Jean Paul II ne voulait pas
d'acharnement thérapeutique ... |
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Le 25 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Les dispositions de fin de vie ne représentent pas nécessairement une
recherche de maîtrise absolue de soi-même et de sa vie ; elles peuvent
au contraire témoigner, de la part de la personne qui les rédige, d'une
saine volonté de se soucier des conditions dans lesquelles se déroulera
un moment très important de sa propre vie.
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Jean Paul II ne voulait pas d'acharnement thérapeutique ...
Le 25 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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En préambule du texte qui suit on ne peut qu'évoquer les paroles du pape
Jean Paul II quelques heures avant de s'éteindre, qui a eu encore la force
de murmurer "laissez-moi partir chez le Seigneur", il refusait
tout acharnement thérapeutique
►
"Laissez-moi partir".
Lire l'introduction ►
Questions bioéthiques et Union Européenne 10 ans de réflexions
DISPOSITIONS DE FIN DE VIE
De plus en plus nombreux sont les pays qui invitent à tenir compte des
volontés d'une personne en ce qui concerne les traitements médicaux à mettre
(ou non) en œuvre en cas
d'accident ou de maladie grave, même lorsque cette personne a perdu la
possibilité de faire des choix libres et éclairés et/ou de les exprimer.
Dans un tel but, ces pays reconnaissent officiellement une valeur, plus ou
moins contraignante, aux expressions de volonté formulées à l'avance par la
personne intéressée en prévision de telles situations. Des associations
d'orientations diverses proposent des formulaires destinés à permettre aux
personnes qui le désirent d'exprimer par écrit leurs souhaits ou volontés en
ce qui concerne leur fin de vie.
Il convient de rappeler que si l'être humain est tenu de prendre
un soin raisonnable de sa santé, un tel devoir
n'implique pas pour lui, selon la tradition chrétienne,
la volonté de maintenir sa vie à tout prix.
Dans cette perspective, il est justifié de récuser le recours à des
moyens thérapeutiques qui seraient jugés inutiles ou disproportionnés,
ou qui imposeraient une charge excessive pour la personne concernée ou pour
autrui. Depuis le XVIe siècle, des théologiens moralistes chrétiens
s'expriment dans ce sens et un tel enseignement a été constamment repris
jusqu'à nos jours. Sa légitimité a été confirmée par les papes Pie XII et
Jean-Paul II
(PIE XII, Discours du 24 novembre 1957 à des médecins sur
les problèmes religieux et moraux de la réanimation ; JEAN-PAUL II,
Encyclique
Evangelium Vitae, 25 mars 1995, n° 65). (Ndlr : Dans ce paragraphe,
Jean-Paul II distingue de l'euthanasie la
décision de renoncer à ce qu'on appelle l'« acharnement thérapeutique
»).
Les derniers moments peuvent être pour l'homme une partie essentielle de son
existence, l'occasion de démarches jusqu'alors jugées impossibles, de
l'accueil de proches, de la ratification d'options qui ont orienté son
existence, de demandes de pardon et de réconciliation de la transmission de
biens ou de valeurs, d'une remise de soi entre les mains de Dieu, ou tout
simplement d'une tranche de vie en étroite communion avec autrui. Il serait
très regrettable que les contraintes dues à un recours irraisonné aux
traitements médicaux privent de la possibilité d'un tel accomplissement
l'homme parvenu à la dernière phase de sa vie.
Il est pleinement légitime que chacun demande à l'avance, dans des
directives anticipées, qu'au terme de sa vie, quand il ne sera plus vraiment
à même d'exprimer sa volonté en ce qui concerne les soins, la médecine se
mette, dans toute la mesure du possible, au service de tels objectifs. En ce
qui concerne cet aspect médical, les directives peuvent consister à
demander, en fonction de la diversité des circonstances, la limitation ou
même l'arrêt des investigations et des thérapeutiques, et la mise en œuvre
de traitements de la douleur et des autres sources de souffrance, même dans
le cas où ceux-ci auraient pour effet secondaire non recherché d'abréger
quelque peu la vie.
Par contre, certains des formulaires existants
comprennent des clauses relatives à la pratique de l'euthanasie, au
cas où certaines conditions prévues à l'avance seraient réalisées. Cela
correspond à une volonté d'exercer sur sa propre vie une forme de maîtrise
que l'Église catholique ne peut que réprouver.
