Le pharisien et le publicain, explications de Benoît XVI |
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Le 27 octobre 2007 -
(E.S.M.) - Dans la figure de Matthieu, confie
le pape Benoît XVI, les Évangiles nous proposent un véritable paradoxe:
celui qui est apparemment le plus éloigné
de la sainteté peut même devenir un modèle d'accueil de la miséricorde
de Dieu et en laisser entrevoir les merveilleux effets dans sa
propre existence.
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Le
pharisien et le publicain -
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Le pharisien et le publicain, explications de Benoît XVI
Homélie et commentaires pour le trentième
Dimanche (28 octobre 2007)
dans l'Année - Année C - Lc. 18, 9-14
Benoît XVI dans sa catéchèse du 30.08.06,
relative à Matthieu le "publicain", indique que la bonne annonce de
l'Évangile consiste précisément en ceci : dans
l'offrande de la grâce de Dieu au pécheur !
Ailleurs, dans la célèbre parabole du pharisien et du publicain montés au
Temple pour prier, poursuit Benoît XVI, Jésus indique même un publicain
anonyme comme exemple appréciable d'humble confiance
dans la miséricorde divine: alors que le pharisien se vante de
sa propre perfection morale, «le publicain n'osait même pas lever les
yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine en disant: “Mon Dieu,
prends pitié du pécheur que je suis!”. Et Jésus commenta: « Quand ce
dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu
juste. Qui s'élève sera abaissé; qui s'abaisse sera élevé »
(Lc 18, 13-14).
Dans la figure de Matthieu, confie le pape Benoît XVI, les Évangiles nous
proposent un véritable paradoxe: celui qui est
apparemment le plus éloigné de la sainteté peut même devenir un modèle
d'accueil de la miséricorde de Dieu et en laisser entrevoir les
merveilleux effets dans sa propre existence. (Benoît
XVI)
La méditation ici c'est que ce n'est jamais par la piété seule du pharisien
ni par la repentance seule du publicain que nous pouvons être sauvés. Nous
sommes appelés à nous voir nous-mêmes tels que nous
sommes réellement à la lumière de l'enseignement du Christ, et à
implorer pour la miséricorde.
Le pharisien et le publicain
" Jésus dit encore cette parabole à l'adresse des
gens qui se flattaient d'être justes et méprisaient les autres : «Deux
hommes montèrent pour prier au temple ; l'un était pharisien, l'autre
publicain. Debout, le pharisien priait en lui-même : Je te remercie, mon
Dieu, de ne pas être comme le reste des hommes, rapaces, malhonnêtes,
adultères, ni même comme le publicain que voilà ; je jeûne deux fois la
semaine ; je paie la dîme de tous mes revenus. Le publicain, lui, restant à
distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel ; il se frappait la
poitrine en disant : O Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! - Eh bien !
je vous le déclare, celui-ci redescendit justifié, au contraire de l'autre.
Quiconque en effet s'élève, sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera
élevé.» "
Commentaire du texte :
Jésus rencontrait en Israël des gens qui étaient convaincus qu'ils étaient
justes et qui méprisaient les autres. C'était le fait des pharisiens. Pour
leur apprendre à ne pas se complaire en eux-mêmes et à ne pas dédaigner les
autres, Jésus dit à leur adresse cette parabole. Deux hommes montèrent au
Temple pour prier : l'un était pharisien, l'autre publicain. Aux auditeurs
de Jésus ces mots suggéraient entre les deux hommes un contraste très net :
l'un représentait le parti de la stricte observance, de la sainteté
officielle et légale ; l'autre, l'homme du fisc, était rangé dans la
catégorie des pécheurs publics,
Le pharisien s'étant arrêté en un point du Temple qu'on peut croire
bien en vue, étale devant Dieu les mérites qu'il prétend posséder. Non
seulement il a conscience d'avoir évité les fartes dont se souille le
reste des hommes, tout ce qui n'est pas lui et son parti, dans leurs
relations sociales ou dans leurs affaires, mais il estime que les œuvres
surérogatoires qu'il accumule, doivent avoir fait de Dieu son débiteur. Au
lieu de jeûner une fois par an, comme le prescrivait la Loi
(Lev., xvi, 26 ; Nombr., xxix, 7).,
il jeûne deux fois par semaine, et, au lieu de payer la dîme de tous les
revenus que lui assurent ses animaux et ses terres, comme le demandait
encore la Loi (Deut., xiv, 22-28 ;
Lev., xxvii, 30), il paye la dîme de tout ce qu'il acquiert,
qu'il s'agisse de ses achats ou de son travail. La prière du pharisien est
un panégyrique. Elle n'exprime pas les sentiments d'une âme qui adore, mais
ceux d'une âme qui se loue (Saint
AUGUSTIN, -Sermo 115, 2-3).
