Discours de Benoît XVI aux membres de
la commission théologique |
 |
Cité du Vatican, le 18 octobre 2007 -
(E.S.M.) - Le Vatican publie le
discours du pape Benoît XVI aux membres de la commission théologique. Le
saint Père cite le Catéchisme de l'Eglise catholique qui résume bien le
contenu central de la doctrine sur la loi naturelle, en soulignant que
celle-ci "énonce les préceptes premiers et essentiels qui régissent la
vie morale.
|
Le pape Benoît XVI et
les membres de la commission théologique
Discours de Benoît XVI aux membres de la commission théologique
Le Saint Père Benoît XVI a reçu en audience les membres de la Commission
théologique internationale et leur a adressé le discours suivant:
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
AUX MEMBRES DE LA COMMISSION THÉOLOGIQUE
INTERNATIONALE
Salles des Papes
Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Illustres professeurs et chers collaborateurs,
C'est avec une joie particulière que je vous accueille, au terme des travaux
de votre Assemblée plénière annuelle. Je désire tout d'abord vous exprimer,
Monsieur le Cardinal, mes sincères remerciements pour les paroles d'hommage
qu'au nom de tous, en qualité de Président de la Commission théologique
internationale, vous m'avez adressées. Les travaux de ce septième
"quinquennat" de la Commission théologique internationale ont déjà porté un
fruit concret, comme vous l'avez rappelé, Monsieur le Cardinal, avec la
publication du document "L'espérance de salut pour les enfants qui meurent
sans baptême". Dans celui-ci, le thème est traité dans le contexte de la
volonté salvifique universelle de Dieu, de l'universalité de la médiation
unique du Christ, du primat de la grâce divine et du caractère sacré de
l'Eglise. Je suis certain qu'un tel document peut constituer un point de
référence utile pour les Pasteurs de l'Eglise et pour les théologiens, et
également une aide et une source de réconfort pour les fidèles qui ont
souffert dans leurs familles de la mort soudaine d'un enfant, avant qu'il ne
reçoive le bain de la régénération. Vos réflexions pourront également
constituer des occasions d'approfondissement supplémentaire et de recherches
sur l'argument. Il faut en effet pénétrer toujours plus à fond dans la
compréhension des diverses manifestations de l'amour de Dieu, qui nous a été
révélé dans le Christ, à l'égard de tous les hommes, en particulier des plus
petits et des plus pauvres.
Je vous félicite des résultats déjà obtenus et, dans le même temps, poursuit
Benoît XVI, je vous
encourage à poursuivre avec application l'étude des autres thèmes proposés
pour ce quinquennat et sur lesquels vous avez déjà travaillé au cours des
années passées et de cette Assemblée plénière. Il s'agit, comme vous l'avez
rappelé, Monsieur le Cardinal, des fondements de la loi morale naturelle et
des principes de la théologie et de sa méthode. A l'occasion de l'audience
du 1 décembre 2005, j'ai présenté quelques orientations fondamentales du
travail que le théologien doit accomplir en communion avec la voix vivante
de l'Eglise sous la direction du Magistère. Je voudrais à présent m'arrêter
de manière particulière sur le thème de la loi morale naturelle. Comme vous
le savez probablement, à l'initiative de la Congrégation pour la Doctrine de
la Foi se sont déroulés, ou sont en train d'être organisés par divers
centres universitaires et associations, des symposiums ou des journées
d'études dans le but de déterminer des lignes de convergence utiles pour un
approfondissement constructif et efficace de la doctrine sur la loi morale
naturelle. Cette invitation a jusqu'à présent trouvé un accueil positif et
un écho important. C'est donc avec un grand intérêt que l'on attend la
contribution de la Commission théologique internationale, qui vise surtout à
justifier et à illustrer les fondements d'une éthique universelle,
appartenant au grand patrimoine de la sagesse humaine, qui constitue d'une
certaine manière une participation de la créature rationnelle à la loi
éternelle de Dieu. Il ne s'agit donc pas d'un thème de type exclusivement ou
principalement confessionnel, même si la doctrine sur la loi morale
naturelle est illuminée et développée en plénitude à la lumière de la
Révélation chrétienne et de l'accomplissement de l'homme dans le mystère du
Christ.
Le
Catéchisme de l'Eglise catholique résume bien le contenu central de la
doctrine sur la loi naturelle, en soulignant que celle-ci "énonce les
préceptes premiers et essentiels qui régissent la vie morale. Elle a pour
pivot l'aspiration et la soumission à Dieu, source et juge de tout bien,
ainsi que le sens d'autrui comme égal à soi-même. Elle est exposée en ses
principaux préceptes dans le Décalogue. Cette loi est dite naturelle non pas
en référence à la nature même des êtres irrationnels, mais parce que la
raison qui l'édicte appartient en propre à la nature humaine" (n. 1995).
