Inoubliable homélie de Benoît XVI
pour les obsèques de Jean Paul II |
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Cité du Vatican, le 24 avril 2008 -
(E.S.M.)
- Le Cardinal Joseph Ratzinger, notre pape Benoît XVI, dans son
homélie inoubliable pour les obsèques de Jean Paul II, offrit au monde
entier l’exemple d’un tel regard qui arrive jusqu’au Paradis.
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Inoubliable homélie de Benoît XVI pour les obsèques de Jean Paul II
VATICAN - AVE MARIA par Mgr Luciano Alimandi - « Nous sommes faits pour le
Ciel »
« Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père sinon, je vous
l’aurais dit ; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé vous
préparer une place, je reviendrai vous prendre avec moi, afin que, là où je
suis, vous soyez vous aussi » (Jean 14, 2-3).
Dans ce passage de l’Evangile de Jean, le Seigneur Jésus, après avoir invité
les siens à ne pas se laisser troubler, mais à avoir foi en Dieu et en Lui
(cf. Jean 14, 1), parle du Paradis comme d’une
« Maison » ! Il est beau et consolant de savoir que c’est Lui précisément
qui viendra nous prendre et nous conduire Là-haut, quand notre place aura
été préparée, comme il le promet aux Apôtres, à tous ceux qui croiront en
Son Nom
Il faut dire, malheureusement, que l’on ne pense pas souvent au Ciel, à la
Maison du Père qui nous attend, à la Demeure sûre et merveilleuse, où l’on
habitera pour toujours, avec les Anges et avec les Saints. La pensée et le
désir du ciel, en effet, requièrent une foi « certaine » de la part du
disciple, une foi « certaine » dans les promesses de Jésus, qui ne laisse
pas de place aux tâtonnements et aux hésitations, mais qui donne au croyant
un regard réellement surnaturel. Un regard est surnaturel quand on ne
s’arrête pas sur ce qui est visible, mais quand on s’avance au-delà de la
réalité terrestre, pour pénétrer dans la réalité invisible de l’au-delà,
dont parle le Seigneur. Le Cardinal Joseph Ratzinger, notre pape Benoît
XVI, dans son
homélie inoubliable pour les obsèques de Jean Paul II, offrit au monde
entier l’exemple d’un tel regard qui arrive jusqu’au Paradis : « Pour nous
tous demeure inoubliable la manière dont en ce dernier dimanche de Pâques de
son existence, le Saint-Père, marqué par la souffrance, s’est montré encore
une fois à la fenêtre du Palais apostolique et a donné une dernière fois la
Bénédiction Urbi et Orbi. Nous pouvons être sûrs que notre Pape Jean Paul II bien-aimé
est maintenant à la fenêtre de la maison du Père, qu’il nous voit et qu’il
nous bénit. Oui, puisses-tu nous bénir, Très Saint Père, nous confions ta
chère âme à la Mère de Dieu, ta Mère, qui t’a conduit chaque jour et te
conduira maintenant à la gloire éternelle de son Fils, Jésus Christ, notre
Seigneur ». Amen. (8 avril 2005). La foi
“certaine” de disciples du Seigneur est telle qu’elle permet d’affirmer avec
une conviction absolue: une demeure éternelle nous
attend!
Oui, la Maison du Père, le Ciel des bienheureux, est invisible à un regard
naturel, mais non pas aux yeux de l’esprit, éclairés par la Parole de Dieu.
Une foi faible « incertaine », ne parvient à découvrir le ciel au-delà des
horizons terrestres, parce qu’elle reste prisonnière de l’immanent,
d’elle-même, dans l’incapacité de s’ouvrir au transcendant, à Dieu. Une foi
« incertaine » ne parvient à atteindre le Ciel, parce qu’elle retombe
aussitôt ici-bas, vaincue par la « force de gravité » de la réalité
terrestre. On s’efforce de s’élever au-dessus de cette réalité, mais on ne
parvient pas à renier la logique mondaine. Au sein de cette logique
terrestre, le temps et l’espace sont les seules coordonnés qui s’imposent,
alors que, dans la logique ultra-terrestre, la raison s’ouvre à la foi,
l’infini et l’éternité deviennent les « coordonnées célestes » qui indiquent
à l’homme, créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance, sa destination
finale : le Ciel !
C’est seulement dans l’homme qui se fait petit devant Dieu, et reconnaît
qu’il ne peut se suffire à lui-même, que la foi trouve sa place et se libère
de la prison de l’immanence. L’homme qui croit vraiment, pour Saint Paul,
devient un « homme céleste », qui oriente sa propre vie vers l’éternité, et
reconnaît dans le Christ la mesure de toute la réalité : y compris les
attitudes et les choix.
A l’école de la Très Sainte Vierge, nous apprenons jour après jour à devenir
toujours plus des témoins de la Résurrection, c’est-à-dire, animés par une
foi pascale qui nous fait découvrir et entrevoir, même si c’est de loin, la
Maison du Père, et, en elle, notre demeure. Ainsi, avec saint Paul, nous
pouvons répéter : « Nous savons en effet que si cette tente - notre maison
terrestre - vient à être détruite, nous avons un édifice qui est l'œuvre de
Dieu, une maison éternelle qui n'est pas faite de main d'homme, dans les
cieux. Aussi gémissons-nous dans cet état, ardemment désireux de revêtir
par-dessus l'autre notre habitation céleste, si toutefois nous devons être
trouvés vêtus, et non pas nus. Oui, nous qui sommes dans cette tente, nous
gémissons, accablés ; nous ne voudrions pas en effet nous dévêtir, mais nous
revêtir par-dessus, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et
Celui qui nous a faits pour cela même, c'est Dieu, qui nous a donné les
arrhes de l'Esprit. Ainsi donc, toujours pleins de hardiesse, et sachant que
demeurer dans ce corps, c'est vivre en exil loin du Seigneur, car nous
cheminons dans la foi, non dans la claire vision » (2
Corinthiens, 5, 1-7).
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