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Le vagabondage spirituel est aussi porté par le relativisme ambiant
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Le 28 avril 2023 -
E.S.M.
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Le vagabondage spirituel est aussi
porté par le relativisme ambiant. Dans le vent des modes qui passent,
sans racines spirituelles, sans la nourriture de la prière, chaque
chrétien est en danger. Quand je vois de jeunes catholiques
africains retournant vers les cultes traditionnels, où la pratique
des sacrifices est courante, je mesure combien les prêtres n'ont pas
su étancher une grande soif.
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Le vagabondage spirituel
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Notre monde connaît souvent des spiritualités faciles, parfois à la mode.
Comment caractériser ces courants, qui peuvent entrer en concurrence
frontale avec le catholicisme ?
Effectivement, nombreux sont ceux qui ont tendance à prendre
dans chaque spiritualité la part qui leur convient, dans une logique
syncrétique, pour composer une religion subjective confortable ;
nous sommes loin de la vérité, dans son intégralité,
promue par l'Eglise. En Afrique, je vois aussi que les cultes
traditionnels restent vivaces. De même, en Amérique latine, les groupes
évangéliques sont lancés dans une guerre concurrentielle sans merci contre
l'Eglise catholique, dans l'idée de conquérir des « parts de marché ».
La tendance naturelle de l'homme consiste toujours à chercher
les lieux et les idées où il puisse trouver satisfaction, richesse, santé de
façon quasi miraculeuse. Dans l'Antiquité, les autorités juives, ou les
prêtres chez les premiers chrétiens, devaient lutter contre la tentation
d'aller jouir de doux rêves auprès des idoles. Les grandes hérésies du bas
Moyen Âge répondaient souvent à des logiques similaires d'exploitation des
peurs, des passions et des fantasmes. Aujourd'hui
encore, il s'agit d'une recherche de bonheur immédiat. L'homme
moderne constate plus ou moins bien les limites du matérialisme, et le
christianisme lui semble épuisé, parfois figé. Voilà le manque de profondeur
de notre foi : souvent, te chrétien ne sait plus en quoi il croit et il
n'est pas suffisamment fixé sur la Croix. Or, si nous nous éloignons de
Dieu, le miroir aux alouettes n'est jamais loin. La formation catéchétique,
biblique, spirituelle des fidèles, des prêtres et des religieux reste la
grande réponse face à des flottements si menaçants.
Oui, l'Église n'a qu'une seule méthode : la recherche de Dieu
dans la prière, et la connaissance approfondie et méditée de sa Parole. Sans
lien personnel avec Dieu, il n'y a pas de constance ni de perspective.
Le vagabondage spirituel est aussi
porté par le relativisme ambiant. Dans le vent des modes qui passent,
sans racines spirituelles, sans la nourriture de la prière, chaque chrétien
est en danger. Quand je vois de jeunes catholiques africains retournant vers
les cultes traditionnels, où la pratique des sacrifices est courante, je
mesure combien les prêtres n'ont pas su étancher une grande soif. La
légèreté de la vie de foi peut conduire à des dérives parfois difficiles à
enrayer. Ce qui me fend le cœur, c'est la blessure profonde provoquée par
des prêtres catholiques africains qui ont abandonné la grâce du sacerdoce
pour entrer dans des sectes et y exercer une sorte de ministère sacerdotal
sacrilège. Quelle déchéance ! Quel poignard dans le cœur de Jésus.!
Ma seule réponse reste la prière.
Comment définir cette vie de prière dont vous parlez si souvent ?
Chacun de nous doit absolument programmer et construire,
chaque jour, sa vie de prière. Comment ? Je vais vous raconter une petite
histoire qui donne à réfléchir.