Avec cette doctrine, l'on parvient à deux finalités essentielles: d'une
part, on comprend que le contenu éthique de la foi chrétienne ne constitue
pas une imposition dictée de l'extérieur à la conscience de l'homme, mais
qu'il s'agit d'une norme qui a son fondement dans la nature humaine
elle-même; d'autre part, en partant de la loi naturelle accessible en soi à
toute créature rationnelle, on établit avec celle-ci la base pour entrer en
dialogue avec tous les hommes de bonne volonté et, de manière plus générale,
avec la société civile et séculière.
Mais c'est précisément en raison de l'influence de facteurs d'ordre culturel
et idéologique, que la société civile et séculière d'aujourd'hui se trouve
dans une situation d'égarement et de confusion: on a perdu l'évidence
originelle des fondements de l'être humain et de son action éthique, et la
doctrine de la loi morale naturelle s'oppose aux autres conceptions qui en
sont la négation directe. Tout cela a des conséquences immenses et graves
dans l'ordre civil et social. Chez de nombreux penseurs, semble aujourd'hui
dominer une conception positiviste du droit, confie Benoît XVI. Selon eux, l'humanité ou la
société, ou de fait la majorité des citoyens, devient la source ultime de la
loi civile. Le problème qui se pose n'est donc pas la recherche du bien,
mais celle du pouvoir, ou plutôt de l'équilibre des pouvoirs. A la racine de
cette tendance se trouve le relativisme éthique, dans lequel certains voient
même l'une des conditions principales de la démocratie, car le relativisme
garantirait la tolérance et le respect réciproque des personnes. Mais s'il
en était ainsi, la majorité d'un moment deviendrait la source ultime du
droit. L'histoire démontre avec une grande clarté que les majorités peuvent
se tromper. La véritable rationalité n'est pas garantie par le consensus
d'un grand nombre, mais seulement par la compréhension qu'a la raison
humaine de la Raison créatrice et par l'écoute commune de cette Source de
notre rationalité.
Lorsque les exigences fondamentales de la dignité de la personne humaine, de
sa vie, de l'institution familiale, de la justice, de l'organisation
sociale, c'est-à-dire les droits fondamentaux de l'homme, sont en jeu,
aucune loi faite par les hommes ne peut renverser la règle écrite par le
Créateur dans le cœur de l'homme, sans que la société elle-même ne soit
dramatiquement frappée dans ce qui constitue sa base incontournable. La loi
naturelle devient ainsi la véritable garantie offerte à chacun pour vivre
libre et respecté dans sa dignité et à l'abri de toute manipulation
idéologique et de toute décision arbitraire ou d'abus du plus fort. Personne
ne peut se soustraite à cet appel. Si, en raison d'un obscurcissement
tragique de la conscience collective, le scepticisme et le relativisme
éthique parvenaient à effacer les principes fondamentaux de la loi morale
naturelle, l'ordre démocratique lui-même serait radicalement blessé dans ses
fondements. Contre cet obscurcissement, qui est à la base de la crise de la
civilisation humaine, avant même que chrétienne, il faut mobiliser toutes
les consciences des hommes de bonne volonté, laïcs ou appartenant à des
religions différentes du christianisme, pour qu'ensemble et de manière
concrète, ils s'engagent à créer, dans la culture et dans la société civile
et politique, les conditions nécessaires pour une pleine conscience de la
valeur inaliénable de la loi morale naturelle. C'est en effet du respect de
celle-ci que dépend le développement des individus et de la société sur la
voie de l'authentique progrès, conformément à la juste raison, qui est une
participation à la Raison éternelle de Dieu.
Très chers amis, conclut Benoît XVI, c'est avec reconnaissance que j'exprime à tous mon
appréciation pour le dévouement qui vous caractérise et mon estime pour le
travail que vous avez accompli et que vous accomplissez. En vous présentant
mes vœux pour vos travaux à venir, je vous donne avec affection ma
Bénédiction.
Synthèses du discours
:
►
Benoît XVI assure qu' aucune loi faite par les hommes ne peut renverser la
norme du Créateur
►
Benoît XVI insiste sur la supériorité de la loi morale naturelle
Sources: www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana - 05.10.07
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.10.2007 - BENOÎT XVI |