Par delà l'aspect strictement médical qui est au cœur de certaines formules
proposées, il serait évidemment très souhaitable que chacun envisage très
concrètement les différentes questions qui peuvent se poser, et formule ses
désirs au sujet de l'endroit où se passeront les derniers moments de sa vie,
de la présence de ses proches, de l'accompagnement spirituel ou religieux
qu'il souhaite... Ces formulations tirent leur importance de la volonté
qu'elles peuvent exprimer de vivre pleinement cette période de la vie, de
rester en relation avec autrui et de ne pas être réduit à un pur objet de
soins.
Pour traduire de telles volontés, la modalité privilégiée jusqu'à présent
est celle d'un texte écrit à l'avance. Mais une autre voie a été reconnue
dans certains pays, celle de la désignation d'une personne de confiance,
avec
(ou non) le titre de mandataire.
De telles directives peuvent être rédigées par des personnes atteintes de
maladies dont elles connaissent l'évolution et le traitement déjà mis en
œuvre. Dans cette situation, la personne s'exprime en connaissance de cause
et ses dispositions peuvent revêtir une forme très concrète, relativement
facile à interpréter.
Dans les autres situations il en va différemment, car il n'est d'habitude
pas aisé de prévoir les circonstances concrètes dans lesquelles se
manifestera, puis évoluera une maladie, et l'intérêt que présentera alors le
recours à des thérapeutiques. Dès lors, l'interprétation et l'application
des souhaits peuvent se révéler très délicates, au risque de contredire la
volonté actuelle du patient qui ne peut plus exprimer sa volonté en ce qui
concerne les soins. Il existe des études
(1) qui
illustrent cette difficulté et qui soulignent également certaines déceptions
de la part de ceux qui s'étaient faits les plus ardents partisans des «
testaments de vie ».
Un tel document pourrait cependant devenir, quand le malade est encore
capable de s'exprimer, le support d'une communication vivante entre l'auteur
du texte, la personne qu'il a éventuellement désignée pour être l'interprète
de ses volontés, ses proches et le médecin qu'il s'est choisi. Ce document
n'est plus alors le signe d'une défiance envers l'institution médicale - ce
qu'est le plus souvent le « testament de vie » dans sa forme actuelle - mais
la marque d'une confiance envers les personnes choisies. De plus, le fait de
l'avoir rédigé - et modifié - en dialogue avec autrui le rend d'habitude
plus pertinent, plus facile à interpréter, plus adéquat à l'évolution de la
situation et finalement plus fidèle à ce que souhaite réellement la
personne.
De toute façon, il est très souhaitable que cette rédaction s'accompagne de
la désignation d'un mandataire ou d'une personne qui aurait mission de
l'expliciter auprès de ceux qui auront à prendre des décisions. Les
directives anticipées peuvent d'ailleurs consister uniquement en la
désignation d'un tel mandataire, qui aura à dialoguer avec le patient pour
bien percevoir ses souhaits.
Il est très utile ensuite que s'instaure un dialogue régulier entre l'auteur
des dispositions et le mandataire, de manière à ce que celui-ci perçoive une
éventuelle évolution de la personne qu'il a à représenter, ce qui lui
permettra, le moment venu, d'interpréter la volonté de la personne devenue
incapable de s'exprimer. Ainsi, en reformulant sa propre volonté au fur et à
mesure, le patient fera du mandataire un intermédiaire authentique. Il est
évident que, même si la législation l'impose à juste titre, le seul
renouvellement du testament de vie ne suffit pas pour faire percevoir
l'évolution des volontés de celui qui en est l'auteur.
En définitive, les dispositions de fin de vie ne représentent pas
nécessairement une recherche de maîtrise absolue de soi-même et de sa vie ;
elles peuvent au contraire témoigner, de la part de la personne qui les
rédige, d'une saine volonté de se soucier des conditions dans lesquelles se
déroulera un moment très important de sa propre vie.
(1)
A. Fagerlin, C. Schneider, Enough : The Failure ofthe
Living-Will, Hastings Center Report, Vol. 34, n° 2, mars-avril 2004, p.
30-42; S. Sahm, R. Will: Angehôrige als natiirliche Stellvertreter; Ethik
in der Medizin, 1-2005 p. 7-20; S. Sahm, R. Will and G. Hommel :
Attitudes towards and barriers to writing advance directives amongst cancer
patients, healthy controls, and médical staff, J Med Ethics 2005; 31:
437-440.
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Sur
le même sujet : ►
Le Pape Jean-Paul II et son rapport avec la
bioéthique
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Sources : COMECE -
(E.S.M.)
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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25.10.2008 -
T/Église
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