L'élargissement des espaces de
rationalité que Benoît XVI propose avec insistance |
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ROME, le 22 Mai 2007 -
(E.S.M.) - Le jour même où, à São Paulo,
Benoît XVI adressait aux évêques brésiliens le discours clé de son
voyage, en Italie, son cardinal vicaire Camillo Ruini traçait les lignes
directrices d’une rencontre positive entre le christianisme et les
traits dominants de la culture contemporaine.
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L'élargissement des espaces de rationalité que Benoît XVI propose
avec insistance
"L'hypothèse la meilleure": l’humble proposition de
l'Eglise de Ratzinger et Ruini
Le cardinal vicaire du pape adresse de nouveau cette proposition au monde
laïc guidé par les phares de la raison critique et de la liberté
scientifique illimitée. En échange, il souhaite que cette raison renonce à
prétendre à la domination exclusive et s'ouvre aux questions clés de toute
théologie et toute culture: Dieu et l’homme.
par Sandro Magister
Le jour même où, à São Paulo, Benoît XVI adressait aux évêques brésiliens le
discours clé de son voyage, en Italie, son cardinal vicaire Camillo Ruini
traçait les lignes directrices d’une rencontre positive entre le
christianisme et les traits dominants de la culture contemporaine.
C’était le 11 mai. Et les deux discours, celui
du Saint Père Benoît XVI et celui de son vicaire, aussi
éloignés fussent-ils géographiquement, étaient en réalité tout proches.
Dans une société mondialisée, en effet, des tendances telles que le
relativisme et le nihilisme, la domination des sciences et, de l’autre côté,
le réveil public des religions n’ont plus de frontières et de domaines
réservés. Ils marquent la vie de tous, sur tous les
continents.
Une Eglise à dimension universelle comme l’Eglise catholique ne peut donc
pas ne pas relever le défi. Elle l’a fait depuis ses origines, comme
l’explique le cardinal Ruini dans la première partie de son discours, qui
retrace les grandes lignes d’une histoire de la rencontre entre la théologie
chrétienne et les cultures, depuis l’empire romain jusqu’à l’âge moderne,
pour ensuite concentrer particulièrement son attention sur la période qui va
du Concile Vatican II jusqu’à aujourd’hui.
Le cardinal Ruini décrit les interprétations divergentes qu’a reçues le
Concile au sein de la pensée catholique: des interprétations "qui ont divisé
la théologie catholique et fortement influencé la vie de l’Eglise".
Il consacre aussi un passage à la théologie de la
libération qui s’est développée en Amérique latine dans les années
Soixante-dix et Quatre-vingt, au choc qu’elle a subi en 1989 avec
l’effondrement du système marxiste pour ensuite aboutir à la théologie des
religions considérées comme des voies de salut "extra Ecclesiam"
nombreuses et valables: un aboutissement ponctuellement confirmé par les
critiques adressées à Benoît XVI à la suite de son voyage au Brésil par les
représentants des théologies "indigénistes".
Mais il ne se contente pas de décrire l’état des choses. Son discours
s’achève par des propositions positives et se rattache au grand magistère de
Joseph Ratzinger.
L’image que l’on retient des deux – du pape théologien et de son vicaire
philosophe – n’est pas celle d’une Eglise retranchée derrière ses murailles
et assiégée.
Ce n’est pas davantage l’image d’une Eglise qui se consacrerait uniquement à
dire le paradoxe et la beauté de la vérité chrétienne, advienne que pourra.
Mais au contraire:
"Pour que cette richesse et cette beauté restent vivantes et qu’elles
parlent à notre temps, il est nécessaire qu’elles dialoguent avec la raison
critique et la recherche de liberté qui le caractérisent, de manière à
ouvrir cette raison et cette liberté, pour ainsi dire ‘de l’intérieur’, et à
faire entrer dans la foi chrétienne les valeurs qu’elles contiennent".
Ainsi s’exprime le cardinal Ruini dans un passage clé de son discours du 11
mai, retranscrit dans son intégralité ci-dessous.
Il a prononcé ce discours en un lieu et devant un public non ecclésiaux mais
laïques: à Turin, lors de la Foire Internationale du Livre.
Théologie et culture, à la
frontière l’une de l’autre
par Camillo Ruini
1. Les racines historiques
Le rapport entre théologie et culture a été fondamental dans le passé, tant
pour la théologie, et plus largement pour le christianisme et son expansion
missionnaire, que pour la culture, ou plutôt pour les différentes cultures
et civilisations où le christianisme s’est introduit et qu’il a lui-même
modelées en grande partie ou même engendrées.
Cela avait déjà eu lieu à la période néotestamentaire, lorsque la foi en
Jésus Christ est née dans le monde culturel judaïque et s’est introduite
tout de suite après dans le monde gréco-romain et qu’elle a commencé à
transformer ces deux cultures, qui n’étaient d’ailleurs pas séparées
strictement mais déjà très entremêlées.