Un jour, un vieux professeur fut engagé pour donner une
formation sur la planification efficace de son temps à un groupe d'une
quinzaine de dirigeants de grandes entreprises. Ce cours constituait l'un
des cinq ateliers de leur journée de formation. Le vieux professeur n'avait
donc qu'une heure. Debout, il les regarda un par un, lentement, puis il leur
dit : « Nous allons réaliser une expérience. » De dessous la table, le
professeur sortit un immense pot de plusieurs litres qu'il posa délicatement
en face de lui. Ensuite, il exhiba une douzaine de cailloux à peu près gros
comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le
grand pot. Lorsque le pot fut rempli jusqu'au bord, et qu'il fut impossible
d'y ajouter un caillou de plus, il leva les yeux vers ses élèves et leur
demanda : « Est-ce que le pot est plein ? » Tous répondirent : « Oui. » II
attendit quelques secondes et ajouta : « Vraiment ? » Alors il se pencha de
nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de graviers. Avec
minutie, il versa ces graviers sur les gros cailloux puis brassa légèrement
le pot. Les morceaux de graviers s'infiltrèrent entre les cailloux jusqu'au
fond du pot. Le vieux professeur leva à nouveau les yeux vers son auditoire
et redemanda : « Est-ce que le pot est plein ? » Cette fois, ses brillants
élèves commencèrent à comprendre son manège. L'un d'eux répondit : «
Probablement pas ! » « Bien ! » répondit le vieux professeur. Il se pencha
de nouveau et cette fois sortit du sable de sous la table. Il le versa dans
le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et les
graviers. Encore une fois, il demanda : « Est-ce que le pot est plein ? »
Cette fois, sans hésiter et en chœur, les élèves répondirent : « Non ! » «.Bien
! », répondit le vieux professeur. Et comme s'y attendaient les élèves, il
prit le pichet d'eau qui était sur la table et remplit le pot jusqu'à ras
bord. Le vieux professeur dit alors : « Quelle grande vérité nous démontre
cette expérience ? » Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au
sujet du cours, répondit : « Cela démontre que même lorsqu'on croit que
notre agenda est complètement rempli, si l'on veut vraiment, on peut y
ajouter plus de rendez-vous et plus de choses à faire. » « Non, répondit le
vieux professeur, ce n'est pas cela ! La grande vérité que nous démontre
cette expérience est la suivante : si on ne met pas les gros cailloux en
premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire tous entrer ensuite. » II
y eut un profond silence, chacun prenant conscience de l'évidence de ces
propos. Le vieux professeur leur dit alors : « Quels sont les gros cailloux
dans votre vie ? Votre santé, votre famille, vos amis, vos rêves, votre
carrière professionnelle ? Ce qu'il faut retenir, c'est l'importance de
mettre les gros cailloux en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas
la réussir. Si on donne la priorité aux pacotilles — le gravier, le sable —,
on remplira sa vie de futilités, de choses sans importance et sans valeur,
et nous n'aurons plus de temps à consacrer aux éléments importants. Alors
n'oubliez pas de vous poser la question : quels sont les gros cailloux de ma
vie ? Ensuite, mettez-les en premier dans le pot de votre existence. » D'un
geste amical de la main, le vieux professeur salua son auditoire et quitta
lentement la salle.
La prière est-elle un de ces gros
cailloux de ma vie ? Je réponds sans difficulté
: la prière doit être vraiment le gros caillou qui doit remplir le pot de
notre vie. C'est le temps où l'on ne fait rien d'autre que d'être avec Dieu.
C'est le temps précieux où tout se fait, où tout se régénère, où Dieu agit
pour nous configurer à Lui.
Saint Paul nous exhorte souvent à vivre dans la prière et les
supplications : « Priez en tout temps, dans l'Esprit, dit-il, apportez-y une
vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints » (Ep 6, 18).
Mais en même temps, il insiste sur notre incapacité à savoir quoi demander
pour prier comme il faut ; pourtant, l'Esprit-Saint vient à notre secours et
lui-même intercède pour nous « en des gémissements ineffables » (Rm 8,
26).
La prière, c'est d'abord l'œuvre de
l'Esprit-Saint qui prie en nous, nous restructure intérieurement et nous
plonge dans l'intimité du Dieu un et trine. Voilà pourquoi il est primordial
de faire silence et d'écouter, de consentir à se dépouiller et à
s'abandonner à Dieu qui est présent en nous. La prière n'est pas un
moment de magie qui consiste à présenter telle ou telle doléance pour
améliorer notre bien-être. Le silence intérieur nous
permet d'écouter la prière de l'Esprit-Saint qui devient la nôtre. L'Esprit
intercède à notre place. Dans la prière, ce ne sont pas nos paroles qui sont
importantes mais c'est de réussir à se taire pour laisser parler
l'Esprit-Saint, l'écouter gémir et intercéder en notre faveur. Si
nous entrons dans le silence mystérieux de l'Esprit-Saint, nous sommes
certainement écoutés parce que nous disposons d'un cœur qui écoute. Dieu ne
nous répond pas comme nous l'aurions souhaité, d'autant que nous demandons
souvent des choses impossibles, comme des enfants qui souhaitent des cadeaux
par milliers. Cela ne doit pas pour autant nous détourner de Dieu lorsque
les problèmes sont réels, nous tenaillent, et que nous expérimentons la nuit
profonde du doute. En fait, la prière n'est pas un acte extraordinaire, mais
le silence d'un enfant qui tourne complètement son regard vers Dieu. La
prière, c'est laisser Dieu un peu libre en nous. Il faut savoir l'attendre
dans le silence, l'abandon et la confiance, avec fermeté, et dans la
persévérance, même quand il fait obscur, dans notre nuit intérieure.
