giorgio Caniato,
Inspecteur général des Aumôniers des Instituts de Prévention et de
Détention, et votre Aumônier, que je remercie de s'être fait l'interprète de
vos sentiments au début de la Messe.
Dans la Célébration eucharistique, c'est le Christ lui-même qui est présent
au milieu de nous; je dirais même plus: Il vient nous éclairer à travers son
enseignement - dans la Liturgie de la Parole - et nous nourrir avec son
Corps et son Sang - dans la Liturgie eucharistique et dans la Communion. Il
vient ainsi nous enseigner à aimer, il vient nous rendre aptes à aimer et
ainsi capables de vivre. Mais, direz-vous peut-être, qu'il est difficile
d'aimer pour de bon, de bien vivre! Quel est le secret de l'amour, le secret
de la vie? Revenons à l'Evangile. Dans cet Evangile apparaissent trois
personnes: le père et ses deux fils. Mais derrière les personnes
apparaissent deux projets de vie assez différents. Les deux fils vivent en
paix, ce sont des agriculteurs très aisés, ils ont de quoi vivre, ils
vendent bien leurs produits, la vie semble être bonne.
Et toutefois, le fils le plus jeune trouve peu à peu cette vie ennuyeuse,
insatisfaisante: ce ne peut pas être cela- pense-t-il - toute la vie: chaque
jour se lever, que sais-je, à six heures du matin, puis selon les traditions
d'Israël, une prière, une lecture de la Sainte Bible, puis on va travailler,
et à la fin encore une prière. Ainsi, jour après jour, il pense: mais non,
la vie c'est plus que cela, je dois trouver une autre vie où je sois
véritablement libre, où je puisse faire ce qu'il me plaît; une vie libre de
cette discipline et de ces normes des commandements de Dieu, des ordres de
mon père; je voudrais être tout seul et avoir la vie totalement pour moi,
avec toutes ses beautés. Maintenant, au contraire, il n'y a que le
travail...
Et il décide ainsi de prendre tout son patrimoine et de s'en aller. Le père
est très respectueux et généreux, et il respecte la liberté de son fils:
c'est lui qui doit trouver son projet de vie. Et il s'en va, come dit l'Evangile,
dans un pays très lointain. Lointain probablement au sens géographique,
parce qu'il veut un changement, mais aussi intérieurement, parce qu'il veut
une vie totalement différente. A présent, son idée est: liberté, faire ce
que j'ai envie de faire, ne pas connaître ces normes d'un Dieu qui est
lointain, ne pas être dans la prison de cette discipline de la maison, faire
ce qui est beau, ce qui me plaît, profiter de la vie avec toute sa beauté et
sa plénitude.
Et dans un premier temps - nous pourrions penser peut-être pendant quelques
mois - tout se passe bien: il est content d'avoir atteint enfin la vie, il
se sent heureux. Mais ensuite, peu à peu, il ressent là aussi de l'ennui, là
aussi c'est toujours la même chose. Et en fin de compte, il reste un vide
toujours plus inquiétant; le sentiment que cela n'est pas encore la vie
devient de plus en plus vif; plus encore, en allant de l'avant avec toutes
ces choses-là, la vie s'éloigne de plus en plus. Tout devient vide: à
présent également réapparaît l'esclavage de faire toujours les mêmes choses.
Et à la fin, l'argent aussi finit, et le jeune homme trouve que son niveau
de vie est inférieur à celui des porcs.
Alors, il commence à réfléchir et il se demande si cela était réellement le
chemin de la vie: une liberté interprétée dans le sens de faire ce que je
veux, vivre, avoir la vie uniquement pour moi ou si en revanche, la vie ne
serait pas plutôt de vivre pour les autres, de contribuer à la construction
du monde, à la croissance de la communauté humaine... Ainsi commence le
nouveau chemin, un chemin intérieur. Le jeune homme réfléchit et considère
tous ces nouveaux aspects du problème et il commence à voir qu'il était bien
plus libre chez lui, en étant propriétaire lui aussi, en contribuant à la
construction de la maison et de la société en communion avec le Créateur, en
connaissant le but de sa vie, en devinant le projet que Dieu avait pour lui.
Dans ce chemin intérieur, dans cette maturation d'un nouveau projet de vie,
en vivant également le chemin extérieur, le fils le plus jeune se met en
marche pour revenir, pour recommencer avec sa vie, parce que désormais, il a
compris que le chemin qu'il avait pris était le mauvais. Je dois repartir
avec une autre idée, se dit-il, je dois recommencer.