Par la suite, ce processus a caractérisé toute l’époque patristique, au
travers d’une confrontation soutenue entre la théologie des Pères (et pas
seulement les Apologètes) et la philosophie et les modes de vie alors
dominants. Cela s’est produit parallèlement à l’affirmation de la mission
chrétienne et en a même constitué une dimension essentielle. Au terme de cet
itinéraire, la foi chrétienne était devenue le facteur le plus influent et
déterminant de cette culture, qui conservait néanmoins ses aspects
spécifiques et, naturellement, son dynamisme d’évolution historique.
Pendant longtemps, ce rôle central du christianisme dans la culture a
perduré et s’est, sous différents aspects, étendu et institutionnalisé, au
travers de phases successives et complexes liées aux grands mouvements de
population qui ont eu lieu entre l’Antiquité et le Moyen âge puis des phases
d’expansion missionnaire du christianisme entre les peuples germaniques et
slaves. On peut trouver une formulation classique et exemplaire de cette
centralité dans la première question de la "Summa Theologiae" de
saint Thomas d’Aquin, consacrée à la "Sacra doctrina". Il y est
affirmé que non seulement cette doctrine est science, dans un sens
supérieur, et savoir, mais que, étant une en elle-même, elle s’étend à tout
ce qui appartient aux diverses sciences philosophiques, spéculatives et
pratiques. En même temps, cette doctrine a par rapport
à elles une dignité qui les transcende et un primat fondamental. Et
pourtant, selon le principe qui affirme que la grâce ne supprime pas la
nature mais la perfectionne, elle doit se servir d’elles.
Nous savons bien que cette suprématie mais aussi le rapport entre
christianisme et culture, entre théologie et culture, a connu
progressivement une crise depuis le tout début de l’époque moderne. Cette
crise a débuté à partir de ce que l’on a appelé "le tournant
anthropologique", qui a placé l’homme au centre, parallèlement à
l’apparition de la science dite "galiléenne" et aux guerres de religion en
Europe. Il était alors en quelque sorte nécessaire de concevoir et gérer la
sphère publique "etsi Deus non daretur", comme si Dieu n’existait
pas.
Il n’a pas lieu de s’arrêter ici sur ces questions bien connues. Je voudrais
plutôt rappeler que la distinction et, une fois affirmée cette distinction,
le rapport entre raison et foi, entre philosophie et théologie, a fait
l’objet d’un approfondissement systématique dans la théologie médiévale, et
sous une forme éminente chez saint Thomas. Comme l’a très bien montré É.
Gilson dans une étude, publiée en 1927, sur les raisons pour lesquelles
saint Thomas a critiqué saint Augustin
("Pourquoi saint Thomas a critiqué saint Augustin", dans AHDLM, 1, pp.
5-127), la base théorique de cet approfondissement se trouve dans
la gnoséologie et l’ontologie de matrice aristotélicienne, qui a justement
permis une distinction plus claire et systématique entre les capacités
cognitives intrinsèques à l’homme et la lumière qu’il reçoit par la présence
divine en lui.
Une thèse historico-religieuse largement diffusée, développée principalement
par un auteur d’envergure comme H. de Lubac, sur les traces de M. Blondel,
estime que l’insistance unilatérale à propos de cette distinction, qui s’est
affirmée à travers la “deuxième scolastique“ c’est-à-dire justement au tout
début de la période moderne, a contribué à écarter le christianisme et la
théologie des développements de la culture, en leur donnant involontairement
une légitimation théologique.
Personnellement, je peux partager cette thèse, à condition de ne pas
exagérer son poids historique concret. Je veux cependant souligner qu’elle
ne doit pas conduire à porter un jugement négatif sur la validité
intrinsèque et sur la nécessité et la fécondité historique de cette
distinction systématique.
En dernière analyse, cette distinction naît de la reconnaissance du
caractère divin et transcendant de la révélation chrétienne, avant tout en
son centre que constitue Jésus-Christ mais aussi en ce qui concerne la
vocation de l’humanité à participer gratuitement, dans l’Esprit Saint, au
rapport filial qui lie le Christ au Père.
D’autre part, elle émerge de la reconnaissance de la consistance interne des
créatures, justement parce qu’elles sont œuvre de Dieu (cf. "Gaudium
et Spes", 36).
De plus, c’est seulement sur la base de cette distinction qu’il est possible
d’établir un rapport avec la raison moderne et contemporaine et avec la
revendication de liberté qui envahit notre culture, en respectant et en
valorisant leur dynamisme qui a permis d’obtenir des résultats
extraordinaires au cours des derniers siècles.
2. La période moderne
Dans la crise des rapports entre le christianisme et la culture occidentale
il faut en tout cas distinguer au moins deux périodes historiques
principales.
