La loi morale naturelle, dit Benoît XVI, est
constitutive de l’homme |
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Le 23 novembre 2007 -
(E.S.M.) - Le pape Benoît XVI met l’accent sur
le surgissement de la loi morale et propose comme terrain de réflexion
la loi naturelle pour tous les hommes de bonne volonté qui ne partagent
pas la foi chrétienne.
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"Deux choses remplissent
le coeur d'une admiration et d'une vénération toujours nouvelles et toujours
croissantes: le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi".
La loi morale naturelle, dit Benoît XVI, est constitutive de l’homme, elle
lui est co-naturelle
DE LA LOI MORALE NATURELLE !
commentaire de Pierre-Charles Aubrit
Saint Pol, (site ami
lescatholiques.free.fr)
(en bleu les commentaires, en
noir les paroles du Saint-Père)
Le pape Benoît XVI recevait, le 18 octobre 2007, la
Commission Internationale de Théologie, à cette occasion, Sa Sainteté
prononça un discours dans lequel, elle aborda le problème de la loi morale
naturelle, elle invita la dite Commission à travailler sur le sujet.
La loi morale naturelle, dit Benoît XVI, est
constitutive de l’homme, elle lui est co-naturelle [1] : «
Elle a pour pivot l'aspiration et la soumission à Dieu, source et juge de
tout bien, ainsi que le sens d'autrui comme égal à soi-même. Elle est
exposée en ses principaux préceptes dans le Décalogue. »
La loi morale naturelle est le bien commun de tout le genre humain ;
toutefois, il nous faut aborder le sujet avec prudence, car le concept de «
morale » est victime malheureusement de variations selon les cultures, le
poids quasi homicide de certaines traditions, car il convient d’avoir sans
cesse à l’esprit l’événement historique qui ouvre l’histoire : le péché
originel.
Le péché originel ouvre une brèche effrayante dans
l’être de l’homme, il n’est plus à même de maîtriser ses appétits qui
tendent à se multiplier au fur et à mesure qu’il s’y soumet. Voilà pourquoi,
il nous semble important de distinguer deux lois naturelles :
la loi morale naturelle et la loi naturelle qui est celle observable par les
sens, elle établit la création matérielle. [2]
Nous aurions toutefois grand tort de les dissocier parce qu’il convient de
les distinguer, saint Paul nous met en garde : « Depuis la
création du monde, en effet, ses [attributs] invisibles sont rendus visibles
à l’intelligence par ses œuvres : et sa puissance éternelle et sa divinité.
Ils sont donc sans excuse, puisque, connaissant Dieu, ils ne l’ont ni
glorifié ni remercié comme Dieu ; au contraire, ils sont devenus vains dans
leurs raisonnements, et leur cœur inintelligent s’est obscurci. Se
prétendant sages, ils sont devenus fous, et ils ont échangé la gloire du
Dieu incorruptible pour des images représentant l’homme corruptible, des
oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. »
(Rom.1, 20-24)
Ce passage est une condamnation sans appel pour toutes
les lois qui, actuellement, s’opposent à la loi morale naturelle et la loi
naturelle. Et actuellement, pour la justification de celles-ci, dans un
égarement d’orgueil rarement égalé, sauf par l’idéologie nazie, les voilà
qui arrivent maintenant, dans un contresens inouï, à considérer la création
physique, les problèmes environnementaux comme une nouvelle exigence
idéologique si tendue qu’on peut sans excès dire qu’il s’agit là d’une
nouvelle idolâtrie. Nous aurons l’occasion d’aborder ultérieurement ce sujet
; mais aujourd’hui, on peut dire que les courants fixés autour de
l’environnement reflètent tous les égarements produits par ces orgueils
désespérés qui se figent comme hallebardes contre la loi morale naturelle.
Le pape Benoît XVI met l’accent sur le surgissement de
la loi morale et propose comme terrain de réflexion la loi naturelle pour
tous les hommes de bonne volonté qui ne partagent pas la foi chrétienne
: « Avec cette doctrine, l’on parvient à deux finalités
essentielles: d'une part, on comprend que le contenu éthique de la foi
chrétienne ne constitue pas une imposition dictée de l'extérieur à la
conscience de l'homme, mais qu'il s'agit d'une norme qui a son fondement
dans la nature humaine elle-même; d'autre part, en partant de la loi
naturelle accessible en soi à toute créature rationnelle, on établit avec
celle-ci la base pour entrer en dialogue avec tous les hommes de bonne
volonté et, de manière plus générale, avec la société civile et séculière.
