"Marie, la catéchiste de Bernadette" par Mgr
Perrier |
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Lourdes, le 28 octobre 2007 -
(E.S.M.) - L’évêque du diocèse hôte de ce
congrès, Mgr Perrier, a proposé un parallèle entre la vie de Bernadette
Soubirous et le cheminement de la vie de tout chrétien, soulignant
l’enseignement de la Vierge, catéchiste de Bernadette.
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Je suis
l’Immaculée Conception -
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« Marie, la catéchiste de Bernadette » par Mgr Perrier Évêque de Tarbes et
Lourdes
Premières apparitions
Tout commence par le signe de la croix que Bernadette ne peut achever tant
que la Dame ne le lui montre pas. Marie sera le guide de Bernadette dans son
initiation aux mystères de la foi. Marie est la monitrice. Ceux qui
accomplissent une mission de catéchèse ont à faire découvrir ce que les
enfants, les jeunes ou les adultes qui leur font confiance ne connaissent
pas encore.
Marie n’enseigne pas à Bernadette une leçon mais elle lui transmet une
pratique : comment faire le signe de la croix. Le signe de la Croix est la
plus parfaite synthèse du christianisme. Le geste rappelle jusqu’où est allé
l’amour de Dieu pour nous ; les paroles qui l’accompagnent disent la
perfection de l’Amour, qui est la substance de la Trinité. Dès le départ, le
signe de la totalité est posé. En catéchèse, nous savons où nous allons.
Au cours des deux premières apparitions, la Dame se tait. Elle établit la
confiance avec Bernadette. Avant de lui demander quoi que ce soit, la Dame
noue une relation personnelle avec la fillette. Celle-ci en a besoin, car
les objections agrémentées de quelques gifles n’ont pas tardé. Bernadette
s’est trouvée en bute à la contradiction, comme n’importe quel croyant
d’aujourd’hui.
A la troisième apparition, Marie refuse d’écrire son nom mais demande à
Bernadette de lui faire la grâce de venir régulièrement pendant quinze
jours. Que cela nous dit-il pour la catéchèse ? Non pas que l’écrit soit
inutile mais qu’il n’est pas premier. Nous ne sommes pas limités à la
culture de l’écrit et le christianisme n’est pas une religion du Livre.
Après le refus d’écrire son nom, la Dame demande à Bernadette de lui faire
la grâce de venir pendant quinze jours. Elle lui parle avec familiarité,
dans sa langue. Elle la respecte plus que son entourage habituel, en lui
parlant au « vous ». Elle attend quelque chose de la jeune fille
comme Dieu est en attente de notre foi.
Elle demande à Bernadette un engagement, certes limité dans le temps, mais
difficile à réaliser, vu l’opposition de la famille et des Sœurs et,
bientôt, celle des autorités civiles. La catéchèse, que ce soit celle d’un
enfant ou d’un adulte, demande du temps. La Vierge n’a pas commencé par
cette exigence mais, le moment venu, elle a passé comme une sorte de contrat
avec Bernadette.
Le passage par la Croix
Viendra ensuite le temps des épreuves. Bernadette est invitée à la
pénitence, la face pénible de la conversion. Le
Christ n’avait nul besoin de faire pénitence mais pour nous sauver du péché,
il s’est rangé parmi les pécheurs en recevant le baptême de Jean, un baptême
de conversion. Son chemin est passé par la Croix et il n’y a pas
d’initiation chrétienne qui ne passe par la Croix. Le Christ nous y a
précédés. Bernadette se prosterne jusqu’à terre, comme Jésus au jardin des
oliviers. Son visage, couvert de boue, est méconnaissable, comme celui du
Serviteur souffrant, dans les prophéties d’Isaïe.
La pénitence n’est pas une affaire strictement privée. Quand Bernadette est
appelée à la pénitence, l’horizon s’élargit. Jusqu’ici, semble-t-il,
l’événement ne concernait que Bernadette. Ses entretiens avec la Dame
restaient confidentiels. Désormais, Bernadette reçoit une mission : prier
pour les pécheurs. Elle s’en acquittera toute sa vie. Elle découvre ainsi
qu’on n’est pas chrétien pour soi-même. Nous vivons dans la communion des
saints.
En même temps, la Dame fait découvrir à Bernadette une source. Bernadette se
dirige d’abord vers le Gave. La Dame doit la remettre dans la bonne
direction. C’est le rôle de l’Église : montrer aux hommes où est la Source
qui ne déçoit pas. Marie qui fait découvrir à Bernadette la source jusque-là
cachée, n’est-ce pas un beau modèle d’action catéchétique ? Bernadette est
activement associée à la découverte, non sans s’être d’abord trompée de
direction. Mais rien ne se serait passé si la Dame ne l’avait pas mise, et
remise, sur le chemin.
Marie n’est pas la source. Le catéchiste n’est pas la source. Il indique la
source. Il fait penser à la femme de Samarie qui, revenant en hâte au
village, encourage les gens à aller trouver celui qu’il l’a si bien
comprise.
