Lettre de Mgr Fellay aux Amis et
Bienfaiteurs |
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Le 26 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Mgr Fellay adresse une lettre aux bienfaiteurs et amis dans
laquelle il revient sur la publication du décret du pape Benoît
XVI levant les excommunications.
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Mgr Fellay
Lettre de Mgr Fellay aux Amis et
Bienfaiteurs
+Ave Maria !
Chers Amis et Bienfaiteurs,
Au moment où nous lancions une nouvelle croisade du Rosaire, lors de notre
pèlerinage à Lourdes en octobre dernier, nous ne comptions certainement pas
sur une réponse si rapide du Ciel à notre demande ! En effet, comme pour
notre première supplique à laquelle notre bonne Mère du Ciel avait répondu
si efficacement par l’intermédiaire du Vicaire du Christ et de son
Motu Proprio sur la messe traditionnelle, il a plu à la Vierge Marie de
nous octroyer une deuxième grâce avec plus de rapidité encore : dans la même
visite à Rome, au mois de janvier, où je déposais le bouquet des 1.703.000
chapelets à l’intention du Souverain Pontife, je recevais des mains du
Cardinal Castrillón Hoyos le
décret de remise des "excommunications".
Nous avions demandé cela, dès l’an 2001, comme signe de bienveillance de la
part du Vatican envers le mouvement traditionnel. Car depuis le Concile,
tout ce qui est et veut être traditionnel dans la sainte Eglise supporte
brimade sur brimade, jusqu’au refus du droit de cité. Cela a bien évidemment
détruit, en partie voire totalement, la confiance envers les autorités
romaines. Tant que cette confiance n’est pas partiellement rétablie,
disais-je alors, nos relations resteront minimales. La confiance n’est pas
seulement un bon sentiment, elle est le fruit qui naît naturellement lorsque
nous reconnaissons dans ces autorités des pasteurs qui ont à cœur le bien de
tout ce que nous appelons la Tradition. Et nos demandes préalables furent
formulées dans ce sens. De fait, il est impossible de comprendre notre
position et notre attitude envers le Saint Siège, si on ne veut pas inclure
la perception de l’état de crise dans lequel se trouve l’Eglise. Il ne
s’agit pas là d’un événement superficiel, ni d’une vision personnelle. Il
s’agit d’une réalité indépendante de notre perception, reconnue par ces
mêmes autorités de temps en temps, et vérifiée tant de fois dans les faits.
Cette crise a des aspects multiples, variés, parfois profonds, parfois
circonstanciels, et nous en souffrons tous. Les fidèles sont surtout frappés
par les cérémonies de la nouvelle liturgie - hélas très souvent scandaleuses
! -, par la prédication ordinaire où sont prises des positions sur la morale
en totale contradiction avec l’enseignement pluriséculaire de l’Eglise et
l’exemple des saints. Les parents ont eu très souvent la douleur immense de
constater la perte de la foi chez leurs enfants confiés à des instituts
d’éducation catholiques, ou de déplorer leur ignorance presque totale de la
doctrine catholique faute de catéchisme sérieux. Les religieux, en nombre
incalculable, manifestent depuis les révisions de leurs constitutions, et
après les recyclages postconciliaires, une perte de l’esprit évangélique, en
particulier celui du renoncement, de la pauvreté, du sacrifice ; perte qui a
eu pour conséquence presque immédiate une diminution telle des vocations que
plusieurs ordres et congrégations ferment leurs couvents les uns après les
autres, lorsqu’ils ne disparaissent pas purement et simplement. La situation
de nombreux diocèses est pareillement dramatique.
Tout cela forme un ensemble cohérent et n’est pas arrivé par hasard, mais à
la suite d’un concile qui s’est voulu réformateur, en prétendant mettre
l’Eglise au goût du jour. On nous accuse soit de voir une crise là où il n’y
en aurait pas, soit d’attribuer faussement à ce concile les résultats
pourtant désastreux et extrêmement graves que chacun peut constater, soit
encore de profiter de cette situation pour justifier une attitude incorrecte
de rébellion ou d’indépendance.