La première reconnaît encore la valeur et l’importance de la foi chrétienne
et cherche, à sa façon, à en garder aussi la vérité. Cette attitude est
encore, en quelque sorte, celle de Hegel, même s’il est clair que, pour lui,
la vérité et la validité du christianisme sont subordonnées à la primauté de
la philosophie, ce qui implique en réalité que le christianisme est vidé de
l’intérieur, c'est-à-dire son "transcendement" philosophique.
Mais déjà avant Hegel, l’illuminisme, surtout en France, avait fait émerger
une critique radicale de l’Eglise et de la foi chrétienne. Cette critique,
qui aboutit à la négation de la divinité du Christ et de l’existence même de
Dieu, puisqu’elle ramène l’homme à un simple être du monde, connaît
cependant son développement le plus significatif du point de vue culturel en
Allemagne, dans la parabole historique qui va de Hegel jusqu’à Nietzsche et
qui a été décrite par K. Löwith avec une rare profondeur
("De Hegel à Nietzsche. La fracture révolutionnaire dans la pensée du XIXe
siècle, ed.Einaudi).
C’est aussi au XIXe siècle que le christianisme occidental a pris pleinement
conscience de la gravité de cette menace et a cherché à y faire face, selon
deux grands axes dont on peut dire, pour simplifier, que l’un se rattache
principalement au protestantisme et l’autre surtout au catholicisme.
Le premier est caractérisé par la tentative de reformuler le christianisme
de manière à le rendre acceptable dans le nouveau contexte culturel et apte
non seulement à y survivre mais aussi à se positionner comme sa dimension la
plus élevée: c’est la ligne du protestantisme libéral,
de Schleiermacher à Harnack, qui a certainement eu une importante influence
y compris dans le milieu catholique, notamment lors de la crise du
modernisme. En réalité cet axe a conduit à une disparition du centre vital
du christianisme, c'est-à-dire de son contenu de foi, de ce que nous pouvons
appeler le "christianisme croyant". Du point de vue historique il a disparu,
en réalité d’une façon provisoire, avec la première guerre mondiale et avec
la forte affirmation de la foi lancée surtout par K. Barth.
En revanche l’autre axe, qui a trouvé son expression la plus significative
et influente au Concile Vatican I, particulièrement dans la constitution
dogmatique "Dei Filius" sur la foi catholique, a consisté à proposer
de nouveau ces vérités fondamentales du christianisme qui paraissaient niées
ou mises en doute par les formes de pensée alors prédominantes. L’approche
de ces formes de pensée a cependant été très dialectique, marquée par la
contestation et la critique bien plus que par un effort pour valoriser les
aspects positifs qu’elles pouvaient contenir. Un engagement de ce genre n’a
certes pas fait défaut au catholicisme du XIXe siècle − il suffit de penser
à l’école théologique catholique de Tübingen ou à deux penseurs comme J.H.
Newman et Antonio Rosmini − mais l’axe prédominant a été différent. Je
voudrais cependant éviter les caricatures ou les simplifications sommaires:
en réalité le travail théologique et philosophique qui a sous-tendu le
Concile Vatican I et s’est poursuivi ensuite par le néo-thomisme a eu une
grande vigueur culturelle, qui s’est exprimée d’une part par la mise en
évidence des limites et des contradictions présentes dans la pensée moderne,
de l’autre par la reprise et l’adaptation du grand héritage de la théologie
médiévale, en dialogue avec les problèmes de notre temps.
3. Concile et après-Concile
Dans l’entre-deux-guerres, le christianisme occidental, aussi bien
catholique que protestant, a connu une période globalement plus favorable,
en termes de vitalité religieuse interne et d’accueil dans le contexte
général de la culture. C’est justement à cette période qu’est intervenu ce
tournant à l’intérieur de la théologie et de la philosophie néothomiste et,
en même temps une œuvre de réappropriation et de valorisation des grandes
richesses bibliques, patristiques et liturgiques, qui ont constitué la
plateforme du décisif, et par plusieurs côtés inattendu développement
représenté par le Concile Vatican II.
Avec ce concile, l’approche de la culture de notre temps a profondément
changé, passant d’une attitude essentiellement critique à la recherche d’un
terrain d’entente, à un dialogue caractérisé par la bienveillance et
l’estime, ce qui n’a cependant pas signifié une acceptation unilatérale et
sans esprit critique, en ce qui concerne la position centrale de l’homme,
fondement du tournant anthropologique de l’époque moderne, l’autonomie des
réalités de la terre, la liberté religieuse et le jugement favorable sur la
démocratie et l’État de droit. La force de Vatican II a été d’avoir réalisé
cette ouverture justement à partir du centre vital du christianisme,
réexaminé dans son extraordinaire fécondité humaine mais aussi culturelle.
Tout de suite après la fin de Vatican II et non sans rapport avec cet
événement historique et culturel qui fait référence à 1968, le problème de
l’interprétation du Concile s’est posé d’une façon aiguë, avec l’apparition
de lignes divergentes qui ont divisé la théologie catholique et influencé
fortement la vie même de l’Eglise.
