Le pape Benoît XVI s'adresse aux
pèlerins francophones |
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Cité du Vatican, le 19 novembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a conclu son adresse aux pèlerins
francophones en disant : "Je suis heureux de saluer les pèlerins de
Montréal avec Son Éminence le Cardinal Jean-Claude Turcotte, les membres
de la Conférence Internationale Catholique du Scoutisme, et la paroisse
de Béziers. Avec saint Paul, vivons du Christ qui est le centre de notre
foi et de notre vie".
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Le pape Benoît XVI s'adresse aux
pèlerins francophones
Le 19 novembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Avant que le pape Benoît XVI ne donne sa catéchèse, a été lu un extrait de
la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (3,21-24)
Aujourd’hui,
indépendamment de la Loi, Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve : la
Loi et les prophètes en sont déjà témoins. Et cette justice de Dieu, donnée
par la foi en Jésus Christ, elle est pour tous ceux qui croient. En effet,
il n'y a pas de différence : tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous
privés de la gloire de Dieu, lui qui leur donne d'être des justes par sa
seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus.
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins
francophones
Chers frères et sœurs francophones, je voudrais commencer aujourd’hui à vous
parler de la doctrine de la justification chez saint Paul. Mon point de
départ seront les versets 21 à 24 du chapitre 3 de la Lettre aux Romains où
l’Apôtre développe la relation qui existe entre la foi et les œuvres. Saint
Paul lorsqu’il a rencontré le Christ sur le chemin de Damas, se jugeait
irréprochable selon les critères de la Loi mosaïque. Pourtant, à ce moment
là, il a découvert une justice nouvelle, gracieusement offerte et basée sur
la foi dans le Christ mort et ressuscité. Le Christ est devenu le principe
et la finalité de son existence et l’Apôtre voulait partager à ses disciples
son expérience christique. C’est elle que Paul place au centre de son
annonce en mettant en évidence une opposition irréductible entre deux
parcours : celui construit sur les œuvres de la Loi, et l’autre, sur la
grâce de la foi au Christ crucifié. L’évènement de Damas a permis à Paul de
comprendre la Loi de manière nouvelle : si celle-ci est bonne et si elle
vient de Dieu, seule, elle est impuissante à nous justifier car elle ne peut
donner la vie. Ce don n’est effectif qu’avec l’accomplissement de la
promesse faite à Abraham, par l’envoi de l’Esprit. La Croix du Christ est
l’unique voie ouverte vers la justification. Paul ne désire pas abroger la
Loi mosaïque car elle vient de Dieu et constitue l’identité d’Israël, mais
elle trouve son accomplissement dans le Christ et se vit dans le
commandement de l’amour qu’il nous a laissé. Plutôt que vers la sola
fides, l’enseignement de Paul nous conduit vers le solus Christus, le
seul Christ, centre de notre foi et unique sauveur du monde.
Le pape Benoît XVI conclut : Je suis heureux de saluer les pèlerins de
Montréal avec Son Éminence le Cardinal Jean-Claude Turcotte, les membres de
la Conférence Internationale Catholique du Scoutisme, et la paroisse de
Béziers. Avec saint Paul, vivons du Christ qui est le centre de notre foi et
de notre vie ! Avec ma Bénédiction Apostolique.
Texte intégral de la catéchèse du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
Sur le chemin que nous sommes en train de faire sous la conduite de saint
Paul, nous voulons à présent nous arrêter sur un thème qui se trouve au
centre des controverses du siècle de la Réforme : la question de la
justification. Comment l'homme devient-il juste aux yeux de Dieu ? Lorsque
Paul rencontra le Ressuscité sur le chemin de Damas, il était un homme
réalisé : irrépréhensible quant à la justice dérivant de la Loi
(cf. Ph 3, 6), il observait les prescriptions
mosaïques mieux que beaucoup de personnes de son âge et soutenait avec zèle
les traditions des pères (cf. Ga 1, 14).
L'illumination de Damas changea radicalement son existence : il commença à
considérer tous les mérites, acquis dans une carrière religieuse intègre,
comme des « balayures » face au caractère sublime de la connaissance de
Jésus Christ (cf. Ph 3, 8). La Lettre aux
Philippiens nous offre un témoignage touchant du passage de Paul d'une
justice fondée sur la Loi et acquise avec l'observance des œuvres
prescrites, à une justice fondée sur la foi dans le Christ : il avait
compris que ce qui lui était apparu jusqu'alors comme un avantage était en
réalité une perte face à Dieu, et il avait donc décidé de miser toute son
existence sur Jésus Christ (cf. Ph 3, 7). Le
trésor caché dans le champ et la perle précieuse dans l'achat de laquelle il
faut investir tout le reste n'étaient plus les œuvres de la Loi, mais Jésus
Christ, son Seigneur.