La prière, comme toute amitié, demande du temps pour se
consolider. La prière est donc une école parfois difficile. Durer dans le
silence peut être une traversée du désert, longue et aride, sans eau ni
nourriture, où il pourrait nous arriver de dire comme sainte Thérèse de
Lisieux : « Je ne sais même plus si je crois en ce que je chante. » Le
croyant qui prie marche dans la nuit, et reste souvent comme un pèlerin qui
cherche la lumière. Prier, c'est entrer dans la volonté de Dieu. À certains
moments, lorsque nous sommes dans la nuit noire de la souffrance et de la
haine dressée contre nous, il pourrait nous arriver de hurler comme Jésus :
« Élôï, Éôï, lema
sabachthani » (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'as-tu abandonné ? ») (Mc 15, 34). Personne ne comprendra le
sens de notre hurlement, car c'est une prière, un cri de foi vers notre Dieu
et notre Père : c'est le cri de Jésus sur la Croix, un cri d'abandon filial
à la seule volonté du Père, comme pour confirmer la soumission totale déjà
scellée au Jardin de Gethsémani. Alors qu'il priait, pris par l'angoisse, et
que sa sueur devenait comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à
terre, il déclara : « Abba (Père) ! tout t'est
possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant, pas ce que je veux, mais
ce que tu veux ! » (Mc 14, 36).
Dieu nous a aimés le premier. Prier, c'est se laisser aimer
et aimer soi-même. Prier, c'est regarder Dieu et se laisser regarder par
Lui, c'est vraiment savoir se disposer à regarder Dieu qui réside et vit en
nous de façon trinitaire. Ce n'est pas une image ; en vérité, le Père, le
Fils et l'Esprit-Saint vivent en nous. Ils résident en nous dans l'unité et
la communion trinitaire. Un seul Dieu en trois personnes distinctes, c'est
le cœur de notre foi baptismale. Nous sommes réellement la demeure de Dieu.
C'est ce qu'expliqué magnifiquement saint Athanase, dans sa Lettre à
Sérapion, évêque de Thmuis : « Quand l'Esprit est en nous, le Verbe qui
nous le donne est en nous, et dans le Verbe se trouve le Père. Et c'est
ainsi que s'accomplit la Parole : "Si quelqu'un
m'aime, il gardera ma Parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons vers
lui et nous nous ferons une demeure chez lui" (Jn 14, 23). Là
où est la lumière, là aussi est son éclat ; là où est son éclat, là aussi
est son activité et sa grâce resplendissante. »
L'âme est le lieu de la prière.
Cependant, dans ce sanctuaire réservé à Dieu, dans cette maison de Dieu, la
solitude et le silence doivent régner. Car dans la prière, c'est
essentiellement Dieu qui parle et que nous écoutons attentivement, en nous
mettant en quête de sa volonté. Prier, c'est chercher Dieu et le laisser
nous dévoiler son visage et révéler sa volonté. Certes nous croyons que Dieu
habite et vit en nous, mais bien souvent nous ne Lui laissons jamais la
liberté de vivre, d'agir, de se mouvoir et de s'exprimer. Nous occupons tout
le terrain de notre paysage intérieur, toute la journée et pendant des temps
infinis. Nous nous acharnons toujours à beaucoup faire, à beaucoup parler, à
beaucoup penser. Nous remplissons la demeure de Dieu de tant de bruit...
Il nous faut apprendre que le silence est le chemin de la
rencontre personnelle et intime avec la présence silencieuse mais vivante de
Dieu en nous.
Dieu n'est pas dans l'ouragan, le tremblement de terre ou le feu,
mais dans le murmure d'une brise légère. Pour vraiment prier, il faut
cultiver et sauvegarder une certaine virginité du cœur, autrement dit, il ne
faut pas vivre et grandir dans le brouhaha intérieur ou extérieur, dans la
dispersion et les distractions mondaines ; certains plaisirs désunissent,
écartèlent, séparent et dispersent le centre de notre être. La virginité
spirituelle, le silence intérieur et une nécessaire solitude sont les rocs
les plus favorables à la vie avec Dieu, dans un face-à-face intime avec Lui.
De cette rencontre, nous sortons en portant sur la peau de
notre visage la splendeur brillante du visage de Dieu, comme Moïse lorsqu'il
redescendait de la montagne après avoir parlé avec le Tout-Puissant.
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Benoît XVI nous enseigne la force de la prière
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Sources : Extraits de la deuxième partie "Dieu
ou rien - Entretien du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -
E.S.M.
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(E.S.M.)
28.04.2023
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