Retour sur l’actualité par Mgr Aillet
et le message de Noël |
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Le 23 décembre 2009 -
(E.S.M.)
- Un message de Mgr Aillet concernant plusieurs controverses
récentes qui ont fait beaucoup parler ces
derniers temps dans l’agglomération bayonnaise
et plus largement dans le diocèse et son message
de Noël.
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Mgr Marc
Aillet, Evêque de Bayonne, Lescar et Oloron
Retour sur l’actualité par Mgr Aillet
et le message de Noël
Le 23 décembre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
Un message de Mgr Aillet concernant plusieurs controverses récentes qui ont
fait beaucoup parler ces derniers temps dans l’agglomération bayonnaise et
plus largement dans le diocèse.
Quelques fidèles de nos paroisses de Bayonne ont cru bon d’interpeller les
media locaux, ces dernières semaines, pour faire part de leur
mécontentement ; par un effet « caisse de résonnance », ils ont ainsi jeté
un certain trouble, avec le risque de blesser la communion. J’aurais
nettement préféré qu’ils cherchent à me rencontrer, ma porte est toujours
ouverte. Le procédé me semble regrettable, car il expose sur la place
publique des divisions internes qui portent somme toute sur des réalités qui
n’engagent ni la foi ni les mœurs et relèvent souvent de rumeurs rapportant
des faits de manière partielle. Ce faisant, est donnée une vision réductrice
de notre Eglise diocésaine qui contraste avec bien des vitalités ecclésiales
dont je suis témoin dans les paroisses que je visite chaque dimanche : pour
ne parler que de mes dernières visites, je pense à l’ouverture de la
chapelle d’adoration à Sainte-Thérése de Pau, à la consécration de l’autel
de l’église de Bidache, à la fête paroissiale de Monein et à la solennité de
l’Immaculée-Conception à la cathédrale de Bayonne avec la procession aux
flambeaux dans les rues de la ville. Chaque fois, ce furent de grandes
manifestations populaires et joyeuses, tous les âges étant bien représentés.
Je ne voudrais pas, d’autre part, que les inquiétudes et les souffrances
ainsi médiatisées et qu’il me faut entendre, détournent notre attention des
épreuves du monde qui nous entoure et de l’urgence de notre mission présente
d’annoncer l’Evangile du Salut à tous.
Qu’on me permette donc de revenir paisiblement sur quelques aspects de cette
actualité.
Les « filles enfants de chœur »
Le procès qui a été fait au curé de Notre-Dame de l’Assomption – Bayonne,
l’abbé François de Mesmay, n’est pas juste. Si vous fréquentez la messe de
11 h à Saint-André, vous verrez qu’il y a un groupe de garçons qui servent à
l’autel, dans la proximité immédiate du prêtre, et un groupe de filles, qui
portent elles aussi un costume distinctif et qui sont davantage au service
de l’assemblée : proclamation de la Parole, procession des offrandes,
procession de communion etc., comme cela se pratique aujourd’hui en France,
dans de très nombreuses paroisses.
Mais puisque plusieurs voix ont invoqué les textes du Saint-Siège en vigueur
(cf article de La croix du 24 novembre 2009), je me permets de
rappeler que, s’il n’y a pas d’opposition de principe à la participation des
femmes et des filles au service de la liturgie, cela reste soumis à
l’autorisation de l’évêque pour son diocèse, restant sauve l’obligation de
constituer des groupes de garçons servants d’autel « qui ont permis le
développement encourageant des vocations sacerdotales » ; Jean Paul II
appelait ces groupes un « pré-séminaire » : « C’est précisément à
cette lumière, chers Frères prêtres, qu’il faut privilégier, à côté d’autres
initiatives, le soin des servants d’autel, qui constituent comme un « vivier
» de vocations sacerdotales. Le groupe des servants d’autel, bien accompagné
par vous au sein de la communauté paroissiale, peut parcourir un vrai chemin
de croissance chrétienne, formant quasiment une sorte de pré-séminaire »
(Jean Paul II, lettre aux prêtres pour le Jeudi-Saint
2004). Restant sauve aussi la liberté du curé, même en cas
d’autorisation de l’évêque, de privilégier des groupes de garçons servants
d’autel.