La relation entre Paul et le Ressuscité devint tellement profonde qu'elle le
poussa à affirmer que le Christ n'était plus seulement sa vie mais sa façon
de vivre, au point que pour pouvoir le rejoindre même mourir devenait un
avantage (cf. Ph 1, 21). Non pas qu'il méprisât
la vie, mais il avait compris que pour lui vivre n'avait désormais plus
d'autre but et il ne nourrissait donc pas d'autre désir que celui de
rejoindre le Christ, comme dans une compétition d'athlétisme, pour rester
toujours avec Lui : le Ressuscité était devenu le principe et la finalité de
son existence, la raison et le but de sa course. Seule la préoccupation pour
la maturation de la foi de ceux qu'il avait évangélisés et la sollicitude
pour toutes les Églises qu'il avait fondées (cf. 2 Co 11,
28) le poussaient à ralentir sa course vers son unique Seigneur,
pour attendre les disciples afin qu'ils puissent courir avec lui vers le
but. Si dans l'observance précédente de la Loi il n'avait rien à se
reprocher d'un point de vue de l'intégrité morale, une fois le Christ
rejoint il préférait ne pas prononcer de jugement sur lui-même
(cf. 1 Co 4, 3-4), mais il se limitait à se
proposer de courir pour conquérir Celui par lequel il avait été conquis
(cf. Ph 3, 12).
C'est précisément en raison de cette expérience personnelle de la relation
avec Jésus Christ que Paul place désormais au centre de son Évangile une
opposition irréductible entre deux parcours alternatifs vers la justice :
l'un construit sur les œuvres de la Loi, l'autre fondé sur la grâce de la
foi dans le Christ. L'alternative entre la justice par les œuvres de la Loi
et celle par la foi dans le Christ devient ainsi l'un des motifs dominants
qui parcourt ses Lettres : « Nous, nous sommes Juifs de naissance, nous ne
sommes pas de ces pécheurs que sont les païens ; cependant nous le savons
bien, ce n'est pas en observant la Loi que l'homme devient juste devant
Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ; c'est pourquoi nous avons
cru en Jésus Christ pour devenir des justes par la foi au Christ, mais non
par la pratique de la loi de Moïse, car personne ne devient juste en
pratiquant la Loi » (Ga 2, 15-16). Et il répète
aux chrétiens de Rome : « Tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous
privés de la gloire de Dieu, lui qui leur donne d'être des justes par sa
seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus »
(Rm 3, 23-24). Et il ajoute : « En effet, nous
estimons que l'homme devient juste par la foi, indépendamment des actes
prescrits par la loi de Moïse » (ibid. 28). A
ce point, Luther traduisit : « justifié par la seule foi ». Je reviendrai
sur ce point à la fin de la catéchèse. Nous devons tout d'abord éclaircir ce
qu'est cette « Loi » de laquelle nous sommes libérés et ce que sont ces «
œuvres de la Loi » qui ne justifient pas. L'opinion - qui allait ensuite
revenir systématiquement dans l'histoire - selon laquelle il s'agissait de
la loi morale, et que la liberté chrétienne consistait donc dans la
libération par rapport à l'éthique, existait déjà dans la communauté de
Corinthe. Ainsi, à Corinthe, circulait la parole ‘tout est licite pour moi'.
Il est évident que cette interprétation est erronée : la liberté chrétienne
n'est pas libertinisme, la libération dont parle saint Paul ne libère pas du
devoir d'accomplir le bien.
Mais que signifie par conséquent la Loi dont nous sommes libérés et qui ne
sauve pas ? Pour saint Paul comme pour tous ses contemporains, le mot Loi
signifiait la Torah dans sa totalité, c'est-à-dire les cinq livres de Moïse.
La Torah impliquait, dans l'interprétation pharisienne, celle étudiée et
reprise par saint Paul, un ensemble de comportements qui allaient du noyau
éthique jusqu'aux observances rituelles et cultuelles qui déterminaient
substantiellement l'identité de l'homme juste. En particulier la
circoncision, les observances concernant les aliments purs et plus
généralement la pureté rituelle, les règles sur l'observance du sabbat, etc.
