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Ne me tournez pas contre Cyrille. Le Pape François dans les
souvenirs de Poutine et du patriarche de Moscou
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Le 24 avril 2025 -
E.S.M.
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Un commentaire très particulier se distingue de
la masse de ceux qui suivi la mort du Pape François. Il
est parvenu de Moscou d’où il émane des deux plus hautes
autorités de la Russie politique et religieuse : le
président Vladimir Poutine et le patriarche orthodoxe
Cyrille.
S. M.
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Poutine et Cyrille ont eu une
entrevue au Kremlin avec le patriarche de Serbie, Porphyre -
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“Ne me tournez pas contre Cyrille”. Le Pape François dans les souvenirs de
Poutine et du patriarche de Moscou
Le 24 avril 2025 -
E.S.M. -
Un commentaire très particulier se distingue de la masse de ceux qui
suivi la mort du Pape François. Il est parvenu de Moscou d’où il émane
des deux plus hautes autorités de la Russie politique et religieuse : le
président Vladimir Poutine et le patriarche orthodoxe Cyrille.
L’après-midi du mardi 22 avril, Poutine et Cyrille ont eu une entrevue
au Kremlin avec le patriarche de Serbie, Porphyre (voir photo). Et aussi
bien la vidéo que la retranscription de ce colloque ont fait leur
apparition sur le
site web
officiel du président russe.
Voici quelques extraits de déclarations qu’ils se sont échangées,
tout d’abord sur la proximité entre la Serbie et la Russie en tant que
partis du « Russkij mir » commun opposé à l’Occident « démoniaque » et
ensuite avec des références directes au Pape François.
Ni Poutine ni Cyrille ne seront à Rome aux funérailles du Pape
François samedi 26 avril. C’est le métropolite Antoine de Volokolamsk,
président du département pour les relations ecclésiastiques extérieures,
très proche de la Communauté de Sant’Egidio et du cardinal Matteo
Zuppi, qui sera présent.
*
Extrait de la retranscription de la rencontre au Kremlin entre
Poutine, Cyrille et Porphyre
Moscou, le 22 avril 2025
Patriarche Porphyre : J’étais à Jérusalem il y a
deux semaines où j’ai discuté avec le patriarche [orthodoxe] de
Jérusalem. […] Et quand nous avons parlé de l’orthodoxie au niveau
mondial, il m’a dit : nous, les orthodoxes, avons une carte maîtresse.
J’ai demandé : laquelle ? Vladimir Poutine, m’a‑t-il répondu. […] Mon
souhait et celui de la majorité de notre Église est qu’à l’avenir, s’il
y avait une nouvelle division géopolitique, nous restions proches dans
ce monde russe commun. […]
V. Poutine : Votre Sainteté, vous avez parlé
d’identité. C’est ce qu’est en train de faire l’Église orthodoxe russe
sous la direction de Sa Sainteté le patriarche de Moscou et de toute les
Russies. Sa Sainteté le Patriarche [Cyrille] fait de grands efforts pour
renforcer nos valeurs traditionnelles, nos principes spirituels.
Patriarche Cyrille : Cher Vladimir Vladimirovitch !
Je suis très heureux que cette rencontre ait eu lieu. De toutes les
Églises orthodoxes, l’Église serbe est celle qui est la plus proche de
l’Église russe, tant par la culture, la langue que par l’histoire. […]
Mais il y a une autre chose que je voudrais dire : les Serbes sont, bien
sûr, situés plus à l’ouest que nous, le Seigneur en a décidé ainsi.
C’est une Église qui entre en contact direct avec le monde occidental,
dont on peut recevoir, et dont on a probablement reçu, bien des choses
utiles aussi bien dans le domaine scientifique que culturel. Mais avec
ce qui est en train d’arriver à la moralité humaine, à l’éthique en
Occident, oui, je le dis-le tout haut, de quoi peut-on avoir honte ?
Toute cette histoire est démoniaque.
Patriarche Porphyre : c’est vrai.
Patriarche Cyrille : Et pourquoi démoniaque ? Parce
que le rôle du démon, c’est de faire perdre à l’homme la différence
entre le bien et le mal. Il existe des comportements au sujets desquels
l’Église dit : tu ne peux pas le faire. Et la parole de Dieu dit : tu ne
peux pas le faire. Mais la culture laïque moderne dit : pourquoi pas ?
Une personne n’est-elle pas libre d’agir comme elle l’entend ? Est-ce
que cela ne relève pas de la liberté de chacun ?
Cette approche détruit les fondements moraux de l’existence humaine
et pourraient entraîner de terribles catastrophes civilisationnelles.
Parce que si l’intégrité de la personne humaine est détruite, tout ce
qui en découle s’effondre. L’Église orthodoxe russe, comme on sait,
soutient ces positions et les défend sur la scène internationale. Mais
naturellement, nous avons besoin de bons alliés.
V. Poutine : Votre Sainteté, vous avez parlé de ce
qui est en train de se passer dans la partie occidentale de notre monde.
Nous tous ici le savons bien, nous l’avons tous vu, nous avons été
témoins de votre rencontre avec le pape, qui nous a quitté en ces jours
de Pâques. Cela, me semble-t-il, démontre que même en Occident, il y a
encore des personnes, il y a des forces, et des forces spirituelles, qui
s’engagent à rétablir les relations et à faire revivre les principes
spirituels.
Patriarche Cyrille : C’est à juste titre que vous
avez évoqué le pape défunt. C’était un homme aux idées et aux
convictions assez fortes, en dépit des fortes pressions auxquelles il
était soumis, notamment en ce qui concerne le refroidissement des
relations avec l’Église russe.
À présent qu’il est dans l’autre monde, je peux le citer avec
confiance, sans lui demander la permission. Quand on lui a vraiment mis
la pression, si vous me pardonnez cette expression vulgaire, il a
seulement prononcé cette petite phrase : « Ne me tournez pas contre
Cyrille ». Puis il a fait demi-tour et il est parti. Et ceux qui le
pressaient étaient ses proches collaborateurs : [ils lui disaient] qu’il
fallait changer de cap, qu’il était impossible, pour ainsi dire, de
rester liés à la politique russe.
Cette petite phrase – « Ne me tournez pas contre Cyrille » — est
restée dans ma mémoire et dans ma conscience pendant tout le temps qu’il
était en vie. Nos relations étaient bonnes. À présent le Seigneur l’a
rappelé dans un autre monde, mais les plus beaux souvenirs que je garde
de lui concernent son attitude aussi bien envers la Russie qu’avec
l’Église russe.
V. Poutine : C’est pareil pour moi. Nous nous sommes
rencontrés à plusieurs reprises. Il était de manière naturelle – je peux
le dire – bien disposé envers la Russie. Vu ses origines
latino-américaines et l’état d’esprit de l’écrasante majorité des
citoyens des pays latino-américains, il partageait probablement lui
aussi ces sentiments et il a tissé des relations avec la Russie de la
manière la plus bienveillante.
Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.04.2025
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