La répartition des rôles dans la liturgie, eu égard à « la différence non
seulement de degré mais d’essence » entre le sacerdoce ministériel des
prêtres et le sacerdoce commun des fidèles (cf Vatican II,
Lumen
Gentium n. 10), loin d’établir une discrimination est appelée
à souligner la dimension hautement symbolique de l’acte liturgique,
l’essentiel étant de bien manifester que la sainte liturgie est l’œuvre du
Christ et non l’œuvre des hommes : c’est la célébration du Mystère pascal du
Christ, par le prêtre à l’autel « in persona Christi », et par les
fidèles appelés, en vertu de leur baptême et de leur confirmation, à
participer de manière active, consciente et fructueuse, participation qui
est intérieure avant d’être extérieure ; le tout est d’avoir bien présent à
l’esprit que c’est le Christ qui doit avoir la première place et que les
célébrations doivent être le signe éloquent de la présence du Christ
Seigneur (Cf Jean Paul II, exhortation apostolique
post-synodale
Ecclesia in Europa n. 69 ). Ce qui m’importe avant tout,
c’est que les petites filles puissent, elles aussi, avoir une participation
spécifique à la liturgie.
Mais prenons garde de ne pas nous laisser piéger par ce type de débat, ni de
transposer les critères psychologiques et sociologiques qui régissent
l’évolution des sociétés, quel qu’en soit le bien-fondé par ailleurs, au
fonctionnement interne de l’Eglise qui est d’un autre ordre et qui fait
appel à des critères tirés de la foi et de la tradition catholique ; ici, il
s’agit d’un discernement spirituel qui peut bien échapper au monde, et il
n’y a pas à lui en faire grief pour autant.
Mais je mets au défi quiconque prétendra y voir un principe de
discrimination. Sait-on que l’interdiction faite aux femmes d’accéder à
l’université date de 1592, précisément à l’époque de la Renaissance où la
société commence à s’émanciper de la tutelle de l’Eglise, en entrant dans la
« modernité » ? Nul n’ignore en revanche l’aventure culturelle entre
Abélard et Héloïse au moyen âge, ni que l’abbaye de Fontevraud, qui
comportait un monastère d’hommes et un monastère de femmes, était dirigée
par une Mère abbesse à la même époque !
J’ajouterai que nous nous situons ici au cœur d’un grand débat
anthropologique, à l’heure où l’on assiste à la diffusion massive de la
fameuse théorie dite du « gender », pour qui la différenciation entre
l’homme et la femme est une discrimination. Je réponds : non à la différence
interdite ! L’anthropologie judéo-chrétienne, qu’il nous faut assumer, est
fondée dans la différence entre l’homme et la femme, différenciation qui les
affecte dans leur personnalité profonde et qui loin d’entamer leur égalité
fondamentale de dignité la promeut au contraire, à travers une
complémentarité qui est source d’enrichissement mutuel, là où la théorie du
genre conduit à un appauvrissement culturel, porteuse même de confusions
entraînant des désordres et finalement des injustices. C’est un enjeu
anthropologique qu’il faut prendre très au sérieux, comme me le confirmait
dans une entrevue récente, Tony Anatrella, prêtre et psychanalyste de
réputation internationale.
Enfin, pour être tout à fait juste, je me permets de rappeler que mon
prédécesseur n’a jamais donné formellement d’autorisation. J’ajoute que je
n’ai pas pour autant l’intention de l’interdire. Je voulais seulement donner
ici quelques éléments pour un discernement pastoral.
