Pour ceux qui critiquent le Motu Proprio de
Benoît XVI |
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Le 26 août 2007 -
(E.S.M.) -
Comment oublier que bien des prêtres qui, aujourd'hui critiquent le contenu
du Motu proprio de Benoît XVI sont aussi ceux qui de toute façon
désobéissent à l'Église sur bien des points ?
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Une messes
typiquement "franchouillardes" !
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Pour ceux qui critiquent le Motu Proprio du pape Benoît XVI
FIASCO LITURGIQUE ? TOUT DÉPENDRA DES ÉVÊQUES...
A la suite de la
publication du "Motu Proprio Summorum Pontificum" de
Benoît XVI, on a entendu des journalistes, des animateurs liturgiques... et
même des prêtres, affirmer que la "messe en latin" célébrée "dos au peuple"
allait être de retour. Horreur! Après 40 années d'une démolition de la
liturgie romaine savamment orchestrée, voilà qu'on va assister à un "retour
en arrière". Panique dans les rangs des spécialistes du bricolage liturgique
qui, soudain, se mettent à faire la leçon aux autres en se réclamant - un
comble! - de Vatican II.
Benoît XVI c'est la fin de Mai 68 avec le retour de
l’autorité dont on a besoin. (ce
sous-titre est de la rédaction)
Soyons lucides: n'a-t-on pas vu, depuis
Vatican II, se développer un ostracisme virulent anti-latin, anti-romain,
anti-liturgique, anti-sacré... et tout ça en se réclamant des progrès
apportés par le Concile ? De quoi s'agissait-il en réalité ? Ni plus ni
moins d'une opération de détournement des véritables enseignements de
Vatican II : d'une stratégie de désinformation bien orchestrée, mise en
place par une partie non négligeable du clergé français. Car pendant
plusieurs dizaines d'années, la génération qui a produit puis véhiculé
l'idéologie de Mai 68 a réalisé un travail
d'imprégnation des mentalités - un lavage de cerveaux - pour faire croire
que "sa" vision de la foi catholique, basée sur un prétendu "esprit du
Concile", devait désormais constituer la nouvelle ligne qu'allaient devoir
suivre les fidèles (ndlr : les débauches
de mai 68 devrait-on dire). Or rien n'était plus faux: depuis
l'abandon de l'habit ecclésiastique jusqu'à l'élimination du latin en
passant par la désacralisation des célébrations liturgiques et le
détournement de la catéchèse à des fins humano-politiques, il n'a été
question que de former plus ou moins insidieusement une génération de
catholiques coupés cultuellement et doctrinalement de l'autorité romaine.
Une fois la cassure faite, le reste pourrait suivre sans difficultés,
pensait-on... (ndlr
:Benoît XVI a avoué publiquement que
Mai
68
l'avait «retourné», et c'est pourquoi il dénonce avec tant d'ardeur tous les
«ismes» qui ont séduit successivement les penseurs du siècle dernier. Et
notamment le relativisme adopté par une société post-chrétienne – pour ne
pas dire néo-païenne – qui choisit ses croyances à la carte.)
"Ici on est en France. Rome, c'est Rome." Cette affirmation, beaucoup de
prêtres l'ont dite, beaucoup de Supérieurs de séminaires et même d'évêques
l'ont laissée dire. Partant de là, il était facile - le tempérament français
aidant - de laisser se constituer une Église d'appellation romaine mais de
tendance nettement néo-gallicane, dans laquelle
la mise en place d'habitudes et de pratiques très éloignées de
l'enseignement conciliaire se sont mises en place de manière tantôt feutrée
tantôt plus violente.
La dernière preuve de l'existence de ce néo-gallicanisme bien affirmé dans
nos diocèses est fournie par l'absence de publication d'une édition
française officielle du missel romain promulgué à Rome un peu avant Pâques
2002; le projet d'une telle édition française est toujours dans les tiroirs
des instances diocésaines, où probablement elle est allé rejoindre le
Iubilate Deo que Paul VI souhaitait voir largement diffusé (et qui fut
réédité par Jean-Paul II). On apprend, sur le site du CNPL (organisme placé
sous l'autorité de l'épiscopat français) que "le chantier de traduction en
français du nouveau missel va pouvoir démarrer sous l'autorité de la CIFTL
(Commission internationale francophone pour les traductions et la liturgie).
