Benoît XVI s'est adressé aux évêques
du Brésil |
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ROME, le 12 Mai 2007 -
(E.S.M.) -
Le pape Benoît XVI s'est adressé à "un épiscopat prestigieux, qui
préside à l’une des plus importantes populations dans le monde". Le pape
a rappelé que le ministère d’évêques oblige à discerner la volonté
salvifique de Dieu et à élaborer un plan pastoral capable d’entraîner le
Peuple de Dieu à reconnaître et à embrasser les valeurs transcendantes,
dans la fidélité au Seigneur et à son Évangile.
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Benoît XVI rencontre les 430
évêques du Brésil
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Le pape Benoît XVI s'est adressé aux évêques du Brésil
Discours de Benoît XVI aux évêques du Brésil en la cathédrale de la Sé à
Sao-Paulo
Chers frères évêques !
« Bien qu'il soit le Fils, il a pourtant appris l'obéissance par les
souffrances de sa Passion ; et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu
pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel »
(Épître aux Hébreux 5, 8-9)
1. Le texte que nous venons d’entendre dans la lecture des Vêpres contient
un enseignement profond. Une fois encore, nous réalisons que la Parole de
Dieu est vivante et énergique, plus coupante qu'une épée à deux tranchants ;
elle pénètre au plus profond de l'âme et elle apporte réconfort à ses
fidèles serviteurs (cf. Épître aux Hébreux
4, 12).
Je rend grâces à Dieu de me permettre de rencontrer un épiscopat
prestigieux, qui préside à l’une des plus importantes populations dans le
monde. Je vous salue avec un sentiment de profonde communion et de sincère
affection, bien conscient de votre dévouement envers les communautés qui
vous ont été confiées. Le chaleureux accueil du recteur de la cathédrale de
la Sé et de vous tous ici présents me fait me sentir chez moi
dans cette
grande maison commune qu’est notre Sainte Mère, l’Église catholique.
J’adresse un salut particulier à la nouvelle présidence de la Conférence
nationale des évêques brésiliens et, avec gratitude pour les mots aimables
de son président, Mgr Geraldo Lyrio Rocha, je présente mes meilleurs vœux
pour son travail de communion entre évêques et pour promouvoir une activité
pastorale commune sur un territoire aux dimensions d’un continent.
2. Avec sa traditionnelle hospitalité, le Brésil accueille les participants
de la Ve Conférence des évêques latino-américains. J’exprime ma gratitude
pour l’aimable accueil de ses membres et ma profonde reconnaissance pour les
prières du peuple brésilien, particulièrement leurs prières pour le succès
de la rencontre des évêques à Aparecida.
Cette rencontre est un grand événement ecclésial qui se situe dans le
contexte de l’élan missionnaire que l’Amérique latine a besoin
d’entreprendre, à commencer par ici, en partant d’ici, du sol brésilien.
C’est pourquoi j’ai voulu d’abord m’adresser à vous, évêques du Brésil, en
commençant par ces mots, si riches de contenu, de l’Épître aux Hébreux : «
Bien qu'il soit le Fils, il a pourtant appris
l'obéissance par les souffrances de sa Passion ; et, ainsi conduit à sa
perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut
éternel » (Hébreux 5, 8-9).
Riches de signification, ces versets parlent de la compassion de Dieu pour
nous, comme il l’a exprimé dans la passion de son Fils. Ils parlent de
l’obéissance du Christ et de sa liberté, acceptant consciemment le plan de
Dieu, comme cela apparaît clairement dans sa prière sur le Mont des Oliviers
: « Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne »
(Luc, 22 42). Jésus lui-même nous
enseigne que le véritable chemin de salut consiste à conformer notre volonté
à celle de Dieu. C’est ce pour quoi nous prions dans la troisième demande du
Notre Père : que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au ciel,
puisque où règne la volonté de Dieu, le Royaume de Dieu est présent. Jésus
nous attire par sa volonté, sa volonté filiale, et nous conduit ainsi au
salut. En acceptant librement la volonté de Dieu, en union avec
Jésus-Christ, nous ouvrons le monde au Royaume de Dieu.
Le pape Benoît XVI souligne la mission unique des
évêques: le salut des âmes individuelles.