La messe en basque
Là encore, le procès qui m’est fait n’est pas juste. C’est habituellement et
avec joie que je célèbre la messe en basque, dans le pays basque intérieur
en particulier. J’ai dit et répété depuis mon arrivée dans le diocèse mon
intérêt pour la langue basque, véhicule d’une culture profondément enracinée
dans la foi. Le 17 juillet dernier, alors que je présidais la messe en
basque de Saint-André, j’ai affirmé combien cette messe avait toute sa place
: d’abord pour les bascophones, et en particulier ceux dont c’est la langue
maternelle et qui ont le droit, dans l’esprit de Pentecôte, de prier et de
louer Dieu dans leur langue, comme pour ceux qui, tout en ne comprenant pas
le basque, sont saisis par la beauté des chants qui élèvent l’âme vers Dieu,
enfin pour ceux qui se réapproprient la culture et la langue basque
en-dehors de l’Eglise. C’est pourquoi j’ai dit que l’Eglise n’avait pas
vocation à conserver un patrimoine mais à faire vivre une langue pour mieux
annoncer l’Evangile.
Il reste vrai qu’à la demande écrite qui m’a été faite par un groupe de
personnes, se présentant comme porte-paroles des fidèles de la messe en
basque de Saint-André, de déclarer officiellement Saint-André « Eglise
des basques », j’ai répondu que ce n’était pas juste. En effet les
fidèles qui fréquentent cette messe font partie d’une communauté plus large
– une paroisse, un diocèse – dont la langue commune – la koïne de l’Eglise
des premiers siècles qui fut le grec, puis le latin – est le français. C’est
pourquoi j’ai parlé de risque de « communautarisme » : l’expression,
rapportée par Sud-ouest dans un entretien, était forte et je n’ai sans doute
pas apprécié le retentissement qu’elle peut avoir ici ; mais je m’empresse
de préciser que j’ai seulement parlé de « risque », eu égard à la
demande explicite qui m’était faite, sans l’appliquer pour autant à la
situation présente : d’ailleurs, j’ai souhaité évidemment que cette messe en
basque soit maintenue et puisse bénéficier de toute l’attention pastorale
nécessaire.
La messe en latin
C’est le même principe que pour la messe en basque : c’est le « droit des
fidèles » qui est en jeu ! Le droit de l’Eglise universelle, à travers le
motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 prévoit que les fidèles
attachés à la langue latine – car pour eux et d’après leur expérience
spirituelle, elle est un meilleur vecteur de la transmission de la foi et de
la célébration du Mystère eucharistique – peuvent bénéficier de la liturgie
selon le missel de 1962 – appelé désormais « forme extraordinaire »
du rite romain – promulgué par le bienheureux Jean XXIII et qui a été
célébré tout au long du Concile Vatican II. Je tâche donc de garantir ce
droit. Je précise en outre que le latin en lui-même n’est pas lié à l’ancien
missel : dans le nouveau missel, son usage continue d’avoir toute sa place,
comme le précise la Constitution
Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II : « L’usage de la langue
latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins »
(n. 36) ; « L’Eglise reconnaît dans le chant grégorien le
chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions
liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place
» (n. 116).
Conclusion
Pour toutes ces affaires, ce qui m’importe, et ce pourrait en être le
résumé, car tout se tient, c’est ce que j’appellerais « le droit à la
différence », mais dans un esprit de communion, c’est-à-dire
d’acceptation mutuelle des différences, qu’il ne suffit pas d’invoquer de
manière incantatoire, de complémentarité entre les uns et les autres et donc
d’enrichissement réciproque, voire de réconciliation. Qui pourrait s’y
opposer sans manquer de respect à autrui et même sans sectarisme ?
Mais je trouve que, ces derniers temps, on s’est beaucoup intéressé à la vie
interne de notre Eglise. Remarquez que cela veut sans doute dire que
l’Eglise, qu’on dit minoritaire, a encore beaucoup d’intérêt aux yeux du
monde, ce dont il faut sans doute se réjouir. Mais ce qui m’intéresse, à
l’approche de Noël, si vous le permettez, c’est que l’on sorte des
sacristies et que l’on cesse de donner l’impression d’une Eglise d’abord
préoccupée d’elle-même, et que l’on se tourne résolument vers le monde avec
ses inquiétudes et ses épreuves présentes, en attente de notre solidarité et
de notre courage à annoncer la bonne nouvelle du Salut. Pour cela, je vous
renvoie à mon message de Noël.