Ainsi, alors qu’il y avait ceux qui, en substance mais aussi de façon
ouverte et frontale, refusaient le Concile en tant que rupture avec la
tradition catholique, d’autres, beaucoup plus nombreux et influents,
estimaient que la nouveauté apportée par Vatican II devait conduire à une
ouverture radicale vers la culture de notre époque, ainsi qu’au dépassement
à tout prix des différences entre les religions chrétiennes, jusqu’à ce qui
à mon avis aurait représenté une rupture de la "forme catholique"du
christianisme. On pense bien sûr, à ce propos, au livre "Infaillible? Une
question" de H. Küng, paru en 1970, mais ce qu’écrivait le théologien O.H.
Pesch dans le neuvième tome du "Mysterium Salutis", publié en
allemand en 1973 et en italien en 1975, est également significatif: "Par
rapport au concept courant d’orthodoxie on doit dire aujourd’hui que
personne ne peut ignorer la quantité d’hérésie, non seulement matérielle
mais aussi ‘formelle’, qui existe actuellement dans l’Eglise"
(pp.388-389 dans l’édition italienne).
Il s’agit pour lui d’une situation positive, qui permet en particulier
d’affirmer enfin, y compris à l’intérieur de l’Eglise catholique, la
primauté de la foi personnelle qui sauve par rapport à toute norme ou
condition ecclésiale.
En effet, tout de suite après le Concile, une interprétation assez
désinvolte, réductrice et évasive des vérités essentielles de la foi, a vu
le jour et s’est répandue rapidement. Une fracture s’est ainsi créée
inévitablement entre les théologiens qui avaient le plus contribué à faire
mûrir les prémices du Concile et à son déroulement.
Au cours des dernières décennies cette situation est en train de se
recomposer, malgré les difficultés: pour arriver à colmater cette fracture
pleinement et positivement, ce qui ne signifie en aucun cas la suppression
de la juste et indispensable liberté de recherche ni celle d’un sain
pluralisme théologique, la ligne d’herméneutique de Vatican II proposée par
Benoît XVI dans son
Discours à la Curie romaines
du 22 décembre 2005,qu’il a lui-même qualifiée d’"herméneutique de la
réforme", est très importante.
Comme le dit très clairement le pape Benoît XVI
dans ce discours, le grand projet du Concile d’un "oui" fondamental à
l’époque moderne, tout en n’étant pas dénué d’esprit critique, ne doit pas
être abandonné. Il faut au contraire le développer et le concrétiser dans
ses divers aspects, que ce soit celui des rapports avec les sciences
expérimentales ou historiques ou celui des relations entre l’Eglise et les
institutions politiques. Benoît XVI relève qu’il y a des développements
positifs sur ces aspects, comme la conscience accrue que les sciences
expérimentales ont des limites intrinsèques de leurs méthodes ou comme la
diffusion de l’idée qu’exclure de la vie sociale et publique la contribution
apportée par la religion est dommageable pour la société et finit par être
anachronique.
4. Pour un discernement du temps que nous sommes en
train de vivre
Pour avancer dans ce chemin, il faut tenter un discernement, toujours
difficile et risqué, du temps que nous sommes en train de vivre. Celui qui
était alors le professeur W. Kasper, dans son livre "Introduction à la foi",
paru en 1972 (pp.27-31),
parlait de notre temps comme d’un "deuxième illuminisme", c'est-à-dire une
"révélation de l’illuminisme à lui-même", d’une "métacritique" de la
critique illuministe, qui s’exerce à l’égard des deux grandes révélations de
l’illuminisme, la raison et la liberté, dans la
mesure où la critique elle-même a montré comment elle sont, toutes les deux,
largement conditionnées et chargées de nombreux présupposés, donc à la fin
très problématiques.
Ainsi nous nous sommes redevenus conscients de la
finitude fondamentale de l’homme, de l’historicité et de la réalité
irréductibles de l’univers dans lequel nous vivons et du provisoire de nos
schémas de pensée et de nos projets de vie, personnelle et publique. Dans
une telle situation, selon Kasper, deux chemins possibles s’ouvrent aux
Occidentaux.
Le premier, c’est de rester à l’intérieur de ses propres limites, en se
satisfaisant d’elles en quelque sorte et en les considérant comme
infranchissables; on refuse ainsi, comme dépourvues de sens, les questions
religieuses et métaphysiques.
Le second c’est de reconnaître ses propres limites, où même sa profonde
misère, tout en restant aussi ouvert aux interrogations et aux aspirations
que l’homme continue à porter en lui et, en dernière analyse au besoin de
salut, à la nécessité de chercher une existence heureuse et accomplie ainsi
qu’une réponse aux questions sur le sens de sa propre vie et sur l’origine
de la réalité.
A mon avis, ce diagnostic de W. Kasper, en avance sur son temps – il suffit
de se rappeler à quel point était alors répandue la conviction de la
primauté culturelle du marxisme – reste encore en grande partie valable 35
ans plus tard.
