Benoît XVI lance un appel contre le laïcisme
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ROME, 30 MARS. Lors d'une audience privée au Vatican, le pape a demandé jeudi 30 mars aux dirigeants du Parti populaire européen de combattre le laïcisme, "une culture qui est en train de se répandre dans toute l'Europe".
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Le pape Benoît XVI lance un appel contre le laïcisme
Benoît XVI appelle le Parti populaire européen à combattre cette culture "qui se répand" en Europe.
Lors d'une audience privée au Vatican, Benoît XVI a demandé jeudi 30 mars aux dirigeants du Parti populaire européen de combattre le laïcisme, "une culture qui est en train de se répandre dans toute l'Europe".
Benoît XVI a effectué une intervention en anglais devant plusieurs dirigeants et des centaines de délégués au Congrès du PPE qui se tient à Rome.
"Votre soutien à l'héritage chrétien peut contribuer de manière significative à la défaite d'une culture qui est déjà largement répandue en Europe et qui relègue la manifestation de la conviction religieuse à la sphère du privé et du subjectif", a affirmé Benoît XVI.
Il leur a également rappelé les trois principes "
non négociables
" de l'Eglise, à savoir "
la protection de la vie
, (...)
la défense de la famille
(...) et
le droit des parents à éduquer les enfants
".
Désistement de Berlusconi
Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, dont le parti Forza Italia est membre du PPE, a dû renoncer à assister à cette audience pour ne pas impliquer directement le pape dans la campagne électorale. Le Congrès du PPE se tient à une semaine des législatives des 9 et 10 avril.
Son adversaire, l'ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, conduit une coalition qui unit des partis catholiques -UDEUR et de La Margherita-, des partis communistes prônant le laïcisme, des partis anti-cléricaux.
Le pape s'est défendu de toute ingérence politique. "Lorsque l'Eglise ou les communautés religieuses interviennent dans un débat public, exprimant leur réserve ou rappelant les divers principes, cela ne représente pas une forme d'intolérance ou d'interférence car ces interventions ne servent qu'à éclairer les consciences", a-t-il soutenu.
Les trois principes énoncés "sont inscrits dans la nature humaine elle-même et représentent un bien commun pour toute l'humanité", a-t-il souligné.
"L'action de l'Eglise dans leur promotion n'est donc pas confessionnelle dans son caractère, mais elle est adressée à tous, indépendamment des croyances religieuses", a expliqué le souverain pontife.
Sur la Charte constitutionnelle de l'UE
En dépit de sa critique des Etats partisans du laïcisme, Benoît XVI s'est félicité du fait que la Charte constitutionnelle de l'Union européenne ait prévu "une relation structurée et vivante avec les communautés religieuses, reconnaissant ainsi leur identité et leurs contributions spécifiques".
Il a réaffirmé cependant que la tradition chrétienne, qui ne figure pas comme référence spécifique dans la Charte en dépit d'une demande en ce sens de plusieurs pays de l'Union européenne, dont l'Italie, "ne peut qu'enrichir" l'Union européenne.
Synthèse du discours - Texte intégral (1)
A l'occasion des Journées Mondiales
d'Etude sur l'Europe organisées par le groupe parlementaire européen du Parti
Populaire, Benoît XVI a reçu ce matin au Vatican un groupe de représentants de
cette formation politique.
Le Pape Benoît XVI a commencé son discours en rappelant la constante attention à
l'Europe toujours dédiée par les pontifes romains, l'audience de ce jour en
étant un exemple éloquent 'qui se situe -a-t-il dit- dans la longue liste des
réunions organisées entre mes prédécesseurs et les mouvements politiques
d'inspiration chrétienne'.
Le Saint-Père a ensuite cité les difficiles problèmes que ce continent doit
affronter pour le moment, comme 'la croissance et le développement du processus
d'intégration européenne, la nécessité d'une définition de plus en plus précise
de la politique de voisinage au sein de l'Union et le débat sur son modèle
social', indiquant que 'pour atteindre ces objectifs, il est important de
puiser, avec une fidélité créatrice, dans l'héritage chrétien qui a tant
contribué à façonner l'identité de ce continent'.
'L'Europe - a dit Benoît XVI - ne pourra donner une direction sure aux choix de
ses citoyens et de ses peuples qu'en évaluant ses racines chrétiennes, elle
pourra alors renforcer leur conscience d'appartenir à une même civilisation et
elle pourra alimenter l'engagement de tous pour affronter les défis actuels dans
la recherche d'un avenir meilleur'.