Le publicain prie d'une tout autre manière. Au lieu d'attirer les regards,
il se dérobe à l'indiscrète curiosité des hommes. Il se tient loin du
pharisien et en arrière. Il n'ose même pas lever les yeux au ciel. Il a le
sentiment très vif de sa misère. Il est confus et repentant. Il se frappe la
poitrine, et par ce geste, — qui fut toujours celui des âmes contrites, — il
manifeste le fond de son cœur. « O Dieu, aie pitié du pécheur que je suis !
» dit-il, ne pensant qu'à ses fautes, sans se comparer à personne. C'est
l'aveu confiant et humble, sans retour d'amour-propre, sans recherche de
l'excuse par où l'orgueil, comme par une fissure, pourrait entrer.
De ces deux hommes, qui, étant montés au Temple pour prier, ont dû chercher
l'un et l'autre à plaire à Dieu, quel est celui qui, de fait, devient
l'objet des complaisances divines et se trouve posséder la véritable
justice, don du royaume ? Ce n'est pas le pharisien.
Sa justice légale n'est qu'apparence trompeuse. Viciée par l'orgueil, elle
est le contraire de la justice qui assure le salut au moment de l'avènement
du Fils de l'homme. Cette justice, intérieure et
spirituelle, parce qu'elle est faite de foi et d'amour, c'est le
publicain qui en reçoit la grâce. Je vous le dis, celui-ci descendit
justifié dans sa maison, et non pas l'autre.
La sentence finale (v. 14 b)
est de portée plus générale que la parabole et son application immédiate. On
a proposé d'y voir un élément adventice
(BUZY, op. cit., p. 282), mais il faut reconnaître qu'elle se lie
à la parabole par l'analogie du sujet et que la particule qui l'introduit
(on) indique une liaison voulue.
Quiconque s'élève sera abaissé, et la sentence peut s'appliquer au pharisien
qui s'étant haussé par son orgueil au-dessus des autres, sera mis par Dieu
plus bas que le publicain par lui méprisé. Et quiconque s'abaisse sera élevé
: cette seconde partie convient parfaitement au publicain qui s'étant fait
très humble dans sa prière, mis au rang des pécheurs, sera élevé par Dieu au
rang de ses amis.
Homélie :
par le
Chanoine Dr. Daniel Meynen
Voilà une parabole bien connue : celle du pharisien et du publicain ! Chacun
peut se reconnaître dans l'un des deux personnages. Mais dans lequel ? Dans
le pharisien, ou dans le publicain ? C'est bien là la question du jour. Si
nous nous reconnaissons dans le publicain, je doute fort que nous soyons de
faux publicains, et, hélas, de vrais pharisiens... Car il ne s'agit pas de
SE reconnaître, de SE penser, de SE justifier, mais
bien d'être ce que nous sommes sous le regard
de Dieu. C'est en effet Dieu qui justifie l'homme, et non pas l'homme
qui SE justifie.
Avoir l'humilité, c'est être vrai envers soi-même :
l'humilité, c'est la vérité. Celui qui est vraiment humble verra
toujours de l'orgueil en lui. L'humilité vraie ne se rend pas compte de son
état : celui qui possède l'humilité croit ne rien avoir,
alors que, justement, il a Dieu pour lui et en lui
! L'homme qui se reconnaît comme créature dépendante de Dieu
s'abaisse tellement en se mettant à sa véritable place devant son Créateur
que Dieu ne peut le laisser en cet état : le
Seigneur l'élève jusqu'à sa propre Gloire afin d'en faire son enfant
d'adoption. En un mot, celui qui s'humilie, Dieu le justifie !
