Le pape Benoît XVI s'adresse aux
pèlerins francophones |
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Cité du Vatican, le 26 novembre 2008 -
(E.S.M.)
- Au cours de l'Audience Générale, le pape Benoît XVI a les
pèlerins francophones, en particulier le groupe d’Aix-en-Provence. "À la
suite de l’enseignement de saint Paul, que le culte que vous rendez à
Dieu devienne en même temps service de vos frères et que votre foi
s’exprime vraiment dans la charité !"
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Le pape Benoît XVI,
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Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins francophones
Le 26 novembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- L'audience générale de ce mercredi a commencé par un échange de
salutations entre le pape Benoît XVI et Aram I catholicos de Cilicie présent
aux cotés du Saint-Père. Puis c'est un extrait de la première lettre de
saint Paul aux corinthiens 13,1-3 qui a lu en différentes langues:
Première lettre de saint Paul aux corinthiens
(13,1-3)
J'aurais beau parler toutes
les langues de la terre et du ciel, si je n'ai pas la charité, s'il me
manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale
retentissante. J'aurais beau être prophète, avoir toute la science des
mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu'à
transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien. J'aurais
beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler
vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien.
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins francophones
Chers Frères et Sœurs,
Dans les précédentes catéchèses, nous avons médité sur l’absolue gratuité du
salut. Aujourd’hui regardons les conséquences qui découlent du fait d’être
justifiés par la foi ainsi que de l’action de l’Esprit dans notre vie.
Dans la Lettre aux Galates, saint Paul, qui insiste sur la gratuité de la
justification, souligne aussi la relation entre la foi et les œuvres.
Justifiés par le don de la foi dans le Christ, nous sommes appelés à vivre
dans l’amour du Christ pour le prochain, parce que c’est sur ce critère qu’à
la fin de notre existence nous serons jugés. L’hymne bien connu de Paul à la
charité, montre que l’amour mutuel est l’expression et la conséquence
fondamentale de l’être justifié. L’amour chrétien est exigeant parce qu’il
jaillit de l’amour total du Christ pour nous. La centralité de la
justification sans les œuvres selon saint Paul n’est donc pas contradictoire
avec saint Jacques qui affirme "la foi qui n’agit pas est morte"
(Jc 2, 26). En réalité, alors que Paul montre d’abord que la
foi dans le Christ est nécessaire et suffisante, Jacques met l’accent sur
les relations qui en découlent entre la foi et les œuvres. Pour les deux
apôtres, la foi agissante dans l’amour témoigne du don gratuit de la
justification dans le Christ. Prenons une conscience renouvelée que, parce
que nous sommes justifiés dans le Christ, nous n’appartenons plus à
nous-mêmes, mais que nous sommes devenus des temples de l’Esprit et donc
appelés à glorifier Dieu dans notre corps.
Le pape Benoît XVI conclut : Je salue cordialement les pèlerins
francophones, en particulier le groupe d’Aix-en-Provence. À la suite de
l’enseignement de saint Paul, que le culte que vous rendez à Dieu devienne
en même temps service de vos frères et que votre foi s’exprime vraiment dans
la charité ! Que Dieu vous bénisse !
Texte intégral de la catéchèse du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
Dans la catéchèse de
mercredi dernier j'ai parlé de comment l'homme
devient juste devant Dieu. En suivant Paul, nous avons vu que l'homme n'est
pas en mesure de devenir "juste" par ses propres actions, mais qu'il ne
peut réellement devenir "juste" devant Dieu que parce que Dieu lui
confère sa "justice" en l'unissant au Christ son Fils. Et cette union au
Christ, l'homme l'obtient au moyen de la foi. C'est en ce sens que saint
Paul nous dit que ce ne sont pas nos œuvres mais la foi qui nous rend "justes". Toutefois, cette foi n'est pas une pensée, une opinion, une idée.
Cette foi est communion avec le Christ, que le Seigneur nous donne et elle
devient donc vie, elle devient conformité avec Lui. Ou, en d'autres termes,
si la foi est vraie, si elle est réelle, elle devient amour, elle devient
charité, elle s'exprime dans la charité. Une foi sans charité, sans ce
fruit, ne serait pas une vraie foi. Ce serait une foi morte.