Nous, évêques, avons à manifester ensemble cette vérité centrale, parce que
nous sommes directement rattachés au Christ, le Bon Pasteur. La mission qui
nous est confiée comme maîtres de la foi consiste à rappeler, selon les mots
de l’Apôtre des Gentils, que notre Sauveur « veut que tous les hommes soient
sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité »
(1re Épître à Timothée 2, 4). Ceci, et rien d’autre, est le
propos de l’Église : le salut des âmes individuelles. Pour cette raison le
Père a envoyé son Fils et, selon les mots du Seigneur lui-même transmis dans
l’Évangile selon saint Jean, « de même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je
vous envoie » (Jean 20, 21).
D’où le mandat pour prêcher l’Évangile : « Allez donc ! De toutes les
nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous
ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde
» (Matthieu 28, 19-20).
Ces mots sont simples mais sublimes ;
ils parlent de notre devoir de proclamer la vérité de
la foi, du besoin urgent de vie sacramentelle, et de la promesse du Christ
de toujours assister son Église. Ce sont là des réalités
fondamentales : ils parlent d’instruire le peuple
dans la foi et dans la morale chrétienne et de célébrer les sacrements.
Partout où Dieu et sa volonté sont absents, partout où la foi en
Jésus-Christ et en sa présence sacramentelle fait défaut, les éléments
essentiels pour résoudre les problèmes sociaux et politiques urgents
manquent aussi. La fidélité au primat de Dieu et de sa volonté, connue et
vécue en communion avec Jésus-Christ, est le don essentiel que nous, évêques
et prêtres, devons offrir à notre peuple
(cf.
Populorum Progressio,
21).
Benoît XVI dresse un tableau lucide et alarmant sur
la situation contemporaine:
3. Notre ministère d’évêques nous oblige à discerner la volonté salvifique
de Dieu et à élaborer un plan pastoral capable d’entraîner le Peuple de Dieu
à reconnaître et à embrasser les valeurs transcendantes, dans la fidélité au
Seigneur et à son Évangile.
Certainement, le présent est un moment difficile pour
l’Église, et beaucoup de ses enfants connaissent des difficultés. La société
fait l’expérience d’un inquiétant égarement.
La sainteté du mariage et de la famille est attaquée en toute
impunité, tout comme des concessions sont faites à des groupes de
pression qui ont des conséquences néfastes sur les processus législatifs ;
des crimes contre la vie sont justifiés au nom
de la liberté et des droits individuels ; des
attaques sont perpétrées contre la dignité de la personne ;
la peste du divorce et des unions extra-conjugales est de plus en plus répandue.
Plus encore : quand,
dans l’Église elle-même, le peuple commence à mettre en question la valeur
de l’engagement presbytéral comme une totale confiance
en Dieu à travers le célibat apostolique et comme une totale
ouverture au service des âmes, et que la préférence est donnée à des sujets
idéologiques, politiques et mêmes partisans, la structure de totale
consécration à Dieu commence à perdre sa plus profonde signification.
Comment ne pouvons-nous pas nous attrister de cela
? Mais soyons confiants : l’Église est sainte et irréprochable
(cf. Épître aux Éphésiens 5, 27).
Comme le dit saint Augustin : « L’Église sera ébranlée si ses fondations
sont ébranlées ; mais le Christ pourra-t-il être ébranlé ? Parce que le
Christ ne peut être ébranlé, l’Église restera fermement établie jusqu’à la
fin des temps » (Enarrationes in Psalmos,
103, 2, 5 : PL 37, 1353).
Tout recentrer sur le Christ et son Église
Un problème particulier auquel vous devez faire face comme pasteurs, est
certainement la question de ces catholiques qui ont
abandonné la vie de l’Église. Il semble clair
que la principale cause de ce problème doit être trouvée dans le défaut d’une
évangélisation complètement centrée sur le Christ et son Église.