Pourtant, que l’on prenne les textes des Pères de l’Eglise, du Magistère, de
la liturgie, de la théologie à travers tous les temps : nous trouvons une
unité à laquelle nous adhérons de tout notre cœur. Et cette unité doctrinale
est fortement contredite, blessée, amoindrie dans la pratique par les lignes
de conduite actuelles. Nous n’inventons pas une rupture, elle existe bien
malheureusement, et il n’est qu’à voir la manière dont certains épiscopats
nous traitent, même après le retrait des excommunications, pour constater
combien est profond le rejet des modernes vis-à-vis de tout ce qui a saveur
de Tradition, au point qu’il est impossible de ne pas donner à ce rejet le
nom de rupture avec le passé.
Oui, autant nous avons été surpris par la parution du décret du 21 janvier,
autant nous l’avons été aussi par la violence de la réaction des
progressistes et de la gauche en général à notre encontre. Il est vrai
qu’ils ont trouvé une occasion en or dans les malheureuses paroles de Mgr
Williamson, qui leur ont permis par un amalgame fort injuste de maltraiter
notre Fraternité considérée comme un bouc émissaire. En fait, nous avons été
instrumentalisés dans une lutte encore beaucoup plus importante : celle de
l’Eglise, qui porte bien son nom de militante, contre ces esprits mauvais
qui rôdent dans les airs, comme dit saint Paul. Oui, nous n’hésitons pas à
inscrire notre petite histoire dans la grande histoire de l’Eglise, dans
celle de cette lutte titanesque pour le salut des âmes annoncée dès la
Genèse, et décrite de manière si saisissante dans l’Apocalypse de saint
Jean. Souvent cette lutte reste au niveau spirituel ; de temps en temps, du
niveau des esprits et des âmes elle descend au niveau des corps et devient
visible, comme dans les persécutions ouvertes.
Il faut savoir reconnaître, à travers ce qui s’est passé ces derniers mois,
un moment plus intense de cette lutte. Et il est bien clair que celui qui en
fin de compte est visé, c’est le Vicaire du Christ dans son effort de
commencer une certaine restauration de l’Eglise. On craint un rapprochement
entre la tête de l’Eglise et notre mouvement, on craint une perte des acquis
de Vatican II, et on met tout en œuvre pour neutraliser cela. Qu’en pense
vraiment le pape ? Où se situe-t-il ? Juifs et progressistes le somment de
choisir entre Vatican II et nous…, au point que pour les rassurer la
Secrétairerie d’Etat n’a rien trouvé de mieux que de poser comme condition
nécessaire à notre existence canonique l’acceptation complète de ce que nous
considérons comme la source principale des problèmes actuels et à quoi nous
nous opposons depuis toujours… … Cependant, eux comme nous sont tenus par le
serment anti-moderniste et toutes les autres condamnations de l’Eglise.
C’est ainsi que nous n’acceptons pas d’aborder Vatican II autrement qu’à la
lumière de ces solennelles déclarations (profession de foi et serment
antimoderniste) faites devant Dieu et l’Eglise. Et si cela paraît
incompatible, alors forcément ce sont les nouveautés qui ont tort. Nous
comptons sur les discussions doctrinales annoncées pour tirer au clair aussi
profondément que possible ces points.
