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Le 27 janvier 2009 -
(E.S.M.)
- En ce 25 janvier 2009, la célébration plus solennelle que d’habitude
de la fête de la Conversion de Saint Paul, qui marque la clôture de la
semaine de l'unité des chrétiens, risque de nous faire oublier un autre
événement très important dans l’histoire de l’Église à notre époque.
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Le Père Armand VEILLEUX, Père abbé de
l'abbaye de Scourmont
(Belgique)
Cinquante ans déjà !
Le 27 janvier 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Il y a exactement 50 ans aujourd’hui, dans la Basilique
Saint Paul-hors-les-murs à Rome, après avoir célébré l’Eucharistie qui
concluait la semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens, le bon pape
Jean XXIII, à peine trois mois après son élection,
faisait aux Cardinaux présents à Rome et qui avaient assisté à cette
Eucharistie, une annonce assez extraordinaire : Il leur annonçait trois
choses : la tenue d’un Synode pour l’Église de Rome, la tenue d’un
Concile œcuménique pour l’Église universelle, et la révision du Code de
droit canon qui serait la conséquence logique des deux événements
précédents.
J’ai relu ce matin ce texte d’une lucidité admirable. Tout d’abord Jean
XXIII est conscient qu’il est en premier lieu l’évêque de l’Église de
Rome. Il constate comment celle ville qu’il avait connue quarante ans
auparavant comme étudiant s’était complètement transformée. Il loue la
générosité de tous ceux qui s’efforcent de répondre, à travers la
pastorale traditionnelle, aux besoins toujours changeants de cette foule
en constante mutation et il constate que se renouvelle alors, dans la
Rome moderne, ce qui s’était produit au temps de Jésus : « Il faut,
dit-il, constater que l’épisode évangélique des foules appelées à suivre
le Seigneur et à s’approcher de lui, mais impuissantes et incapables de
se procurer le pain nourrissant de la grâce, se renouvelle et émeut le
coeur du pasteur. Peu de pain, peu de poissons... » Et il y voit un
besoin urgent de mieux coordonner les efforts pastoraux et de les mieux
adapter aux besoins concrets de son peuple, à travers une réflexion
synodale. C’est pourquoi il décide la convocation d’un synode pour
l’Église de Rome.
Les historiens ont montré l’expérience synodale qu’avait le Pape
Roncalli qui, comme jeune prêtre, avait participé en 1910 au Synode que
son évêque, Mgr. Radini Tedeschi avait convoqué à Bergamo, et où le
jeune Roncalli avait rempli les fonctions de secrétaire synodal.
Ce qu’il constate pour l’Église de Rome, le nouveau Pape le constate
aussi pour l’Église universelle. Il voit un monde
en profonde et rapide transformation, qui a besoin d’orientation et de
nourriture spirituelle et à qui le message de l’Église ne parvient plus.
Il en conclut que l’Église universelle a besoin d’un Concile tout comme
l’Église de Rome a besoin d’un Synode. – Toujours le même souci de
collégialité et réflexion commune en vue d’une action concertée.
Il est surprenant de voir comment ces événements ecclésiaux, d’une
importance extraordinaire sont annoncés dans un discours très bref, avec
quelques considérations très pratiques et sans grande littérature.
La plupart d’entre nous avons vibré à cet événement. Pour ma part,
j’étais profès temporaire à ce moment-là. J’avais œuvré dans l’Action
Catholique avant d’entrer au monastère et je me souviens comment cette
annonce m’avait rempli de joie et d’espérance. Ensuite nous avons tous
suivi le Concile, de 1962 à 1965. Personnellement j’ai eu la chance
inouïe d’être à Rome durant tout le temps du Concile, où j’ai pu
assister aux funérailles de Jean XXIII et à l’intronisation de son
successeur, Paul VI.
Notre Ordre, dans son ensemble, est entré avec ardeur dans l’application
du Concile. Dès avant la fin du Concile nous avons commencé à réformer
notre liturgie dans la ligne de la Constitution Conciliaire sur la
Liturgie votée au cours de la première session
(Sacrosanctum
Concilium). Puis, toute la révision de nos
structures et de nos Constitutions a été une réponse aux orientations
données par le Décret sur la vie religieuse
(Perfectae
Caritatis). Un peu plus tard nous nous
sommes engagés aussi, à la demande du Saint Siège, dans le dialogue
interreligieux en réponse à la Déclaration conciliaire
Nostra
Aetate.
Les débuts de ce renouveau conciliaire ne furent pas toujours faciles.
On l’a vu ces jours-ci dans la lecture (au
réfectoire) de la section de l’Histoire
contemporaine de notre Ordre racontant les crises de conscience de Dom
Ignace Gillet, qui se rattachait évidemment, dans sa vision ecclésiale,
à la minorité qui se sentait déstabilisée par toutes les orientations
nouvelle
Il faut dire en effet que même si tous les textes conciliaires ont été
votés avec une majorité écrasante, il y a toujours eu, tout au long du
Concile, une minorité dont la sensibilité religieuse et ecclésiale
allait dans un sens opposé. Et ce qui est triste est que cette minorité
n’a cessé par la suite d’être active.
L’expression la plus visible et la plus dramatique de cette opposition
fut évidemment celle de Mgr. Marcel Lefebvre, qui lorsqu’il était
étudiant au Collège Français de Rome, en 1926, faisait déjà partie, avec
le Supérieur du Séminaire, l’abbé Henri Le Floch, d’un groupe qui
s’opposait à Benoît XV pour défendre l’Action française et les idées de
Maurras et Daudet. C’est dans ce contexte que Lefebvre développa une
idée qui restera au cœur de sa pensée tout au long de sa vie : à
savoir, que le progrès de la foi chrétienne exige, dans l’Église comme
dans la société, une forme monarchique de gouvernement et donc un
pouvoir autoritaire. Toute approche conciliaire, synodale ou collégiale
lui apparaissait donc inacceptable. Il est intéressant que se trouvait
au Séminaire français, en même temps que Lefebvre un autre étudiant qui
ne partageait pas ces idées et dont la carrière ecclésiastique serait
toute différente : Léon-Étienne Duval qui deviendrait plus tard le
célèbre archevêque d’Alger.
On sait comment Lefebvre ordonna quatre évêques sans l’accord de Rome,
en 1988, encourant comme eux une excommunication latae sententiae.
L’avenir nous dira comment il faut interpréter le fait que cette
excommunication ait été levée la veille même du
50ème anniversaire de l’annonce du Concile, sans que les évêques
concernées
(Lefebvre est déjà décédé depuis quelques années)
aient dû manifester leur acceptation du Concile.
Benoît XVI voit évidemment dans ce geste un effort
vers le retour à la pleine unité ; eux y voient certainement une
victoire de leur cause. Prions pour que les faits donnent raison
à Benoît XVI.
Armand VEILLEUX
Père abbé de l'abbaye de Scourmont
(Belgique)
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Sources : Père abbé de l'abbaye de Scourmont
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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27.01.2009 -
T/Église
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