Celui-ci devra être approuvé par les évêques des pays francophones puis être
reconnu à Rome avant d'être publié en français (d'ici quelques années)".
Cinq ans après la parution, à Rome, du missel, la traduction française n'a
toujours pas débuté, et nécessite un "chantier" qui lui-même se fait
attendre.
Pourquoi tant de lenteur ? Simplement parce que les améliorations apportées
par ce nouveau missel qui doit faire autorité et normaliser les célébrations
liturgiques vont déranger les mauvaises habitudes liturgiques prises par
bien des célébrants. Alors bien sûr, dans un tel contexte de "pétaudière
liturgique" (l'expression
est du P. Lelong) constituée de commissions théodules qui
brassent du vent, quand on annonce un éventuel "retour de la messe en
latin", certains voient rouge ! D'où l'importance de poser quelques
questions:
1. Pourquoi, aujourd'hui, les opposants au latin se réfèrent-ils soudain aux
textes du Concile, alors que cela fait des années qu'ils en ignorent le
contenu, surtout lorsque ceux-ci parlent de conserver le latin à la messe et
de respecter partout la liturgie ?
2. Si, comme l'a précisé Mgr Ricard
(interview du 5/10/06 sur TF1),
il n'est pas question d'envisager dans l' "Eglise-qui-est-en-France" une
"liturgie à la carte" - propos qui prêtent à rire quand on voit l'infinie
variété des messes paroissiales - pourquoi proscrit-on la fidélité au missel
romain actuel telle qu'elle est expressément demandée par
Sacrosanctum Concilium ?
3. Pourquoi faire croire que le Motu proprio Summorum pontificum annonce un
retour général à la messe en latin, alors que la volonté de Benoît XVI est
simplement d'autoriser une forme antérieure au Concile de la liturgie
romaine - qui, c'est vrai, est en latin -, qui ne changera en aucun cas les
(mauvaises ?) habitudes de ceux qui ne veulent pas cette façon de célébrer
l'Eucharistie ?
Le problème vient de ce que le système ecclésial français s'est doté de
structures qui assurent leur pérennité sur... l'usage du français et la
production de liturgies qui ne respectent ni le Concile, ni le missel
actuel, ni les directives magistérielles, tant leur vrai but est
d'entretenir un savant business créant un besoin de styles de célébrations
toujours nouveaux, agrémentés de pauvres refrains franco-français incapables
de laisser la moindre trace dans la mémoire des fidèles. Les promoteurs de
ces célébrations new look se cooptent entre eux, occupent les états-majors
des diocèses, et ne doivent leur renommée qu'aux simili-liturgies qu'ils
imposent à des fidèles moutonniers par le biais d'animateurs liturgiques
recyclés. Tout ce microcosme aurait bien du mal à
survivre si, dans les églises paroissiales, on se mettait soudain à suivre
l'enseignement conciliaire en matière de liturgie !
Un autre fait montre la gravité de la situation dans laquelle se trouve
aujourd'hui la liturgie en France: il s'agit des messes diffusées sur
"France 2" le dimanche matin. Les organisateurs de ces célébrations falotes
prennent bien soin de ne diffuser que des messes "à la carte" et "bien de
chez nous", avec le pauvre répertoire musical mentionné précédemment. La
machine est bien huilée: à la place de la vraie liturgie romaine, les
fidèles n'ont désormais plus droit qu'à des messes typiquement
"franchouillardes" !
Quand à ceux qui dirigent les choix musicaux et les chorégraphies
liturgiques, ils appartiennent justement à cette génération qui a inventé l'
"autonomisme liturgique à la française", et qui ne veulent pas en démordre.
On se doute bien que ce ne sont pas eux qui vont sauter de joie en assistant
à l'éventuel retour de messes enfin célébrées comme le demande l'Église.
Comment oublier que bien des prêtres qui, aujourd'hui critiquent le contenu
du Motu proprio de Benoît XVI sont aussi ceux qui de toutes façons
désobéissent à l'Église sur bien des points ? Car
enfin, l'Église les a-t-elle autorisés à ne plus porter les vêtements
spécifiques des clercs ? Non.