Plus quelqu'un se fait petit aux yeux de Dieu, plus le Seigneur se plaît à
venir habiter en lui et à faire resplendir cette lumière divine qui est la
sienne. "Dieu est Lumière", nous dit Saint Jean
(1 Jn. 1, 5 - cf. aussi Ap. 21, 23 ; 22, 5).
C'est pourquoi tous ceux en qui Dieu habite comme dans son Temple, Saint
Paul dit qu'ils sont "lumière dans le Seigneur"
(Ep. 5, 8) : ce sont de "vraies
lumières" (ibidem). Véritable
paradoxe, paradoxe de l'évangile, bien sûr... Il faut en effet s'anéantir
devant Dieu, croire que l'on tient tout du Seigneur, et le réaliser
vraiment, pour participer à la plus grande œuvre qui soit au monde :
l'Œuvre de Dieu !
"Vous êtes la lumière du monde... Que votre lumière luise si bien devant les
hommes, qu'à la vue de vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est
dans les cieux." (Mt. 5, 14-16)
Grâce à notre humilité, nous pouvons être lumières du monde ! Ne renversons
pas l'ordre des choses : nous ne devons pas nous efforcer d'être lumières du
monde tout en nous conservant dans l'humilité ; nous devons, au contraire,
nous efforcer d'être humbles afin de devenir, par la grâce de Dieu, lumières
du monde. "Quiconque en effet s'élève, sera abaissé, et celui qui s'abaisse
sera élevé." (Lc. 18, 14)
Aujourd'hui, cet ordre des choses est peu observé, hélas... L'orgueil domine
le monde, et c'est ce qui conduit le monde à sa perte... Car l'humilité, qui
n'est pas seulement une vertu surnaturelle, mais aussi humaine, n'est pas
assez présente parmi les hommes de notre temps... Quand quelqu'un possède
l'humilité, alors, il se rapproche si près de Dieu qu'il devient semblable
au Créateur de toutes choses : l'homme humble est un vrai homme, tellement
vrai que, s'il n'y avait pas eu le péché originel, il serait semblable au
premier homme que Dieu créa à l'aube de l'univers !
L'homme humble est un vrai homme, la femme humble est une vraie femme.
Puissions-nous avoir de tels hommes, et de telles femmes, pour gouverner le
monde, les pays, les régions, les villes et les villages ! Car ces hommes et
ces femmes seraient pour le monde entier de vraies lumières capables d'actes
parfois héroïques et désintéressés, de "bonnes œuvres"
(Mt. 5, 16) pour le salut de toute
l'humanité. Des personnalités vraies et marquantes, des hommes et des femmes
qui puissent être des repères pour leurs concitoyens, voilà ce dont notre
monde a tant besoin aujourd'hui !
Dans toute l'histoire de l'humanité, nous n'avons pas connu et nous ne
connaîtrons jamais de plus vraie femme que Marie, la Mère de Jésus. Son
humilité est sans pareil et restera toujours inégalée et inégalable. Ce qui
lui valut de recevoir la plus grande dignité qui soit : celle de Mère de
Dieu ! Vraiment, c'est bien en Marie que s'accomplit parfaitement cette
parole du Seigneur : "Celui qui s'abaisse sera élevé."
(Lc. 18, 14) Vraiment, Marie a
été cette femme forte, cette vraie femme, cette créature semblable à Dieu,
portant son humanité à son parfait achèvement, non seulement au pied de la
Croix du Calvaire, mais surtout au Cénacle, avec les Apôtres, le Jour de la
Pentecôte !
Aujourd'hui, comme chaque dimanche, nous allons recevoir en nous
Jésus-Eucharistie. Nous allons nous approcher de l'autel du Seigneur. Cette
démarche témoigne à la fois de notre humilité et de notre grandeur. Elle
témoigne de notre humilité, car nous nous abaissons à croire que ce que nous
voyons comme du pain n'est pas du pain mais bien le Corps du Christ. Elle
témoigne de notre grandeur, car, dans la communion, nous devenons vraiment
le Corps du Christ, fils adoptifs dans le Fils unique de Dieu ! Que cette
démarche soit notre justification, pour le salut du monde !
Sources: www.vatican.va
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.10.2007 - BENOÎT XVI
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