Entre-temps des nouveautés importantes sont intervenues, non seulement dans
les attitudes de l’esprit mais dans les faits de l’histoire.
Je me réfère à l’émergence de la nouvelle "question anthropologique" et des
questions d’"éthique publique" qui lui sont liées, suite aux développements
des sciences et des biotechnologies qui ont rendu possible des interventions
directes sur la réalité physique et biologique de l’être humain, suite aussi
aux grands changements des scénarios mondiaux, qui ont comme date
emblématique le 11 septembre 2001 mais qui concernent aussi, plus largement,
la rapide apparition de grandes nations et civilisations, de moins en moins
disposées à accepter la prédominance de l’Occident.
Quand aux attitudes de l’esprit, au cours des décennies qui ont suivi ce
diagnostic de W. Kasper, la prétention du relativisme de se positionner
comme critère insurpassable, et paradoxalement "absolu", de la vérité et du
bien moral est devenue toujours plus évidente. Il en est de même pour sa
parenté avec le phénomène, peut-être encore plus ample et profond, du
nihilisme, qui semble presque confirmer historiquement la thèse de Nietzsche
et Heidegger selon laquelle il constituerait le destin de notre temps, en
étroite association avec la "mort de Dieu". Un exemple tout récent de
l’influence envahissante du nihilisme dans un domaine comme celui du droit
est représenté par le livre de N. Irti "Il salvagente della forma [La bouée
de la forme]" (ed.Laterza) et
par le dialogue entre Irti et Claudio Magris publié dans le "Corriere della
Sera" du 6 avril dernier.
Cependant les formes à travers lesquelles la "mort
de Dieu" se fraie un chemin dans la culture occidentale de nos
jours sont variées.
L’une d’elles est l’affirmation de l’athéisme qui est motivée surtout sur la
base d’une absolutisation de l’interprétation évolutionniste de l’univers,
comme si celle-ci était, plus qu’une théorie scientifique, "une théorie
universelle de tout le réel au delà de laquelle les questions
supplémentaires sur l’origine et la nature des choses ne sont plus
autorisées ni nécessaires" (J. Ratzinger,
"Foi, vérité, tolérance. Le christianisme et les religions du monde",
ed.Cantagalli, pp. 189-190).
L’affirmation de l’athéisme est cependant considérée par beaucoup comme trop
contraignante par rapport aux limites de nos connaissances. C’est pourquoi
les positions agnostiques, qui se rattachent à cette idée, ou à cette
attitude de l’esprit, selon laquelle "latet omne verum", chaque vérité est
cachée, sont beaucoup plus répandues (voir
ci-dessus, pp.184-186).
On pourrait dire que le nihilisme acquiert ainsi un
visage relativiste, en apparence plus bienveillant et tolérant, et
peut-être, en fin de compte, plus cohérent avec sa nature profonde. Mais, en
tout cas, nous nous éloignons radicalement du contenu essentiel et de
l’horizon même du christianisme, parce qu’un Dieu dont on ne peut rien
savoir n’est certainement pas le Dieu qui nous parle et entre dans notre
histoire.
Au cours des dernières décennies il y a eu aussi des développements dans des
directions très différentes, avec une forte reprise du sens religieux et le
déclin de l’idée qui consiste à croire que la sécularisation est un
processus irréversible conduisant à la perte d’importance, pour ne pas dire
à la disparition, de la religion, au moins en Occident et à un niveau
public. La raison intrinsèque de ce déclin se trouve
essentiellement dans l’incapacité de répondre, de la part d’une culture
séculière, aux interrogations fondamentales et
concrètement impossibles à éluder sur le sens et la direction de notre
existence.
Surtout à partir du 11 septembre 2001 une autre motivation s’est rajoutée.
Elle est liée à la perception très répandue de la menace qui semble venir de
la dérive fondamentaliste de l’islamisme: cette perception a amené le réveil
du sens religieux à prendre plus nettement un profil identitaire chrétien
et, dans un pays comme l’Italie, catholique. Il s’agit d’un phénomène très
présent et fortement ressenti par les populations, mais qui est également en
train de prendre de l’ampleur sur le plan de la culture publique.
Entre le réveil religieux et les tendances
relativistes et nihilistes, il y a objectivement une profonde opposition :
c’est la raison essentielle pour laquelle, en Italie comme dans beaucoup
d’autres pays, la religion, et en particulier le christianisme – et à
d’autres points de vue l’Islam – est désormais, dans la culture et dans la
société, un des principaux terrains de confrontation et même de polémique,
rendu encore plus concret et motivant par l’émergence de la nouvelle
question anthropologique, avec ses implications sur l’éthique publique.
5. Tentatives de réponse théologique
Dans une situation de ce genre la place, ou mieux la nécessité de l’apport
de la théologie, est très grande. Pour définir la physionomie que cet apport
pourrait avoir, il nous parait utile de rappeler avant tout les limites de
certaines tentatives déjà effectuées et, au moins dans certains cas, encore
en cours.