Leur a-t-elle permis d'organiser des absolutions
collectives ? Non.
Leur a-t-elle permis de célébrer la messe sans revêtir les vêtements
liturgiques prescrits (aube, chasuble...) ?
Non. Leur a-t-elle permis de supprimer ou d'interdire le latin et
le chant grégorien ? Non. Et voici que ceux qui depuis des années n'en font
qu'à leur tête se disent aujourd'hui opposés au retour des messes en
latin... au nom du Concile et d'une unité liturgique qu'ils ont eux-mêmes
contribué à saper !
Enfin, il y a surtout une chose qui fait peur au clergé français anti-latin
: c'est la moyenne d'âge de ceux qu'ils appellent dédaigneusement les "tradis".
Il faut le dire: les jeunes sont relativement nombreux aux messes en latin (quelle
que soit la forme du rite, pourvu qu'il soit respecté et dignement
mis en oeuvre). Il suffit de comparer les assemblées dominicales pour
se faire une idée: elles sont vieillissantes et désertées là où on a
organisé des célébrations qui se voulaient racoleuses pour les jeunes, et
plus fournies là où les célébrations sont véritablement catholiques. Quant
aux vocations sacerdotales et monastiques, c'est encore plus flagrant: les
maisons religieuses où l'on se montre exigeant pour la formation liturgique
et théologique des futurs prêtres ou religieux attirent, alors que de
nombreux diocèses français n'ont plus ni séminaristes ni ordinations
sacerdotales dans leurs séminaires interdiocésains désormais ouverts aux
expériences les plus variées et les plus déstabilisantes. Pourquoi de telles
disparités ? En partie parce que pendant près d'un demi-siècle, certains ont
tout fait ou tout laissé faire, dans les diocèses, dans les paroisses et
dans les maisons religieuses, pour gommer les signes permettant de valoriser
le sacré. Et ce alors même que les jeunes menaient tous, à des degrés
divers, une quête identitaire... Erreur magistrale et gros "plantage" en
matière de pastorale liturgique et de pastorale des vocations !
C'est sur ce terrain désormais en friche, liturgiquement parlant, que
peuvent fleurir des groupuscules que l'on identifie par la spécificité de
leurs célébrations liturgiques et qui, à présent, se sentent en droit de
revendiquer une large autonomie.
Cet aboutissement était pourtant discernable depuis de nombreuses années.
Mais dans les états-majors diocésains personne, semble-t-il, ne l'a vu se
profiler à l'horizon. Mieux: il arrive encore que des clercs appartenant à
la génération de 60-70 ans fassent pression sur les jeunes prêtres et les
séminaristes qui, voyant l'état des choses, veulent
avec raison un retour à une liturgie de qualité conforme aux orientations
conciliaires. Que peut-il alors se passer ? Après 50 ans
d'endoctrinement anti-latin et de célébrations "à la bonne franquette", on
cherche maintenant à faire croire que la messe du Concile est une réalité
dans les paroisses, alors que dans les faits elle n'a pratiquement jamais
existé. On cherche à faire croire que le Motu proprio de Benoît XVI risque
de créer des divisions dans les communautés paroissiales, alors qu'existent
depuis longtemps déjà des clivages et des désaccords plus ou moins marqués.
Résultat : ce n'est pas la liturgie conciliaire que l'on verra se développer
dans les paroisses, mais ici et là des messe en latin d'avant Vatican II et,
tout à côté, des célébrations qui continueront à être consciencieusement
bricolées par ceux qui critiquent les décisions prises par Benoît XVI tout
en refusant de prendre acte du fiasco avéré de leurs stratégies d'opposition
aux directives conciliaires.
Tout ceci va créer une situation qui échappera de plus
en plus aux évêques de France, à moins... qu'ils n'aient soudain l'envie et
la possibilité - avant qu'il ne soit trop tard - de remettre courageusement
la pendule liturgique à l'heure du Concile.
Denis CROUAN docteur en théologie,
Pdt de Pro Liturgia
Le Motu Proprio
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Le texte officiel et tous les commentaires
Sources:
PRO LITURGIA
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.08.2007 - BENOÎT XVI -
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