Benoît XVI a apprécié que le Parti Populaire Européen ait reconnu l'héritage
chrétien de l'Europe qui 'offre de valides solutions éthiques dans la recherche
d'un modèle social qui réponde correctement aux demandes d'une économie déjà
globalisée assurant croissance et emploi, protection de la famille, égalité
d'opportunités pour l'éducation des jeunes et attention aux pauvres'.
La référence à l'héritage chrétien, a fait observer Benoît XVI, 'peut contribuer
significativement à la défaite d'une culture maintenant répandue dans toute
l'Europe, et qui rejette au domaine privé et subjectif la manifestation des
propres convictions religieuses. Les politiques construites sur cette base
impliquent non seulement le rejet du rôle public du christianisme mais plus
généralement elles excluent la reconnaissance de la tradition religieuse de
l'Europe, qui est si évidente malgré sa diversité confessionnelle, affaiblissant
le principe même de la démocratie qui est basée sur les valeurs qu'elle défend'.
Le Pape a affirmé que "s'opposer à ces valeurs et les ignorer, au lieu de
dialoguer avec elles, serait un signe d'immaturité voir même de faiblesse. Dans
ce contexte il faut reconnaître l'existence d'une certaine intransigeance
séculière ennemie de la tolérance et d'une saine conception séculière de l'état
et de la société".
Ensuite, Benoît XVI a dit apprécier que 'le traité constitutionnel de l'Union
Européenne prévoie une relation structurée et continue avec les communautés
religieuses, reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique'. Il a
précisé qu'il était sur 'de l'efficace et de la correcte mise en pratique de
cette relation dès maintenant, avec la coopération de tous les mouvements
politiques indépendamment de l'alignement des partis'.
'Il ne faut pas oublier - a expliqué le Saint-Père - que quand les Eglises ou
communautés ecclésiastiques interviennent dans le débat public, exprimant des
réserves ou rappelant une série de principes, cela ne constitue pas une forme
d'intolérance ou d'interférence, mais ces interventions ne visent qu'à illuminer
les consciences, pour que les personnes puissent agir librement et avec
responsabilité, selon les vraies exigences de justice, même si cela devait
entrer en conflit avec des situations de pouvoir ou d'intérêt personnel'.
Le Pape Benoît XVI a ensuite rappelé que "le principal domaine des interventions
de l'Eglise catholique" se concentre sur 'la protection et la promotion de la
dignité de la personne' qui exige donc 'une attention particulière sur des
principes qui ne sont pas négociables: protection de la vie dans toutes ses
phases, le reconnaissance et la défense de la structure naturelle de la famille,
comme union entre un homme et une femme basée sur le mariage, la défendant des
tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes radicalement
différentes d'union qui nuisent et obscurcissent son caractère particulier et
son irremplaçable rôle social ainsi que la protection du droit des parents à
éduquer leurs enfants'.
'Ces principes ne constituent pas des vérités de la foi mais c'est la foi qui
les illumine et les confirme ; ces principes sont inscrits dans la nature et
sont donc commun à toute l'humanité. L'action de l'Eglise pour les défendre
n'est donc pas de caractère confessionnel, mais elle s'adresse à toutes les
personnes, sans tenir compte de leur affiliation religieuse'.
Avant de quitter les parlementaires populaires, Benoît XVI leur a demandé
"d'être des témoins constants et authentiques de ces vérités fondamentales dans
leur activité politique et surtout dans leur engagement à les vivre
quotidiennement avec authenticité et constance"
Texte intégral
du discours du Saint Père:
Eminents Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous recevoir à l'occasion des Journées d'étude sur l'Europe,
organisées par votre groupe parlementaire. Les Pontifes romains ont toujours
accordé une attention particulière à ce continent. L'audience d'aujourd'hui le
démontre une nouvelle fois, et s'inscrit dans une longue série de rencontres
entre mes prédécesseurs et les mouvements politiques d'inspiration chrétienne.
Je remercie M. Pöttering des paroles qu'il m'a adressées en votre nom, et je lui
présente, ainsi qu'à chacun de vous, mes cordiales salutations.