Ceux qui sont le plus vulnérable au prosélytisme agressif des sectes – un
juste motif d’inquiétude – et ceux qui sont incapables de résister aux
assauts de l’agnosticisme, du relativisme et de la sécularisation sont
généralement des baptisés qui ont été insuffisamment évangélisés ; ils ont
été facilement influencés parce que leur foi était fragile, confuse,
facilement ébranlable et naïve, en dépit de leur religiosité innée. Dans
l’encyclique
Deus Caritas est, je déclarais qu’« à l’origine du fait
d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais
la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie
un nouvel horizon et par là son orientation décisive »
(n° 1). Par conséquent, il est
donc nécessaire d’amorcer l’activité apostolique comme une véritable mission
au milieu du troupeau que constitue l’Église du Brésil, et de promouvoir à
chaque niveau une évangélisation méthodique visant à une fidélité
personnelle et communautaire au Christ. Aucun effort ne doit être épargné en
direction de ces catholiques qui se sont éloignés et de ceux qui connaissent
peu ou pas Jésus-Christ, en mettant en application un plan pastoral qui les
accueillera et les aidera à réaliser que l’Église est le lieu privilégié
pour rencontrer Dieu, et aussi à travers un processus
continuel de catéchèse.
Ce qui est demandé, en un mot, c’est une mission d’évangélisation capable
d’engager toutes les énergies vitales présentes dans cet immense troupeau.
Mes pensées se tournent vers les prêtres, les religieux et religieuses et
les laïcs qui travaillent si généreusement, souvent en faisant face à
d’immenses difficultés, en vue de propager la vérité de l’Évangile. Beaucoup
d’entre eux coopèrent ou participent activement aux associations, mouvements
et autres nouvelles réalités ecclésiales qui, en communion avec les pasteurs
et en harmonie avec les directives diocésaines, apportent leurs richesses
spirituelles, éducatives et missionnaires au cœur de l’Église, comme une
précieuse expérience et un modèle de vie chrétienne.
Dans ce travail d’évangélisation, la communauté ecclésiale devrait être
clairement marquée par des initiatives pastorales, spécialement en envoyant
des missionnaires, laïcs ou religieux, pour vivre dans les banlieues des
villes et à l’intérieur du pays, pour entrer en dialogue avec chacun dans un
esprit de compréhension et de délicate charité. D’un autre côté, si les
personnes qu’ils rencontrent vivent dans la pauvreté, il est nécessaire de
les aider, comme le faisaient les premières communautés chrétiennes, en
pratiquant la solidarité et en leur faisant sentir qu’elles sont vraiment
aimées. Les pauvres qui vivent dans les banlieues des villes ou les
campagnes ont besoin de sentir que l’Église est proche d’eux, répondant à
leurs besoins les plus urgents, défendant leurs droits et travaillant avec
eux à bâtir une société fondée sur la justice et la paix.
L’Évangile est
adressé tout spécialement aux pauvres et l’évêque, prenant exemple sur le
Bon Pasteur, doit particulièrement s’inquiéter de leur offrir la consolation
de la foi, sans oublier leur besoin en « pain matériel ». Comme j’ai voulu
le souligner dans l’encyclique
Deus Caritas est, « l’Église ne peut
pas négliger le service de la charité, de même qu’elle ne peut négliger les
Sacrements ni la Parole » (n° 22).
Le vie sacramentelle
La vie sacramentelle, spécialement dans la confession et l’eucharistie, prend ici une importance particulière. Comme pasteurs,
votre première tâche consiste à vous assurer que les fidèles participent à
la vie eucharistique et au sacrement de réconciliation. Vous devez
être vigilants et vous assurer que la confession et l’absolution des péchés
se font ordinairement de manière individuelle,
dans la mesure où le péché lui-même est quelque chose de profondément
personnel. (cf. exhortation apostolique
post-synodale Reconciliatio et Paenitentia 31, III) Seule une
impossibilité morale ou physique exempte le fidèle de cette forme de
confession, auxquels cas la réconciliation peut être obtenue par d’autres
moyens (cf.
CODE DE DROIT CANONIQUE,
canon 960,
Compendium du Catéchisme de
l'Eglise catholique,
n° 311). Il est approprié, par
conséquent, d’enseigner aux prêtres la pratique d’une disponibilité
généreuse pour accueillir les fidèles qui ont recours au sacrement de la
miséricorde de Dieu (cf. lettre apostolique
Misericordia Dei, n° 2).