L’une de ces tentatives, désormais dépassée à cause des limites apparues
dans les processus de sécularisation, est ce que l’on a appelé "théologie
de la sécularisation", de matrice essentiellement protestante mais
présente aussi dans un contexte catholique. Elle ratifiait, comme le
résultat de la dynamique interne du christianisme, la
séparation croissante entre foi et culture et confiait la médiation
entre elles seulement à la revendication de l’origine chrétienne de ce
processus. Ainsi reste ouvert le chemin vers la marginalisation progressive
du christianisme, au fur et à mesure que les processus de sécularisation se
développent et s’éloignent de leur origine, comme il advient normalement
dans l’histoire.
Une autre approche théologique, aujourd’hui assez répandue, même si elle a
été frappée à la racine par les événements de 1989, qui ont mis en évidence
le caractère intenable, d’un point de vue non seulement politique et
économique mais aussi anthropologique et éthique, des modèles de vie
associative qui se réfèrent au marxisme, est celle des
théologies de la libération et des théologies politiques. Elles ont
comme fondement l’intention, largement compréhensible, de récupérer, en vue
de l’avenir, le rôle historique du christianisme. Leur limite essentielle
consiste cependant à confier ce rôle principalement à la pratique politique,
mettant ainsi à la charge de la politique le problème même du salut de
l’homme et du sens de l’existence, ce qui entraîne fatalement une
absolutisation fausse et destructive de la politique elle-même.
La profonde désillusion produite dans le milieu des théologies de la
libération par les événements du 1989 a poussé plusieurs de leurs
représentants vers des positions marquées par le relativisme. Ils ont ainsi
convergé, avec un bon nombre d’autres théologiens, dans cette orientation,
qui prend des appellations différentes, parmi lesquelles celle de la
théologie des religions, selon laquelle le christianisme, mais aussi les
nombreuses autres religions du monde, ainsi que les peuples et les cultures
qui s’y rattachent – et qui auraient été souvent l’objet de la part des
chrétiens d’un impérialisme et d’un colonialisme non seulement politique
mais religieux – constituent en réalité, à coté du christianisme historique,
une voie de salut autonome et légitime.
On abandonne ainsi cette vérité de la foi, fondamentale et vraiment
primordiale, très évidente dans le Nouveau Testament et source primordiale
du dynamisme missionnaire de l’Eglise des premiers siècles, selon laquelle
Jésus-Christ, le Fils de Dieu, qui est devenu concrètement homme et qui a
vécu dans l’histoire, est le seul Sauveur du genre humain, et même de tout
l’univers.
La déclaration "Dominus
Jesus" de la congrégation pour la doctrine de la foi, réaffirmant
avec force cette vérité, n’a fait que formuler la mission essentielle de
l’Eglise. L’ouvrage, que j’ai déjà cité, de celui qui était alors le
cardinal Ratzinger montre comment agit, dans certaines formes de théologie
des religions, de principe du "latet omne verum" qui associe à
certains points de vue le relativisme actuellement répandu en Occident et
l’approche du divin qu’on trouve dans les grandes religions orientales et
dans la pensée de la fin de l’antiquité qui s’opposait, précisément en ces
termes, au christianisme. Chez différents théologiens ce tournant
relativiste est accompagné par la revendication, non abandonnée, d’une
primauté de la pratique: c’est-à-dire que la pratique pourrait arriver là où
la connaissance ne le peut pas, elle seule serait décisive pour le salut et
le dialogue et même l’unité entre les religions devrait être obtenue grâce à
elle.
6. Des contributions qu’il faut valoriser davantage
Naturellement, il existe dans chacune des ces trois approches théologiques
des questions que l’on ne peut négliger: la volonté de dépasser une vision
“catastrophiste“ de la modernité, ou le rapport que la foi chrétienne ne
peut pas ne pas avoir avec l’humanisation du monde, ou encore la nécessité
d’une perspective véritablement universelle qui donne concrètement une
place, au sein du christianisme, à la pluralité des cultures et des
civilisations.
De ce point de vue, celui qui était alors le cardinal Ratzinger a avancé
(op. cit., pp. 57-82) une proposition très innovante par rapport aux
hypothèses théologiques les plus répandues aujourd’hui et selon moi vraiment
convaincante: abandonner l’idée de l’inculturation d’une foi culturellement
dépouillée en soi, qui se transposerait dans différentes cultures
indifférentes du point de vue religieux ; et se référer à la rencontre des
cultures (ou “interculturalité“) ,qui s’appuie sur deux leviers.
Le premier est que la rencontre des cultures est possible et se produit
continuellement parce que, malgré toutes leurs différences, les hommes qui
produisent ces cultures ont en commun la même nature et que leur raison est
pareillement ouverte à la vérité.