Durant la « quinzaine des apparitions », la Dame, par deux fois, n’est pas
au rendez-vous. Bernadette est troublée : en quoi l’a-t-elle peinée ? De
même, dans une catéchèse, il peut y avoir des passages à vide, sans raison
apparente. L’éducation de la foi est aussi un apprentissage des moments de
désert.
La mission, l’Eucharistie et le service
La foi de Bernadette a donc été éprouvée,
tant par les gestes déconcertants qui lui ont été demandés que par les
absences. Elle peut alors être chargée de mission dans l’Église et pour
l’Église. Sa mission dans l’Église, c’est d’aller « dire aux prêtres ». Sa
mission pour l’Église, c’est de faire en sorte qu’une chapelle soit
construite et que les fidèles viennent en procession. De même, la catéchèse
doit permettre à chacun de découvrir quelle est sa place et sa mission dans
l’Église.
Pendant toute cette période, la dame a refusé obstinément de dire son nom.
Bernadette ne s’est pas découragée. Finalement, la Dame dit son nom : je
suis l’Immaculée Conception. Les noms ont aussi une importance même si la
pédagogie de la Dame, et de l’Église, privilégie l’expérience dont nous
venons de voir quelques aspects. La parole de Marie quand elle révèle son
nom est la dernière que Bernadette entendra. Les deux dernières apparitions
sont, de nouveau, silencieuses. C’est un bel enseignement sur la prière :
elle va du silence au silence.
Les semaines des apparitions coïncident avec le temps où Bernadette se
prépare à la Première Communion, qu’elle réalisera à la Fête-Dieu. Pour
Bernadette, les visions n’auront eu qu’un temps.
L’Eucharistie, elle, demeurera. Bernadette ne vivra pas dans la
nostalgie des apparitions mais dans un désir croissant de s’unir au Christ
par l’Eucharistie et le service des malades.
+ Jacques Perrier
évêque de Tarbes et Lourdes
Benoît XVI s'exprime sur l’impérieuse nécessité de la catéchèse
Échos de la journée du 26 octobre 2007
Ecclésia, l’aboutissement d’un travail de
l’épiscopat
Mgr Dufour a accueilli les participants, saluant notamment la présence de
nombreux évêques et leur travail sur la catéchèse : « Vous êtes près de 60.
Je rappelle qu’en novembre 2001, ici même à Lourdes, les évêques français
avaient ouvert le chantier de la catéchèse. Après 4 années, ils votaient le
Texte National pour l’Orientation de la catéchèse en France publié en
novembre 2006. Un an après cette publication, ce congrès nous rassemble dans
un grand élan ».
Soulignant les différentes du rassemblement, il a souligné qu’Ecclésia était
un pèlerinage, une rencontre, un congrès de la responsabilité catéchétique
et un acte de foi. « Ecclésia 2007 est un pèlerinage, une démarche
spirituelle, un acte de foi, oserais-je dire une Pentecôte. Oui, j’espère
une Pentecôte avec toute la force de ma foi. Nous venons boire à la source
de la Parole de Dieu et nous confier à la prière de Marie « mère et modèle
des catéchètes ».
« S’adresser tant aux croyants qu’aux incroyants »
Mgr Carru, sous-secrétaire de la Congrégation pour le Clergé, venu
spécialement de Rome, a fait part du
message du Pape Benoît XVI aux
participants, soulignant les enjeux d’Ecclésia : « À l’imitation de son
Maître et Seigneur, l’Église est invitée à mettre en œuvre une pédagogie
d’initiation, prenant acte que nous sommes dans un monde où la culture
chrétienne tend à s’effacer. Il s’agit de conduire le croyant au cœur de la
foi et de le faire entrer dans un dialogue intime et un échange d’amour avec
le Christ Jésus ».
Avant la projection du film Eclats du monde (JDS), Mgr Carru a fait part de
son expérience, en posant cette question : « La métropole historique est un
lieu d’unité, n’est-elle pas aussi un lieu de salut ? Elle a une âme. Les
villes ont leur vie propre, leur existence autonome, mystérieuse et
profonde. » L’évêque italien, qui a aussi été curé de paroisse dans le
diocèse de Turin pendant plus de vingt ans, a souligné la nécessité pour «
la pastorale des villes », de « s’ouvrir aux problèmes de la fragmentation
et de l’anonymat de la société » et, de s’adresser « tant aux croyants
qu’aux incroyants ». Il a même parlé de « nouvelle évangélisation » : «
l’activité pastorale doit se conjuguer avec l’activité missionnaire ». Les
laïcs sont invités à y participer. « Lire la ville avec un oeil charitable,
patient, miséricordieux, ami » pour que « chacun se sente accueilli dans sa
dignité intrinsèque. » Pour cela, il a suggéré trois pistes d’action :
l’écoute de la Parole, la formation d’un réseau paroissial, et l’éducation.
Mgr Carru a cité Don Bosco : « L’éducation est une chose du cœur, dont Dieu
seul est le patron. », et nous a invités, en guise de conclusion, à «
prendre soin de nos frères », quel que soit leur chemin.
Sources: CEF
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.10.2007 - BENOÎT XVI
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