+ Marc Aillet
Evêque de Bayonne, Lescar et Oloron
(22 Déc 09)
Le message de Noël de Mgr Aillet
A l’approche de Noël, je me tourne vers le monde avec ses inquiétudes et ses
épreuves présentes qui peuplent ma prière.
Je pense aux quelques 300 familles touchées, dans le bassin de Lacq, par la
fermeture de la Célanèse ; je pense aux producteurs de lait dans
l’incertitude face à l’avenir, et plus généralement, au monde agricole
encore très présent dans notre département, de plus en plus fragilisé, alors
qu’il constitue le tissu rural indispensable à l’équilibre humain de notre
société.
Je pense aux inquiétudes qui agitent nombre de nos concitoyens en cette
période de crise économique et sociale.
En contemplant le « nouveau-né de la crèche » que nous nous apprêtons à
fêter, je pense à la dépréciation alarmante de la vie humaine dont on
cherche parfois à se défendre plutôt que de la protéger, en particulier chez
les plus petits et les plus faibles : le drame de l’avortement - et pour les
innocents ainsi sacrifiés, et pour les femmes ainsi blessées dans leur
maternité -, le dépistage systématique des anomalies génétiques, les
recherches hasardeuses et inacceptables sur les cellules souches
embryonnaires, comme l’ont rappelé les évêques de France dans le débat
récent sur la révision des lois de bioéthique.
Je pense encore aux nouvelles pauvretés plus existentielles, toutes les
formes de sous-développement moral et spirituel, la crise du sens qui
affecte en particulier les jeunes et qui donne si souvent une tonalité
dépressive à nos sociétés dites riches et provoque tant de ruptures du lien
social.
En fixant les yeux de la foi sur la sainte famille de Nazareth, je pense
très fort à l’éclatement douloureux de la famille, cellule de base et
creuset affectif d’une société humaine digne de ce nom.
Aux fidèles de l’Eglise catholique, j’adresse donc un encouragement à une
solidarité toujours plus active pour soulager les détresses de leurs frères
et sœurs en humanité ; je les renvoie au vibrant message des évêques de
France aux communautés chrétiennes : « La charité du Christ nous presse
».
Que le pain vivant de l’Eucharistie -Bethléem signifie « maison du pain »-
fasse grandir en eux cette volonté d’amour qui les engage toujours plus
intensément au service de leurs frères.
A tous les hommes et les femmes de bonne volonté, en particulier à ceux qui
sont éprouvés, je veux adresser un message d’espérance : « je vous
annonce une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple ». «
Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le
Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez
un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire »
(Lc 2, 13).
C’est la seule « promesse de bonheur » qui soit fiable pour aujourd’hui :
Jésus seul peut sauver les hommes de leurs détresses, et Lui seul peut aller
jusqu’au fond des problèmes, c’est-à-dire jusqu’à leurs racines cachées dans
le cœur de chaque homme. Lui seul par sa Parole et sa présence dans les
sacrements de l’Eglise, peut guérir le cœur de l’homme et le remplir d’une
volonté d’amour qui soit vraiment efficace et qui puisse faire advenir un
monde nouveau où règnent la justice et la paix.
« Voici que je me tiens à la porte, dit Jésus, et je frappe ; si
quelqu’un entend ma voix et s’il m’ouvre, j’entrerai chez lui et je prendrai
mon repas avec lui et lui avec moi » (Ap 3, 20).
Saurons-nous donc l’accueillir et lui ouvrir en grand les portes de notre
cœur ?
Saint et joyeux Noël à tous !
+ Marc Aillet
Evêque de Bayonne, Lescar et Oloron
(Noël 2009)
Ecouter le message ici
►
Message de Noël de Mgr Aillet en français (MP3 - 1.7 Mo)
Sources : diocese-Bayonne
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.12.2009 -
T/Eglise
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