Fidélité au propos de l’Évangile (l’intégrité de
l’Évangile du Christ), aimer Dieu et son prochain, évitant toute vision réductrice ou erronée de la mission
qui leur est
confiée.
4. Repartir du Christ dans tous les domaines de l’activité missionnaire ;
redécouvrir en Jésus l’amour et le salut que nous
donne le Père à travers l’Esprit saint : telle est la substance, la
racine de la mission épiscopale qui fait de l’évêque le premier responsable
de la catéchèse dans son diocèse. En effet, il lui revient de diriger la
catéchèse, en s’entourant lui-même de collaborateurs compétents et dignes
de foi. Il est donc clair que la tâche du catéchiste ne consiste pas
seulement à communiquer une expérience de foi ; il doit être plutôt - sous
la direction du Pasteur – un authentique héraut de la vérité révélée. La foi
est un voyage guidé par l’Esprit saint qui peut être résumé en deux mots :
conversion et mise à la suite du Christ.
Dans la tradition chrétienne, ces deux mots indiquent clairement que la foi
dans le Christ implique un chemin de vie fondé sur le double commandement d’aimer
Dieu et son prochain – et ils expriment aussi la dimension sociale de la
vie.
La vérité présuppose une claire compréhension du message de Jésus transmis
au moyen d’un langage intelligible, inculturé, qui doit néanmoins rester
fidèle au propos de l’Évangile. En cette époque, il y a un besoin urgent
d’une compréhension adéquate de la foi comme elle est présentée dans le
Catéchisme de l’Église Catholique et son
Compendium. L’éducation aux vertus chrétiennes personnelles
et sociales est aussi une part essentielle de la catéchèse, comme éducation
à la responsabilité sociale. C’est précisément parce que la foi, la vie et
la célébration de la sainte liturgie – la source de la foi et de la vie –
sont inséparables qu’il est nécessaire d’appliquer plus correctement les
principes liturgiques définis par le Second Concile du Vatican, ainsi que
ceux contenus dans le Directoire pour le ministère pastoral des évêques
(cf. n° 145-151) afin de restaurer le caractère
sacré de la liturgie. C’est dans cette perspective que mon
Vénérable prédécesseur sur la Chaire de Pierre, Jean-Paul II, avait souhaité
« lancer un vigoureux appel pour que, dans la Célébration eucharistique,
les normes liturgiques soient observées avec une
grande fidélité (…) La liturgie n'est jamais
la propriété privée de quelqu'un, ni du célébrant, ni de la communauté dans
laquelle les Mystères sont célébrés » (Ecclesia
De Eucharistia n° 52).
Pour les évêques, qui sont les « modérateurs de la vie
liturgique de l’Église », redécouvrir et apprécier l’obéissance aux normes
liturgiques est une forme de témoignage de l’Église, une et universelle, qui
préside à la charité.
5. Il faut franchir un pas dans la qualité de la vie chrétienne du peuple,
afin qu’il puisse témoigner de sa foi de manière claire et transparente.
Cette foi, quand elle est célébrée et partagée dans la liturgie et la
charité, nourrit et revivifie la communauté des disciples du Seigneur qui
s’édifient eux-mêmes comme Église missionnaire et prophétique. L’épiscopat
brésilien a une impressionnante structure fondée sur des statuts révisés et
plus facilement applicables qui visent plus directement au bien de l’Église.
Le pape est venu au Brésil pour demander que, selon les mots de Dieu, tous
ses vénérables frères dans l’épiscopat deviennent réellement des messagers
du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent au Christ
(cf. Épître aux Hébreux 5, 10). Si
nous restons fidèles à notre engagement solennel comme successeurs des
Apôtres, nous, pasteurs, devons être de fidèles serviteurs de la Parole,
évitant toute vision réductrice ou erronée de la mission qui nous est
confiée. Il n’est pas suffisant de regarder la réalité
uniquement du point de vue de la foi personnelle, rappelle Benoît XVI ; nous devons
travailler avec l’Évangile dans nos mains et ancrés nous-mêmes dans
l’authentique héritage de la Tradition apostolique, libres de toute
interprétation motivée par des idéologies rationalistes.