Le second est que la foi chrétienne, née de la révélation de la vérité
elle-même, produit ce que nous pouvons appeler la “culture
de la foi“ dont la caractéristique est de ne pas appartenir à un
peuple unique et déterminé mais de pouvoir exister dans tout peuple ou sujet
culturel, en entrant en relation avec sa culture spécifique par une
rencontre et une interpénétration. Voilà,
concrètement, l’unité ainsi que la multiplicité et l’universalité culturelle
du christianisme.
Une contribution encore très significative à l’accomplissement des devoirs
qui incombent aujourd’hui à la théologie peut venir, à mon avis, de ce grand
mouvement de rénovation qui a parcouru la théologie elle-même au cours des
années qui ont précédé Vatican II et aussi de l’héritage de la théologie
néo-thomiste, malgré ses limites. Celles-ci sont d’une part la
sous-évaluation de la distance historique qui sépare saint Thomas et la
grande scolastique de notre époque et, concrètement, des grands
développements, théoriques et pratiques, qui ont été réalisés au cours des
siècles et d’autre part la tentative de démontrer la vérité des bases du
christianisme (les “praeambula fidei“) au moyen d’une raison
rigoureusement indépendante de la foi elle-même.
Cette tentative a globalement échoué, comme le faisait remarquer le cardinal
Ratzinger dans son ouvrage déjà cité
(pp.141-142) et d’éventuelles tentatives analogues paraissent
destinées à échouer, parce que les grandes questions de l’homme et de Dieu
(ainsi que la question de Jésus-Christ), concernant et impliquant
inévitablement le sens et la direction de notre vie, nous mettent nous-mêmes
en jeu et donc, tout en faisant appel à toute la rigueur et à toute la
capacité critique de notre intelligence, ne peuvent être résolues
indépendamment des choix selon lesquels nous orientons notre existence.
Mais, réciproquement, la tentative opposée de K. Barth, tendant à présenter
la foi comme un pur paradoxe a échoué, à peu près pour la même raison.
A ce propos, on peut observer, en ce qui concerne non seulement Barth mais
tout le filon, pourtant très important, de la “théologie kérygmatique“, que,
s’il est fondamental et inévitable, mais pas suffisant, de présenter
l’énorme richesse et la beauté du mystère chrétien, telles qu’elles
proviennent des sources bibliques, patristiques et liturgiques et qu’elles
se sont peu à peu enrichies au cours de l’histoire.
Pour que cette richesse et cette beauté restent vivantes et qu’elles parlent
à notre temps, il est en effet nécessaire qu’elles dialoguent avec la raison
critique et la recherche de liberté qui le caractérisent, de manière à
ouvrir cette raison et cette liberté, pour ainsi dire “de l’intérieur“, et à
faire entrer dans la foi chrétienne les valeurs qu’elles contiennent.
7. Une théologie christocentrique et donc vraiment
théologique et anthropologique
Au centre et au cœur d’une approche théologique mieux adaptée aux
interrogations du temps qui est devant nous, il reste selon moi cette forme
de théologie radicalement christologique et christocentrique – et, justement
pour cette raison, aussi radicalement théologique et anthropologique – qui
est implicitement proposée dans le n° 22 de “Gaudium
et Spes“: Le mystère de l’homme ne trouve
sa vraie lumière que dans le mystère du Verbe incarné. C’est justement par
la révélation du Père et de son amour pour nous que [le Christ] révèle
aussi, pleinement, l’homme à l’homme et lui fait connaître sa très haute
vocation“.
Voilà pourquoi l’attention du théologien doit se concentrer surtout sur
Jésus-Christ et réunir sa réalité historique et la profondeur de son
mystère. Dans son livre “Jésus de Nazareth“ Benoît XVI nous a indiqué un
chemin et une méthode de travail qui peuvent s’avérer très féconds pour le
développement de la théologie, spécialement sur cette frontière inéluctable
qui est représentée par la jonction entre les exigences de la critique
historique et celles d’une herméneutique authentiquement théologique.
A la lumière de la réalité et du mystère de
Jésus-Christ, on peut examiner les deux pôles essentiels du discours
théologique, Dieu et l’homme, qui sont d’ailleurs, de manière explicite ou
implicite, les vrais nœuds de la culture de notre temps.
En ce qui concerne ces deux nœuds le contexte culturel actuel – dans lequel
les sciences expérimentales, avec leur forme de rationalité et avec la
mentalité qu’elles génèrent, jouent un rôle moteur et par bien des côtés
hégémonique – engage la théologie dans une confrontation avec ces sciences
qui est beaucoup plus approfondie que ce qui a été fait jusqu’à présent:
confrontation qui ne peut d’ailleurs se passer d’une dimension philosophique
authentique et non réductrice.
C’est dire l’importance particulière, en ce qui concerne Dieu, de cette
réflexion qui se concentre sur la structure et les présupposés de la
connaissance scientifique pour montrer que c’est en partant d’eux que l’on
se pose à nouveau la question de l’intelligence créatrice.