*
* *
Profitant de la nouvelle situation après le décret sur l’excommunication,
qui n’a rien changé au statut canonique de la Fraternité, maints évêques
essaient de nous imposer un cercle carré en exigeant de nous l’obéissance à
la lettre du Droit Canon, en tout point, comme si nous étions parfaitement
en ordre, alors qu’en même temps ils nous déclarent canoniquement
inexistants ! Déjà un évêque allemand a annoncé qu’avant la fin de l’année,
la Fraternité serait de nouveau hors de l’Eglise… Charmante perspective ! La
seule solution viable, celle d’ailleurs que nous avions demandée, est celle
d’une situation intermédiaire, forcément incomplète et imparfaite au plan
canonique, mais qui soit acceptée comme telle sans constamment nous jeter à
la face l’accusation de désobéissance ou de rébellion, sans lancer à notre
égard des interdictions intenables. Car en fin de compte, l’état anormal
dans lequel se trouve l’Eglise et que nous appelons état de nécessité, se
voit prouvé une fois de plus dans l’attitude et les paroles de certains
évêques à l’égard du pape et de la Tradition.
Comment les choses vont-elles évoluer ? nous n’en savons rien. Nous
maintenons notre proposition d’accepter notre situation actuelle imparfaite
comme provisoire, tout en abordant enfin les discussions doctrinales
annoncées, en espérant qu’elles porteront de bons fruits.
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* *
Mais sur ce chemin si difficile, devant les oppositions si violentes, nous
vous demandons, chers fidèles, encore une fois, de recourir à la prière. Il
nous semble que le moment est venu de lancer une offensive d’envergure,
profondément ancrée sur le message de Notre Dame à Fatima, dont elle-même a
promis l’heureuse issue, puisqu’elle annonce qu’à la fin son Cœur Immaculé
triomphera. C’est ce triomphe que nous Lui demandons, par les moyens qu’elle
demande elle-même, la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé par le
Pasteur Suprême et tous les évêques du monde catholique, et la propagation
de la dévotion à son Cœur douloureux et immaculé. C’est pourquoi nous
voulons lui offrir dans ce but, d’ici le 25 mars 2010, un bouquet de 12
millions de chapelets, comme une couronne d’autant d’étoiles autour de sa
personne, accompagné d’une somme équivalemment importante de sacrifices
quotidiens que nous aurons soin de puiser avant tout dans l’accomplissement
fidèle de notre devoir d’état, et avec la promesse de propager la dévotion à
son Cœur Immaculé. Elle-même présente cela comme le but de ses apparitions à
Fatima. Nous sommes intimement persuadés que si nous suivons avec attention
ce qu’elle nous demande, nous obtiendrons beaucoup plus que tout ce que nous
n’oserions jamais espérer, et surtout que nous assurerons notre salut en
bénéficiant des grâces qu’elle nous a promises.
Nous demandons par conséquent à nos prêtres aussi un effort particulier pour
faciliter aux fidèles cette dévotion, en mettant l’accent non seulement sur
la communion réparatrice des premiers samedis du mois, mais encore en
incitant les fidèles à vivre dans une intimité très profonde avec Notre Dame
en se consacrant à son Cœur Immaculé. Il serait bon aussi de mieux connaître
et d’approfondir la spiritualité du grand héraut de l’Immaculée, le Père
Maximilien Kolbe.
Notre Fraternité s’est consacrée au Cœur Immaculé il y a 25 ans cette année.
Nous voulons renouveler cette heureuse initiative de M. l’abbé Schmidberger
en y mettant toute notre âme, en ravivant nos cœurs dans cet esprit. Il est
bien évident que nous n’avons pas l’intention de commander à la divine
Providence ce qu’elle devrait faire, mais nous avons appris dans les
exemples des saints et de l’Ecriture Sainte elle-même que les grands désirs
peuvent faire hâter de façon impressionnante les desseins du bon Dieu. C’est
avec cette audace que nous déposons aujourd’hui auprès du Cœur Immaculé de
Marie cette intention en Lui demandant de vous prendre tous sous sa
maternelle protection.
Dieu vous bénisse abondamment !
En la fête de la Résurrection glorieuse de Notre Seigneur Jésus Christ,
Winona, Pâques 2009.
+ Bernard Fellay
Sources : laportelatine
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.04.09 -
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