Nous avons donc trouvé deux niveaux dans la dernière catéchèse : celui du
peu d'importance de nos actions, de nos œuvres pour obtenir le salut et
celui de la "justification" à travers la foi que produit le fruit de
l'Esprit. La confusion entre ces deux niveaux a entraîné de nombreux
malentendus dans la chrétienté au cours des siècles. Dans ce contexte, il
est important que saint Paul, dans la Lettre aux Galates,
d'une part, place
l'accent de manière radicale sur la gratuité de la justification qui n'est
pas due à nos œuvres, mais qu'en même temps, il souligne également la
relation entre la foi et la charité, entre la foi et les œuvres : "En
effet, dans le Christ Jésus, peu importe qu'on ait reçu ou non la
circoncision : ce qui importe, c'est la foi agissant par la charité"
(Ga 5, 6). En conséquence, il y a, d'une part, les "œuvres de la
chair" qui sont "débauche, impureté, obscénité, idolâtrie..."
(Ga 5, 19-21) : des œuvres qui sont toutes
contraires à la foi ; de l'autre, il y a l'action de l'Esprit Saint, qui
alimente la vie chrétienne en suscitant "amour, joie, paix, patience,
bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi" (Ga
5, 22) : tels sont les fruits de l'Esprit qui naissent de la foi.
Au début de cette liste des vertus est cité l'agapè, l'amour, et dans la
conclusion la maîtrise de soi. En réalité, l'Esprit, qui est l'Amour du Père
et du Fils, répand son premier don, l'agapè, dans nos cœurs
(cf. Rm 5, 5) ; et, l'agapè, l'amour, pour s'exprimer en
plénitude, exige la maîtrise de soi. Dans ma première encyclique,
Deus Caritas est, j'ai traité de l'amour du Père et du Fils, qui nous
rejoint et transforme notre existence en profondeur. Les croyants savent que
dans l'amour réciproque s'incarne l'amour de Dieu et du Christ, au moyen de
l'Esprit. Revenons à la Lettre aux Galates. Ici, saint Paul dit que, en
portant les poids les uns des autres, les croyants accomplissent le
commandement de l'amour (cf. Ga 6, 2).
Justifiés par le don de la foi dans le Christ, nous sommes appelés à vivre
dans l'amour du Christ pour le prochain, car c'est sur ce critère que nous
seront jugés à la fin de notre existence. En réalité, Paul ne fait que
répéter ce qu'avait dit Jésus lui-même et qui nous a été reproposé par
l'Évangile de dimanche dernier, dans la parabole du Jugement dernier. Dans
la Première Lettre aux Corinthiens, Paul offre un célèbre éloge de l'amour.
C'est ce qu'on appelle l'hymne à la charité : "J'aurais beau parler
toutes les langues de la terre et du ciel, si je n'ai pas la charité, s'il
me manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale
retentissante [...] L'amour prend patience ; l'amour rend service ;
l'amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il
ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt..." (1
Co 13, 1.4-5). L'amour chrétien est plus exigeant que tout car il
naît de l'amour total du Christ pour nous : cet amour qui nous réclame, nous
accueille, nous embrasse, nous soutient, jusqu'à nous tourmenter, car il
oblige chacun à ne plus vivre pour lui-même, enfermé dans son égoïsme, mais
pour "Celui qui est mort et ressuscité pour nous" (cf. 2
Co 5, 15). L'amour du Christ nous fait être en Lui cette créature
nouvelle (cf. 2 Co 5, 17) qui commence à
devenir une partie de son Corps mystique qui est l'Église.
Envisagée dans cette perspective, la place centrale de la justification sans
les œuvres, objet primordial de la prédication de Paul, n'entre pas du tout
en contradiction avec la foi agissant dans l'amour; au contraire, elle
exige que notre foi elle-même s'exprime dans une vie selon l'Esprit. On a
souvent vu une opposition infondée entre la théologie de saint Paul et celle
de saint Jacques, qui dans sa Lettre écrit : "En effet, comme le corps
qui ne respire plus est mort, la foi qui n'agit pas est morte"
(2, 26). En réalité, alors que Paul est avant tout
préoccupé de démontrer que la foi dans le Christ est nécessaire et
suffisante, Jacques place l'accent sur les relations de conséquence entre la
foi et les œuvres (cf. Jc 2, 2-4). C'est
pourquoi, tant pour Paul que pour Jacques, la foi qui œuvre dans l'amour
témoigne donc du don gratuit de la justification dans le Christ. Le salut,
reçu dans le Christ, a besoin d'être conservé et témoigné "dans la crainte
de Dieu et en tremblant. [...] Car c'est l'action de Dieu qui produit en
vous la volonté et l'action, parce qu'il veut votre bien. Faites tout sans
récriminer et sans discuter [...] en tenant fermement la parole de vie",
dira encore saint Paul aux chrétiens de Philippes (cf. Ph
2, 12-14.16).