Et il arrive à la maison du père qui lui a laissé sa liberté pour lui donner
la possibilité de comprendre intérieurement ce que signifie vivre, ce que
signifie ne pas vivre. Le père avec tout son amour l'embrasse, lui offre une
fête et la vie peut commencer à nouveau en partant de cette fête. Le fils
comprend que c'est précisément le travail, l'humilité, la discipline de
chaque jour qui crée la véritable fête et la véritable liberté. Il retourne
ainsi chez lui en ayant mûri et en s'étant purifié intérieurement: il a
compris ce que signifie vivre. Assurément, à l'avenir également, sa vie ne
sera pas facile, les tentations reviendront, mais il est désormais
pleinement conscient qu'une vie sans Dieu ne fonctionne pas: il manque
l'essentiel, il manque la lumière, il manque la raison, il manque le grand
sens d'être homme. Il a compris que nous ne pouvons connaître Dieu que sur
la base de sa Parole. (Nous chrétiens nous pouvons ajouter que nous savons
qui est Dieu par Jésus, en qui nous a réellement été montré le visage de
Dieu). Le jeune homme comprend que les commandements de Dieu ne sont pas des
obstacles à la liberté et pour une vie belle, mais qu'ils sont les
indicateurs de la route sur laquelle marcher pour trouver la vie. Il
comprend que le travail également, la discipline, l'engagement non pour
soi-même, mais pour les autres élargit la vie. Et c'est précisément cet
effort de s'engager dans le travail qui donne sa profondeur à la vie, parce
que l'on expérimente la satisfaction d'avoir en fin de compte contribué à
faire grandir ce monde qui devient plus libre et plus beau.
Je ne voudrais pas à présent parler de l'autre fils qui est resté à la
maison, mais devant sa réaction de jalousie, nous voyons qu'intérieurement,
lui aussi rêvait qu'il aurait peut-être été beaucoup mieux de se permettre
toutes les libertés. Lui aussi, intérieurement, doit "rentrer à la maison"
et comprendre à nouveau ce qu'est la vie, comprendre que l'on ne vit
vraiment qu'avec Dieu, avec sa Parole, dans la communion de sa propre
famille, du travail; dans la communion de la grande famille de Dieu. Je ne
voudrais pas à présent entrer dans ces détails: laissons chacun de nous
trouver la manière d'appliquer cet Evangile à lui-même. Nos situations sont
différentes et chacun a son monde. Cela n'ôte rien au fait que nous sommes
tous touchés et que nous pouvons tous entrer avec nos chemins intérieurs
dans la profondeur de l'Evangile.
Je ne ferais encore que quelques petites remarques, poursuit Benoît XVI. L'Evangile nous aide à
comprendre qui est vraiment Dieu: il est le Père miséricordieux qui, en
Jésus, nous aime au-delà de toute mesure. Les erreurs que nous commettons,
même si elles sont grandes, n'entament pas la fidélité de son amour. Dans le
sacrement de la confession, nous pouvons toujours à nouveau repartir avec la
vie: il nous accueille, nous rend la dignité d'être ses fils. Redécouvrons
donc ce sacrement du pardon qui fait jaillir la joie dans un cœur né à
nouveau à la vie véritable.
Par ailleurs, cette parabole nous aide à comprendre qui est l'homme: il
n'est pas une "monade", une entité isolée qui ne vit que pour elle-même et
doit avoir la vie seulement pour elle-même. Au contraire, nous vivons avec
les autres et nous sommes créés avec les autres, et uniquement en étant avec
les autres, en nous donnant aux autres, nous trouvons la vie. L'homme est
une créature dans laquelle Dieu a imprimé son image, une créature qui est
attirée dans l'horizon de sa Grâce, mais qui est aussi une créature fragile,
exposée au mal; mais cependant capable de bien. Et finalement, l'homme est
une personne libre. Nous devons comprendre ce qu'est la liberté et ce qui
n'est que l'apparence de la liberté. La liberté, pourrions-nous dire, est un
tremplin pour plonger dans la mer infinie de la bonté divine, mais elle peut
devenir aussi une pente sur laquelle glisser vers l'abîme du péché et du mal
et perdre ainsi également la liberté et notre dignité.
Chers amis, nous sommes dans le
temps de Carême, des quarante jours avant
Pâques. En ce temps de Carême, l'Eglise nous aide à accomplir ce chemin
intérieur et nous invite à la conversion qui, avant d'être un effort
toujours important pour changer nos comportements, est une opportunité pour
décider de se lever et de repartir, c'est-à-dire d'abandonner le péché et de
choisir de revenir à Dieu. Parcourons - tel est l'impératif du Carême -,
parcourons ensemble ce chemin de libération intérieure. Chaque fois que,
comme aujourd'hui, nous participons à l'Eucharistie, source et école de
l'amour, nous devenons capables de vivre cet amour, de l'annoncer et de le
témoigner avec notre vie. il faut toutefois que nous décidions d'aller vers
Jésus, comme l'a fait le fils prodigue, en revenant intérieurement et
extérieurement auprès de son père. Dans le même temps, nous devons
abandonner l'attitude égoïste du fils aîné sûr de lui, qui condamne
facilement les autres, ferme son cœur à la compréhension, à l'accueil et au
pardon de ses frères et oublie lui aussi qu'il a besoin du pardon. Puissent
nous obtenir ce don la Vierge Marie et saint Joseph, mon Patron, dont c'est
demain la fête, et que j'invoque à présent de façon particulière pour chacun
de vous et pour les personnes qui vous sont chères.
Lire la synthèse de la rencontre:
Benoît XVI s'est rendu dans un Institut pénal pour mineurs de son
diocèse
Les photos de la visite:
Voir pages 46
et 47
Synthèse de
l'homélie du pape Benoît XVI:
homélie coeur à coeur avec les jeunes
Synthèse du
discours du pape Benoît XVI:
"Dieu nous aime, c'est la source de la vraie joie"
Sources:
www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.03.2007 - BENOÎT XVI |