En effet, « dans les Églises particulières, il est de la responsabilité de
l’évêque de garder et d’interpréter la Parole de Dieu et de poser des
jugements d’autorité sur ce qui est ou non conforme avec elle »
(Congrégation pour la Doctrine de la foi,
Instruction sur la vocation ecclésiale du théologien, n° 19).
Comme premier Maître de la foi et de la doctrine, l’évêque comptera sur la
collaboration du théologien qui, en vue « d’être fidèle à son rôle au
service de la vérité, doit prendre en compte la propre mission du Magistère
et collaborer avec lui » (ibid, n° 20).
Le devoir de préserver le dépôt de la foi et de sauvegarder l’unité demande
une stricte vigilance afin que le dépôt de la foi soit «
conservé et
transmis fidèlement et que les positions particulières soient unifiées dans
l’intégrité de l’Évangile du Christ »
(Directoire pour le ministère pastoral des évêques, n° 126).
Ceci, donc, est une énorme responsabilité que vous devez assumer comme
formateurs de votre peuple, et spécialement des prêtres et religieux sous
votre responsabilité. Ils sont vos fidèles coopérateurs. J’ai conscience de
votre engagement à ouvrir des chemins pour former de nouvelles vocations à
la prêtrise et à la vie religieuse. La formation théologique, aussi bien que
l’éducation aux sciences sacrées, doit être constamment mise à jour, mais
cela doit toujours se faire en accord avec le Magistère authentique de
l’Église.
A propos des vocations
J’en appelle à votre zèle sacerdotal et à votre sens du discernement
vocationnel, spécialement en ce qu’il saura vous conduire à amener à sa
perfection la formation spirituelle, psychologique et affective,
intellectuelle et pastorale nécessaire pour préparer les jeunes gens à un
service mûr et généreux au service de l’Église. Une bonne et assidue
direction spirituelle est indispensable pour stimuler la croissance humaine
et éliminer le risque de s’égarer dans le domaine de la sexualité. Gardez
toujours à l’esprit que le célibat sacerdotal « est un don que l'Église a
reçu et sur lequel elle veut veiller, convaincue qu'il est un bien pour
elle-même et pour le monde » (Directoire
sur le ministère et la vie des prêtres, n° 57).
Je voudrais aussi vous recommander les communautés religieuses qui jouent un
rôle si important dans la vie de vos diocèses. Elles offrent leur propre et
précieuse contribution car « les dons de la grâce sont variés, mais c'est
toujours le même Esprit » (Première épître
aux Corinthiens 12, 4). L’Église ne peut pas ne pas manifester sa
joie et sa gratitude envers tous les religieux et religieuses qui
travaillent dans les universités, les écoles, les hôpitaux et les autres
œuvres et institutions.
L’œcuménisme et le principal terrain de
collaboration
6. Je sais le dynamisme de vos assemblées et les efforts mis en œuvre pour
développer de nombreux plans pastoraux qui donnent la priorité à la
formation du clergé et de ceux qui les assistent dans leur travail pastoral.
Certains d’entre vous ont encouragé des mouvements d’évangélisation pour
faciliter le regroupement de fidèles dans une certaine ligne d’action. Le
Successeur de Pierre compte sur vous pour vous assurer que la préparation
que vous leur donnez soit toujours basée sur une spiritualité de communion
et de fidélité au Siège de Pierre, afin que le travail de l’Esprit ne soit
pas vain. En effet, l’intégrité de la foi, de même que
la discipline ecclésiastique, est et doit toujours être un domaine qui
requiert un regard attentif de votre part, spécialement quand sont prises en
compte les conséquences qu’« il n’y a qu’une seule foi et un »seul baptême ».