Nous sommes souvent entraînés dans les mêmes incompréhensions qui ont
caractérisé la communauté de Corinthe : ces chrétiens pensaient que ayant
été justifiés gratuitement dans le Christ par la foi, "tout leur était
licite". Et ils pensaient, et souvent il semble que certains chrétiens
d'aujourd'hui le pensent également, qu'il est licite de créer des divisions
au sein de l'Église, Corps du Christ, de célébrer l'Eucharistie sans prendre
en charge nos frères les plus démunis, d'aspirer aux meilleurs charismes
sans nous rendre compte que nous sommes membres les uns des autres, et ainsi
de suite. Les conséquences d'une foi qui ne s'incarne pas dans l'amour sont
désastreuses, car elle se réduit à l'arbitraire et au subjectivisme le plus
nuisible pour nous et pour nos frères. Au contraire, en suivant saint Paul,
nous devons prendre à nouveau conscience du fait que, précisément parce que
nous sommes justifiés dans le Christ, nous ne nous appartenons plus, mais
nous sommes devenus le temple de l'Esprit et nous sommes donc appelés à
glorifier Dieu dans notre corps avec toute notre existence
(cf. 1 Co 6, 19). Ce serait solder la valeur
inestimable de la justification si, achetés au prix fort par le sang du
Christ, nous ne la glorifions pas avec notre corps.
En réalité, tel est précisément notre culte "raisonnable" et en même temps
"spirituel", pour lequel nous sommes exhortés par Paul à "lui
offrir notre personne et notre vie en sacrifice saint, capable de plaire à
Dieu"
(cf. Rm 12, 1). A quoi se réduirait une liturgie adressée
uniquement au Seigneur, sans devenir, dans le même temps, un service pour
nos frères, une foi qui ne s'exprimerait pas dans la charité ? Et l'apôtre
place souvent ses communautés face au jugement dernier, à l'occasion duquel
tous "il nous faudra apparaître à découvert devant le tribunal du Christ,
pour que chacun reçoive ce qu'il a mérité, soit en bien soit en mal, pendant
qu'il était dans son corps" (2 Co 5, 10 ; cf. également
Rm 2, 16). Et cette pensée du Jugement doit nous éclairer dans
notre vie de chaque jour.
Si l'éthique que Paul propose aux croyants ne dégénère pas dans des formes
de moralisme et se révèle actuelle pour nous, c'est parce qu'à chaque fois
elle repart toujours de la relation personnelle et communautaire avec le
Christ, pour devenir vraie dans la vie selon l'Esprit. Cela est essentiel :
l'éthique chrétienne ne naît pas d'un système de commandements, mais elle
est la conséquence de notre amitié avec le Christ.
Cette amitié influence la
vie : si elle est vraie elle s'incarne et elle se réalise dans l'amour pour
le prochain. C'est pourquoi toute décadence éthique ne se limite pas à la
sphère individuelle, mais est dans le même temps une dévaluation de la foi
personnelle et communautaire : elle dérive de celle-ci et influe sur elle de
manière déterminante. Laissons-nous toucher par la réconciliation que Dieu
nous a donnée dans le Christ, par l'amour "fou" de Dieu pour nous : rien
ni personne ne pourra jamais nous séparer de son amour
(cf. Rm 8, 39). C'est dans cette certitude que nous vivons. C'est
cette certitude qui nous donne la force de vivre concrètement la foi qui
œuvre dans l'amour. (ZF08112607)
Synthèse de la catéchèse du Saint-Père
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Catéchèse de Benoît XVI : Vivre pour le prochain
Texte original du
discours du Saint Père
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Benoît XVI rencontre Aram Ier, Catholicos de l’Église Apostolique et Orthodoxe Arménienne
Sources : www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.11.2008 -
T/Benoît XVI |