Actuellement, l'Europe doit faire face à des questions complexes de grande
importance, telles que la croissance et le développement de l'intégration
européenne, la définition toujours plus précise de politiques communes au sein
de l'Union et le débat sur son modèle social. Pour atteindre ces objectifs, il
sera important de s'inspirer, avec une fidélité créative, de l'héritage chrétien
qui a apporté une contribution tout à fait particulière à la formation de
l'unité de ce continent. En tenant compte de ses racines chrétiennes, l'Europe
sera capable de donner une orientation sûre au choix de ses citoyens et de ses
peuples, elle renforcera sa conscience d'appartenir à une civilisation commune
et elle consolidera l'engagement de tous dans le but de faire face aux défis du
présent en vue d'un avenir meilleur. Par conséquent, j'apprécie la
reconnaissance accordée par votre groupe à l'héritage chrétien de l'Europe, qui
offre de précieuses orientations éthiques dans la recherche d'un modèle social
qui réponde de manière adéquate aux questions posées par une économie déjà
mondialisée et par les mutations démographiques, en assurant la croissance et
l'emploi, la protection de la famille, l'égalité des chances pour l'éducation
des jeunes et la sollicitude pour les plus pauvres.
Par ailleurs, le soutien que vous apportez à l'héritage chrétien peut contribuer
de manière significative à tenir en échec une culture aujourd'hui très amplement
diffusée en Europe qui relègue dans la sphère privée et subjective la
manifestation des convictions religieuses de chacun. Des politiques élaborées
sur ce principe n'ont pas seulement comme conséquence de dénier un rôle public
au christianisme; de manière plus générale, elles refusent tout lien avec la
tradition religieuse de l'Europe, qui est pourtant très claire, en dépit de ses
diversités confessionnelles, en menaçant ainsi la démocratie elle-même, dont la
force dépend des valeurs qu'elle défend (cf. Evangelium vitae, n. 70). Etant
donné que cette tradition, précisément au sein de ce que l'on pourrait appeler
son unité polyphonique, est porteuse de valeurs qui sont fondamentales pour le
bien de la société, l'Union européenne ne peut trouver qu'un enrichissement à la
reconnaître. Ce serait un signe d'immaturité, voire de faiblesse, de choisir de
s'y opposer ou de l'ignorer, plutôt que de dialoguer avec elle. Dans ce
contexte, il faut reconnaître qu'une certaine intransigeance séculière se révèle
ennemie de la tolérance et d'une saine vision séculière de l'Etat et de la
société. C'est pourquoi je me réjouis que le traité constitutionnel de l'Union
européenne prévoie une relation organisée et permanente avec les communautés
religieuses, en reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique. Par
dessus tout, j'ai confiance dans le fait que la mise en oeuvre effective et
juste de cette relation commencera dès à présent, avec la co-opération de tous
les mouvements politiques, indépendamment de leurs orientations partisanes. Il
ne faut pas oublier que, lorsque les Eglises et les communautés ecclésiales
interviennent dans le débat public, en exprimant des réserves ou en rappelant
certains principes, cela ne constitue pas une forme d'intolérance ou une
interférence, car ces interventions ne visent qu'à éclairer les consciences, en
les rendant capables d'agir de manière libre et responsable, conformément aux
exigences véritables de la justice même si cela peut entrer en conflit avec des
situations de pouvoir et d'intérêt personnel.
En ce qui concerne l'Eglise catholique, l'objet principal de ses interventions
dans le débat public porte sur la protection et la promotion de la dignité de la
personne et elle accorde donc volontairement une attention particulière à
certains principes qui ne sont pas négociables. Parmi ceux-ci, les principes
suivants apparaissent aujourd'hui de manière claire:
- la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa
conception jusqu'à sa mort naturelle;
- la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille -
comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage - et sa défense
contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes
d'union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et
contribuent à sa déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et
son rôle social irremplaçable;
- la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants.
Ces principes ne sont pas des vérités de foi, même si ils reçoivent un éclairage
et une confirmation supplémentaire de la foi; ils sont inscrits dans la nature
humaine elle-même et ils sont donc communs à toute l'humanité. L'action de l'Eglise
en vue de leur promotion n'est donc pas à caractère confessionnel, mais elle
vise toutes les personnes, sans distinction religieuse. Inversement, une telle
action est d'autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris,
parce cela constitue une offense contre la vérité de la personne humaine, une
blessure grave infligée à la justice elle-même.
Chers amis, en vous exhortant à un témoignage crédible et cohérent de ces
vérités fondamentales à travers votre action politique, et plus fondamentalement
à travers votre engagement à vivre de manière authentique et cohérente votre
vie, j'invoque sur vous et sur votre activité l'assistance continue de Dieu et
en gage de celle-ci, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction, ainsi qu'à tous
ceux qui vous accompagnent.
© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 30.03.2006
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