Benoît XVI expose les paroles consacrées à la
future gloire de Jésus |
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Le 22 février 2008 - Benoît XVI relève que toutes les paroles au sujet
du futur Fils de l'homme ne sont pas considérées par la critique comme
d'authentiques paroles de Jésus. Seuls deux textes de ce groupe, dans la
version qu'en donne Luc, sont classés, tout du moins par une partie de
l'exégèse critique, parmi les paroles authentiques de Jésus, celles dont
on « l'estime capable ».
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La
guérison du paralytique (Basilique
Saint-Apollinaire-le-Neuf, Ravenne) -
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C'est ici
Benoît XVI expose les paroles consacrées à la future gloire de Jésus
Chapitre 10,
les affirmations de Jésus sur Lui-même (pages 347 à
383)
1) Les
titres attribués à Jésus
►
Benoît XVI
2) Le Fils de l'homme
►
(1er partie)
3)
Il n'y a qu'un seul Fils
de l'homme et c'est Jésus
►
(suite)
Tournons-nous à présent vers les paroles de Jésus. Nous avons vu qu'un
premier groupe d'affirmations sur le Fils de l'homme se rapporte
à sa venue
future. La majeure partie de ces affirmations se trouve dans le discours de
Jésus sur la fin du monde (cf. Mc 13, 24-27) et
dans son procès devant le sanhédrin (cf. Mc 14, 62).
Elles seront donc abordées dans le tome 2 de ce livre, précise Benoît XVI
(qui a annoncé son prochain ouvrage, pour après l'été, sans
en préciser de date). Il y a juste un point
important, expose Benoît XVI, sur lequel je voudrais d'ores et déjà attirer l'attention :
ce
sont des paroles consacrées à la future gloire de Jésus, à sa venue pour le
jugement, et pour le rassemblement des justes, des « élus ». Mais il ne faut
pas oublier qu'elles sont prononcées par celui qui comparaît devant ses
juges en tant qu'accusé soumis aux railleries, et qu'ainsi la gloire et la
passion sont inextricablement mêlées dans ces paroles.
Certes, il n'est pas question de la Passion, mais c'est la réalité dans
laquelle Jésus se trouve et parle. Tout cela se retrouve particulièrement
concentré dans la parabole du Jugement dernier rapportée chez Matthieu
(cf. 25, 31-46). Le « Fils de l'homme » qui juge
s'identifie avec ceux qui ont faim et soif, avec les étrangers, avec ceux
qui sont nus, malades ou prisonniers, bref avec tous ceux qui souffrent dans
le monde, et qualifie le comportement à leur égard de comportement
à son
égard à lui. Ce n'est pas une fiction du juge universel inventée après coup.
En devenant homme, il a opéré cette identification jusqu'au détail le plus
concret. Il est celui qui n'a ni bien ni patrie, celui qui n'a pas où
reposer sa tête (cf. Mt 8, 20 ; Lc 9, 58). Il
est le prisonnier, l'accusé, et il meurt nu sur la croix. L'identification
du Fils de l'homme jugeant les nations avec les malheureux de toutes sortes
présuppose l'identification du Juge avec le Jésus terrestre et montre
l'unité interne entre la croix et la gloire, de l'existence terrestre dans
l'humilité et du pouvoir futur de juger le monde. Il n'y a qu'un seul Fils
de l'homme et c'est Jésus. Cette identité nous montre le chemin, nous montre
la norme à l'aune de laquelle notre vie, un jour, sera jugée.
Bien entendu, toutes ces paroles au sujet du futur Fils de l'homme ne sont
pas considérées par la critique comme d'authentiques paroles de Jésus. Seuls
deux textes de ce groupe, dans la version qu'en donne Luc, sont classés,
tout du moins par une partie de l'exégèse critique, parmi les paroles
authentiques de Jésus, celles dont on « l'estime capable ». Voici tout
d'abord le premier texte (Lc 12, 8-9) : «
Je vous le déclare : celui qui se
sera prononcé pour moi devant les hommes, le Fils de l'homme se prononcera
aussi pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m'aura renié en face
des hommes sera renié en face des anges de Dieu. » Le second texte se trouve
dans le chapitre 17, versets 24 et 25 : « Comme l'éclair qui jaillit
illumine l'horizon d'un bout à l'autre, ainsi le Fils de l'homme, quand son
jour sera là. Mais auparavant, il faut qu'il souffre beaucoup et qu'il soit
rejeté par cette génération. » Si ces textes trouvent grâce auprès de la
critique, rapporte Benoît XVI, c'est qu'ils paraissent faire une distinction entre le Fils de
l'homme et Jésus. En particulier dans le premier, le Fils de l'homme ne
serait visiblement pas identique au Jésus qui s'exprime.