[3] » Il nous semble entendre en écho de charité,
le discours du Très Saint Patriarche Alexis II de Moscou qui fit la même
proposition au Parlement européen. Il importe de toute urgence que tous les
représentants des religions et des milieux laïcs se rencontrent et se
parlent sur le terrain commun de l’humanité qui est la Loi Morale Naturelle
et la loi Naturelle. De ces discussions, devraient jaillir une union des
bonnes volontés contre tous les courants dérivant qui s’opposent
radicalement à l’ordre naturel [4] : « La loi naturelle n’est
rien d’autre que la lumière de l’intelligence mise en nous par Dieu ; par
elle, nous connaissons ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter. Cette
lumière ou cette loi, Dieu l’a donnée à la création. »
(St. Thomas d’A., dec. praec. 1.)
Benoît XVI poursuit en mettant l’accent sur les causes
de l’inversion à laquelle nous assistons : « Mais c'est
précisément en raison de l'influence de facteurs d'ordre culturel et
idéologique, que la société civile et séculière d'aujourd'hui se trouve dans
une situation d'égarement et de confusion: on a perdu l'évidence originelle
des fondements de l'être humain et de son action éthique, et la doctrine de
la loi morale naturelle s'oppose aux autres conceptions qui en sont la
négation directe. » Malgré la gravité sévère et
remplie de douleurs de ce passage, nous ne pouvons que nous réjouir de cette
parole, car elle condamne implicitement Descartes et son : « je pense donc
je suis », ainsi que le « libre examen des réformés [5]. »
Il est évident que de telles lois nourries d’idéologies de la mort et de
la non-vérité ne peuvent que contribuer à l’inintelligence de l’homme à son
incompréhension. On n’est incapable actuellement de recevoir l’homme dans
toute son unité et diversité ; on parle à son sujet de grandeur et de
dignité, mais en définitive, on ignore à quoi les relier. Le pape continue
sa dénonciation : « Le problème qui se pose n'est donc
pas la recherche du bien, mais celle du pouvoir, ou plutôt de l'équilibre
des pouvoirs. A la racine de cette tendance se trouve le relativisme
éthique, dans lequel certains voient même l'une des conditions principales
de la démocratie, car le relativisme garantirait la tolérance et le respect
réciproque des personnes. Mais s'il en était ainsi, la majorité d'un moment
deviendrait la source ultime du droit. L'histoire démontre avec une grande
clarté que les majorités peuvent se tromper. La véritable rationalité n'est
pas garantie par le consensus d'un grand nombre, mais seulement par la
compréhension qu'a la raison humaine de la Raison créatrice et par l'écoute
commune de cette Source de notre rationalité. »
Nous sommes ici devant un commentaire d’urgence du
passage cité plus haut de saint Paul ; il est évident que le rejet de Dieu
appel logiquement au rejet des lois morales naturelles et au refus de
l’observation des lois naturelles. Ce qui fait que ces esprits convaincus
d’être rationnels sont en fait si égarés dans leur révolte qu’ils n’ont plus
rien de rationnel et sont esclaves d’un subjectivisme tragique. Il s’agit
d’une confusion de la raison mêlée d’affectivités et de sensibleries, un
pathos de l’intelligence soumise à toutes les déraisons, une intelligence
désarticulée qui a perdu son axe. Mais comment pourrait-elle l’avoir gardé
puisqu’elle rejette de manière cruelle et pathologique toute idée de vérité
révélée ?
Le successeur de Pierre dans la logique implacable
de son analyse met implicitement en garde les pouvoirs publics contre le
danger de ces dispositions législatives, car elles ont pour conséquences
mortelles le sentiment progressif, mais bien réel du retrait de toute
légitimité dans l’exercice du pouvoir quel que soit le régime : «
Lorsque les exigences fondamentales de la dignité de la personne humaine,
de sa vie, de l'institution familiale, de la justice, de l'organisation
sociale, c'est-à-dire les droits fondamentaux de l'homme, sont en jeu,
aucune loi faite par les hommes ne peut renverser la règle écrite par le
Créateur dans le cœur de l'homme, sans que la société elle-même ne soit
dramatiquement frappée dans ce qui constitue sa base incontournable. La loi
naturelle devient ainsi la véritable garantie offerte à chacun pour vivre
libre et respecté dans sa dignité et à l'abri de toute manipulation
idéologique et de toute décision arbitraire ou d'abus du plus fort. Personne
ne peut se soustraite à cet appel. » Il se
produira une tragédie majeure quand, dans l’ensemble des peuples et surtout
ceux de l’Occident, il sera ressenti l’absence de toute légitimité du
pouvoir, mais aussi des institutions comme la justice par exemple. L’effroi
que cela produira initiera des violences désespérées de nature telle