Comme vous le savez, parmi les nombreux documents traitant de l’unité des
chrétiens, il y a le
Directoire pour l'oecuménisme publié par le Conseil pontifical pour
la promotion de l’unité des chrétiens. L’œcuménisme, vu comme la recherche
de l’unité entre chrétiens, est devenu à notre époque, marquée par la
rencontre des cultures et le défi du sécularisme,
une des tâches les plus urgentes de l’Église catholique. Par conséquent,
étant donnée la croissance rapide du nombre de nouvelles dénominations
chrétiennes, et spécialement certaines formes souvent agressives de
prosélytisme, le travail œcuménique est devenu plus complexe. Dans ce
contexte, une bonne formation historique et doctrinale est absolument
essentielle, qui entraînera un nécessaire discernement et conduira à une
meilleure compréhension de l’identité spécifique de ces communautés, des
éléments qui les divisent, et des élément qui peuvent mener sur la route
d’une plus grande unité. Le principal terrain de
collaboration devrait être la défense des valeurs morales, transmises par la
tradition biblique, contre les forces culturelles relativistes et
consuméristes qui tentent de les détruire. Un
autre domaine est la foi en Dieu Créateur et en Jésus-Christ son Fils
incarné. Plus que tout, qu’il y ait toujours le principe de
l’amour fraternel et la quête de la compréhension mutuelle et du
rapprochement. Nous devons toujours avoir à l’esprit
la défense de la foi de
notre peuple, le confirmant dans la certitude joyeuse que «
l’unique Église du Christ (…)
subsiste dans l’Église catholique qui est gouvernée
par le successeur de Pierre et par les évêques en communion avec lui
» (Lumen
Gentium n° 8).
Dans ce sens, à travers le Conseil national des Églises chrétiennes, vous
devez être capables d’un dialogue œcuménique franc, vous engageant au plein
respect des autres confessions religieuses qui souhaitent rester en contact
avec l’Église catholique qui est au Brésil.
La recherche de nouvelles solutions face à la
précarité et aux inégalités
7. Il n’est pas nouveau de dire que votre pays est confronté à un déficit
historique de son développement social dont les effets extrêmes peuvent être
constatés dans le grand nombre de Brésiliens qui vivent dans le besoin et
les grandes inégalités de revenus. C’est votre tâche, mes chers frères, en
tant que hiérarchie du Peuple de Dieu, de promouvoir la recherche de
nouvelles solutions imprégnées de l’esprit chrétien. Une vision de
l’économie et des problèmes sociaux dans la perspective de la
doctrine sociale de l'Eglise nous amènerait à
considérer les choses du point de vue de la dignité humaine, qui transcende
la simple interaction des facteurs économiques. D’où la nécessité de
travailler inlassablement à former les politiciens, et tous les Brésiliens
qui ont une certaine influence, petite ou grande, et tous les acteurs de la
société, afin qu’ils assument pleinement leurs responsabilités et apprennent
à donner à l’économie un visage réellement humain et compatissant.
Un authentique esprit de sincérité et d’honnêteté chez les politiciens et
les milieux d’affaires est nécessaire. Ceux qui ont un rôle dirigeant dans
la société doivent essayer de mesurer les conséquences sociales – directes
et indirectes, à court et à long terme – de leurs propres décisions, en
agissant toujours selon le critère du bien commun plutôt que de la simple
recherche du profit personnel.
8. S’il plaît à Dieu, chers frères, nous trouverons d’autres occasions
d’approfondir les questions qui interpellent notre sollicitude pastorale
commune. Pour aujourd’hui, j’ai voulu, de manière sans doute non exhaustive,
exposer les thèmes les plus importants qui s’imposent à ma considération de
pasteur de l’Église universelle. Je vous fais part de mon encouragement
affectueux, qui est aussi une supplication fraternelle et sincère :
puissiez-vous poursuivre votre tâche et travailler toujours, comme vous le
faites déjà, dans la concorde, en ayant pour fondement une communion qui,
dans l’Eucharistie, trouve son point culminant et sa source inextinguible.
Je vous confie tous à la très sainte Vierge Marie, mère du Christ et mère de
l’Église, et du fond du cœur j’adresse à chacun de vous et à vos communautés
respectives ma bénédiction apostolique.
Rencontre du saint-Père Benoît XVI avec les Évêques
dans la Cathédrale de Sao Paulo
Texte original en portugais, traduction en italien et anglais:
VIAGGIO APOSTOLICO DI SUA SANTITÀ BENEDETTO XVI IN BRASILE
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Benoît XVI au Brésil: du 09 au 14 mai 2007
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.05.2007 - BENOÎT XVI -
Table Brésil - Evêques |