Sur ce point, il faut d'abord dire qu'en tout cas ce n'est pas comme cela
que l'a compris la tradition la plus ancienne. Dans le texte parallèle de
Marc 8, 38 (« Si quelqu'un a honte de moi et de mes paroles dans cette
génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi aura honte de
lui quand il viendra dans la gloire de son Père avec les anges »),
l'identification n'est pas explicitement énoncée, mais la construction de la
phrase ne permet pas de la rejeter. Même si l'expression « Fils de l'homme »
est absente dans la version du même texte chez Matthieu, l'identité entre le
Jésus terrestre et le Juge futur n'en est que plus manifeste : «
Mais celui
qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père
qui est aux deux » (Mt 10, 33). Mais même dans le texte de Luc, l'identité
est parfaitement claire si l'on part de l'orientation générale du contenu.
Certes, Jésus parle en recourant à la forme énigmatique qui lui est propre
et qui laisse à l'auditeur le soin de faire le dernier pas pour comprendre.
Mais l'identification fonctionnelle résultant du parallélisme
entre
profession de foi et reniement, maintenant et pendant le jugement, devant
Jésus et devant le Fils de l'homme, n'a de sens que sur la base de
l'identité ontologique.
Les juges du sanhédrin ont parfaitement compris Jésus, et Jésus ne les a pas
non plus corrigés, alors qu'il aurait pu dire par exemple : mais vous me
comprenez mal, le Fils de l'homme à venir est quelqu'un d'autre. L'unité
interne entre la Kénose vécue de Jésus (cf. Ph 2, 5-11) et sa venue dans la
gloire est le thème constant de l'action et de la parole de Jésus, sa vraie
nouveauté, ce qui est « authentiquement de Jésus », ce qui n'a pas été
inventé et qui constitue donc la particularité propre à sa figure et à ses
paroles. Les différents textes font bien partie de ce contexte, et on ne les
comprend pas mieux si on les en extrait. Encore plus que dans les versets 8
et 9 du chapitre 12 de Luc, qui fournissent sans doute le meilleur point de
départ pour une telle opération, c'est dans le second texte (Le 17, 24ss)
que le lien est le plus clairement établi. Le Fils de l'homme ne viendra pas
ici ou là, mais, comme l'éclair qui jaillit, il illuminera pour tous
l'horizon d'un bout à l'autre, de sorte que tous auront les yeux fixés sur
lui, lui qui a été transpercé (cf. Ap 1,7). Mais auparavant, lui justement,
puisqu'il est le Fils de l'homme, est obligé d'endurer de multiples
souffrances et de multiples rejets. Prophétie de la
passion et annonce de la gloire ne sauraient être dissociées. Il est évident
que les deux sont le fait d'une seule et même personne, celle qui est
précisément déjà en route vers sa Passion lorsqu'il prononce ces mots.
Quand Jésus parle de son activité présente, ses paroles ont également ces
deux aspects. Nous avons déjà brièvement commenté la formule selon laquelle
le Fils de l'homme est maître même du sabbat (cf. Mc 2, 28). Ce passage
montre exactement ce que Marc relate ainsi à un autre endroit : « On était
frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité et
non pas comme les scribes» (Mc 1, 22). Il se place lui-même du côté du
Législateur, de Dieu. Il n'est pas un interprète, il est Maître et Seigneur.
Comme l'évoque Benoît XVI, cela est encore plus patent dans l'histoire du paralytique que ses amis ont
allongé sur un brancard qu'ils ont descendu du toit pour le déposer aux
pieds du Seigneur. Au lieu de prononcer une parole de guérison comme
l'attendaient le paralytique et ses amis, Jésus commence par dire au malade
: « Mon fils, tes péchés sont pardonnes » (Mc 2, 5). Mais
remettre les
péchés est uniquement l'affaire de Dieu, objectent les scribes avec raison.
Quand Jésus attribue cette autorité et ce pouvoir au « Fils de l'homme », il
revendique pour lui-même une dignité égale à celle de Dieu et le pouvoir
d'agir en fonction d'elle. C'est uniquement après la remise des péchés que
vient la parole espérée : « Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de
l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l'ordonne,
dit-il au paralysé : Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi »
(Mc
2, 10-11). C'est précisément cette prétention divine qui mène à la Passion.
En ce sens, les paroles d'autorité de Jésus sont orientées vers la Passion.
(à suivre)
4) Le troisième groupe
de paroles sur le Fils de l'homme
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"Jésus de Nazareth"
Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.02.2008 -
T/J.N. |