De la même manière, en ce qui concerne l’homme, la confrontation avec la
théorie de l’évolution comme avec les neurosciences est décisive pour
montrer que l’homme, surtout en raison de ses capacités exclusives de
produire de la culture, émerge de la nature, non pas au sens où il en
provient mais où il la transcende véritablement. Seule cette base
anthropologique rend possibles et cohérentes la promotion et la défense de
la dignité humaine auxquelles la théologie est appelée, particulièrement
aujourd’hui sur le plan de l’éthique publique.
C’est là le sens du programme “d’élargissement des
espaces de rationalité“ que Benoît XVI propose avec insistance
et qui concerne à la fois la raison scientifique et la
raison historique.
Ce programme implique la double conviction que la révélation de Dieu en
Jésus-Christ offre à la raison un appui précieux pour poursuivre son chemin,
de plus en plus détaillé, complexe et spécialisé, sans perdre de vue son
horizon global et les questions de fond et d’autre part que c’est justement
à travers la confrontation avec la raison contemporaine que la foi et la
théologie sont incitées à approfondir davantage cette nouveauté concernant
le mystère de Dieu et de l’homme qui nous est parvenue en Jésus-Christ.
En participant à un tel programme, la théologie ne doit pas avoir la
prétention rationaliste de démonstrations coercitives, comme je l’indiquais
déjà à propos des “praeambula fidei“ mais plutôt être consciente des
limites de son propre discours: à propos du Logos créateur
J. Ratzinger affirme que celui-ci reste, du point de
vue rationnel, “la meilleure hypothèse“, une hypothèse qui demande, de la
part de l’homme et de sa raison, de renoncer à son tour à une position de
domination et de prendre le risque d’une position d’humble écoute
(“L’Europe de Benoît dans la crise des
cultures“, éd. Cantagalli, pp. 115-124).
8. Révélation, Eglise, théologie
Au fond, ce qui nous est ainsi proposé, c’est de faire courageusement sortir
la théologie des propos autoréférentiels, provenant de ses propres fonds, et
qui peuvent subsister sans que l’on s’en rende compte, même lorsque l’on
s’adresse à des interlocuteurs “externes“, plutôt étrangers aux vrais
problèmes du jour.
Cette ouverture coïncide en réalité avec la pleine cohérence de la théologie
chrétienne et catholique avec elle-même et elle se nourrit de cette
cohérence. Nous en avons eu un grand exemple dans la dynamique spirituelle,
culturelle et historique du pontificat de Jean-Paul II et nous en avons
maintenant un exemple aussi significatif et plus directement théologique
dans le pontificat de Benoît XVI.
Je conclus en cherchant à expliquer le sens et la base théologique de cette
cohérence et aussi, de cette manière, à indiquer comment surmonter de
l’intérieur cette fracture qui s’est manifestée dans la théologie catholique
immédiatement après le Concile Vatican II.
Je le fais en me référant à l’analyse de la nature de la révélation divine
que J. Ratzinger avait élaborée dans l’étude sur saint Bonaventure grâce à
laquelle il espérait obtenir l’habilitation à l’enseignement académique et
qui est proposée à nouveau, sous une forme synthétique dans son livre “Ma
vie“ (éd. San Paolo, pp. 72 et 88-93).
La révélation est donc surtout l’acte par lequel Dieu se manifeste, non le
résultat objectivé (écrit) de cet acte. Par conséquent
le sujet qui reçoit la révélation et la comprend fait partie du concept même
de révélation – concrètement il s’agit du peuple de Dieu de l’Ancien
et du Nouveau Testament – étant donné que si personne n’avait perçu la
révélation, rien n’aurait été dévoilé, aucune révélation n’aurait eu lieu.
C’est pourquoi la révélation précède l’Écriture et se reflète en elle, mais
elle ne lui est pas simplement identique et l’Écriture elle-même est liée au
sujet qui accueille et comprend à la fois la révélation et l’Écriture. Concrètement l’Écriture naît et vit à l’intérieur de ce sujet.
Cela donne la signification essentielle de la
tradition et aussi la raison profonde du caractère ecclésial de la foi et de
la théologie, ainsi que la base de la validité d’une approche de l’Écriture
qui soit à la fois historique et théologique.
C’est donc avec bonne conscience et avec un esprit critique que nous pouvons
accueillir, en tant que théologiens, cette relation intime de l’Écriture et
de la tradition avec toute l’Eglise et avec son magistère dont nous parle le
n° 10 de la constitution conciliaire “Dei
Verbum“.
Traduction française
par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Repères:
Dans un précédent "travail d’équipe" théologique et
culturel, Benoît XVI et son cardinal vicaire Camillo Ruini ont eu comme
interlocuteur le philosophe allemand Jürgen Habermas. Lire à ce sujet : ►
Dialogue sur la foi et la raison, entre
Benoît XVI et Jürgen Habermas
Sur l’interprétation du Concile Vatican II,
l’important discours de Benoît XVI à la curie du 22 décembre 2005: ►
Discours de Benoît XVI à la Curie Romaine
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.05.2007 - BENOÎT XVI -
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