Des comportements qui apparaissent souvent également dans les débats entre
Jésus et ses contemporains. Toutes ces observances qui expriment une
identité sociale, culturelle et religieuse étaient devenues particulièrement
importantes à l'époque de la culture hellénistique qui commence au IIIe
siècle avant Jésus Christ. Cette culture, qui était devenue la culture
universelle de l'époque et qui était une culture apparemment rationnelle,
une culture polythéiste, apparemment tolérante, constituait une forte
pression vers l'uniformité culturelle et menaçait ainsi l'identité d'Israël
qui était politiquement obligée d'entrer dans cette identité commune de la
culture hellénistique, perdant de ce fait sa propre identité ; et perdant
également, par conséquent, le précieux héritage de la foi des Pères, de la
foi en l'unique Dieu et dans les promesses de Dieu.
Contre cette pression culturelle qui menaçait non seulement l'identité
israélite mais aussi la foi dans l'unique Dieu et dans ses promesses, il
fallait créer un mur de distinction, un bouclier de défense pour protéger le
précieux héritage de la foi ; ce mur consistait précisément dans les
observances et les prescriptions judaïques. Paul, qui avait appris ces
observances justement en tant que défense du don de Dieu, de l'héritage de
la foi en un Dieu unique, a vu cette identité menacée par la liberté des
chrétiens : c'est pour cette raison qu'il les persécutait. Au moment de sa
rencontre avec le Ressuscité, il comprit qu'avec la résurrection du Christ
la situation avait radicalement changée. Avec le Christ, le Dieu d'Israël,
l'unique vrai Dieu, devenait le Dieu de tous les peuples. Le mur - comme il
le dit dans la Lettre aux Éphésiens - entre Israël et les païens n'était
plus nécessaire : c'est le Christ qui nous protège contre le polythéisme et
toutes ses déviances ; c'est le Christ qui nous unit avec et dans l'unique
Dieu ; c'est le Christ qui garantit notre identité véritable dans la
diversité des cultures. Le mur n'est plus nécessaire, notre identité commune
dans la diversité des cultures est le Christ, et c'est lui qui nous rend
juste. Être juste veut simplement dire être avec Jésus Christ en Jésus
Christ. Et cela suffit. Les autres observances ne sont plus nécessaires.
C'est pourquoi l'expression « sola fide » de Luther est vraie, si
l'on n'oppose pas la foi à la charité, à l'amour. La foi c'est regarder le
Christ, s'en remettre au Christ, s'attacher au Christ, se conformer au
Christ, à sa vie. Et la forme, la vie du Christ c'est l'amour ; donc croire
c'est se conformer au Christ et entrer dans son amour. C'est pourquoi saint
Paul dans la Lettre aux Galates, dans laquelle il a notamment développé sa
doctrine sur la justification, parle de la foi qui œuvre au moyen de la
charité (cf. Ga 5, 14).
Paul sait que toute la Loi est présente et s'accomplit dans le double amour
de Dieu et du prochain. Ainsi, toute la Loi est réalisée dans la communion
avec le Christ, dans la foi qui crée la charité. Nous devenons justes en
entrant en communion avec le Christ qui est l'amour. Nous verrons la même
chose dans l'Evangile de dimanche prochain, solennité du Christ Roi. C'est
l'Évangile du juge dont l'unique critère est l'amour. Ce qu'il demande c'est
seulement cela : m'as-tu visité quand j'étais malade ? Quand j'étais en
prison ? M'as-tu donné à manger quand j'ai eu faim, m'as-tu vêtu quand
j'étais nu ? Et ainsi la justice se décide dans la charité. Ainsi, au terme
de cet Évangile, nous pouvons presque dire : juste l'amour, juste la
charité. Mais il n'y a pas de contradiction entre cet Évangile et saint
Paul. C'est la même vision, la vision selon laquelle la communion avec le
Christ, la foi dans le Christ crée la charité. Et la charité est la
réalisation de la communion avec le Christ. Ainsi, en étant unis à lui, nous
sommes justes, et de nulle autre manière.
A la fin, nous ne pouvons que prier le Seigneur qu'il nous aide à croire,
croire réellement ; croire devient ainsi vie, unité avec le Christ,
transformation de notre vie. Et ainsi, transformés par son amour, par
l'amour de Dieu et du prochain, nous pouvons être réellement justes au yeux
de Dieu. (Traduction/ZF08111908)
Synthèse de la
catéchèse ►
Benoît XVI : ne pas opposer la foi à la charité ni à l'amour
Texte original du
discours du Saint Père
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UDIENZA GENERALE
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Précédente catéchèse ►
L'attente de la venue du Christ dans ce monde -
(12)
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Sources : www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.11.2008 -
T/Benoît XVI |