qu’aucun homme n’aura encore connues malgré les tragiques de la Seconde
guerre mondiale qui seront surpassées. On croit aujourd’hui gagner la
sympathie des peuples en les flattant dans ce qu’ils ont de plus bas parce
que des forces occultes ont largement contribué à cette culture du blasphème
instituée ; c’est là pourtant le sceau d’un complet aveuglement. Quand les
peuples plongés dans la vérité de leur conscience réaliseront combien ils
ont déchu de leur dignité, alors il surgira en eux un tel désespoir qu’ils
dévoreront ceux-là même qui les auront tant et tant flattés dans leurs
appétits infra- humains. Ils n’auront plus de mesure que leur propre abîme
désolant creusé par leur faute, ils voudront que toute l’humanité s’y
engouffre, car ils n’auront pas voulu se donner la volonté d’aimer
: « Si, en raison d'un obscurcissement tragique de la conscience
collective, le scepticisme et le relativisme éthique parvenaient à effacer
les principes fondamentaux de la loi morale naturelle, l'ordre démocratique
lui-même serait radicalement blessé dans ses fondements. »
Il appartient à tous les hommes de foi et de raison
de s’attacher à s’unir pour combattre un mal aux effets si dévastateurs. Nul
ne peut aujourd’hui, si tenté qu’il se respecte et s’aime, rester inerte
devant les enjeux qui vont déterminer le sort de l’humanité d’ici ces vingt
prochaines années. L’homme mesure de lui-même n’est rien de moins que la
bombe la plus puissante qu’ait jamais été conçue, plus puissante que la
totalité des bombes atomiques réunies en une seule.
Nous laisserons à Sa Sainteté le pape Benoît XVI la
conclusion de ce commentaire : « Contre cet obscurcissement,
qui est à la base de la crise de la civilisation humaine, avant même que
chrétienne, il faut mobiliser toutes les consciences des hommes de bonne
volonté, laïcs ou appartenant à des religions différentes du christianisme,
pour qu'ensemble et de manière concrète, ils s'engagent à créer, dans la
culture et dans la société civile et politique, les conditions nécessaires
pour une pleine conscience de la valeur inaliénable de la loi morale
naturelle. »
Puisse tout homme entendre cet appel et puisse tout
chrétien accepter une fois pour toutes d’obéir à la vérité source de sa
liberté.
[1] - L’homme participe à la sagesse et à la bonté du Créateur qui lui
confère la maîtrise de ses actes et la capacité de se gouverner en vue de la
vérité et du bien. La loi naturelle exprime le sens moral originel qui
permet à l’homme de discerner par la raison ce que sont le bien et le mal,
la vérité et le mensonge. (Le
Catéchisme de l'Église catholique N°1954) “La loi naturelle est
écrite et gravée dans l’âme de tous et de chacun des hommes parce qu’elle
est la raison humaine ordonnant de bien faire et interdisant de pécher. […]
Mais cette prescription de la raison humaine ne saurait avoir force de loi,
si elle n’était la voix et l’interprète d’une raison plus haute à laquelle
notre esprit et notre liberté doivent être soumis.(Libertas
praestantissimum)
[2] - C’est ainsi que l’on peut observer dans la nature que la procréation
est le résultat de l’union des corps organiques d’un mâle et d’une femelle
et qu’au-delà de cette union organique, on peut observer que s’établit une
stabilité dirons-nous familiale, le temps pour leur progéniture d’atteindre
leur maturité. On peut également observer que la création matérielle repose
sur les lois dites d’équilibre et d’harmonie que les intempéries peuvent
rompre et provoquer toutes sortes de catastrophes naturelles. Il en est de
même pour l’homme qui a besoin d’harmonie et d’équilibre c’est-à-dire de
justice.
[3] - « La loi « divine et naturelle » montre à l’homme la voie à suivre pour
pratiquer le bien et atteindre sa fin. La loi naturelle énonce les préceptes
premiers et essentiels qui régissent la vie morale. (Le
Catéchisme de l'Église catholique N°1955)
[4] - Tout ce qui s’oppose au jaillissement de la vie, tout ce qui porte
atteinte à la dignité et à la grandeur de l‘homme, tout ce qui tend au
mépris de dieu et de la transcendance est radicalement contraire à la loi
morale naturelle et la loi naturelle.
[5] - C’est en effet de ces deux facteurs que sortent les cultures
révolutionnaires et idéologiques. Actuellement, nous assistons à leur
paroxysme, elles essayent d’atteindre au sein de la mémoire de l’humanité
l’effacement du souvenir même de Dieu. Il s’agit du troisième nœud ou cercle
du Dragon.
Benoît XVI assure qu'aucune loi faite par les
hommes ne peut renverser la norme du Créateur : ►
Benoît XVI
►
Discours de Benoît XVI aux membres de la
commission théologique
Sources: lescatholiques.free.fr
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.11.2007 - BENOÎT XVI
- T/Théologie |